Mais où diable avais-je foutu mon paquet de cigarettes ? Incroyable, nous n'étions réellement autorisés à fumer que dans la pergola, et pourtant c'était bien le dernier endroit où j'étais persuadé de ne pas le trouver, quoi. Un fantôme m'avait-il rendu visite cette nuit, pris d'une soudaine envie de fumer ? Ou bien j'avais tout simplement eu droit à une petite blagounette de l'un de mes camarades, trouvant jouissif le fait de dérober au fumeur que j'étais son précieux paquet de cigarettes. Dans tous les cas, et quel que soit l'individu qui se retrouvait désormais en possession de mes clopes, il me fallait retrouver celles-ci quitte à retourner tout le chalet. Bon, peut-être pas quand même étant donné que je détestais plus qu'autre chose le fait de déranger mes camarades. Ça n'était certainement pas en mettant un foutoir pas possible que j'allais leur faire plaisir, loin de là. Tandis que je passais devant la porte ouverte de la cuisine bien décidé à aller voir du côté de la salle à manger, je fus brutalement saisi par la bras puis trainé à l'intérieur. Un kidnapping ? Une tentative d'assassinat ? Non, juste Noah qui semblait avoir besoin de moi. « Dimitri, j'ai grand besoin de ton aide » Je poussai un soupire. C'est qu'il m'avait fait un peu peur, le gamin, en m'agrippant de la sorte sans que je ne m'y attende. « Je... je t'écoute, Noah. » Il avait vraiment l'air perdu, ou paniqué je ne saurais trop vous dire. Toujours était-il que le ton de sa voix était assez saccadé et que le jeune homme parlait à toute vitesse. « Voilà, j'avais dans l'idée de préparer un gâteau pour régaler nos camarades. Mais alors que ma motivation était à son summum, j'ai pris conscience d'un fâcheux détail : je ne sais pas préparer de gâteau » Aux vues du plan de travail sur lequel étaient disposés - ou plutôt devrais-je dire éparpillés - des ingrédients et ce qu'il me sembla être un début de préparation, je me dis que j'avais effectivement tout intérêt à lui venir en aide. « Ah oui, quand... quand même. Je salue l'effort mais... laisse-moi te... te dire que c'est une catastrophe. » J'étais même incapable de vous dire ce qu'avais voulu faire Noah tant ça ne ressemblait à rien. « Je crois que tu es pâtissier, non ? Tu pourrais peut être m'aider, toi ? » Il avait vu juste, j'étais bel et bien l'homme de la situation, le pâtissier du chalet et donc le type le plus susceptible d'arranger tout ça. « Bon alors... j'peux pas te... te laisser avec ça, sinon c'est pas des remerciements mais... des tomates auxquelles tu auras droit. Bon alors, c'était censé être quoi ce... ce gâteau ? » Parce que bon, quitte à arranger les choses, autant savoir que faire, et quel résultat donner à tout cela. J'étais en tout cas disposé à l'aider, le Noah. Je lui devais bien ça, quand même, après l'attention qu'il m'avait portée la semaine passée.

C'était relativement rare, mais il arrivait quelques fois à Noah de vouloir faire plaisir aux autres. Aujourd'hui par exemple, le jeune homme avait décidé de réaliser un gâteau pour nourrir ses petits camarades. Avouez que c'était là une bien belle intention. Sauf qu'il avait jusqu'à lors oublié un petit détail : le fait qu'il était absolument nul question cuisine, et plus encore au niveau de la pâtisserie. Si Noah était parfois capable de faire cuire des nouilles - bien qu'elles soient généralement crues au final - il était bien incapable de réaliser le moindre cookie. Alors un gâteau ... Pourtant, il y tenait. Et maintenant qu'il avait sorti mille et uns ingrédients censés lui permettre de réaliser la pâte, il était plus que jamais décidé à le faire. En plus, le destin sembla lui envoyer de l'aide : Dimitri. Car son camarade passa justement par là, à cet instant précis. Sans réfléchir, Noah attrapa alors son camarade par le bras, l'emmenant à l'intérieur de la cuisine et ne tardant pas à lui expliquer son problème. A ses yeux, Dimitri étant semble-t-il pâtissier de profession, il lui serait d'une grande aide. Mais encore faudrait-il qu'il accepte. « Une catastrophe, oui » soupira Noah, à la vue de ce qu'il avait tenté de commencer, mais qui ne ressemblait effectivement à rien. Alors, est-ce que Dimitri acceptait de lui venir en aide sur ce coup ? Visiblement oui. « Je te remercie » fit-il alors, dans un sourire, tandis que Dimitri cherchait à savoir ce qu'était censé être le gâteau. Hum, bonne question. « Un truc mangeable, je suppose » reprit-il alors, dans un haussement épaule tandis que son sourire s'animait d'avantage. Autant dire qu'il n'avait pas d'idée précise quant au gâteau qu'il souhaitait réaliser. Ouais, disons cela.

