Je jure solennellement de défoncer gracieusement celui ou celle qui a mes Gucci. Bordel, des Gucci. Et, bien entendu, comme si le destin, le karma ou je ne sais pas quelle autre connerie s’acharne véritablement sur moi, c’est Cameron qui les sort de je ne sais pas où. Point à rajouter dans la liste du « pourquoi Cameron est un véritable connard » : il prend les lunettes de soleil des filles. Je soupire, agacée. Bordel. Et je reprends mes Gucci sans lui accorder ne serait-ce qu’un seul regard. Monsieur commence un long (enfin, il me semble long) discours qui m’énerve dès le « je ne parlerais blablabla ». La ferme. Je n’ai aucune envie de l’écouter. Ni même de savoir ce qu’il en pense, de tout ça, de savoir s’il comprend un minimum à quel point il a pu être un véritable con sur ce coup-là. Et à quel point je peux être totalement paumée, juste à cause de ça. Je finirais seule en faisant ma garce ? Mais mon joli, je fais la garce parce que tu joues l’enfoiré. Donnant donnant. Lundi ? Putain, c’est vrai qu’il est nominé aussi. Je serais tentée de dire un « tant mieux », parce que je me prendrais sans doute moins la tête s’il n’est plus ici. Mais bon. Bordel. Il m’énerve pour tout. Sale souvenir de moi. Bordel. Bordel. Bordel. Je ne suis pas la méchante dans l’histoire. Je ne crois pas. Je ne comprends plus rien. Mais quel con. Et il part. Il me laisse, comme ça. C’est moi la fille frustrée et en colère normalement. Il échange les rôles. Et je reste là comme une conne à attendre je ne sais quoi. Le déluge. Ce n’est pas normal que ce soit aussi compliqué. C’est chiant. Nul. A crever. Je lui en veux.
Je me déteste pour ce que je décide de faire. Aller le voir. Peut-être même régler les choses. Si possible. Et pourtant, dieu sait qu’il m’énerve. Mais j’imagine qu’il le faut. Une connerie comme ça. Je voulais tout bonnement l’ignorer vous savez. Ne rien faire et le laisser dans mijoter dans son jus, savoir s’il comprendrait de lui-même ou non ce qu’il peut se passer dans ma tête. Mais manque de temps. Foutu éliminations. Je ne pensais pas un seul instant que j’en voudrais à quelqu’un de le nominer. Putain. J’imagine qu’il est dans sa cabine. J’ose espérer. Je n’ai pas envie de vagabonder dans tout le bateau pour le trouver. Chambre 301. Je ne prends pas la peine de frapper à la porte. Peut-être qu’il n’est pas là, en plus. Et, au pire, je tombe sur quoi ? L’un des trois mecs qui s’astique le manche ? Rien de bien choquant. Il est bien là. Je reste plantée devant la porte sans rien dire pendant plusieurs secondes. Je n’ai pas envie de m’énerver. Je préfère rester impassible. Je veux plus me faire trahir par mes émotions. Rester plus ou moins froide et distante. Mais dire ce que j’ai à dire. Juste ça. « Je te comprends pas. J’essaye pourtant. Mais rien à faire. Je n’arrive pas à te cerner. Généralement, ce n’est pas compliqué de cerner quelqu’un. En quelques jours, j’arrive à savoir qu’ils sont. Ce qu’ils veulent. Les réactions qu’ils peuvent avoir. Tout, ou presque. Mais toi, y’a rien à faire. Je n’arrive pas à comprendre ce que tu veux. Ce que tu penses, tout ça. » D’habitude, c’est facile de connaître les gens, et je sais d’avance à quoi m’attendre avec eux. L’ennui, c’est qu’ils deviennent vite « trop » prévisibles, et je passe à autre chose. Mais Cameron. Bordel. Il m’étonne à chaque fois. Dans le bon comme dans le mauvais sens. C’est chiant. Je sais plus quoi faire. Je sais pas l’anticiper. C’est perturbant. Et énervant.

