PAPOUILLE.

Jones n'était pas net. Il fallait l'avouer : il avait toujours des idées pourries, histoire de faire chier quelques habitants. Rien que pour s'amuser, bien sur. Non, quand il réveillait les autres, c'était uniquement pour s'amuser, rigoler. Il n'était pas réellement méchant. C'était juste un gamin dans sa tête, les délires d'enfants, c'était ce qu'il préférait. Et, ce matin, il s'était levé tôt. Un truc comme huit heures et quelques. Beaucoup trop tôt. Depuis qu'il s'était invité sur le bateau, il se réveillait plus tôt que d'habitude. C'était fou. D'habitude, sa mère pétait, à tous vas, des briques car il se réveillait en début d'après-midi. Et là, plouf, huit heures. incroyable. Enfin soit, ce n'était pas pour autant qu'il était fatigué ou quoi, non. C'était Jones, tout de même. C'est donc après avoir terminé son petit déjeuner que son regard parcouru la cuisine. Des ustensiles. Mais oui. Il lui fallait une personne aussi. Marilou ? Pepper ? Pepper était un bon choix. Elle était folle, et il était persuadé qu'elle n'allait pas prendre mal ce qu'il allait lui faire. Il prit donc quelques ustensiles qu'il avait vu tantôt et partit dans la cabine de la jeune femme. Il poussa la porte, délicatement. Elle dormait. Sans blagues. Ses colocataires aussi, mais c'était sans importance. Il se dirigea vers son lit et, sans attendre, claqua plusieurs fois une cuillère sur le dos d'une casserole, très fort, pour qu'elle se réveille. Il en avait aussi une sur la tête. « TOUT LE MONDE VEUT DEVENIR UN CAT, PARCE QU'UN CHAT QUAND IL EST CAT, RETOMBE SUR SES PATTES ! » toujours en train de taper avec le cuillère. Dansant presque. Complétement barré.

Jones n'était définitivement pas net. Enfin, ce n'était pas comme si c'était une révélation, tout le monde le savait. Alors quand il débarqua dans ma cabine armée de casserole et d'ustensile de cuisine qu'il frappait joyeusement, je n'étais pas vraiment étonnée de le découvrir comme l'instigateur de ce vacarme épouvantable. J'étais sur le point de gueuler, mais en voyant sa dégaine, j'éclatais d'un rire franc. Je laissais retomber ma tête contre l'oreiller. C'est dingue, j'en oubliais à quel point j'avais mal. Je tournais mon regard vers lui, un sourire s'emparant de mes lippes. Bordel, mais tu as intérêt à rester mon vieux. Je me débarrassais de mes couvertures, oui, parce que la nuit, j'étais du genre frileuse. Sautant sur mes pieds, je sautillais jusqu'à lui pour m'emparer de sa spatule en bois et venir frapper sur le côté de son casque de fortune. ♪ Ca swingue comme un pied ♪ Je balançais ma tête joyeusement, me mettant à danser à mon tour, secouant la spatule comme s'il s'agissait d'une baguette magique, ou de celle d'un chef d'orchestre. J'avais oublié des paroles, mais on s'en foutait pas mal. ♪ Oh là là mes amis, quelle calamité, za za za za Ollé ♪ C'est cela oui. Vraiment comme deux gosses. D'insupportables gosses. Puis soudani, prise de conscience. je suis en sous vétements. Hm. Je lui rendais sa spatule et me ruait vers ma valise pour enfiler un short en jeans et un t-shirt spécialement conçu pour lui. Du "votez Jones" sur le derrière et "I ♥ Jones" sur le devant. Customisé par mes soins. Je sautais pour les bras tendu, comme si j'apparaissais pour un spectacle. TADAAAAAAAAAAAAAAAAM

Rester. Il le voulait. Putain. Il était nominé. Tout ça à cause de Percy. Mais il ne lui en voulait pas. Merde. Il se mordit la lèvre inférieure quand elle sortit quelques paroles de sa bouche. « Tu sais que ça me touche ce que tu me dis là, Peps? » Il lui sourit par la suite. Il était vrai que de se sentir soutenu, donnait un peu plus confiance en soi. Et plus particulièrement lorsqu'on s'appelle Jones. S'il partait, beaucoup de gens lui manquerait. Pepper l'une des premières. Sur ce yacht, il la considérait un peu comme sa 'meilleure amie', bien qu'il en ait une à l'extérieur de ce jeu. Mais il était très proche de la demoiselle, et ce serait mentir de dire qu'ils n'avaient pas le même état d'esprit. Ils n'étaient que de gros gamins, ils se ressemblaient beaucoup. Ce qui lui donnait encore, un peu plus, confiance en lui. Au moins, il n'était pas le seul taré. Et c'était tant mieux. Très vite, elle descendit de son lit, attrapa l'un des instruments - oui c'est comme ça qu'ils allaient être appelés à partir de maintenant - pour taper sur la casserole qu'il avait mit sur sa tête. Et.. c'était.. assez embarrassant. « Aiiiiiiiieuh ! Ca résonne dans mon crâne ! » Pas grave. Il souriait quand même. Encore plus lorsqu'il la vit danser, se plongeant parfaitement dans l'ambiance. Quelle joyeuse bande de crétins. « OH RINKY TINKY TINKY ! » Délurés. Elle lui rendit très vite la spatule, avant de se barrer vers sa valise. Il ne comprit pas tout de suite, avant d'écarquiller outrageusement les yeux. Elle était folle. Ce n'était pas possible autrement. Sans crier gare, il se jeta dans ses bras. Putain. « Je t'aime, sale garce ! » fit-il, avant de lui faire un bisou sur la joue. Si avec ça, il doutait de son amitié, il ne comprenait plus rien ! Il était tellement content. Pourtant, ce n'était que deux phrases sur un t-shirt. Mais ça voulait dire beaucoup pour lui.

