Elle n’avait pas vraiment fait long feu au prime de la veille, préférant s’éclipser rapidement après une soirée longue et ennuyeuse à mourir. Mais même si elle n’y avait pas passé bien longtemps, elle n’arrivait pas à retrouver le bracelet qu’elle portait la veille au soir. Elle était certaine de l’avoir au poignet en sortant de sa cabine mais ne se rappelait pas l’avoir enlevé. Après avoir retourné sa chambre pendant vingt bonnes minutes, elle en déduisit qu’il n’était pas là et partit en quête de son bijou. Elle aimait les chasses au trésor en général mais elle manquait d’indice sur ce coup là et retracer son chemin était la seule chose à faire. Elle commença donc par la salle de bain où ses recherches s’avérèrent infructueuses avant de pousser les portes du mistral. Elle n’y avait pas encore mit les pieds en dehors des soirées et il fallait avouer que l’ambiance était tout à fait différente. Pas de lumière tamisée où de musique à fond, simplement quelques tables à l’abandon et un décor beaucoup moins attirant. Il n’en restait pas moins exceptionnel, juste un peu moins que les fois précédentes. Sans attendre, elle s’avança vers le canapé où elle avait prit place, fouilla entre les coussins, regarda dessous, aux alentours mais encore une fois sans succès. Ca commençait à devenir peine perdue. A deux doigts de poster un avis de recherche histoire que personne en décide d’en faire son butin personnel, elle se souvint avoir été au bar avant de partir pour boire un verre d’eau. C’était son dernier espoir. Et elle avait vu juste, sous l’un des tabourets, elle aperçu son bracelet et se pencha pour le récupérer. Coincé sous la chaise, ça lui prit plusieurs secondes et quand enfin elle se releva, elle tomba nez à nez avec Briony. Elle ne l’avait pas vraiment à la bonne la petite rousse après qu’elle ait répandu la rumeur de sa soirée ‘touche pipi’ comme ils aimaient à l’appeler. Après lui avoir montré une scène privée, elle lui laissait une vue imprenable sur ses fesses, bien que protégées par sa jupe. « Tu ne devrais pas regarder, Hassan est dessous, on cherche une nouvelle façon de se faire plaisir. » Légèrement rancunière peut-être, ou humour quelque peu décalé, allez savoir.

Le réveil avait été difficile pour l’ensemble des candidats à cause de la soirée de la veille. Exceptionnellement, Briony avait même passé une heure en plus à dormir ce qui était un véritable miracle. Toujours est-il qu’elle avait du zappé le petit-déjeuner afin de déjeuner à l’heure habituelle. Non pas que ces habitudes ne puissent pas être changés mais en ce moment, elle n’en voyait pas l’utilité. Cependant, n’ayant pas eu sa dose de caféine, Briony s’en fit couler une tasse avant de se balader sur le yacht, la tasse à la main. Le bateau était étonnamment calme, certains devaient cuver pendant que d’autres faisaient une sieste ou bien se livrait à ses jeux sexuels dans les toilettes. Chacun passait ses journées comme il le souhaitait. Après avoir bu une longue gorgée de nectar noir, la rouquine pénétra dans Le Mistral, lieu où tous les candidats se retrouvaient notamment pour les primes. A vrai dire, il n’y en avait que deux, mais la candidate doutait fort que le lieu allait changer. Ce n’est pas comme si ils pouvaient créer d’autres pièces sur un paquebot. A peine entrée dans ce lieu des primes qu’elle pu apercevoir quelqu’un baisser. Une demoiselle, de toute évidence. S’approchant du tabouret – la curiosité la tuera un jour – au même moment, la candidate se releva. Tiens, sa bonne copine Rosaly. Cette dernière se rappela très nettement d’elle puisque dès les premières secondes, Rose se mit à parler de ce malheureux incident. Ce n’était pas de sa faute tout de même ! « Arrête tu me donnes envie de regarder, vous étiez tellement en osmose la dernière fois. » Ironique, la jolie rousse se rappela soudain que Rosaly était sourde. Ou presque. Ou elle ne savait pas quoi mais elle avait un problème d’ouïe. « Et sinon, tu faisais quoi là ? » Dit-elle en prononçant un peu trop clairement les syllabes, comme si elle parlait à une étudiante étrangère.