J’avais fait le premier pas vers Marilou depuis que je l’avais repoussée alors que nous allions finir dans un lit tout les deux. J’étais dans la salle de détente en train d’écouter de la musique pour passer le temps parce que je n’avais pas envie d’aller en ville cette après-midi. Mais voilà, j’avais croisé Marilou qui recherchait ses lunettes de soleil, c’est moi qui les avait trouvé sur ce canapé, je les avais donc dans la main, mais ça elle n’y avait pas fait attention. Elle était bien trop occupée à faire tout pour que je me sente mal parce qu’elle ne supportait pas d’être repoussée. Quelque chose que je comprenais totalement, mais après je pense qu’elle aurait dû le prendre autrement. Je n’étais pas à sa disposition, je ne voulais pas être un mec parmi tant d’autres dans cette aventure. Non ce n’était pas une déclaration d’amour, j’avais juste envie qu’elle se souvienne de moi parce que je m’attachais un peu à elle, j’aimais bien être avec elle et j’en restais là pour le moment. Bien sûr ma tentative de réconciliation n’avait pas portée ses fruits, au contraire. J’avais eu une montée d’adrénaline qui m’avait poussé à lui dire ces quatre vérités. Elle savait maintenant ce que je pensais d’elle et je ne m’en cachais même plus. Je lui avais rendu ses lunettes de soleil et j’étais reparti dans ma cabine. Allongé sur mon lit, Ray-ban sur le nez, écouteurs dans les oreilles je pouvais voir une différence de lumière, j’imaginais donc que quelqu’un était entré. Je retirais donc mes lunettes puis mes écouteurs. Cette personne était Marilou et elle semblait beaucoup plus calme que tout à l’heure. Peut-être qu’elle prenait en considération ce que je lui disais ? Peut-être se forçait-elle à venir parce qu’elle savait bien que je risquais de ne pas resté sur le bateau à l’issue du prime ? Je m’attendais à tout sauf de la gentillesse venant de sa part. « Je te comprends pas. J’essaye pourtant. Mais rien à faire. Je n’arrive pas à te cerner. Généralement, ce n’est pas compliqué de cerner quelqu’un. En quelques jours, j’arrive à savoir qu’ils sont. Ce qu’ils veulent. Les réactions qu’ils peuvent avoir. Tout, ou presque. Mais toi, y’a rien à faire. Je n’arrive pas à comprendre ce que tu veux. Ce que tu penses, tout ça. » Je l’écoutais attentivement, je voulais pouvoir lui répondre correctement et ne pas tourner autour du pot, ce n’était de toute manière pas mon genre de mâcher mes mots. Elle avait raison lorsqu’elle disait que j’étais imprévisible. J’étais surtout impulsif et je n’aimais pas qu’on puisse deviner à l’avance comment je réagirais. « C’est impossible de me comprendre hélas… Pour ce qui est de l’autre soir, saches que si je t’ai repoussé c’est parce que tu vaux mieux que ça… Mieux que moi… Et je ne veux pas être un mec supplémentaire qui passera pour un con à la télé quoi… » J’avais asser peut d’estime de moi. La faute à mon passé, mais j’espérais qu’elle ne prendrait pas mal la dernière chose que je lui avais dite.

