Je pris alors la main de Naelia et l’entraîna avec moi dans un endroit qui allait probablement être plus tranquille que le mistral, la cabine 303. Devant la cabine, je m'arrêtai sec et entrouvris la porte pour voir si quelqu'un s'y trouvait. Il faisait sombre, j'imagine donc qu'il n'y avait personne. Après tout, tous les candidats de cette cabine avait été éliminé et selon moi, c'était l'endroit idéal pour avoir une discussion sans se faire déranger, à moins que d'autres candidats aient la même idée que moi. J'ouvris alors la lumière et me déplaçai pour faire place à Naelia pour qu'elle entre la première et je refermai la porte derrière elle. Je lui fis signe de s'asseoir sur l'un des lits et quant à moi, je restai debout. Je portai le bout de mes doigts près de mes lèvres, en signe de réflexion et finalement, je pris la parole. « Est-ce que je t'intéresse ou pas ? » dis-je dans une voix des plus calmes possible. Lors du prime, la question du Capitaine me fit légèrement réfléchir et je dois l'avouer, à ce stade-ci de l'aventure, j'avais besoin de savoir si au moins une des candidates sur ce yatch s'intéressait à moi. Sans laisser le temps à celle-ci de répondre, je repris la parole. « Car si ce n'est pas le cas, t'as qu'a être franche et je vais cesser de t'embêter. » dis-je sur un ton tout aussi calme et ce malgré que je faisais pratiquement les cents pas. L'alcool me rendait légèrement anxieux. Une main se glissa à travers mes cheveux lorsque je reportai mon regard vers Naelia qui, pauvre elle, devait ce questionner sur mon agissement alors que nous avions passé qu'une seule soirée ensemble à discuter.

C'était de bon cœur que Naelia avait répondu à la proposition de Jacob et avait suivi celui-ci après qu'il soit revenu vers elle à la fin du prime. Elle l'avait aucune idée de l'endroit où il la conduisait, mais plus ils avançaient, plus elle se disait qu'ils se dirigeaient vers les cabines. Si elle savait que Jacob lui manifestait un certain intérêt, elle n'avait aucune idée de ses intentions envers elle, tandis qu'ils entraient dans une cabine totalement vide. Pas même un sac, rien. Sans doute s'agissait-il d'une cabine dont tous les habitants avaient été éliminés, devina-t-elle. Elle ne savait pas vraiment s'ils avaient encore le droit de se trouver là, mais elle entra sans se prier et alla s'asseoir sur l'un des lits. Jacob quant à lui resta face à elle, debout. Elle remarqua qu'il semblait songeur et étrangement soucieux. Ce qui se révéla effectivement vrai. « Est-ce que je t'intéresse ou pas ? » lui demanda-t-il soudain. Naelia leva vers lui un regard surpris par autant de franchise et de spontanéité. Elle eut tout juste le temps d'ouvrir la bouche, prête à lui répondre, qu'il enchaîna. « Car si ce n'est pas le cas, t'as qu'a être franche et je vais cesser de t'embêter. » Elle lui adressa un regard comme pour lui demander en silence s'il était sérieux, mais elle n'eut guère besoin de réponse. Il commençait presque à faire les cent pas, ce qui ne faisait que l'inquiéter. « C'est possible » dit-elle pour répondre à sa première question, sa voix teintée de sincérité et de mystère, un sourire innocent aux lèvres. Devinant que cette réponse ne suffirait à l'apaiser, Naelia décida de se lever et elle alla vers Jacob. En un geste naturel, comme si elle le connaissait depuis longtemps, elle prit chacune de ses mains dans les siennes. Elle baissa les yeux vers leurs mains entrelacées puis son regard chercha celui du jeune homme. « Mais je pense qu'il est trop tôt pour se mettre dans cet état. » Se voulant rassurante, elle appliqua une petite pression dans ses mains et lui adressa un franc sourire.