Tu sais que ça me touche ce que tu me dis là, Peps? Un sourire en coin, peut-être légèrement moqueur, je venais frapper son épaule à l'aide de mon point, sans pour autant frapper violemment en y mettant toute ma force -oui, j'étais conscience de ne pas en avoir à côté de lui, mais tout de même-. Un tape amicale, peut-être pas très féminine et raffinée, mais ce n'était un secret pour personne, je ne l'étais pas spécialement. Aiiiiiiiieuh ! Ca résonne dans mon crâne ! Oui, bon, j'avouais clairement que cela ne devait pas être forcément très agréable d'entendre ce bruissement sourd résonné aussi proche de ses oreilles... Si ça s'trouve, il allait finir sourd. Peut-être que le public compatirait... Après tout, ils aimaient bien Rosaly. Bon, c'était certainement pas pour ça, mais pour le garder, je pouvais bien le rendre sourd. Ou pas. J'haussais les épaules, soulevant les mains, innocente, je n'avais rien à voir avec ce bruit insupportable. C'parce que tu n'as rien dedans. un air angélique planait sur mes traits alors que je lui souriais. Voilà, c'était parce qu'il lui manquait un cerveau que ça résonnait... Oui, oui, c'était pas de ma faute. Il se ruait ensuite sur moi, me gratifiant d'un câlin alors que je lui exposais mon œuvre. Tcho, je ne m'attendais pas à ça. Je le serais un peu contre moi, souriant de plus belle, je fronçais le nez malicieusement lorsqu'il déposa un baiser sur ma joue. Je t'aime, sale garce ! Roh. C'était dingue, parce que franchement, elle l'aimait aussi ce morveux. Elle lui sourit malicieuse et narquoise, venant saisir ses épaules. On va pas se la jouer sentimentale tout de suite, hein morveux? Ouai, non, fallait pas. Après, j'allais finir par pleurer. Ouai, pleurer. Je pleurais rapidement, fallait pas croire. Et si je te dis... ♪ COMME UN HOMME ♪ Traversant rapidement la pièce, je m'emparais d'un balais. Oui, parce que j'avais fais le ménage, faute d'être de mauvaise humeur... Je jouais maladroitement avec lui, me prenant pour un soldat de l'empire Chinoix. ♪ SOIT PLUS VIOLENT QUE LES OURAGANS ♪ Plus qu'à trouver. En plus, c'était un facile.

Comme pour le rassurer - du moins c'était comme ça qu'il l'avait perçu - elle vint taper sur son épaule. Une mine apeurée prit possession de son visage. « Je vais pleurer. » fit-il, avant de mettre ses mains devant ses yeux, pour faire comme si quelques larmes glissaient le long de ses joues. Non, il n'avait pas mal. C'était pour la mettre en confiance, vous voyez. N'empêche qu'elle avait de la force, la salope. Amis de la poésie, bonsoir. Cependant, ce n'était pas cette petite claque sur son épaule musclée qui empêchait les affreux bruits qui résonnaient incessamment à l'intérieur de son crâne, pourtant habitué à recevoir des coups - non pas qu'il se battait, mais il avait la fâcheuse tendance de se cogner, à tout et à n'importe quoi, et surtout partout. Il faut dire qu'un bruit de spatule contre une casserole posée sur un crâne, ce n'était pas forcément très agréable. C'était même plutôt atroce. Mais bon, il ne pouvait rien y faire. Et puis c'était Pepper-Ann, il ne pouvait rien lui reprocher. Et c'était lui qui l'avait embêtée. La pauvre. Il était content de voir qu'elle entrait dans son jeu. Dans le jeu du 'jouons à l'idiot'. Rien dans son crâne ? Mensonge. Il y avait un tas de choses. Toutes plus intéressantes les unes que les autres. Un cerveau ? C'est quoi un cerveau ? C'est une bière ? « Euh... trop pas. » dit-il, l'air un peu nonchalant, toujours avec cette misérable casserole en main et l'autre sur sa tête. Il avait - légèrement - l'air d'un con. C'était mignon. La suite l'était beaucoup plus. Elle avait sacrifié l'un de ses t-shirt pour lui, vous vous rendez compte ?! C'était tellement gentil. Ils étaient fait pour s'entendre. « Morveux ? Espèce de girafe unijambiste à deux cous ! » Il prit un air détestable avant de lui sourire, non, de rire aux éclats. Il savait qu'il pouvait faire ce qu'il voulait, dire ce qu'il voulait avec Peps, elle n'allait rien dire. C'était ça l'avantage dans une télé-réalité : les rencontres. Encore plus dans Three Wishes. Bref. Elle en remit une couche en chantant une nouvelle chanson, il y reconnu Mulan sans problèmes. Il continuait donc la chanson à sa suite, reclaquant ses ustensiles les uns contres les autres, créant un rythme bon enfant. « JE N'AURAIS PAS DU SECHER LES COURS DE GYM ! » Il sourit encore, sa voix de crécelle au rendez-vous. Finalement, il se rappela qu'il ne connaissait pas vraiment cette chanson. Il creusa dans sa tête pour trouver un truc potable. « HEY HO HEY HO, ON RENTRE DU BOULOT ! » Un classique. Il se mit par siffler, alors qu'elle jouait avec son balais. Quelle folle.