Il avait beau pleuvoir, j'étais dehors, afin de satisfaire un besoin évident d'air frais et de nature bucolique. Mais sous un torrent de pluie, donc. J'avais trouvé un coin tranquille et à l'abri de la pluie, à quelques dizaines de mètres du chalet, sous un arbre. J'avais pris soin de prendre mon carnet – celui dans lequel j'avais l'habitude d'écrire, peu, mais tout de même –, ainsi qu'un stylo, au cas où le parc, sa nature libre et son atmosphère calme et reposante m'inspireraient, ce qui ne fut pas le cas. J'avais écris quelques mots, quelques lignes mêmes, mais j'avais tout rayé – ou presque – et le carnet avait vite retrouvé sa place dans la poche intérieure de mon coupe-vent. La pluie chantait ploc, ploc, ploc. Soudain, alors que ce n'était pas le cas jusque là, Miami m'a manqué. Je n'eus pas le temps d'y penser. Soudain, alors que j'étais seul depuis un moment, Malika est arrivée. Je l'accueillis avec un sourire. « À ton avis, pourquoi ils nous ont envoyé dans un endroit où il pleut tout le temps ? » demandai-je sans m'embarrasser des formalités d'usage. Sérieusement. Sans compter qu'il ne faisait pas très chaud. La télé-réalité, c'était censé vendre du rêve, non ? Pourquoi l'humide Canada plutôt que les Maldives ou les Seychelles ou n'importe quel lieu où il y a la plage et où la température moyenne est au-dessus des vingt-cinq degrés ? J'aurais bien aimé.

Malgré la pluie et le vent, j’avais eu besoin de sortir aujourd’hui car l’enfermement me donnait des envies de meurtre sur mes camarades. Alors je sortis du chalet, une veste et un capuchon sur moi, je portais des bottes a talons et un jean qui, je l’espérais, ne serait pas trop trempé. Je fourrai mes mains dans mes poches avant de me mettre a marcher dans cet environnement légèrement chaotique. Finalement, je tombai sur Emmett qui me pose d’entrée une question. « À ton avis, pourquoi ils nous ont envoyé dans un endroit où il pleut tout le temps ? » je haussai les épaules et jetai même un regard autour de moi avant de déclarer « Honnêtement, je n’en sais rien. Je veux dire, c’est pas logique, c’est clair, mais pourquoi ? Hm. Par sadisme je dirais. » Je hochai doucement la tête, comme pour appuyer mes propos. Oui, par sadisme ça me semblait être bien.

« Honnêtement, je n’en sais rien. Je veux dire, c’est pas logique, c’est clair, mais pourquoi ? Hm. Par sadisme je dirais. » Par sadisme... C'était sans doute l'explication la plus plausible. Je cessai vite de rêver des îles ensoleillées inaccessibles, bien loin de nous. En tout cas, je ne voyais pas d'autre raison valable de nous envoyer sous les nuages pluvieux de Vancouver. « Possible. » fut donc la seule réponse que je donnais à Malika. Je regardais la pluie qui continuait inlassablement à tomber, s'écrasant sur l'herbe du parc en répétant ploc, ploc, ploc. « Et, en fait, tu viens d'où toi ? » demandai-je à Malika après quelques instants de silence. On partageait la même chambre depuis plus de deux semaines et on avait déjà eu l'occasion de discuter mais, bizarrement, je n'avais jamais posé la question.

« Possible. » dit-il alors que son regard, comme le mien d'ailleurs, se perdait dans les goutes de pluies qui tombaient des nuages et arrosaient le sol et les plantes. Pauvres plantes, n'en avaient-elles pas eu assez, de l'eau ? Selon moi, oui, c'était le cas mais après je ne pouvais pas contrôler le climat hein. « Et, en fait, tu viens d'où toi ? » je tourne la tête vers lui, distraite de ma contemplation de l'eau par sa question. « Je suis originaire de Madagascar. Mais je vis a Chicago. Et toi, tu viens d'où ? » demandais-je en retour. Nous venions tous des quatre coins de l'amérique mais certains d'entre nous, comme moi, venaient de plus loin encore, du moins de par leurs origines.