Parait qu'le bonheur est à portée de main, alors on tend la main et on se retrouve fou ☇ 18/08, 22h48

ft. pepper-ann.
18 AOÛT, 22H48.

La nuit était déjà totalement installée, sur Athènes. Athènes. Athènes. Pablo était comme un gosse. Le nez levé, il voulait tout voir, ne pas rater une seule miette du décors qui le surplombait. Depuis sa jeunesse, il avait toujours rêver de visiter la Grèce. Comme tout littéraire qui se respectait, l'ancien futur professeur de littérature qu'il était, avait étudié pendant toutes ses années de lycée le latin, et le grec ancien - autrefois, il avait été capable de réciter la liste entière des empereurs romains dans l'ordre chronologique. S'il parlait encore relativement bien le premier, et sommairement le second, lui restait le goût très prononcé pour tout ce qui était histoire de l'Antiquité grecque et romaine, les coutumes, les mœurs de ces deux peuples. Certes, les lieux avaient sans doute bien changé, en deux mille ans, mais ça n'altérait absolument pas l'envie qu'avait le jeune homme de parcourir cette ville de long en large, pour en connaître les moindres recoins. C'était infaisable, surtout en une soirée, mais ce n'était pas grave. Il reviendrait demain. Et après-demain. Et ainsi de suite. Bref, il avait quitté seul le yacht - la solitude n'était pas quelque chose qui le dérangeait, au contraire - et était descendu en ville. Rien que pour ce genre de spectacle, il ne regrettait pas de s'être finalement inscrit au casting de l'émission. Au bout d'un moment, il tourna dans une ruelle adjacente, et aussitôt son regard balaya son champ de vision. Tomba sur une silhouette connue, assise à la terrasse d'un café. Il sourit, et alla jusqu'à elle. Déjà à essayer les bars du coin. « Et bien, tu ne perds pas ton temps ! » Déjà à essayer les bars du coin. Sans se gêner, Pablo tira le fauteuil face à elle, et s'y laissa tomber. Il aimait sa visite, oui, mais ça faisait quand même plusieurs heures qu'il marchait, hein. « Qu'est-ce que tu fais là, toute seule ? »

L'ambiance qui pesait sur le yacht m'oppressait, c'était comme si un sentiment de malaise s'était répandu sur le bateau depuis le départ de Cameron. La plupart des candidats étaient grognons, ce qui était loin de m'aider à me sentir mieux. Mon cœur se faisait plus douloureux. Oooh, ce mal n'avait rien avoir avec le départ de Cameron, c'était juste l'une de ses mauvaises périodes où ma maladie prenait le dessus. J'aurais pu me morfondre dans mon lit, la tête enfouie dans un nid de coussin et le corps blottit contre une couette moelleuse, mais franchement, cette idée ne m'enchantait guère. J'avais finit par quitter le bateau, seule, en espérant que cette solitude m’épargnerait de toute onde négative. Je m'étais laissée rapidement gagné par la chaleur de la ville au point que cette douleur semblait bien superflue. Je me laissais bercée par les rires et les conversations qui berçaient les rues à une heure tardive. Je m'étais installée à la terrasse d'un bar, observant le monde en sirotant un jus de fruits. Pas d'alcool pour moi ce soir. Il ne fallait pas croire, parfois, je savais être tout à fait raisonnable... Hm. Bon, d'accord, c'était uniquement parce que mon état santé ne me le pardonnerait pas, mais tout de même. Et bien, tu ne perds pas ton temps ! La silhouette de Pablo apparaissait et s'écrasait sur le siège voisin. Qu'est-ce que tu fais là, toute seule ? Un sourire vint fendre mes lèvres. Il avait l'air de bonne humeur, ce n'était pas plus mal, je n'avais aucune envie de sombrer à nouveau dans cette mélancolie qui suivait le départ d'un habitant. Bon, bon, bon, c'était la première fois que j'étais réellement proche du candidat sortant, c'était peut-être ça, il fallait que l'ont s'y habitue. Il me manquait juste le garçon, tu tombes à pique. J’espérais que la fatigue n'ait pas laissé trop de marque sur mon visage. Pour le moment, mon cœur se tenait tranquille... Pour le moment. Ici, personne ne tire la gueule. J'haussais simplement les épaules, roulant les yeux comme si ce que j'énonçais était une évidence.

