JACOB & DRAY

Musique dans les oreilles, pieds foulants le tapis de course, Dray s'épuisait les muscles, torturait ses poumons, expirait ses soucis. Il n'avait jamais été adepte d'un sport quelconque, hormis la natation. Mais la nage ne valait pas la course lorsque venait le trop-plein. Au bout d'une semaine, dire que cette boule de nerfs craquait vite était un euphémisme. Pour excuse, n'oublions pas qu'il avait été maintenu en captivité durant sept longs jours. Un mélange de sentiments venait secouer le jeune homme. Un certain mal du pays, le regret de son confort et la sur protection familiale, la compétition, pour finir. D'un naturel nonchalant, la découverte d'un début de stress était une sensation quasi nouvelle. Alors il courait, comme un dératé. Heureusement qu'il avait piqué un short à l'un de ses colocataires, ses vêtements de luxe n'étaient pas vraiment habitué à subir la sueur et l'exercice physique. Comme son corps d'ailleurs. La porte de la salle de sport s'ouvrit. Il sauta sur l'occasion de faire une pause, descendant de l'appareil et s'effondrant misérablement sur le sol. Allongé et respirant comme un asthmatique, il prit enfin le temps de regarder la personne qui s'apparentait à un ou une sauveuse. Jacob. « Je crois que je n'ai jamais été aussi heureux de voir un homme de ma vie. » Ce n'était pas une déclaration. Ou alors, pas d'amour. Valait mieux paraître pitoyable aux yeux d'un prétendu rival, qu'au regard d'une femme qu'on est censé séduire.

Cela faisait plus d'une semaine que j'étais à bord du yatch de Three Wishes et encore je n'avais jamais encore mis les pieds dans la salle de sport. Chose certainement surprenante sachant que dans la vie de tous les jours, je me retrouvais au gym au moins deux à trois fois semaines afin de garder la forme. Un short noir munit d'un débardeur gris, je pénétrai dans la pièce en scrutant celle-ci sans y remarquer l'homme au sol. Les poids étaient au fond de la pièce et alors que je me dirigeais vers ceux-ci, j'entendis un drole de bruit, comme un phoque qui suffoquait. Je regardai autour de moi, mais rien. Je ne me posai guère plus de question jusqu'à ce que j'entende la voix d'un homme qui s'adressait clairement à moi. Je reculai d'un pas et le vit là, étendu sur le sol tout près du tapis roulant. Je m'avançai alors vers celui-ci un peu plus rapidement qu'a l'habitude et me penchai vers le jeune homme qui, venant tout juste de le remarquer, avait fait son entré en même temps que moi la semaine dernière. « Hey, ça va Dray ? » Je m'agenouillai au sol et tendis au jeune homme la bouteille d'eau que j'avais en main. « T'inquiète pas, j'ai pas craché dedans. » À voir sa respiration, il ne devait surement pas être habitué à s’entraîner ainsi. Je me relevai, replaçant au même moment sur mon épaule, la serviette qui était tomber au sol lorsque je m'étais agenouiller et tendis la main au jeune homme pour l'aider à ce relever.

Comment Dray allait ? Bonne question. Haletant, il répondit. « Je crois que je suis mort, ou pas loin de l'être. » Il fut prit d'un rire, mauvaise idée quand on galère déjà à respirer. Résultat, il se mit à tousser. La grande classe. « Ce qui me rassure, c'est que tu ressembles pas vraiment, de près ou de loin, à l'idée que je me fais de dieu. » Il se redressa sur ses coudes, attrapant au passage la bouteille d'eau que lui tendait le garçon. Il n'avait même pas pensé à en prendre une, ce qui témoignait de son ignorance dans le domaine. « Merci. » Qu'il ai craché ou pas dans la boisson ne semblait pas le perturber plus que ça, c'était loin d'être sa plus grosse préoccupation. Absorbant quelques gorgées qui lui firent le plus grand bien, sa respiration se calma peu à peu. Espérons que ces images soient trop inintéressantes pour être diffusées, c'est qu'il prenait un sacré coup dans sa virilité en se révélant piètre sportif. Ou plutôt, un sportif excessif. Acceptant l'aide de Jacob, il se redressa tant bien que mal, se penchant un instant en avant, les mains appuyées contre ses genoux. Une fois ses joues ayant reprit une couleur normale, il retrouva une position droite. « On va faire un truc. Un truc du style tu oublies ce que tu viens de voir, d'accord ? » Mi-amusé, mi-désespéré par sa situation, le jeune homme haussa les épaules, pour ensuite aller s'assoir sur la scelle d'un vélo, juste histoire d'être plus tranquille pour échanger quelques mots. « C'est bien que t'ai été sauvé dimanche ; et pas seulement car t'es venu à mon secours. » Il esquissa un léger sourire. « C'est compliqué de s'intégrer dans un groupe qui a déjà vécu ensemble durant une semaine. »

