Le jeudi 03 mai, au matin.
Dimitri & Freddie

Ça faisait longtemps qu't'avais pas dormis aussi bien. Avant de commencer l'aventure, tu t'réveillais au milieu de la nuit, enfin, quand t'arrivais à t'endormir. Tu croyais qu'c'était derrière toi et pourtant, cette nuit, t'as pas mal été agité. Là, tu te retrouves à moitié sur ton camarade de lit. La couverture est sans dessus dessous. Les cheveux en pagaille. Le coussin est même plus sur le lit, il a voler au travers la pièce. T'as le bras qui barre le torse de Dimitri. Une de tes jambes qui chevauche les siennes. Ton visage un peu trop proche du sien. Tu t'réveilles, difficilement, parce que t'as l'impression de pas avoir dormis. T'es encore plus crevée que quand tu t'es endormie. Tu bailles. T'as oublié qu't'es dans l'aventure, donc tu tracasse pas de sentir quelqu'un à côté de toi. Non, ça t'vient seulement après quand tu commences à sortir de tes songes. Tu tâtonnes son torse comme pour découvrir de quoi il s'agit, une moue perplexe sur tes traits. Tu marmonnes quelques choses d’intelligible. T'as pas encore ouvert les yeux. T'es encore à moitié endormie.

Voilà maintenant plusieurs semaines que Freddie et moi étions amenés à partager le même lit. C'était en effet un accord que nous avions passé au début de l'aventure : ce lit était le notre, nous y dormirions donc ensemble et aucun intrus n'y avait sa place. Comme chaque matin, j'ouvris péniblement un œil tandis que Freddie se trouvait à moitié affalée sur moi. Son bras barrait mon torse nu, et nos jambes semblaient entremêlées. Si mes yeux à moi étaient maintenant grands ouverts depuis quelques minutes, ça ne fut pas tout à fait le cas de Freddie car la jeune avait visiblement plus de mal à se réveiller que moi encore. Je sentis son souffle, en effet sa tête était posée sur mon épaule et son visage était près du mien. Je l'entendis bailler, avant de ne sentir ses mains se poser sur mon torse comme cherchant quelque chose. Je tournai la tête et vis que la jeune femme tentait de dire des choses très peu audibles, tout en semblant vachement perplexe, indécise même. Alors soit elle rêvait, soit elle ne se rappelait plus que nous dormions ensemble. Ses yeux, en tout cas, étaient toujours fermés. Je posai alors ma main dans ses cheveux, avant de lui murmurer à l'oreille quelques mots. « La... princesse Freddie dort-elle ? » J'allais très vite m'assurer du fait qu'elle était réveillée, à peine réveillée ou juste encore totalement endormie.

Puis là, tu sens une main qui se glisse dans tes cheveux. Tu t'figes. Tu gardes les yeux fermés. T'essayes rapidement d'te souvenir c'que t'as fais hier. Rien... On peut même pas dire que tu ais bu quelques choses de contraire, t'as pas bu une seule goute d'alcool. La... princesse Freddie dort-elle ? T'ouvres grandement les yeux, te retrouvant bien trop proche de ton camarade de dodo. Puis, tu trend compte que c'est un peu d'ta faute, parce que t'es une peu beaucoup vautrée sur sa personne, avec la main posée contre son torse et tout. Oula. T'as un mouvement de recule assez brutale. Tu marmonnes des excuses mais t'es pas encore suffisamment éveillé pour parler correctement. Tu te blottis un peu plus dans les couverture, comme pour mettre une barrière entre vos deux corps. C'pas que ça te dégoute d'être aussi proche de lui, mais t'es pas ce genre de fille. Dormir avec lui, ça te suffit, t'as pas besoin de lui sauter dessus. Tu le lorgnes du coin des yeux, les sourcils froncés, une moue dubitative. T'es persuadée qu'il s'est rien passé, mais pour le coup, t'as un gros doute. Va savoir pourquoi, le matin, t'es légèrement parano. J'ai rien fais d'bizarre, hein? A part le tripoter? Pas vraiment.