Mon dieu, ce garçon était une calamité en cuisine, laissez-moi vous le dire. Et je m'y connaissais, tout de même. Après tout, j'avais déjà été amené à donner quelques cours de pâtisserie à de jeunes apprentis dans mes cuisines et certains se débrouillaient tout de même mieux que Noah, en ayant tout juste la vingtaine. Mais il ne fallait pas condamner le jeune cinéphile pour autant, car tout ceci partait d'une bonne intention de sa part. Il avait voulu faire plaisir à tous, mais avait raté son coup. C'était... « Une catastrophe, oui » confirma-t-il, en étant amené à faire la même constatation que moi un instant plus tôt. Au moins il le reconnaissait. Je lui avais bien fait comprendre que j'allais l'aider, histoire de ne pas le laisser avec "ça". « Je te remercie » Un remerciement qu'il n'avait pas à me dire, car je trouvais légitime de lui venir en aide. Je lui offris un sourire, lui demandant ensuite ce qu'était censé être ce fameux gâteau. « Un truc mangeable, je suppose » Bien, avec une telle information je n'en savais guère plus mais soit. Si déjà nous parvenions à rattraper le coup et à concocter quelque chose de tout à fait mangeable, ce serait une bien belle victoire. C'était en tout cas l'objectif que je m'étais fixé pour cet après-midi. « Bon, on va reprendre... là où tu t'es arrêté à savoir à la... préparation de la pâte... ou plutôt du mélange. » Je pensais réellement être capable de rattraper tout ça même si Noah semblait penser que tout était à jeter. « Alors dis-moi... un brownie, ça te tente ? C'est... facile à réaliser, et puis c'est aussi drô... drôlement bon. » Si l'idée lui plaisait, alors j'étais prêt à l'aider à réaliser ce fameux brownie. J'en avais réalisé des tonnes au cours de ma vie, ça ne serait donc pas une première pour moi. En prévision de la réponse de Noah que j'espèrais positive, je tendis le bras pour me saisir d'une tablette de chocolat présente sur l'une des étagère au dessus de nos têtes. Alors, un brownie ou pas de brownie en perspective pour cet après-midi cuisine ?

Pauvre Noah. Déjà qu'il était bourré de défauts - il se trouvait être maladroit, un peu trop timide, très solitaire et peu sociable, principalement - voilà qu'il montrait désormais ses piètres talents de cuisiner. Ne pas être fichu de réaliser un maudit gâteau, c'était tout de même un comble. Pour sa défense, personne ne lui avait jamais appris à cuisiner. Ses parents avaient été trop occupés à s'occuper d'eux-même pour avoir songé à s'occuper de leur fils, qui avait grandi sans leur aide et avait du se débrouiller seul. Et plutôt que de jouer les touches-à-tout dans une cuisine, ce dernier avait préféré se rendre "clandestinement" dans le Cinéma de son quartier aussi souvent que possible. Ouais, la cuisine, ça n'était définitivement pas son truc. Pourtant, en ce jour, le jeune homme avait semble-t-il tenu à préparer un gâteau pour ses camarades, jusqu'à ce qu'il réalise évidemment qu'il n'était même pas en mesure de préparer une pâte. Heureusement pour lui que Dimitri se trouvait désormais à ses cotés et qu'il pourrait sans doute l'aider dans cette préparation. Mais que comptait-il préparer à la base ? Il n'en savait trop rien, à vrai dire. Dimitri lui proposa alors de préparer un brownie. Hm, pourquoi pas. « Un brownie, ça me semble bien » répondit-il alors, dans un sourire, alors que Dimitri avait déjà saisi le chocolat. Il ne perdait pas de temps, celui-là. « Comment on procède, chef ? » demanda-t-il ensuite, les yeux rivés vers son camarade. « Le chocolat ... c'est pour préparer le brownie ou pour s'empiffrer et se donner des forces ? » fit-il ensuite, dans un rire, puis prenant un air tout innocent. A défaut d'être bon cuisinier, Noah était un petit gourmand. Eh oui.

