BRIONY & DRAY

Lundi matin. Le réveil en pleine mer, dans sa cabine, en compagnie d'autres individus, fut difficile. Parce qu'il n'était pas seul, justement. L'ambiance colonie de vacances, parqués comme des moutons dans leurs enclos, ce n'était pas trop son délire. Il aimait le luxe, son confort. Et bien que d'importants moyens aient été mit en place, on était encore loin de son train de vie. Les réalisateurs oubliaient toujours le dépaysement des riches, un comble. Le dos courbaturé et la mine défaite, Dray sortit du lit l'air maussade. Pour se réveiller, une douche était de rigueur. Se trainant -se prenant au passage quelques murs contre l'épaule-, en titubant à moitié, trop occupé à se frotter les yeux pour regarder devant lui, il parvint tant bien que mal à la salle d'eau. Une fois le robinet ouvert, le jeune homme reprit visage humain, ses muscles et traits se décontractant sous la chaleur du jet. Alors qu'il se penchait pour attraper un de ces shampoings douteux, son attention fut attirée par des.. pieds. Son regard glissa de ces derniers au visage de la propriétaire des orteils, non sans en profiter un peu pour faire durer le plaisir. « Briony. » Déclara-t-il simplement, se complaisant dans la justesse de sa mémoire. Une fois que ce moment d'auto-adoration fut passé, il continua : « Celle dont il faut vérifier la non-présence s'il nous vient l'idée de s'envoyer en l'air avec une candidate. » C'était une des premières choses qu'il avait entendu à son arrivée dans l'aventure, forcément, ca marquait. Alors comme ca elle interrompait les duos en plein ébat ? Du moins, un. Pour le moment. Le jeune homme n'aurait pas hypocrisie d'être choqué par de tels comportements, il n'était pas le dernier pour accomplir ses envies, quel qu'elles soient ; mais pas sous le regard d'autrui, non. « A moins que cette candidate soit Briony elle-même.  » Finit-il par lâcher, feignant l'innocence d'un haussement d'épaules, mais la malice de ses billes ne pouvait guère tromper.

Briony n’avait pas l’habitude de se lever tard, pas tôt non plus, disons à l’heure qu’il faut. Étant plus jeune, elle se levait vers treize heures, ne faisait rien de la journée et sortait le soir. Maintenant, on la prenait plus pour une vieille avec ses habitudes, ou pour une femme de vingt-sept ans, à voir. Toujours est-il qu’à peine éveiller, la rouquine était de bonne humeur. Prenant dans son placard un maillot de bain deux pièces quelconques ainsi qu’une robe de soleil et des sous-vêtements, Briony parti retrouver sa trousse de toilette dans la salle de bain. Alors qu’elle entrait dans cette fabuleuse salle de bain, elle aperçu un candidat. Un nouveau candidat. Elle ne voyait pas sa tête et ne savait si c’était plus le fessier de Jones, de Dray ou de Jacob. A vrai dire, cela n’avait aucune importance. Tant qu’il était retourné, la candidate se changea afin de passer du pyjama au maillot, histoire d’aller se doucher. Hop, ce fut fait en moins de deux et le garçon n’y vit que du feu. Briony eut même le temps de se brosser les dents que le candidat n’était toujours pas réveillé. Pauvre petit. Finalement, ce fut lorsque Briony pénétra dans la douche et que Dray-Jacob-Jones eu besoin d’un savon qu’il l’aperçu. Il se souvenait de son prénom et, alors qu’il la matait sans se gêner, elle pu voir qu’il s’agissait de Dray. D’ailleurs, le nouveau avait non seulement retenu son identité mais aussi le fait qu’elle ait interrompu Hassan et Rosaly dans les toilettes. Comme si c’était de sa faute si deux être faisaient des jeux dégueulasses dans les toilettes. Et puis le lieu quoi ! Les cabines ça existaient ! Bref, un fin sourire se planta sur les lèvres de Briony, il évoqua même le fait qu’un jour elle puisse prendre la place de Rosaly. Plutôt crever, mais ça, elle ne lui dira pas. La jeune femme avait un minimum de classe et de manière pour ne pas faire ça n’importe où. Voir nulle part, mais ceci est une autre histoire. « Je leur ai rendu un fier service. Ils avaient l’air de deux idiots à jouer avec leurs corps. » Dray avait un beau torse. Elle sourit. « Briony n’aurait pas idée de faire ça dans les toilettes. Les douches par contre… » Amusée, la jeune femme déclencha finalement le jet d’eau. L’eau se posa directement sur ses magnifiques cheveux roux, coulant gracieusement sur ses joues et le reste de son corps.