Le simple fait qu'elle est répondu franchement et tout de même avec une touche de positivité, je me sentis apaisé. Ses mains prirent les miennes et à mon tour, je baissai les yeux pour regarder nos mains entrelacer ensemble. « Mais je pense qu'il est trop tôt pour se mettre dans cet état. » J’acquiesçai de la tête. Qu'est-ce qui me prenait d'agir ainsi aussi rapidement ? Je me défis doucement de l'emprise de Naelia et me passa les deux mains sur le visage avant de prendre la parole. « C'est vrai, excuse moi. Je ne sais pas ce qui m'a prit. » Je portai à nouveau mon regard vers la jeune femme et je ne pu m'empêcher d'émettre un léger rire qui se voulait tout de même tendu. « C'est surement le stress du jeu qui me fait agir comme ça. J'ai pas l'habitude et toi non plus j'imagine, de vivre avec autant de personne du sexe opposé et avoir toute ces pulsions que certains on déjà succombé... » Je pris une grande respiration et conclut la fin de ma phrase dans un soupir tout en me laissant tomber assis sur le lit. « J'me suis inscrit pour trouver l'amour, mais aussi parce que ma fille m'y a poussé. » Ce devait être la première fois que je mentionnais ma fille à voix haute devant une autre personne. Il m'arrivait parfois de me parler, pensant à voix haute, en mentionnant celle-ci, mais jamais je n'avais fait illusion que j'étais père d'une petite fille de quatre ans. Mon regard toujours porter vers celui-ci de Naelia, j'attendais une quelconque réaction de la part de celle-ci.

Ses mots, ou peut-être son geste, avaient eu l'effet escompté, l'anxiété de Jacob semblait être tombée, au moins un peu. Il défit ses mains de les siennes et Naelia se recula légèrement, croisant les bras sur sa poitrine. « C'est vrai, excuse moi. Je ne sais pas ce qui m'a prit. » Elle haussa les épaules, sourit tranquillement. Ce n'était pas bien grave et puis au fond elle comprenait un peu sa réaction sans qu'il n'aie vraiment besoin de s'expliquer. Il eut un petit rire teinté de tension avant de reprendre la parole. « C'est surement le stress du jeu qui me fait agir comme ça. J'ai pas l'habitude et toi non plus j'imagine, de vivre avec autant de personne du sexe opposé et avoir toute ces pulsions que certains on déjà succombé... » Elle le suivit du regard tandis qu'il allait se laisser tomber sur le lit. C'était presque attendrissant de le voir dans cet état, gagné par le stress, faire les cent pas et lui demander s'il l'intéressait, ça lui donnait envie de le rassurer, bien qu'elle ne sache pas si cela était dans ses cordes. Avant qu'elle n'aie eu le temps de dire quoi que ce soit, il termina sa phrase sur ces quelques mots: « J'me suis inscrit pour trouver l'amour, mais aussi parce que ma fille m'y a poussé. » D'abord surprise qu'il lui avoue ceci à ce moment-là, Naelia ne tarda cependant pas à lui répondre d'un hochement de tête. Ceci explique cela. Entre autres, elle comprenait mieux pourquoi il était si tendu et pourquoi il lui avait dit ne pas vouloir d'une femme immature. « Tu as une fille » dit-elle doucement, la voix parfaitement calme, posée, tranquille comme à son habitude, « et c'est elle qui t'a poussé à t'inscrire. » Sa réaction était sans nul doute assez neutre, mais honnêtement elle ne savait pas quoi dire d'autre. Elle voyait que Jacob la regardait et il attendait certainement une réaction de sa part, mais elle ne savait pas laquelle. Il était père célibataire, donc. D'accord. Elle imagina que sans doute cela ne devait pas aider pour trouver quelqu'un. Ça devait même faire fuir certaines femmes. Y compris elle? Peut-être. Peut-être pas. Sans doute que non, en fait. Non, en réalité, elle n'en avait strictement aucune idée. La question ne s'était jamais posée. « D'accord » ajouta-t-elle pour toute réponse, un faible sourire se dessinant à ses lèvres. Sa réaction était encore une fois assez neutre, indifférente. Ils n'en étaient qu'au stade de l'apprivoisement et elle ne savait pas vraiment ce qu'il attendait ou espérait comme réponse. Arborant toujours son même sourire, elle s'approcha et vint s'asseoir au bord du lit à côté de Jacob.