Ainsi donc ce qui se trouvait actuellement disposé sur le comptoir, à savoir un mélange assez suspect, qu'il ne me tardait pas de goûter par ailleurs, était en fin de compte un début de préparation de gâteau ratée. Parce que oui, Noah avait beau y avoir probablement mis tout son cœur, c'était raté de A à Z. Je doutais même qu'il ait un instant su ce qu'il comptait concocter, mais peu importe au final... nous allions rattraper le coup avec un brownie, à condition que monsieur soit d'accord bien sur. « Un brownie, ça me semble bien » Une réponse positive que j'avais un peu prévue, car il ne m'avait pas fallu bien longtemps pour me saisir d'une tablette de chocolat posée juste au dessus. Noah se montra ensuite assez interrogateur, comme si j'étais le maître qui s'apprêtait à donner un cours de cuisine à son élève. Une vision qui me plaisait plutôt bien, d'ailleurs. « Comment on procède, chef ? » demanda-t-il alors, avant de poursuivre « Le chocolat ... c'est pour préparer le brownie ou pour s'empiffrer et se donner des forces ? » Waou, Noah venait de rire ce qui était tout de même assez exceptionnel. Un rire contagieux car très vite je me mis à rire à mon tour. Après avoir vérifié le poids de la tablette de chocolat - 120g le compte était bon - je reportai à nouveau mon attention sur le beau brun. « Cette ta... tablette-ci c'est pour le brownie. Mais si tu es s... sage, celle que j'ai astucieusement cachée dans... dans le cellier sera pour toi, petit gourmand. » Oh oui, cela se devinait de suite, rien qu'à y voir le regard que jetait Noah sur cette fameuse tablette de chocolat noir. « Alors, alors... nous a... allons faire fondre ce chocolat au bain-marie. Pourrais-tu me... sortir une petite casserole puis une plus... plus grande je te pries ? » fis-je, avant de questionner à nouveau Noah histoire de m'assurer que tout ce que je venais de lui dire était bien parvenu jusque son cerveau ; que je parlais sa langue, si vous préférez. « Rassure-moi, tu... tu sais ce qu'est un b... bain-marie, Noah ? » Noah semblait autant paumé en matière que cuisine que je l'étais en matière de cinéma. Alors avant d'aller plus loin, je souhaitais revoir les bases avec lui.