Dray aimait mettre les gens dans des petites cases. La liste des trainées, celle des coincées, celle des inaccessibles, celle des -trop- accessibles, les dangereuses, les naïves. Briony semblait pouvoir rentrer dans chacune d'entre elles. Et avec tout ca, une bonne dose de répondant. Ce beau mélange rendait le garçon particulièrement dubitatif, lui qui avait l'habitude de cerner une personnalité en quelques regards, cela semblait mal parti en l'espèce. Ce qui pouvait devenir très vite lassant, ou au contraire, absolument attirant. Il n'avait pas encore décidé de la route à prendre. Ne se laissant pas distraire par la présence de la demoiselle, il continua sa toilette, ses cheveux se camouflant rapidement sous une épaisse couche de mousse. On faisait plus sexy, m'enfin, à vivre vingt-quatre heure sur vingt-quatre ensemble, il ne fallait pas s'habituer à voir ses camarades toujours sous leur meilleur jour. La réponse de la jolie rousse provoqua chez lui un sourire en coin, il ne put évidemment s'empêcher d'en rajouter une tartine, non sans un certain cynisme. « C'est l'âge où ils découvrent que les garçons et les filles ne sont pas fait pareil, il faut leur pardonner. Les poils qui poussent, les hormones, toussa, ca les travaillent. » Soupir lasse, presque consterné. En fait, il s'en fichait bien de ce que chacun faisait, tant qu'il n'avait pas à assister au spectacle. Que tout ceci finisse en orgie, peut importe, ils étaient libres, même libres de martyriser leur réputation. Lui, n'était pas là pour ca. Jouer d'accord, mais pas au détriment de son image et de ses mœurs. « J'espère que la vidéo sera toujours disponible quand je sortirais d'ici, j'aimerais tellement voir ta tête quand tu as ouvert la porte. » Oh ça oui, ca devait être particulièrement comique. Côte-à-côte, cette position permettait aisément au garçon de pouvoir détailler sa partenaire par quelques regards discrets en biais. « Les douches t'inspire pour faire.. « ca ». Je me serais contenté de ton métier, ton origine, ou même le nom de ton hamster comme première information sur ta personne. » Inutile de préciser qu'il retenait cette non moins précieuse information dans un coin de sa tête.

L’eau valsait le long de son corps encore endolori pendant que Briony prenait soin de se passer du gel douche. Contrairement à certaines, elle n’insista sur aucune partie de son corps, prenant la tache de se nettoyer bien trop au sérieux. Ses cheveux étaient mouillés, si bien que la rouquine ressemblait plus à une banale brune, heureusement que pour l’américaine cela ne durait que le temps d’une douche, contrairement à Pepper-Ann et Naelia, par exemple, qui devaient constamment vivre cette horrible banalité. Quelques regards en direction du nouveau candidat aidèrent la demoiselle à se rendre compte du genre d’hommes qu’il pouvait être, physiquement parlant, bien sur. Non pas que le physique soit primordial, mais contrairement à l’aspect, l’intelligence ne se mesurait pas grâce à un coup d’œil, même peu expert. Le garçon qui semblait avoir eu vent de l’affaire « Briony la fouineuse » comptait bien y rajouter son grain de sel, ce qui, même si cela n’agaçait que trop peu la jeune femme, ne la mettait pas sous son meilleur jour. Parce qu’évidemment, outre quelques défauts que les candidats prenaient un malin plaisir à découvrir et s’acharner sur eux, la rouquine possédait quelques qualités encore inconnues du grand public… Enfin, sûrement. La candidate ne connaissait pas l’âge de Dray mais à l’écouter, la vingtaine était déjà loin derrière lui, ce qui ne pouvait être qu’une bonne chose. Il en profita ensuite pour lui dire qu’il espérait bien voir la tête qu’elle avait faite lorsqu’elle les avait surpris. « Si tu tiens tant que ça à voir la vidéo, tu peux toujours quitter le yacht dimanche soir. » Lui répondit-elle d’un ton espiègle. Elle passa le fait que ce n’était pas elle qui avait ouvert la porte mais Hassan et qui l’avait carrément surprise en train ‘ d’espionner’. Ce qui n’était en fait pas –vraiment- le cas. Pauvre Briony. « Je n’ai pas de hamster. » précisa-t-elle comme s’il lui était vital de rétablir la vérité. Elle poursuivit ensuite. « Et toi ? ». Amusée, la jeune femme ne lui demandait certainement pas s’il avait un hamster, mais le lieu qui l’inspirait pour faire « ça », comme il venait lui-même de le dire. Il comprendrait la question grâce au sourire fort amusé de la rouquine.