dray

S'il y avait bien une chose qui ne trompait pas c'est que ce yacht était constitué en majeur partie de flemmards qui préféraient passer leur temps au lit à faire la grasse matinée plutôt qu'à profiter du temps magnifique pour vaquer à des activités, il fallait l'avouer parfois ennuyeuse. Mais là n'était pas la question, s'il y avait bien un moment de la journée où on pouvait espérer avoir un moment d'intimité et profiter allègrement de la salle de bain sans rencontrer une âme qui vive c'était tôt le matin. Enfin tôt, avant dix heures du matin pour être précis. Si bien que plutôt lève tôt par habitude, je prenais possession de la salle de bain aux aurores pour avoir le temps nécessaire de me faire une beauté. Après trois bons quarts d'heures de douche et soins en tout genre, j'avais rejoins ma cabine simplement vêtue de ma serviette dans laquelle je m'étais enroulée en sortant de la douche. A cette heure-ci, j'étais presque certaine de tomber sur l'une de mes colocataires endormie ou à peine éveillé si bien que j'ouvris précautionneusement la porte de la cabine pour m'y introduire. Mais telle fut pas ma surprise de voir Dray, un de mes sous-vêtements à la main, et évidemment ni Berlioz ni Rosaly n'étaient présente. « Fétichiste ou simple curiosité perverse ? » Lançais-je de ma voix suave et assez éraillé du matin qui n'avait pour le moment pas encore pu être lancé avant cette rencontre inattendue. Je m'approchais du trentenaire, un maigre sourire collé aux coins des lèvres d'une démarche gracieuse et élégante, me plaçant à ses côtés. « Je peux ? Ou tu l'as définitivement adopté ? » demandais-je légèrement railleuse, tandis que je m'apprêtais à en choisir un autre dans le tas de sous-vêtement qui était face à nous.

Quand on ne se met pas une mine durant la nuit, forcément, le réveil est plus doux. Ouvrant les yeux sur le monde vers les neuf heures du matin, c'est calme et reposé que Dray émergeait. Un regard sur sa montre. Hum, il n'avait pas l'habitude de se lever aussi tôt, mais son rythme de vie commençait sensiblement à changer depuis qu'il était à bord. Espérons que cette note positive se perpétue à l'extérieur. Mais nous n'y étions pas encore. Après avoir absorbé un café rapidement, il retourna à sa cabine, se rappelant de la mission qu'il s'était promis d'accomplir. La veille, le garçon avait trouvé un soutien-gorge dans la salle de bain. Et naturellement, il manquait la fille pour le remplir. Enfin, la propriétaire quoi. Plutôt que de demander à chacune si celui-ci leur appartenait, il avait prit le parti de mener sa petite enquête ; ayez pitié de lui, il s'occupe comme il peut le pauvre. Les mensurations, le parfum, le détective débutant utilisait tous les indices laissés à sa disposition. Finalement son investigation le mena à la cabine d'Harley. Il n'avait pas prit le vêtement avec lui, histoire de ne pas passer pour un pervers, un dessous féminin dans la poche. Le quasi trentenaire toqua ; personne. Profitant de cette absence, il se glissa discrètement dans la chambre. Un tas de sous-vêtement lui faisait face, trop tentant pour notre enquêteur en herbe, qui vit là une occasion d'affiner ses recherches. Et puis, il était seul après tout. En saisissant un, c'est le moment que choisit la blonde pour revenir dans ses appartements. Damn. Surprit la main dans le.. bref, il cacha ses mains derrière son dos, dans une expression des plus coupables. « Fétichiste. Je les collectionne, les accroche au mur, les encadre, les renifle. » Quelques secondes de sérieux, avant que ses lèvres ne laissent s'échapper un rire. « Ca serait trop long à t'expliquer. Mais oui tu peux. » Maladroitement, il lui tendit le dessous. « Tiens. Je pourrais le récupérer en fin de journée ? [..] Je plaisante, ne sort pas ta bombe au poivre. » Ses prunelles noisettes s'attardèrent un court moment sur la pièce, puis sur la jeune femme. Ils n'avaient pas eu l'occasion de bavarder depuis son entrée dans le jeu, un manque à combler. « Je peux rester, ou je suis définitivement catalogué comme le type à pas approcher ? » Ses traits se muèrent en une grimace, on faisait mieux comme premiers mots échangés.