Oui bon, Noah n'était définitivement pas doué pour la cuisine. Mais ça n'était pas un drame puisqu'il s'avérait qu'il était doué dans divers autres domaines. Eh oui. Tout d'abord, hum, la réalisation. Car il estimait n'être pas trop médiocre en ce qui concernait sa passion, sans pouvoir pour autant prétendre être le nouveau Francis Ford Coppola. Disons qu'il se débrouillait, quoi. Et sinon, et bien, il estimait être plutôt doué pour ... pour ... okay, peut être que la réalisation était le seul véritable "talent" qu'il possédait. Mais était-ce si dramatique, finalement ? Sans doute pas. Quoi qu'il en soit, il était certain qu'il avait bien fait de demander de l'aide à son camarade Dimitri, parce que s'il s'était chargé seul de ce fichu gâteau, et bien, les estomacs de leurs petits camarades en auraient probablement souffert. Mais fort heureusement pour lui - et donc pour eux - Dimitri était là et semblait avoir la situation bien en main. Dieu soit loué, n'est-ce pas ? Noah, par contre, risquait de ne pas être d'une extrême utilité. D'autant plus que le jeune homme semblait laisser parler sa gourmandise à cet instant précis. Cette tablette de chocolat lui faisait clairement de l'œil, d'où sa petite réflexion à ce sujet. « Oh, j'ai intérêt à être un bon apprenti » fit-il, dans un éclat de rire. Alors comme ça, Dimitri gardait cachée une autre tablette de chocolat ? De quoi faire plaisir à Noah qui, étrangement, serait particulièrement attentif durant la préparation de ce gâteau. On se demande bien pourquoi. « Une petite casserole ... une casserole plus grande ... » reprit-il, lorsque Dimitri le chargea de lui sortir quelques ustensiles pour faire cuire le chocolat, qu'il déposa devant son camarade. Mais savait-il, effectivement, ce qu'était un bain-marie ? Haha, bonne question. « Bien sûr que je le sais ! Pour qui me prends-tu, hm ? » s'exclama-t-il, prenant un air sérieux qui ne tarda pas à virer à l'amusement. « Bon d'accord, je n'en ai pas la moindre idée ... mais je suis là pour apprendre, hein » reprit-il, l'air de rien, comme pour excuser sa profonde inculture en matière de culture. Et encore, Dimitri ne lui avait pas demander ce qu'était un œuf timer ...

 « Chuuuuut, tais toi, ils vont nous entendre » murmurais je à ma comparse. Surexcitée comme elle était, la demoiselle allait tout faire capoter si ça continuait. Or, une mission de la plus haute importance nous amenait en ces lieux. Hors de question de perdre l'objectif de vue. Je n'irais pas jusqu'à dire que c'était une histoire de vie ou de mort...mais presque. Concentration oblige. Mais surtout discrétion. Ça ne rigolait pas. Non non non.  « Cible en vue. Paré à la livraison. Dans trois secondes, deux, une... » Voilà, on y était. C'était le moment. Je fis un signe de la main à ma complice pour donner le top départ.  « Gooooooooooooo ! » Hurlais je en pénétrant dans la pièce comme un dératé. Suivi de...Saoirse, bien évidemment. Qui d'autre ? Je me rendis immédiatement vers les deux jeunes hommes, et les poussai du comptoir pour les décoller de là.  « La voie est libre, maintenaaaaaaaant ! » Les pauvres devaient être bien trop choqués pour réagir et comprendre ce qui leur arrivait. La rouquine, très réactive, entreprit sa mission. On se mit à tourner autours d'eux, comme des oufs. Mais pas juste comme ça... On avait des rouleaux de papier cellophane en main. Et oui, on était en train de les saucissonner ni plus ni moins. La team des cassos' était en train de frapper.

Derrière Milo, me faisant encore plus petite que je ne l’étais déjà, je sautillais d’impatience. Roooh ce n’était pas bien ce qu’on s’apprêtait à faire. Mais c’était tellement marrant n’empêche, genre s’approcher à petit pas vers la cuisine, comme deux espions, prêts à remplir leur mission. Oh, parce que c’était bien une mission que nous avons là ! « Cible en vue. Paré à la livraison. Dans trois secondes, deux, une... » Je serrais mes doigts, avec un large sourire, attendant le : « Gooooooooooooo ! » Tout comme lui, je courrais vers eux. « C’est partiiiiii » Et alors que mon vil comparse s’occupait de les regrouper à deux, je bouillais d’excitation (pas sexuelle hein, le cellophane ce n’est pas mon truc désolé), décollant avec hâte le début du rouleau. « La voie est libre, maintenaaaaaaaant ! » Je levais les bras en l’air, me rapprochant carrément d’eux tout en criant. « Ouiiiiiiiiiii ! » Je coinçais dans les jambes de Noah un morceau, puis je déroulais le rouleau géant de cellophane autour d’eux. Je sautillais, ne pouvant pas m’empêcher de rire comme une gamine. Les pauvres allaient avoir du mal de se défaire de ça ! Nous par contre, ça nous faisait bien marrer. Mais on n’était pas si méchant. On leur épargnait tout de même leur visage. Arrivée au « bout du rouleau », je leur adressais un sourire innocent, surtout à l’encontre de Dimitri. « Désolé… ou pas !» Lui lâchais-je tapotant le sommet de sa tête. « Allllez, on s’en va mon cheeeeer ! Méfait accompli ! » Criais-je à l’encontre de Milo, tout en prenant mes jambes à mon cou comme une folle.

