ft. hassan.
19 AOÛT, TOUTE LA JOURNÉE.

9H02. Pablo ouvrit les yeux. Nouveaux réveil, nouvelle journée. Il était encore relativement tôt, du moins pour lui, pourtant ils n'étaient déjà plus que deux dans la cabine. Machinalement, il avait jeté un coup d'œil aux lits respectifs de ses deux colocataires. Jones était apparemment déjà réveillé, puisque ses draps étaient rabattus au bout de son lit. Hassan, dont la couverture encore surélevée d'une façon informe témoignait de sa présence, était encore bien endormi. Ou semblait, en tout cas. C'était étrange, qu'il soit si près et pourtant si loin. Particulièrement agaçant, aussi. Pablo avait encore plus envie de lui parler, de l'embrasser, de toucher son corps que d'habitude, maintenant qu'il lui était défendu de le faire. Mais c'était bien connu que les hommes désirent surtout ce qu'ils ne pouvaient avoir. En soupirant, il se redressa sur son matelas, frotta ses yeux, passa les doigts dans ses cheveux, bailla et sortit finalement de sous sa couverture. Lui vint alors une idée. Il se retourna, baissa les yeux en cherchant après ses affaires, tournant dans la pièce. Il finit par trouver par terre l'objet de ses recherches. Alors qu'il s'asseyait sur son lit, bic à la main, Jones entra dans la pièce. Sans doute venait-il prendre un truc. Griffonnant brièvement quelques mots de son écriture de prof, il relut ensuite en quelques son message.

Tu survis ?
J'en ai marre.
Tu as l'air niais quand tu dors, mais c'est mignon. Tu dois être en train de rêver de moi.
J'ai envie de t'embrasser.

On lui avait interdit de parler à Hassan, mais il pouvait toujours lui écrire, non ? On lui avait interdit de s'approcher de lui, mais il pouvait toujours demander à Jones de le faire pour lui. Redressant la tête, il fit signe au jeune homme jusqu'à ce qu'il le voie, ne souhaitant pas réveiller son compagnon. « Tu peux lui coller ça sur le front, s'il te plait ? » souffla Pablo à l'adresse du brun en souriant. Il le remercia sans parler trop fort lorsqu'il s'exécuta - sans même lire discrètement la teneur du mot -, puis qu'il quitta la pièce. Le jeune italien, regardant le résultat, dut se retenir d'éclater de rire. Laissant traîner le bic et le tas de post-it sur son lit (la flemme de les ranger), il attrapa des affaires propres et sortit à son tour de la cabine pour aller se doucher.

Spoiler:

10H21. Hassan émergea enfin et fit crisser les draps de son lit en se retournant comme un rhinocéros enragé sous ses draps. Bouh que la nuit avait été dure et pénible. Premièrement il avait eu du mal à s'endormir, pensant trop à Pablo qui était à un mètre de lui, en caleçon, étendu dans un lit. Le martyre. Ensuite, durant la nuit, il s'était réveillé maintes et maintes fois tellement son front dégoulinait de sueur. C'est qu'il faisait chaud à Athènes. Même avec le peu de vent qui soufflait sur la côte, cela ne suffisait pas à aérer le bateau où il régnait une atmosphère lourde et humide. C'est donc vers dix heures du mat' qu'il se réveillé, la tête dans le cul et de mauvaise humeur. Il voulut alors se frotter les cheveux de manière à les éveiller un peu de leur immobilité et sentit quelque chose sur son front. Il chercha intuitivement, toujours les yeux mi-clos ce qui posait problème sur l'avant de sa tête. Un papier. Qui colle. Qu'est-ce que c'est? Hassan parvint à l'enlever et le décoller de son front tant bien que mal. Qui se payait encore sa tête? Il tenta de lire le papier en vain. Il voyait tout flou. Il se frotta alors les yeux, attendit et sut enfin lire. C'était Pab. Oh qu'il était mignon. Instinctivement, Hassan tourna la tête pour regarder vers le lit de son conjoint. Plat. Il était donc levé. Hassan souleva les couettes tant bien que mal et s'assit sur le lit, relisant encore une fois le mot en admirant l'écriture rabougrie de son chéri. Hassan remarqua alors que le bic et les post-it étaient restés là, sur le lit du professeur de littérature. Il les prit alors, décolla un autre post-it et écrit :

Citation :

Non je ne survis pas, c'est juste cruel de nous faire ça. Tu sais très bien que je rêve tout le temps de toi. Si seulement tu pouvais venir le faire.. Je n'attends que ça, notre contact me manque, j'ai envie de toi. Vivement dimanche soir après le prime. T'as pas envie que je loue la suite du Capitaine? Mais bon j'sais pas si t'es prêt pour ça.. Avec la cagnotte que j'me tape, je peux bien nous offrir ça. Je t'embrasse.