Difficile de savoir à cet instant si Freddie dormait ou si au contraire elle était éveillée. Il fallait se rendre compte aussi que la demoiselle marmonnait certaines choses que je ne parvenais pas à comprendre, sans parler du fait qu'elle était totalement affalée sur moi. Ça n'était pas pour me déplaire, mais tout de même... Je crois bien ne jamais l'avoir vu dans cette position là au réveil, depuis le début de l'aventure. J'eus donc pour réflexe de passer ma main dans sa longue chevelure, tout en lui demandant d'une voix basse si elle dormait, ou non. Remarquez, si elle dormait, elle risquait difficilement de me répondre sauf si bien sur elle était en train de rêver et que ma voix parvenait à se faire entendre jusque dans les songes de la jeune femme. Mes paroles firent très vite réagir Freddie. Là, elle se mit à gesticuler pour remonter la couverture sur elle, en s'éloignant ainsi un peu de moi. J'eus ensuite droit à regard des plus interrogateurs et perplexes. Et puis soudain, enfin, une prise de parole compréhensible de sa part. « J'ai rien fais d'bizarre, hein? » Je pris un instant pour réfléchir. Hum, se souvenait-elle au moins de la position dans laquelle elle se trouvait une à deux minutes plus tôt ? Et bien au cas où, j'allais lui rafraichir la mémoire. « Toi, non. Tes mains par... par contre... Mmm, vachement baladeuses celles-ci. » Mais elle en venait presque à me faire douter moi-même. Le matin j'avais une certaine tendance à avoir les pensées toutes embrouillées. « J'vais fi... finir par me demander si on a... rien fait la nuit dernière, toi et moi... » Je soulevai alors la couverture pour regarder par dessous celle-ci. Ouf. Nous avions tous les deux nos vêtements, pyjama pour moi, nuisette ou chemise de nuit pour la demoiselle, appelez-ça comme vous voudrez. J'en étais rassuré, d'un coup. L'occasion de vérifier qu'en tout cas au réveil, Freddie était très tactile...

Toi, non. Tes mains par... par contre... Mmm, vachement baladeuses celles-ci. Il est en train de dire que... T'as les mains baladeuses. T'as fais quoi, au juste? T'en as pas la moindre idée. Tu penses pas avoir eu des gestes déplacés ou quoi que ce soit d'autre, mais t'pourrais pas en juger, parce que tu dormais. Tu cogites et finalement, t'as la main qui s'abat contre le torse du jeune homme. Genre, tu cherches à le faire taire, parce qu'il te fait douter. J'vais fi... finir par me demander si on a... rien fait la nuit dernière, toi et moi... C'est une blague. Pour le coup ta main s'abat une deuxième fois sur le jeune homme, le rouant de quelques coups inoffensifs. Tu m'prends pour qui? Hein? C'pas porte ouverte non plus. C'est que tu serais presque vexée. Tu serais bien sortie du lit, si a flemme légendaire n'avait pas raison de toi. Tu t'enfonces un peu plus dans les couvertures, tournant le dos à un Dimitri victime d'un de tes mauvais réveils.

Freddie n'avait pas pris conscience du fait que, quelques instants plus tôt, ses mains s'étaient baladées sur tout mon torse, comme si celles-ci étaient parties à la recherche de quelque chose. Alors, lorsque la demoiselle m'avait demandé si elle avait agit bizarrement, j'en avais rajouté histoire de la taquiner quelque peu, en lui affirmant tout d'abord que ses mains s'étaient montrées particulièrement baladeuses - ce qui sembla la rendre perplexe -, avant de finalement lui confier certains doutes que j'avais... Mais oui, après tout, ce réveil était assez différent des autres et j'avais cru, le temps d'un instant, que quelque chose avait pu se passer entre elle et moi cette nuit. Bien sur, il n'en avait rien été, en témoigne le fait que nous avions tous deux gardé nos vêtements pour dormir. Une preuve flagrante, non ? Seulement, Freddie, ça ne la fit pas rire du tout. Même, j'eus bientôt droit à quelques coups sur le torse. « Tu m'prends pour qui? Hein? C'pas porte ouverte non plus. » Mince, l'aurais-je vexée ? Que ce soit bien clair, ça n'était vraiment pas mon intention. Je la vis alors me tourner le dos et s'enfouir sous la couverture. Ne souhaitant pas créer le moindre malaise entre elle et moi, je soulevai doucement cette dernière avant de poser ma main sur l'épaule de la jeune femme, la forçant à se retrouver quelque peu. « Mais je... je le sais bien. Allez... tu veux le... petit-déjeuner au lit histoire que je me... me fasse pardonner ? » Après tout j'avais insinué quelque chose qui n'aurait jamais du aller au delà de mes pensées, alors je lui devais bien ça tout de même. Et puis, maintenant que nous étions réveillés, nous pouvions peut-être entreprendre de nous lever ? Mmm, Freddie semblait quand même dans le pâté, alors la faire se lever ne serait sans doute pas tâche facile.