« Oh, j'ai intérêt à être un bon apprenti » Si Noah voulait cette tablette de chocolat qui se voulait dissimulée quelque part dans le cellier, il avait effectivement tout intérêt à se montrer assidu. Pour entreprendre la préparation de ce fameux brownie que les autres candidats auraient la chance de déguster plus tard dans la journée, il nous fallait tout d'abord faire fondre le chocolat au bain-marie et, pour ce faire, j'avais demandé à Noah de me sortir deux casseroles : une grande, et une plus petite. « Une petite casserole ... une casserole plus grande ... » fit-il tout en les sortant, l'une après l'autre. « Merci mon cher. » Mais à propos, Noah savait-il réellement ce que nous allions faire ? Car rien ne me garantissait que le jeune homme sache véritablement ce qu'était un bain-marie. En effet, connaissant le niveau tout à fait limité de celui-ci en cuisine, j'avais préféré m'en assurer et sa réponse ne se fit pas attendre. « Bien sûr que je le sais ! Pour qui me prends-tu, hm ? » Il n'était pas crédible une seconde, et pour cause un instant plus tard il ne pu s'empêcher de me faire les aveux que je redoutais. « Bon d'accord, je n'en ai pas la moindre idée ... mais je suis là pour apprendre, hein » En effet, il était là pour apprendre voilà pourquoi je décidai de ne pas lui en tenir rigueur. « C'est... c'est très simple. Nous allons disp... » Je n'eus le temps de terminer mon explication, littéralement interrompu par un hurlement auquel nous ne nous attendions absolument pas. Un hurlement qui, d'ailleurs, me fit sursauter comme jamais je n'avais sursauté. « Gooooooooooooo ! » J'aperçus alors Milo entrer comme une furie dans la pièce, suivi de près par Saoirse. « C’est partiiiiii » Mince, pourquoi donc se permettaient-ils de déranger un cours de cuisine de la sorte ? Nous fûmes ensuite brusquement écartés des plans de travail sur lesquels nous travaillions depuis quelques minutes. « La voie est libre, maintenaaaaaaaant ! » s'écria le jeune homme sans que Noah et moi ne parvenions à comprendre ce qu'il allait advenir de nous. « Ouiiiiiiiiiii ! » Là, nous fûmes enroulés dans du papier cellophane sans avoir le temps de réagir ni de nous débattre. C'était arrivé trop vite, et désormais nous nous retrouvions complètement prisonniers. « Désolé… ou pas ! » Saoirse vint me tapoter le sommet du crâne avant de convier son jeune acolyte à sortir d'ici, histoire de nous laisser seuls et dans une situation franchement délicate. « Allllez, on s’en va mon cheeeeer ! Méfait accompli ! » Oh oui, on pouvait dire qu'ils avaient franchement bien exécuté leur petite farce. Les deux protagonistes sortis, je tentai de me dépatouiller de ce truc mais rien n'y faisait, j'étais complètement coincé et Noah se trouvait dans le même cas que moi. Le brownie attendrait, donc, car pour le moment il nous fallait à tout prix nous débarrasser de ça. « Hey ! Re... reveneeeeeez ! Pfff, les... les salopards. Bon. Que fait-on ? On... on hurle de toutes nos forces ? On se... laisse mourir ? » Ou bien nous pouvions aussi tenter de rompre ce qui nous tenait actuellement saucissonnés. Seulement, là tout de suite, je ne voyais pas trop comment procéder. Hmm, à moins que... Oui mais c'était dangereux quand même. Oh et puis, une autre solution s'offrait-elle à nous ? « Y'a... y'a un couteau, là. J'peux tenter de... le saisir avec mes dents, seulement je... je risque fort de te poignarder par mégarde. » Et ça, je préférais tout de même éviter. Vraiment, à ce moment précis, je les méprisais du plus profond de mon être. Ces deux-là ne perdaient rien pour attendre... Notre vengeance serait à la hauteur de leur farce : terrible... et diabolique.