Il s'était à peine assis que déjà, une serveuse en tablier s'approchait. Machinalement, le regard de Pablo fit discrètement l'inventaire. Cheveux noirs, lèvres à baiser, maintien plein d'assurance. Non. Elle ne dégageait rien, malgré son visage intéressant. Il n'y prêtait déjà plus attention lorsqu'elle s'arrêta devant eux pour prendre sa commande. Il finit par opter pour une simple bière, manque d'inspiration quand tu nous tiens. La serveuse s'effaça, et Pepper-Ann prenait déjà la parole. « Ne cherche plus, alors, je suis là. » Il esquissa un sourire, ayant tout juste eu le temps de répondre avant qu'elle ne réponde quand même à sa question. Il n'eut pas besoin d'explications pour deviner ce qu'elle voulait dire. Il avait remarqué - enfin, il fallait être aveugle pour que ce ne soit pas le cas - que sur le yacht, depuis le dernier prime, la tension était un peu montée. On sentait que l'humeur générale n'était pas particulièrement au beau fixe. Le départ de Cameron avait laissé un certain vide. De son côté, Pablo n'avait pas changé d'attitude. Certes, chaque nouveau départ était triste, mais à choisir, il préférait que ce soit Cameron qui sorte plutôt que Hassan, ou pire, lui-même. « Oui, je comprends, et j'ai l'impression que ce sera pire de semaine en semaine... » En fait, si Pepper-Ann avait été plus proche du jeune éliminé que lui, il pouvait objectivement dire que sa place n'était pas plus enviable. Il avait, comme qui dirait, fait sortir Cameron - arf, il n'aimait pas ce genre de paroles prétentieuses. Et le fait que tout le monde se morfonde ainsi aurait put être un chouïa vexant, bien que la réaction soit compréhensible. Il pouvait se casser, si c'était ce qu'ils voulaient, hein ? Mais à vrai dire, il ne s'en souciait guère. « Je ne pensais pas pouvoir m'attacher autant à certaines personnes, ça doit être le contexte qui affecte ma façon de penser » avoua-t-il pensivement. Une excuse comme une autre, ma foi. À ce moment, la serveuse revint avec sa commande. Il la paya machinalement, et tandis qu'elle repartait, entama sa bière d'un air serein.

Ne cherche plus, alors, je suis là. Oui, heureusement, toi, tu es toujours là. Un sourire. Oui,, il était là et cela avait quelques choses de rassurant. J'appréciais énormément Pablo, même si j'avais l'air de juste vouloir qu'il me saute. En plus, je n'avais pas à me soucier de son sort, tout le monde semblait aimé Pablo que ce soit à l'intérieur du Yacht ou à l'extérieur, par rapport aux téléspectateurs. Le mauvais garçon était devenu gentil. Oui, je comprends, et j'ai l'impression que ce sera pire de semaine en semaine... Pire, oh sans doute, mais je ne croyais pas rester suffisamment longtemps pour les voir tous se faire virer les uns après les autres. On avait pas réellement eut l'occasion de se remettre du départ de Cameron que nous nous inquiétions déjà des prochaines nominations puisque Jones figurait déjà sur le banc des nominés. Je ne pensais pas pouvoir m'attacher autant à certaines personnes, ça doit être le contexte qui affecte ma façon de penser Sans doute, oui, le contexte. Puis à force de se retrouver les uns avec les autres, de ne plus voir plus aucune tête, on s'accrochait à certains, plus qu'on ne l'aurait cru, et on ne pouvait plus en voir d'autre. Hassan, par exemple, ne me supportait plus depuis qu'il avait appris cette histoire de pseudo baiser. Sawyer, pour une histoire de balais,... Je ne m'en formalisais pas, on ne pouvait pas plaire à tout le monde. Je pris une gorgée de ma boisson, j'étais étrangement calme et silencieuse. Hm... Oui. Et dans un sens, ça me gave, je déteste me morfondre... J'ai juste envie d'en profiter. Enfin... J'haussais les épaules. J'espère que ça va quand même être plus festif dans les prochains jours.