Hassan laissa tout en plan sur le lit de Pablo, se disant bien qu'il allait finir par le lire une fois qu'il reviendrait dans sa chambre. Il entreprit alors d'aller se prendre une bonne douche pour se réveiller, en imaginant ce qu'il pourrait bien faire avec Pab dans la suite du Capitaine.

13H17. Pablo revenait de Kolonaki. Le temps était tout bonnement magnifique, ce jour-là, et l'idée de rester enfermé pour manger des trucs surgelés ne lui plaisait pas particulièrement. Du coup, simplement vêtu d'un tee-shirt brun, d'un bermuda vert kaki et de baskets de ville, il avait réquisitionné l'un des vélos que la production avait mis à leur disposition, et s'était rendu dans le centre ville pour y passer son repas. Résultat garantis, il avait finalement dégoté un endroit pas trop cher où il avait jouer les fous en prenant une spécialité du coin. Une sorte de super brunch à la grecque. Pas mauvais, mais il ne put s'empêcher de penser que décidément, rien ne valait les valeurs sûres, de la bonne bouffe américaine, voire italienne. Bref, après s'être baladé encore un peu dans ce quartier qu'il allait finir par connaître par cœur, battant au passage son record de temps passé sur un vélo - en moins d'une semaine, il en avait fait plus que tout le reste de sa vie - le jeune homme était finalement rentré au bercail. Mort de chaud, il avait directement grimpé à l'arrière du yacht, direction la piscine, au bord de laquelle il s'était posé, mollets dans l'eau. Marilou avait passé quelques minutes avec lui, avant de se redresser et, en guise de "à plus tard" de le faire basculer en traître tout habillé dans l'eau. Prévisible. Pablo, sans s'en rendre vraiment compte, l'avait sentit venir. Hurlant après la jeune femme, il l'avait pourchassée sur toute la terrasse, avant de la précipiter à son tour à la flotte. Hahahaha ! Mais trempé, du coup, et n'ayant pas la patience de sécher au soleil, il était rentré pour chercher des vêtements secs. Sur le chemin, il avait aperçut de loin Hassan, qui lui lança un regard éloquent, auquel Pablo répondit d'un signe de tête et d'un sourire qu'il ne sut retenir. Depuis le prime, il s'efforçait de ne pas trop penser à son amant, ce qui était plus simple que de se prendre la tête à l'observer, pour se mettre encore plus mal. Pourtant, l'italien avait failli à cette résolution tacite avec le mot qu'il avait laissé le matin même à Hassan. Passant la porte de sa cabine, son regard se posa automatiquement sur son lit, et un sourire naquit sur ses lèvres en constatant que le premier post-it de la pile était noirci de gribouillages. Il se débarrassa de ses affaires mouillées, se sécha prestement, et passa une chemise blanche dont il retroussa les manches et un pantalon de toile. Se laissant tomber sur son lit, il attrapa les posts-il, et parcourut rapidement le mot. Pendant un instant, il resta immobile. C'est en ayant d'un coup plus chaud qu'il constata que le rouge lui était légèrement monté aux rouges. Merde. Il secoua légèrement la tête, respira lentement. Ce vieux débris n'allait quand même pas le faire rougir. La honte. Cherchant autour de lui son bic du regard, il le prit en main, retira de la pile le morceau de papier, et répondit sur le suivant.

Des fois, je me dis que si le Capitaine tient autant à former des couples, c'est pour prendre son pied en les voyant éloignés l'un de l'autre. Mal-baisé.
Tu crois que je vais attendre la fin du prime ? Prépare-toi à m'avoir sur le dos toute la soirée.

Relisant la dernière phrase qu'il venait de rédiger, il rit à moitié, étonné de ne pas avoir remarqué le sous-entendu en écrivant. D'accord, bon moyen pour enchaîner avec le reste sans passer du coq à l'âne.

Quite à me faire virer gay, autant le faire jusqu'au bout. Et j'ai envie de tester. Surtout avec toi.

Ne sachant qu'ajouter de plus, il finit par relâcher la pression sur son bic et redresser la tête. Il se releva, lança le stylo et les papiers sur le lit de Hassan et, après un soupir de frustration - nom de dieu, ce que c'est long sept jours - ressortit de la chambre, se promettant d'y repasser le plus tôt possible.