Oh vous savez, même si Noah n'avait rien d'un bon cuisinier - il était même tout le contraire - on pouvait parfois le motiver avec un petit quelque chose. Et justement, la tablette de chocolat cachée dans le cellier dont venait de parler Dimitri l'intéressait grandement. Voilà une bonne raison de se montrer attentif durant ce cours de cuisine improvisé, n'est-ce pas ? Ainsi donc, Noah essaierait de se tenir à carreaux et, si possible, de ne rien faire brûler. C'est que sa maladresse pouvait parfois donner lieu à quelques catastrophes imprévues, vous savez. Avec lui, on était jamais à l'abri d'un déluge, d'ailleurs. Alors il valait effectivement mieux qu'il tente d'être bien sage et qu'il écoute attentivement son camarade Dimitri qui, heureusement, était prêt à l'aider à réaliser ce brownie. Après avoir donné à celui-ci ce qu'il lui avait demandé, à savoir deux casseroles - une grande et une plus petite - Noah lui fit savoir qu'il n'avait pas la moindre idée de ce que pouvait être un bain-marie, ce qui était absolument véridique. Tout ce vocabulaire culinaire, vous savez, ça n'était franchement pas son truc. Mais alors que Dimitri s'apprêtait visiblement à lui expliquer ce qu'il fallait désormais faire, deux de leurs camarades entrèrent brusquement dans la cuisine. Il s'agissait de Milo et Saoirse. Mais que faisaient-ils là tous les deux ? Hm, bonne question. Très vite, Noah ne tarda pas à le savoir, car leurs camarades trouvèrent visiblement amusant de les enrouler dans du papier cellophane. Très mauvais plan. Ni lui ni Dimitri n'avait alors pu les en empêcher, et les vilains petits farceurs eurent vite fait de quitter les lieux, assurément fiers de leur coup. Pff. Dimitri prit alors la parole, tandis que Noah trouvait déjà cette position inconfortable. « Ça n'est même pas drôle » grommela Noah, avant de soupirer légèrement. Non, tout cela ne le faisait pas tellement rire. Et bon sang, son Dieu tenait-il autant que ça à ce que Noah renonce à faire ce gâteau ? Visiblement oui. « On peut toujours aller demander de l'aide aux autres » suggéra-t-il alors, qui reprit la parole après quelques secondes de réflexion « Quoique, non, ils seraient bien capables de nous pousser dans la piscine ... » Autant éviter cela, alors. L'idée du couteau semblait encore être la meilleure. « Essaye avec le couteau, oui. Mais, pitié, fais attention. Je suis trop jeune pour mourir, Dimitri. » La voix de Noah s'enroua légèrement, tandis qu'il se voyait déjà mort dans la minute. Vraiment, si cette petite plaisanterie lui coûtait la vie, ce serait le pompon.

Noah et moi nous retrouvions vraiment dans une situation délicate. En effet, quelques instants plus tôt, deux petits foufous connus sous les noms de Saoirse et Milo, avaient fait irruption dans cette cuisine et n'avaient ensuite pas hésité à nous saucissonner dans du papier cellophane sans que nous nous y attentions. Leur petite farce exécutée, ils avaient ensuite quitté la pièce en nous lançant comme ça, comme deux pauvres petites victimes incapables de bouger, de se défendre, de se débattre. Une plaisanterie qui ne sembla pas franchement faire rire Noah. « Ça n'est même pas drôle » Je pouvais le comprendre, moi-même je me trouvais particulièrement remonté contre eux deux même si leur but n'avait été que plaisanter un bon coup. Seulement voilà, nous devions à tout prix nous sortir de là. Comment ? Et bien... « On peut toujours aller demander de l'aide aux autres » se mit alors à suggérer Noah, pour ensuite continuer « Quoique, non, ils seraient bien capables de nous pousser dans la piscine ... » Oh mon dieu, mais oui ils en étaient tout à fait capables ! Non non non, je ne voulais pas mourir noyé et comprimé dans du papier transparent souvent utilisé comme moyen de conservation. Nous méritions mieux, tout de même. « Hum