La compagnie de Pepper-Ann lui plaisait bien. En dehors du fait qu'elle était une très belle femme - son regard et son sourire l'attirait plus que le reste de son corps, leur premier vrai tête-à-tête en avait témoigné - il appréciait sa façon de voir la vie. Alors oui, il était toujours là, lui. Il lui répondit par un simple clin d'œil. Il était toujours là, bien sûr qu'il étai toujours là, et il le serait toujours, si elle en avait besoin. Du moins, jusqu'à ce qu'il en ait marre. « Il faut se dire que la cagnotte qu'on nous offre en quittant le jeu servira à payer les billets d'avions pour se retrouver, une fois à l'extérieur. » Eum non, ce n'était franchement pas à ça qu'il comptait user l'argent qu'il récupérerait - peut-être - lorsque viendrait la fin de son aventure à lui. S'il n'irait jamais avouer ça à quelqu'un sur le bateau, il y avait peu de chance qu'il ne revoie les autres candidats une fois de retour dans la "vie réelle". Ou peut-être quelques exceptions. Hassan, Rosaly, Pepper-Ann. Mais il savait qu'il finirait par se lasser, et disparaitrait de la circulation au bout d'un certain temps. Comme toujours. « On est encore là, auprès de personnes qu'on apprécie, présentement dans une ville de rêve. Personnellement, j'aime bien. » Il ne se rendit pas compte sur le moment que ses paroles pouvaient le faire passer pour un véritable insensible indifférent aux autres. C'était ce qu'il était, bien entendu, au fond, mais ce n'était pas l'image qu'il donnait de lui. Bah. Après tout, ce qu'il désirait n'était si pas si éloigné de ses propres envies. Il ignorait quand il pourrait à nouveau se payer une croisière comme celle-là - sans doute jamais - alors il ne voulait pas s'encombrer avec la futilité d'un chagrin relationnel qui ne ferait que gâcher le moment qu'il vivait. Cela faisait bien longtemps qu'il avait renoncé à ces choses-là. « Au pire, je suis sûr que tu connais de bons moyens de mettre le bateau sens dessus dessous. Une bonne petite soirée ou quelque chose comme ça, ça doit être dans tes cordes, non ? » Il lui adressa un sourire, et se cala sur sa chaise, jouant avec son verre.

Il faut se dire que la cagnotte qu'on nous offre en quittant le jeu servira à payer les billets d'avions pour se retrouver, une fois à l'extérieur. La cagnotte de sortie. Ce que j'en ferrais? Je n'en avais pas la moindre idée. Pour être franche, je n'y avais pas réellement pensé. L'argent n'avait jamais été un problème, pas que mes parents étaient riches et fortunés, mais tout de même suffisamment pour que je n’aie jamais eu a y penser. Même pas maintenant, alors que j'étais malade. Mes parents ne me refusais rien et croyez le ou non, je n'en profitais pas outre mesure, non, parce que certains petits plaisirs sont aussi satisfaisant que ceux où l'on dépense une tonne de fric. Je buvais une gorgée. Ouai, peut-être que je suivais le bateau... A moins que je les oublies. Là, j'étais avec eux de jour comme de nuit, mais une fois éloigné, peut-être que je me lasserais, peut-être que je retomberais dans une réalité qui n'existe pas réellement sur le Yacht. On est encore là, auprès de personnes qu'on apprécie, présentement dans une ville de rêve. Personnellement, j'aime bien. Bordel, mais il avait foutrement raison. Je me laissais envahir par ma tristesse, une tristesse qui n'était peut-être pas vraiment réelle. Puis au diable ce foutu coeur, je ne l'avais jamais laissé dirigé ma vie, ce n'est pas maintenant que ça allait commencé. Au pire, je suis sûr que tu connais de bons moyens de mettre le bateau sens dessus dessous. Une bonne petite soirée ou quelque chose comme ça, ça doit être dans tes cordes, non ? Un sourire, il me connaissait plutôt bien, j'avais prévu une soirée de soutient pour Jones, mais j'attendais de connaître les autres nominés, histoire de ne pas paraître trop désagréable et antipathique vis à vis des autres candidats. Puis on ne sait jamais, que Marilou ou moi, on le rejoigne. Évidemment, qu'est ce que tu crois. Bon, il avait raison, je n'avais aucune envie de me morfondre. Cette terrasse me paraissait trop calme. Je me relevais, finissant mon verre d'une traite. Allez, viens, trouve nous quelques choses à faire, n'importe quoi, pourvu qu'on profite. Y a rien d'autre, seulement toi et moi, dans cette ville de rêve. Tu m’emmènes où? Un sourire, encore, et je lui tendais la main.