La jeune femme n’était pas à cours de répartie ce qui était agréable. Rose esquissa un sourire avant de répondre. « Osmose qui s’est matérialisée par un petit halo doré qui tournait autour de nous, parfaitement. » C’était drôle, la rousse n’avait pas du voir grand-chose en réalité, franchement d’un petit trou de serrure, elle s’étonnait même qu’elle ait aperçu quoi que ce soit. Mais le destin avait voulu qu’on les arrête avec Hassan, peut-être pour éviter à ce dernier une grande déception lorsque la brunette aurait mit court à tout autre demande plus salace. Elle ne regrettait aucunement ce petit intermède, simplement d’avoir été observée. Mais c’était surement le mauvais côté de vivre aussi nombreux sur un bateau. En tous les cas, le mal était fait et personne ne pouvait revenir en arrière. Plissant les yeux, elle mit quelques secondes à comprendre ce que voulait dire Briony qui avait un peu trop exagérément espacé ses syllabes. Elle voulait bien faire, c’était certain mais au final, cela rendait les choses encore plus difficiles. Montrant le bracelet qu’elle venait de ramasser, elle s’expliqua. « Je l’avais perdu et je viens de le retrouver. » Elle en profita d’ailleurs pour passer son bracelet au poignet histoire de na pas le semer derrière elle une nouvelle fois. « Et toi, qu’est ce que tu fais ici, tu cherches des gens à espionner ? Tu es en manque de ragots ?! » Ce n’était pas méchant, bien au contraire et elle ne pensait pas la jeune femme l’interprète comme tel, elle semblait avoir un humour des plus développés. « Et si tu me regardes, ce n’est pas la peine de changer tes habitudes, c’est plus simple pour moi si tu dis toutes les syllabes d’affilé. »

Dans tous les cas, c’était bien fait pour Rosaly et Hassan s’ils avaient été surpris, même si sur le coup Hassan avait sorti les crocs, à cet instant et surtout pendant le prime, cela avait été apprécié que tout le monde sache ce que faisait ces deux petits malotrus. Même si Rosaly semblait en vouloir quelque peu à Briony, ce n’était pas au point de lui tirer les cheveux et de la griffer avec ses ongles. C’était déjà ça de gagner. La jeune femme montra ensuite son bracelet qu’elle venait de retrouver. Toujours faire attention à ses affaires. Soit la brune n’avait pas assez écouté sa mère, soit elle n’avait pas une mère comme la rouquine. Se passant de commentaire – pour cette fois-ci – Briony observa instinctivement à terre, au cas où ‘autres objets y seraient. Non pas pour les voler ou autre, simplement pour s’en assurer. La petite brune aux yeux bleus continua sur sa lancée et demanda à l’américaine ce qu’elle faisait ici, si elle n’avait pas d’autres ragots à aller colporter. « Je buvais mon café. » Dit-elle en levant sa tasse et en humectant ses lèvres avec, histoire de montrer que c’était bien le cas. « Et puis, je n’ai rien dis, concernant votre petit jeu de la dernière fois. Je sais être discrète, je t’assure. Pour les ragots, j’en ai tout un stock, tu serais surprise de savoir tout ce que j’ai pu chiner comme info ici ou là. » Sourire amusé, Briony passa une main dans sa tignasse rousse. « Défaut professionnel. » Rajouta-t-elle finalement. Après tout, ce n’était pas la première fois de sa vie qu’elle mettait son œil là où on aurait vu une clef. Après une gorgée de café, Rose remarqua l’exagération de la demoiselle. « Ah, d’accord. Je n’ai pas l’habitude de parler à une personne avec ce genre de handicap, c’est pour ça. Tu le vis plutôt bien en plus, c’est cool. » S’interrompant un instant, elle reprit. « Attends, c’est ta technique de drague ça… ‘Regarde-moi quand tu me parles, baby’. » Certes, elle était consciente que ce n’était pas une technique de drague mais Briony n’était pas du genre à plaindre une personne, il fallait voir le bon côté des choses – facile à dire lorsqu’on n’a pas de handicap, je vous l’accorde.

