w/ hassan.
25 AOÛT, 01H18.

Bizarre. Cette semaine était bizarre. D'ailleurs, Pablo aurait été bien incapable d'expliquer en quoi elle l'était, mais il avait cette drôle d'impression d'étrangeté depuis le dernier prime. Comme si quelque chose s'était modifié. Était-ce lui ? Étaient-ce les candidats ? Le bateau ? La vision qu'il avait de l'aventure ? Impossible à dire. Peut-être que rien n'avait changé, en fait. Peut-être était-ce juste une passe comme ça. Comme un manque de sa famille, de son travail, de ses habitudes, un manque d'espace, de liberté. En bref, de sa vie extérieure, qui se résumait finalement à pas grand chose. Cette pensée l'avait fait grimacer. Depuis quand pensait-il cela de sa vie ? Il était aussi heureux qu'il pouvait rêver de l'être. Non, c'était sans doute une passe. Une passe de mélancolie, comme chaque être humain ressentait au moins une fois, comme celle dans laquelle se plongeaient parfois les plus grands poètes pour puiser l'inspiration nécessaire à l'écriture de leurs œuvres. Sauf que lui, c'était sa première depuis près de vingt-sept ans. Et il n'aimait pas ça. Vraiment pas, non. C'est sur ces réflexions qu'il avait quitté la terrasse, sur laquelle il s'était posé avec son iPod pour terminer la soirée avec l'image d'un horizon magnifique en tête. La plupart des candidats s'étaient déjà lavés à cette heure, si bien qu'il se retrouva seul dans la salle de bain. La silence qui y régnait était légèrement pesant, et il ne s'y attarda pas plus que nécessaire. Douche, dents, et basta. Sans bruit, il se glissa jusqu'à sa cabine en caleçon, ses affaires en main. Il fut étonné de constater qu'il n'était pas le seul à être toujours hors de son lit - en effet, Jones aussi était de sortie. Lui revint alors en tête que le jeune homme passait la nuit dans la chambre de Marilou et Pepper-Ann. Il ne le lui avait pas dit texto, mais tout se savait toujours, sur ce bateau. Bref, il voulut se glisser jusqu'à son lit, mais à peine avait-il fait un pas qu'il entendit un bruit de couvertures. Du coup de l'œil, il aperçut très nettement la silhouette de Hassan, redressé sur son lit. Ah. Bon, pour la discrétion, on repassera. « Mince, désolé, je ne t'ai pas réveillé, j'espère ? » fit-il à voix raisonnablement basse. Bah oui, ils étaient tous deux réveillés, mais pas la peine de hurler non plus.