Si, face à la jeune femme silencieuse, Pablo ne pouvait réagir aux réponses qu'elle ne lui donnait pas, il pouvait en revanche interpréter ses expressions et ses silences. Professeur plus que psychologue ou agent du FBI, il était à peine plus doué que la moyenne pour déchiffrer les pensées, sentiments, esprits, personnalités des autres. Certes, il se devait de faire preuve d'un minimum d'empathie pour deviner ce qu'il devait faire ou dire, selon la situation. Heureusement, son instinct était relativement fiable, à ce niveau-là. Bref, le jeune homme parlait sans que Pepper-Ann n'ouvre la bouche. Pas grave. Pas besoin qu'elle réponde. Il savait qu'il avait raison. La preuve, sa réaction, finalement, fut plus que favorable. Il l'observa achever son verre d'un seul coup, avant de brusquement se remettre sur ses pieds. L'imitant, il lui attrapa la main, un sourire charmant sur les lèvres à ses paroles. « Dans les étoiles. Ou ailleurs, là où tu veux, je ne suis pas difficile. » Latin lover. Ah ! Tellement pas. Pablo était tout sauf en plein plan drague. Juste lui-même. Il aurait put l'emmener, sous l'impulsion du moment, après ce qu'elle avait dit, dans un endroit de débauche, ou un hôtel, sauf qu'il était lui. Pas Pepper-Ann, pas Marilou, pas même Hassan, ou qui que ce soit qui aurait eu ce genre d'idée. Lui aussi pouvait s'amuser, bien sûr, comme tout le monde, mais il restait ce qu'il était et bon, on ne se refait pas. Il l'aurait entraînée dans tout Athènes, ruelles cosy, coins alternatifs, sous les rayons de la lune, s'il avait un peu mieux connu l'endroit. Ils errèrent sans but dans la ville, découvrant la beauté de Kolonaki la nuit tombée. Pablo, qui avait eut le temps de passer le lieu au peigne fin durant la mission de la veille, la dirigeait sans cesser de sourire dans les coins les plus inattendus dont il se souvenait. Quartier sympathique, quoi que fort chic, parsemé des lumières agréables des magasins. « Tu veux que je te dise un truc que personne ne sait ? » demanda alors Pablo, sans y penser. Il ignorait pourquoi il souhaitait lui faire cette confidence. Il était vrai que même à l'extérieur, à peine cinq personnes avaient connaissance de cette facette de sa vie. Ses parents, sa sœur, Aly, et Thomas, son frère qu'il avait réussit à convaincre - après ruse et chantage - de le couvrir. D'autant plus qu'il prenait un risque, en l'avouant tout haut. Un besoin d'avoir un confident, peut-être. Pepper-Ann serait la seule personne du bateau à connaître le passé - qui aurait put paraître ordinaire pour quelqu'un d'autre mais qui, pour lui, s'accompagnait de mensonges et de falsification de documents - de Pablo. Il l'aurait sans doute dit à Hassan, si l'occasion s'était présentée. Et là... Pas de micros, la caméra éloignée... « Trafic de drogue, j'ai fais an, peine écourtée pour bonne conduite » dit-il finalement d'un ton neutre, son regard attiré par les vitrines, par le ciel étoilé. En espérant que ça ne plombe pas trop l'ambiance.

Dans les étoiles. Ou ailleurs, là où tu veux, je ne suis pas difficile. Un éclat de rire s'échappait de mes lèvres lorsqu'il me prenait par la main, je m'attendais presque à ce qu'il me fasse tourner sur moi même, comme un bon vieux clichés de dragueur. Il ne l'avait pas fait une d'une certaine façon, cela me rassurait qu'il ne soit pas ce genre de type. Il m'entrainait dans les rues d'Athènes, simplement, pour y flâner sans avoir trop à réfléchir. C'était un bon programme. Simple, mais tout à fait plaisant. Tu veux que je te dise un truc que personne ne sait ? NON !!! je ne voulais pas savoir. Je savais qu'une confidence était le genre de truc que l'on échangeait. Il m'apprenait quelques choses sur lui et j'en faisais de même. C'était un pacte que l'on ne disait pas vraiment, mais c'était comme cela. Plus encore quand c'était quelques choses de relativement intime. je ne voulais pas lui dire et pourtant, il me mettait au pied du mur. Trafic de drogue, j'ai fais an, peine écourtée pour bonne conduite. Ah... Oui, quand même. Cela ne me choquait pas, peut-être parce que je pensais déjà ç la façon dont je devrais lui faire mes propres confessions. Je le toisais, un sourire vague persistant sur mes lippes, le regard plongé dans le sien. Je finissais par hausser les épaules. Ça ne change pas l'homme que tu es et l'image que j'ai de toi. Non, cela ne changeait rien, on faisait tous des erreurs, c'était le propre de la race humaine, même si certaines erreurs étaient plus conséquente que d'autre. Un an, c'est ce qu'il me reste d'après les médecins. Bon, il y avait certainement une meilleure façon de le dire, mais y avait-il vraiment une bonne façon? Probablement pas. De toute façon, la réalité était la même, elle ne me choquait plus. Un sourire, sereine et calme, je n'avais pas peur et c'est probablement parce que je ne sombrais pas que les autres ne montraient pas leur inquiétude. Je soulevais ma main libre, le petit doigt relevé , je le tendais vers lui avec un sourire malicieux. Je voulais qu'il fasse de même. C'est notre secret. Ma voix n'était qu'un murmure, enfantin et joueur.