Je ne pu m'empêcher d'avoir un léger rire à la réplique de celle-ci concernant ma faible ressemblance à l'idée qu'il avait de dieu. Alors qu'il se tenait à présent sur ces deux jambes, je fis un pas vers l'arrière pour garder une certaine distance raisonnable avec celui-ci. Avec tout les caméras qui se trouvent dans cette pièce, cela ne m'étonnerait pas qu'une personne pourrait penser qu'il y avait des rapprochements entre moi et celui-ci, surtout si cette tel personne n'avait pas vu la scène dramatique de Dray. « On va faire un truc. Un truc du style tu oublies ce que tu viens de voir, d'accord ? » J'acquiesçai automatiquement de la tête en guise de compréhension. Je n'avais aucun problème à garder ce qui venait de se produire avec moi. Après tout, pourquoi est-ce que j'irais raconter à qui veux bien entendre que j'ai aidé un mec à se remettre d'une trop grande dépense d'énergie à même presque s'en évanouir ? Et même si je gardais cela pour moi, les caméras quant à elles, elles n'ont absolument rien manqué. « C'est bien que t'ai été sauvé dimanche ; et pas seulement car t'es venu à mon secours. » Un sourire apparut à nouveau à la commissure de mes lèvres. « Merci, ça fait plaisir à entendre. » Il était difficile, surtout en rapport avec les autres hommes, de savoir si on était apprécié. J'écoutai ce que Dray me dit par rapport au fait de s'intégrer dans un groupe alors que l'on a une semaine de retard. Il avait bien raison, ce n'est pas la chose des plus faciles. Pour tout dire, j'ai beaucoup plus sympathiser avec les jeunes femmes de la place qu'avec les mecs. Ce qui semble stratégique d'un point de vue. Je n'ai même pas encore eu de réel conversation avec mes partenaires de chambre, ce n'est que pour vous dire. J'acquiesçai à nouveau de la tête à ce qu'il dit, après tout, on était dans le même bateau puisqu'il était arrivé peu de temps après moi. « Y a une candidate qui t'intéresse en particulier ? » Une question comme une autre. J'étais curieux de savoir si celui-ci avait un coup de coeur pour l'une des jeunes femmes présentes à bord du yatch. Après tout, c'est une autre façon d'en savoir un peu plus sur ma compétition.

« Ah, la grande et éternelle question. » Enfin, on ne lui avait pas encore posé, mais il s'y attendait, un jour ou l'autre. « Elles m'intéressent toutes, d'un point de vue théorique. A part celles qui sont déjà 'prises' » Inutile de citer lesquelles, ces potins étaient sur toutes les lèvres, et il était puéril de rajouter de l'huile sur le feu. Le garçon avait peu de valeurs, mais les peu qu'il avait, il s'y tenait. Tel que le fait de ne jamais s'intéresser de près ou de loin à une fille qui construit une relation avec un autre... A moins qu'elle en vaille le coup ; sa loyauté avait des limites. Pour le moment, ces femmes en question n'avaient pas interpelé le joueur de poker. Mais il ne voulait pas jouer les langues de bois. « Pour l'instant, je dirais que Briony et Pepper-Ann sortent du lot. Elles ont toutes les deux quelque-chose qui me plait. » Il haussa les épaules. « Mais ca ne veut rien dire. » Il aurait peut-être changé d'avis d'ici deux heures, tiens. D'ailleurs, il se demandait bien quelles candidates étaient susceptibles de plaire à Jacob, dont une certaine maturité se laissait deviner. C'était plutôt agréable d'échanger ses ressentis avec lui. Etre constamment dans une phase de séduction n'était pas ce qu'il appréciait le plus, on finissait par regretter les plus simples discussions, où aucun sous-entendu ne se glissait. Ainsi, Dray s'autorisa de lui retourner la question, de manière un peu détournée. « Imaginons qu'on te demande de choisir trois filles présentes sur le yacht. L'une juste pour une nuit, l'autre pour partager une conversation, et la troisième avec qui tu pourras passer un week-end entier. Lesquelles ca serait ? » Attirance physique, intellectuelle et intérêt réel. En attendant sa réponse, le sportif du dimanche pédala distraitement.

« Pour l'instant, je dirais que Briony et Pepper-Ann sortent du lot. Elles ont toutes les deux quelque-chose qui me plait. » Connaissant un peu mieux Briony que Pepper, je comprenais son point de vue. Je vins m'installer à mon tour sur l'un des vélo stationnaires au côté de Dray et je l’accompagnai à un rythme lent. « Imaginons qu'on te demande de choisir trois filles présentes sur le yacht. L'une juste pour une nuit, l'autre pour partager une conversation, et la troisième avec qui tu pourras passer un week-end entier. Lesquelles ca serait ? » Sa question me fit sourire et réfléchir. Il y avait pourtant un tas de jeune femme tout aussi magnifique les unes que les autres, mais le choix restait tout de même difficile. « Pour la nuit je dirais... Harley. » J'aurais pu nommer toute les candidates présentes sur le yatch, mais en toute franchise, Harley était celle dont le physique me plait le plus. Elle ressemble même à une de mes ex. Enfin, je poursuivis sans trop attendre. « Pour la conversation, je dirais Briony. Elle m'intrigue cette fille. » J'en savais peu sur celle-ci et le fait de lui avoir parler un peu me donnais envi d'en savoir plus sur la jeune femme. « Et pour le week-end, je dirais Naelia. » Venant de passer la nuit avec la jeune femme à discuter, je portais un réel intérêt à celle-ci. Je regardai devant moi, suivit du vélo dont j'augmentai l'intensité et reportai mon regard vers Dray. « T'en pense quoi des rapprochements qu'il y a eu en une semaine ? »