Je ne suis pas rancunière bien longtemps. La vérité, c’est que j’aime trop les gens pour rester fâchée. Encore plus dans un truc de télé-réalité comme ça. Après tout, c’est plutôt dommage de ne pas profiter des jours, puisqu’on peut quitter le jeu à tout moment. C’est dingue comme tout doit être différent que dans la vie réelle. Le « tu vaux mieux que ça » qu’on ressort obligatoirement à chaque rupture, pour faire passer la chose plus facilement à l’autre, vous savez, l’espèce d’excuse bidon qu’on sert pour ne pas passer pour un sans-cœur. Encore une fois, je n’y comprends rien. Mais ce n’est pas grave. Je ne vais pas y revenir. Peut-être que c’est juste quelque chose pour me faire comprendre que je ne lui plais vraiment pas. Et qu’on n’aura aucune chance. Je ne pensais pas que les choses pourraient être aussi compliquées pour un simple coup rapide, comme ça. Mon dieu. Je ne sais pas si je dois bien le prendre ou pas, ce qu’il me sort. Sans doute que non. Donc, chaque personne qui couche avec moi passe pour un con à la télé. Voilà qui me remet sans doute à ma place. Je me force à sourire et lâche un simple « d’accord » qui ne veut absolument rien dire, en y réfléchissant mieux. Soit. Je me demande ce qu’il pense de moi, là, maintenant. Visiblement, pas grand-chose de bien flatteur. Je dois passer pour une salope. Une trainée, une connerie comme ça. Peu importe. Je ne vais pas commencer à me poser des questions sur l’avis des autres hein. « Faut qu’on mette les choses au clair. Enfin, que je sache plus ou moins à quoi m’attendre avec toi. » Parce que dieu sait que j’ai horreur de ne rien contrôler. « On ne couchera pas ensemble, ça, je l’ai compris. Mais alors faut absolument qu’on arrête ce qu’on fait depuis le début. Plus de sous-entendus, plus d’espèces de jeux de séduction. Plus rien quoi. D’accord ? » Une seule demande. Parce que, si jamais on reprend comme « avant », et qu’on se cherche comme ça, je sais que je finirais plus ou moins par le vouloir, encore une fois, et qu’il me laissera tomber, encore une fois. Et un râteau m’a largement suffit vous savez. Je me rends compte qu’il nous reste plus grand-chose, s’il est d’accord avec ma toute petite demande. Parce qu’on ne fait que ça, depuis le début. Mais je ne sais pas jouer à ce genre de jeu. J’aime pas me compliquer la vie, ni celle des autres.

Je ne pensais pas qu’elle allait me pardonner pendant une seule petite seconde. Pas si elle était comme moi. Oui je n’avais pas peur de dire à tout le monde que j’étais un mec de très rancunier, je ne savais pas pardonner et s’était dramatique. Je ne pardonnais jamais, mais il fallait qu’on me pardonne pour mes erreurs. Je faisais tout le temps des erreurs comme avec Marilou d’ailleurs. Non parce qu’il ne fallait pas cracher dans la soupe, elle était mon genre de fille et elle me plaisait, tout ce qu’elle était m’attirait. Le truc c’est que j’étais trop borné pour admettre que je l’aimais bien, que je n’avais pas envie qu’elle couche avec le reste des habitants… Je crois bien que j’aurais dû réfléchir pour trouver les mots justes lorsque je lui avais fait mon long discours. Elle pouvait croire que je la rabaissais alors que se n’était pas le cas… Au contraire ! « Faut qu’on mette les choses au clair. Enfin, que je sache plus ou moins à quoi m’attendre avec toi. » Pourquoi voulait-elle tout savoir aussi vite ? Je n’aurais pas la prétention de venir la contredire parce que j’avais déjà de la chance qu’elle coopère si on pouvait dire ça comme ça. « On ne couchera pas ensemble, ça, je l’ai compris. Mais alors faut absolument qu’on arrête ce qu’on fait depuis le début. Plus de sous-entendus, plus d’espèces de jeux de séduction. Plus rien quoi. D’accord ? » Elle l’avait comprit parce que c’est ce que je lui avais fait comprendre jusqu’à maintenant, mais j’en avais pourtant bien envie. Je savais juste me retenir, je ne voulais pas trop céder à mes pulsions ici, du moins… Pas aussi vite, s’était trop simple. J’écoutais attentivement ce qu’elle me disait, je n’étais pas d’accord avec tout ça, mais tant pis… Je ferais des efforts pour ne plus rien faire d’ambiguë. « Si tu veux, je vais faire un effort pour éviter de faire ça. » Je me doutais bien que toute cette histoire allait être compliquée, compliquée parce que je me rappelais sans cesse d’une expression… ‘‘Chasse le naturel et il revient au galop.,, Lorsque je la draguais j’étais plutôt naturel, j’allais donc devoir faire très attention.