(307) Can you see what i see ? ☇ 02/08, 15h05

ft. percy.
2ND AOÛT, 15H05.

La main sur les yeux, Pablo tentait tant bien que mal de rejoindre sa cabine. Ça faisait plus de dix minutes qu'il avançant à tâtons dans le yacht, totalement aveuglé, devant garder sa seconde main contre le mur ou s'accrocher aux autres pour se repérer. Non mais quelle idée à la con de simuler la cécité sérieux ? C'était qui déjà, qui lui avait lancé comme défi de tenir une heure en aveugle ? Ah. Bah oui. Rose. Qui d'autre ? Entre la sourde et l'aveugle, il formait une belle paire de bras cassés. Bref. Après avoir manqué de se manger royalement une lampe dans la gueule, il était à présent d'explorer le couloir des cabines, avançant à pas mesurés, certain que quelques personnes s'étaient ligués pour tendre des fils à dix centimètres du sol partout dans le bateau. Il cherchait à rejoindre sa cabine pour récupérer un livre qui, de toute façon, ne lui servirait à rien, puisqu'il était dans l'incapacité de lire. Mais à vrai dire, c'était juste pour s'occuper, n'ayant rien d'autre à faire de plus passionnant. Enfin, ses doigts rencontrèrent la surface d'une porte, et il passa l'entrée de ce qu'il pensait être sa cabine. Il marchait prudemment au milieu des affaires qui traînaient à terre - et dont il ne se souvenait pas qu'elles étaient là plus tôt ce matin - lorsqu'il entendit du bruit dans son dos. « Qui va là ? » lança-t-il en se retournant vivement. Coucou, j'ai l'air d'un con.

Son manque flagrant de son sommeil de la nuit dernière avait commencé à faire son effet, et le café, lui, à réduire sa résistance. Il avait donc décidé, alors que la plupart des candidats étaient partis à la découverte de Catania, de retrouver sa cabine pour faire une légère sieste. Oh, rien de trop long, une ou deux heures à peine. Il dormait d’ailleurs à point fermer lorsqu’il se réveilla en sursaut, certain d’avoir entendu du bruit dans sa cabine. Il vit alors une silhouette qui marchait à tâtons, essayons de se frayer un chemin il ne savait jusqu’où. Se relevant un peu dans son lit, il alluma la lampe de chevet à ses côtés, ce qui sembla surprendre son visiteur. « Qui va là? » Se frottant les yeux pour se réveiller, Percy se rendit alors compte que l’homme dans sa chambre n’était pas un de ces colocataires, mais plutôt un certain Pablo. D’ailleurs, il était dans une position plutôt curieuse, la main devant les yeux qu’il tentait de maintenir clos. Étrange, vraiment étrange. « Euh… Percy. T’es dans ma chambre, en fait. » Se passant une main dans ces cheveux, pas trop certain de comprendre ce qui se passait, notre protagoniste se décida à questionner l’intrus. « Qu’est-ce que tu fais? Tu as besoin d’aide? » Son dernier mot fut étouffer par un bâillement très audible.

La situation était honnêtement stupide. Tentant de s'orienter vers la provenance du bruit qui l'avait fait se redresser, Pablo s'imaginait se faire rire à la figure par Hassan ou par Jones, ses compagnons de garçonnière. Et bien non, contre toute attente, ce fut une voix qu'il n'identifia pas totalement qui le fit tourner la tête. Lorsque l'homme se présenta comme étant Percy, et cette pièce comme étant sa cabine, Pablo n'eut d'autres choix que d'abaisser sa main, découvrant ses yeux surpris. Il jeta un regard autour de lui, constatant qu'effectivement, il était dans une chambre inconnue, puis sur Percy, assis sur son lit. « Ah. Merde. » Il se sentit idiot, et l'expression ensommeillée de Percy faillit le faire éclater de rire. À sa place, il aurait rembarré la personne s'introduisant dans sa chambre à bon coup de pieds au cul. Le candidat n'était pas aussi radical, visiblement. Ou juste pas encore assez réveillé. « Non, non, en fait, je suis aveugle pour encore... » Il consulta brièvement sa montre. « Vingt-cinq minutes. Et je cherchais ma cabine. » Bon, tant pis pour Rose et ses idées débiles. Si c'était pour finir la semaine en chaise roulante après les milliers de murs qu'il se prenait en pleine face pour avoir mal calculé sa trajectoire, non merci. En plus, il allait réellement finir par passer pour un violeur qui attaque ses victimes pendant leur sommeil. « Un défi débile. Je te réveille, j'ai l'impression, désolé ! » termina-t-il en désignant vaguement son visage du doigt puis Percy d'un geste du menton, un sourire penaud sur les lèvres.