L'alcool mélangé à la fatigue et au stress me faisait dire des trucs que normalement je ne dirais pas, voire même penserais. J'étais célibataire depuis un moment, mais je n'étais quand même pas aussi désespérer de trouver l'amour. Je savais prendre mon temps, mais ce soir, j'ai agis comme un adolescent insécure qui recherchait des réponses trop rapidement à ses questions. « Tu as une fille... et c'est elle qui t'a poussé à t'inscrire. » Je ne fis qu’acquiescer de la tête. Je n'avais pas vraiment envi de m’étaler sur le sujet, surtout qu'en mentionnant immédiatement le fait que j'avais un enfant, j'avais l'impression de m'être tirer dans le pied, bien qu'il aurait fallu un jour que je mentionne celle-ci aux candidates. « D'accord » Cette réplique de celle-ci m'apaisa bien plus qu'elle ne pouvait l'imaginer et elle vint même s'asseoir à mes côtés. Je n'avais aucune idée de ce que pensait réellement Naelia de tout cela, mais le simple fait que celle-ci n'était pas partie en courant me rassura. Je portai mon regard vers celle-ci, un léger sourire apparut sur mes fines lèvres et je vins, un bref instant, délicatement passer l'une de mes mains sur le dos de la jeune femme. « Merci. » Je me relevai, passai mes mains sur mon chandail gris et déposai à nouveau mon regard sur celle-ci. « Je sais pas si on a le droit de rester ici. On va ailleurs ? » Ou pourrions-nous aller et que ferions-nous ? Aucune idée.

Contrairement à ce que Naelia avait présupposé, Jacon sembla satisfait de sa réponse. Elle qui s'était sentie presque gênée et toute bête de ne rien trouver à dire, elle était maintenant soulagée. Si lui avait craint qu'elle ne parte en courant après lui avoir annoncé qu'il avait une fille, Naelia quant à elle avait craint que son absence de réaction ne passe pas. Pourtant, elle vit un sourire se dessiner sur les lèvres du candidat, qui passa même sa main dans son dos, lui confirmant que sa réponse lui convenait. Tant mieux, elle ne tenait pas à ce qu'il y aie un sujet de discorde entre eux alors même qu'ils commençaient à se rapprocher. « Merci. » Elle ne savait pas vraiment de quoi il la remerciait – de sa compréhension ou du fait qu'elle n'aie pas fui peut-être – mais elle acquiesça d'un signe de tête, tandis qu'il se relevait. Elle réalisa que c'était peut-être pour lui dire ça, lui dire qu'il était père, qu'il l'avait emmenée à l'écart. Il lui avait demandé s'il l'intéressait et, comme elle lui avait fait comprendre que oui, il lui avait parlé. Elle se dit alors intérieurement qu'elle n'en parlerait pas aux autres candidates, de façon à ce qu'il lui puisse en parler à qui il voudrait quand il le voudrait. « Je sais pas si on a le droit de rester ici. On va ailleurs ? » demanda-t-il alors, la sortant de ses pensées. Quelques instants plus tôt, elle aurait presque pu tomber allongée sur le lit, soulagée de ne pas avoir fait de gaffe, et ne plus en bouger. Mais maintenant qu'il lui proposait de bouger, elle en avait très envie. Se levant à son tour, elle lui répondit: « Je te suis. » Il était temps de passer un moment un peu plus agréable et elle était, à nouveau, curieuse de savoir où il allait la mener.