Le samedi 11 mai 2012, 00.26 après le Prime
Dimitri & Freddie

Le prime s'est terminé, tu t'élances dans le couloir à la recherche de Dimitri qui a quitté le plateau un peu précipitamment. Vu la tête qu'il faisait, c'était pas la joie. Tu comptes pas le laisser aller dormir et ressasser sa mauvaise humeur. T’aperçois sa silhouette, tu cours pour lui saisir le poignet, tu lui dis rien, tu te contentes de l'entrainer avec toi, revenant sur vos pas pour rejoindre le BAR-LOUNGE. Tu dis rien pour le moment, t'as pas besoin d'parler, pas tout de suite en tout cas. Tu l'pousses contre le fauteuil alors que toi, tu vas vers le bar pour dénicher une bouteille de vin rouge. Une bonne bouteille de vin rouge. Tu reviens finalement vers lui avec deux verres et une bouteille. Un sourire, tu te débarrasses des tes chaussures pour t'installer en tailleur dans l'sofa. La bouteille est ouverte, tu remplis les deux verres. Pas plus haut que l'bord, mais plus que ce qu'on a l'habitude de remplir un verre de vin. C'pas d'ta faute, c'est la façon dont le verre est fait. Tu lui r'files le verre entre les mains, avant de porter le tient à tes lèvres. Tu le regarde ensuite. T'es orientée vers lui, t'as pris un coussin, une vieille habitude, t'as besoin d'avoir quelques choses, un coussin, c'est sécurisant. Alors, tu comptes me dire c'qui t'arrives où j'vais être obliger d'aller chercher une autre bouteille?

Le prime était terminé. Enfin. Une longue soirée s'achevait donc sur les départs de Jewon et Prudence, et je pensais désormais pouvoir regagner ma chambre pour me coucher. Voilà pourquoi je m'apprêtais à emprunter le grand escalier lorsqu'une pression se fit sentir sur mon poignet, comme si quelqu'un était en train de me tirer dans l'autre sens. Je tournais la tête, tout en ne parvenant plus à mettre un pied devant l'autre, avant de n'apercevoir la jolie frimousse de Freddie. Celle-ci était visiblement décidée à m'emmener partout, sauf dans notre chambre. Soit. Je n'étais pas d'humeur pour me débattre, alors je décidai de me laisser faire et me laissai ainsi trainer jusqu'au bar-lounge sans opposer quelque résistance que ce soit. Une fois entrés dans la salle, la jeune femme me poussa contre le fauteuil sur lequel je ne tardai pas à prendre place, et m'assoir. Quant à elle, et bien elle se dirigea vers le bar dont bientôt elle ramena une bouteille. Ses chaussures ôtées, elle s'installa sur le sofa. C'est alors qu'elle servit deux verres, un verre chacun, puis me tendit le mien. Je m'en saisis donc, avant d'en boire une gorgée. Après une telle soirée, l'idée de noyer mes problèmes dans l'alcool ne me déplaisait pas. Au contraire. Pour le moment pas la moindre parole, pas la moindre discussion. Finalement, Freddie se décida à parler la première. « Alors, tu comptes me dire c'qui t'arrives où j'vais être obliger d'aller chercher une autre bouteille? » Avais-je réellement envie de lui parler de ce qui me prenait la tête ce soir ? De quelle stratégie user pour éviter d'avoir, par la suite, à répondre à milles et une questions ? Freddie n'était pas idiote, elle voyait bien que ça n'allait pas fort. Et je ne risquais pas de prétendre le contraire. « Heu... une bouteille su... suffira... » répondis-je avant de boire une nouvelle gorgée, pour ensuite rétorquer « Ce qui m'arrive... c'est que je... j'ai un putain de... mal de crâne. Voilà. » Bon, même si je me payais véritablement un mal de tête persistant depuis plusieurs minutes, ça n'était bien évidemment pas la seule chose qui pouvait me contrarier ce soir. J'ignorais si Freddie allait bientôt décréter que je me foutais d'elle, ce qui n'était pas le cas par ailleurs... seulement je n'étais pas du genre à me confier si facilement, ou en tout cas je n'étais pas encore assez alcoolisé pour le faire naturellement. C'était une question de minutes, néanmoins, avant qu'enfin ma langue ne finisse se délier et mes paroles prendre le dessus.

Heu... une bouteille su... suffira... Tu cries victoire un peu trop tôt. T'es persuadée qu'il va te dire ce qui le tracasse, même si au fond, tu t'fais déjà une petite idée sur la question. Enfin, t'préfères qu'il te le dise, histoire de pas te faire des films. Il prend une gorgée. t'en prends une aussi. Tu le regardes. T'attends la suite. Ce qui m'arrive... c'est que je... j'ai un putain de... mal de crâne. Voilà. Sans blague? Il croit quand même pas qu't'es si crédule. T'es presque vexée qu'il puisse pensé que tu vas gober une connerie pareil. Tu fronces les sourcils. Puis tu soulèves un sourcil. Tu finis par laisser échapper un rire amer, secouant la frimousse à la négative, tu bois une gorgée. Tu avales. Tu savoures. Tu le regardes, tu prends bien ton temps. Donc, ça n'a rien avoir avec la petite rousse? Bizarrement, le fait qu'il ait mentis, ça t'fait pensé que tu t'es pas planté à son sujet. C'dingue. Tu poses l'un de tes bras sur le dossier du fauteuil. T'penches la tête tu le toises. Tu hausses les épaules, avec une moue désolée, genre, "tu peux pas m'mentir saleté, alors arrête de lutter".

Il semblait évident que quelque chose me tracassait, et Lust l'avait bien compris. Seulement je ne ressentais pas forcément l'envie d'en évoquer la raison ce soir. Peut-être après quelques verres, oui avec un peu de chance cela m'en donnerait le courage, mais là je n'étais pas en état de parler de mes problèmes. Prétexter un mal de crâne - pourtant bien présent ce soir - ne semblait pas tromper la demoiselle. Non, elle avait bien saisis que le problème résidait ailleurs et, ma foi, elle avait mis le doigt pile dessus. « Donc, ça n'a rien avoir avec la petite rousse? » J'étais en train de boire lorsqu'elle reprit la parole, et je manquai alors de m'étrangler en entendant "petite rousse", référence à Saoirse bien entendu. Bien sur que tout ceci la concernait, bien sur que je ne parvenais à duper personne avec mon prétendu mal de tête. « Heu... non. » Allez Dimitri, à quoi bon faire semblant ? à quoi bon mettre ta tête d'enterrement sur le compte d'autre chose quand la vérité était là, dans les paroles de la jeune femme ? « Bon d'a... d'accord. Oui, ça a bien à voir... avec elle » avouais-je finalement, tête baissée et regard fuyant baladé entre le plan de travail et ce tableau, au mur, qui semblait représenter une éolienne mais dont, sur le moment, on se foutait pas mal. « Bref. C'était... une soirée d'merde. Ouais c'est le... le moins que l'on puisse dire. » J'avais quitté le plateau en trombe, à l'issue de la soirée, témoignant du fait que je ne voulais pas être confronté au regard de Saoirse plus longtemps. J'avais merdé ce soir, clairement. Mais voilà, il m'était maintenant impossible de revenir en arrière. Je bus une nouvelle gorgée ; j'en avais bien besoin.