Rose ne saurait définir si elle un caractère plutôt désordonné ou au contraire maniaque. Elle était un peu les deux en même temps, ayant tendance à s’éparpiller. Elle était plus tête en l’air que désordonnée, en ce qui concernait les objets tout du moins. Pour les vêtements, ils pouvaient trainer dix jours sur une chaise que ça ne l’inquiétais pas plus que ça. Par contre elle avait un besoin impératif de vivre dans un espace de vie propre et privé de poussière. Pas qu’elle y été allergique mais simplement qu’elle aimait marcher pieds nus. Si son bracelet c’était retrouvé ici, c’était plus par maladresse qu’autre chose, elle avait du jouer avec et le laisser sur le comptoir sans y penser, elle en était tout à fait capable. Du coup, elle se retrouvait ici avec Briony. Comme il semblait qu’elles allaient passer un petit moment ici, dans cette grande pièce vide, elle prit place sur un des sièges tout en regardant la rousse. Rose hocha la tête lorsqu’elle avoua la raison de sa présence à la discothèque. C’était original comme lieu de petit déjeuner mais bon, elle était libre de faire ce que bon lui semblait après tout. Étonnamment elle la croyait lorsqu’elle assura n’avoir rien dit sur elle et Hassan, après tout les questions sur le prime s’en étaient chargé pour elle. Par contre, elle fut curieuse quant à sa déformation professionnelle. Elle était journaliste peut-être ? « Je ne suis jamais contre un bon ragot, mais par curiosité tu fais quoi dans la vie ? » C’était aussi simple que de faire des spéculations sans queue ni tête car dans dix secondes elle pouvait envisager la cia ou le kgb … Mieux valait mettre fin à son imagination débordante et se concentrer sur ce qu’elle disait. Qu’elle n’avait pas l’habitude de parler avec des personnes souffrant de ce genre de handicap. Elle avait remarqué pensa Rosaly mais elle se garda bien de le signaler, c’était inutile, elle comprenait parfaitement. Et puis ça partait d’un bon sentiment. « Ce n’est pas grave. Et j’ai eu vingt-et un ans pour m’y faire, ça n’a pas toujours été comme aujourd’hui. Et c’est moins facile que je ne le laisse paraitre. » A certains moments, elle avait effectivement l’impression de nager en terrain inconnu, d’être présente mais au final complètement inutile puisque ne comprenant pas les propos que les autres tenaient. C’était comme regarder un film sans le son sauf qu’elle était un acteur récurrent. Difficile … Ne retenant pas le grand sourire qui lui vint lorsqu’elle rit de sa demande. « Oui c’est ça, ça marche super bien d’ailleurs ! La plupart des gens oublient au bout de quelques phrases, en général je capte les mots et reconstruis les phrases, je ne suis pas toujours certaine. C’est pour ça que je préfère signer mais personne ne semble savoir ici, j’aurai du m’en douter. » Elle essaya de cacher sa déception et y arriva pleinement, affichant de nouveau un sourire sur son visage de poupée. « Bon alors raconte moi un peu, quelle a été ta pire relation amoureuse ? » Elle aurait pu lui demander quelque chose sur sa vie où l’endroit où elle résidait mais ce n’était que des informations subsidiaires, elle voulait quelque chose de croustillant.

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