oui, on... on va éviter, oui. » Son idée était loin d'être stupide, cependant la mienne était sans doute plus apte à nous sortir de là rapidement même si, il fallait bien l'avouer, elle était dangereuse. En effet j'avais proposé à Noah de sautiller pour saisir avec mes dents le couteau posé en face de moi. Seulement, je n'avais pas manqué de lui exposer les risques qu'il encourrait si il acceptait que je tente le tout pour le tout, à savoir déchirer le papier qui le retenait prisonnier avec ce présent couteau. « Essaye avec le couteau, oui. Mais, pitié, fais attention. Je suis trop jeune pour mourir, Dimitri. » Mais enfin, ça n'était qu'un couteau voyons. Et puis, au pire je pouvais le tuer. Rien de bien alarmant, donc. Bien sur tout ceci était parfaitement ironique, et je me mis bientôt à suer à grosses goutes. Comprenez-moi, je n'avais aucune envie de tuer Noah par mégarde. Ni même de l'amocher d'ailleurs. « Okay, je... okay. » Tout ceci pour lui faire comprendre que j'allais maintenant me diriger vers le fameux couteau en question, ce que je fis l'instant d'après. Miracle, j'étais parvenu à attraper entre mes dents l'objet tranchant sans m'écorcher la bouche. Je revins ensuite vers Noah - en bondissant toujours car ne pouvant décoller mes jambes l'une de l'autre -, avant de brandir le couteau vers lui, en fermant les yeux. Si je devais le poignarder, au moins que je ne vois pas ça. J'étais très courageux, oui. Lorsqu'enfin je rouvris les yeux, Noah était libéré de l'emprise du papier cellophane... mais son poignet, lui, était quelque peu ensanglanté. Merde. Si j'avais réussi mon coup, le couteau avait tout de même écorché le jeune homme et je me sentis d'un coup bien coupable. « Oh... je... je suis désolé. Pas trop... mal, ça va, dis ? Heu. Tu vas quand même me... me libérer, hein ? » Que ce petit incident ne me condamne pas à rester comme ça, ce serait bien triste. Noah entreprit ensuite de déchirer le papier qui se trouvait enroulé tout autour de moi, et à mon tour je retrouvai ma liberté. Enfin. « Merci Noah. BON ! On... on s'y remet ? » Attendez, cela n'allait tout de même pas nous empêcher de terminer notre brownie, si ? Je ne laissai de toute manière pas le choix à Noah, et le conviai à remettre les mains à la pâte, ou au moins à me regarder faire. Peut-être avait-il soudainement perdu l'envie de cuisiner... en tout cas, moi, j'étais toujours partant. Mais qui en aurait douté ? Logique, non, venant d'un pâtissier ?

QUELQUES MINUTES PLUS TARD.
La préparation du brownie était terminée, celui ci était au four depuis quelques minutes. Le temps de discuter un peu avec Noah, le délicieux gâteau était cuit. Je le sortis donc du four tout en prenant soin de me munir de gants de cuisine, avant de le poser sur le plan de travail que nous avions nettoyé durant la cuisson, en papotant donc. « Et bien voilà. Ça... m'a l'air parfait. Ah on... on peut dire que ça n'était pas gagné, mais... on a bien ra... rattrapé le coup. Bravo ch... cher associé. » J'eus pour réflexe de lui serrer vivement la main. Oui bon... Le fameux couteau qui nous avait libéré quelques minutes plus tôt du fameux papier cellophane allait maintenant servir à découper le brownie en carrés. Une bonne vingtaine, environ. « Bien. On... va attendre quelques minutes car il... il est un peu brûlant, là tout... de suite. En attendant, a... allons prévenir les autres. » Je posai une serviette de table sur le brownie pour en conserver la chaleur, tout en le laissant reposer un peu. Noah et moi quittâmes alors la cuisine pour convier nos camarades à venir en déguster un morceau si, bien sur, la faim se faisait ressentir. Il y en avait pour tout le monde... même pour ceux qui nous avaient fait, un peu plus tôt, une bien belle plaisanterie. Allez, sans rancune.

Sujet terminé pour Noah & Dimitri.