We can't go nowhere exotic ☇ 30/08, 16h38

w/ marilou.
30 AOÛT, 15H38.

La Turquie était décidément un pays magnifique. Chaque semaine, Pablo s'émerveillait un peu plus de la beauté des villes dans lesquelles le bateau s'arrêtait. Bien sûr, il aurait été stupide que la production les fasse débarquer dans un trou perdu immonde, puant, et sans intérêt. Encore que ça aurait été plutôt efficace pour sensibiliser du monde à la misère de certains villages et peuples. Mais non seulement ils voyageaient dans la Méditerranée et non dans l'Océan Indien, mais en plus, ça aurait sans aucun doute enlevé tout le côté bling bling et merveilleux de la chose. Pablo, qui voyageait peu en temps normal, était plus que ravi de changer sans cesse d'endroit, peu importe la destination. Bref, lendemain du prime. Hassan et Briony éliminés, Pepper-Ann et Marilou nominées d'office. Pablo avait un peu de mal à digérer tout ça. Il avait donc saisit la première occasion pour sortir du yacht et aller s'isoler dans Antalya. Le pire, c'était qu'il n'était pas réellement triste. Bien sûr que l'absence de Hassan et Briony allait créer un vide. Mais au fond de lui, Pablo ne ressentait qu'une attache superficielle aux candidats de l'émission. C'était du moins comme ça qu'il le voyait. Se détacher de quelqu'un sans ressentir de tristesse particulière, c'était bien signe qu'on n'avait pour la personne qu'une affection de surface, non ? Ou peut-être était-ce juste une preuve de maîtrise de soi. D'une trop grande maîtrise de soi. Car Pablo restait un humain tout de même. C'était sûrement pour ça que malgré tout, il ressentait un vide. Un vide qui lui faisait avoir le besoin de s'isoler. Il marchait donc sur les falaises, les mains dans les poches, réfléchissant à tout et à rien. Au bout de longues minutes, une silhouette connue sauta dans son champ de vision. Un léger sourire éclaircit son visage morose. « Si tu sautes, moi je saute, pas vrai ? » cita-t-il en élevant la voix et en s'approchant. Utile de préciser que le jeune homme s'était profondément ennuyé, et n'avait pas versé une larme en regardant Titanic ? Pas vraiment, non.

« Si tu sautes, moi je saute, pas vrai ? » Comment n’pas reconnaître Titanic ? Faudrait vivre dans une grotte pour ça. Quoi que je ne suis pas une de ces demoiselles adorant ce film. Boh. Il est cool, mais c’est tout hein. Bref. Pablo, donc, qui me sort ça. D’ailleurs, il sort d’où lui ? Y’a quelques secondes à peine, j’étais toute seule. Hm. Vous allez voir qu’il me suit. Le profil du psychopathe me revient en tête. On sait jamais hein. Bref. « Je dois prendre ça comme une déclaration d’amour ? » On sait jamais numéro deux. Quoi que je me dis qu’il doit potentiellement m’en vouloir, parce que, la personne qui se rapprochait le plus de son « âme-sœur » si je peux dire, c’était Hassan, et il est parti hier soir, grâce à moi. Ou à cause de moi. Ca dépend des angles de vues. N’empêche que je lui avais dit que j’allais tout faire pour le faire jarter. Je suis trop forte. Je m’épate. Quant à Briony, boh. Je l’aimais bien. Mais l’important, c’est que Pepper soit restée, en fait. Donc peu importe des guerriers perdus dans la bataille. Bref. Il a pas l’air bien joyeux le monsieur. Faut dire, moi non plus, je me retrouve nominée face à Pepper ET je sais que Cameron viendra, et que je ne pourrais pas l’approcher. Torture mentale, vous savez. Alors, sans tellement y réfléchir, je me réfugie dans les bras de Pablo, rien à foutre de son avis. S’il me repousse, je m’arrange pour le faire tomber dans les chutes, et toc. Oui, je crois que ce sera une semaine « Marilou en manque d’affection faut lui faire des câlins sinon ça va pas le faire ». Puis zut. Je me blottis, et je lève la tête. « Dis, c’est méchant si je te dis que j’espérais que tu sois la personne la plus influente de l’équipe ? » Parce que ce serait vachement mieux pour ma part si c’était lui, le nominé face à Pepper. Parce que bon, eux, logiquement, ils ne vont pas partir. Mais là, Pepper contre moi, suffit de nous coller une troisième fille assez aimée et ZOUP, je rentre aussitôt chez moi.

À noter que les "salut, ça va ?" en guise de salutations, au sein de la petite communauté three wishes, c'était à oublier. La plus utopiques des idées préconçues existant dans ce monde. Pablo avait remarqué que les candidats rivalisaient d'imagination en ce qui concernait le lancement d'une conversation. Lui-même avait finit par prendre l'habitude d'aller directement droit au but lorsqu'il croisait quelqu'un avec qui il voulait discuter. C'était quand même vachement plus pratique. « Tu rêves » répliqua-t-il en levant les yeux au ciel, son sourire démentant son air agacé. Une déclaration d'amour. Non mais franchement. Et puis quoi encore ? Une demande en mariage et un clébard, tant qu'on y est ? Il n'eut le temps d'ajouter quoi que ce soit, car Marilou venait de se jeter à moitié contre lui, apparemment en quête de réconfort, car elle se blottit contre lui. D'abord un peu étonné, il finit par répondre gentiment à son étreinte. Bon. Ce n'était pas franchement le genre de situations qu'il appréciait, mais il n'était pas un monstre non plus, et la voir... ainsi lui faisait un peu de peine. C'était un peu étrange de voir Marilou désemparée, elle que rien ne semblait atteindre. Il sentit qu'elle redressait la tête vers lui, ce qui le fit baisser les yeux. « Non, j'comprends. J'aurais préféré aussi, il y aurait eu moins de chance que l'une de vous ne sorte. » Parce que les deux jeunes femmes étaient deux des personnes qu'il appréciait le plus sur le paquebot, et après le départ de Hassan, il était bien résolu à ce que les candidats auxquels il tenait restent le plus possible à ses côtés. D'autant plus qu'il se sentait un peu coupable en ce qui concernait Pepper-Ann. Certes, il n'avait été que le porte-parole de son équipe, mais bref. « Mais on fera en sorte que ce soit la troisième nominée qui saute, peu importe qui c'est, quite à se prostituer ou pire, se faire tatouer vos prénoms sur le visage. » Pas que Pablo était un peu nul pour réconforter les gens, mais si, un peu quand même. Faut dire que n'ayant jamais eu besoin de se faire réconforter, il ignorait totalement ce que les gens avaient envie d'entendre dans ce genre de moments.