Après le prime, Naelia était restée un moment en compagnie des autres candidats au Mistral. Il s'en étaient passées, des choses! Maintenant ils étaient en équipe, devaient se trouver un nom, partageaient leurs cagnottes, Pepper-Ann et Marilou étaient nominées d'office pour être considérées comme les plus influentes du yacht – ce qui énervait Naelia au passage – et Hassan et Briony avaient été éliminés. Ainsi, quand elle entra dans sa cabine en fin de soirée, elle ne fut pas surprise de trouver l'endroit complètement vide. Sur le coup, et malgré sa déception devant l'élimination de Briony, elle se dit que c'était sympa d'avoir la chambre pour elle toute seule. Elle ne tarda pas à changer d'avis. Déjà vêtue d'un ensemble débardeur-culotte qui lui tenait lieu de pyjama, elle se faufila hors de sa cabine et entra dans la cabine notamment occupée par Marilou. La chambre était vide, mais cela ne l'empêcha pas d'entrer, laissant la porte entrouverte derrière elle, et de s'installer sur le lit qu'elle savait être celui de Marilou. Elle s'allongea sur le lit, par-dessus les couvertures et attendit, enveloppée du silence de la cabine vide, fixant le plafond, rien de plus. Elle attendit moins longtemps qu'elle ne l'eut pensé car la porte ne tarda pas à s'ouvrir sur Marilou. Elle releva un peu la tête vers elle et lui fit un sourire parfaitement innocent, comme si elle ne s'était pas incrustée dans son lit sans son autorisation. « Salut. » se contenta-t-elle de lui dire. Elle ne bougea pas ses fesses, comme décidée à occuper son lit un moment encore. Elle était prête à le partager, mais pas à le céder. Bah!, Briony ayant été éliminée, elle se retrouvait toute seule dans sa cabine, ce dont elle n'avait finalement pas envie du tout. Peut-être pourrait-elle squatter le lit d'un candidat différent chaque nuit? Ou peut-être pas. « Je te préviens, je n'ai pas l'intention de partir. » Marilou ne l'avait pas encore virée de son lit mais au cas où elle essayerait, elle était prévenue. Un sourire innocent toujours aux lèvres, elle se déplaça un peu sur le lit pour laisser de la place pour Marilou. Après tout, c'était quand même son lit.

Ce qui est bien, après chaque prime, c’est qu’on finit toujours par avoir un peu bu. D’autant plus quand le prime en question est terrible parce qu’à cause des décisions prises, vous allez passer une semaine nulle. En très, très bref. Genre, au dernier prime, vous voyez, j’ai dû nominer Pepper ou Jones. Bah là, je suis nominée face à Pepper. Et je ne verrais pas Cameron quand il viendra. Injustice, carrément ouais. Je dois avoir la production à dos, ou quelque chose comme ça je suppose. Sinon, je ne comprends absolument pas. Ou alors, ce sont les candidats en général qui ne m’aiment pas. Soit. Je veux bien avoir un peu trop bu, si vous voulez hein, mais de là à délirer, non, quand même pas. Parce que, quand je rentre dans ma cabine, je trouve Naelia sur mon lit. Hum. Et je me rappelle encore de là où je pionce, donc, non, aucune erreur là-dessus. Elle se contente d’un salut. Hum hum. Je ne me gêne pas pour la reluquer non plus. Bordel. Elle a un corps parfait. Elle a de la chance. Je referme la porte, puisqu’elle ne compte pas partir, vu ce qu’elle vient de me dire. Bon. On ne peut pas dire que sa présence va me déranger, bien au contraire. Alors, je m’allonge à mon tour sur mon propre lit, contre Naelia. Lit une place oblige. Quoi que ce n’est pas non plus déplaisant hein. « Laisse-moi deviner, tu t’retrouves seule dans ta cabine ? » J’ai cru entendre qu’elle partageait sa chambre avec Briony. Briony partie étant partie, forcément, j’imagine que ça doit faire du vide. D’ailleurs, je me rends compte que si je n’avais pas déménagé dans la chambre de Pepper, je serais carrément seule aussi, parce qu’il n’y a plus Quinn ni Minnie. Hum. « Et tu crevais d’envie de venir dans mon lit histoire qu’on soit super serrées, c’est ça ? » Grand sourire, je blague.

Au premier abord, Marilou sembla perplexe de retrouver Naelia dans son lit. Rien de plus normal, en fait. Mais, et contrairement à ce que la brune avait pensé, elle n'essaya même pas de la faire partir. Elle vint s'allonger sur ce qui était après tout son lit, Naelia se poussant un peu pour qu'elles aient assez de place toutes les deux. Était-ce son intention première de se retrouver dans le lit de Marilou, serrée contre elle faute de place? Pas impossible. Et Marilou sembla lire ses pensées puisqu'elle demanda: « Laisse-moi deviner, tu t’retrouves seule dans ta cabine ? Et tu crevais d’envie de venir dans mon lit histoire qu’on soit super serrées, c’est ça ? » Elle pencha la tête sur le côté et son regard qui fixait le plafond se posa finalement sur Marilou. Ce qu'elle venait de dire était plutôt vrai, en fait. Quitte à changer de cabine pour ne pas être toute seule, autant ne pas faire les choses à moitié et se glisser dans un lit déjà occupé, occupé par quelqu'un on ne peut plus susceptible de lui plaire tant qu'à faire. « Peut-être bien. » se contenta-t-elle de répondre en roulant les yeux. Elle se concentra à nouveau sur le plafond quand alors elle se souvint que Marilou venait de passer un mauvais prime et pour cause: nomination d'office. Face à Pepper-Ann, qui plus, est qu'elle savait très proche de Marilou. Après le prime de la semaine précédente et le fameux sacrifice qu'elle avait eu à faire, Naelia pensa qu'elle n'avait vraiment pas de chance – quoi qu'elle ne savait pas si c'était du domaine de la chance ou des décisions de la production. Bref. « Et en même temps, je me suis dit que je pourrais peut-être faire quelque chose pour toi, pour te remonter le moral. À cause de ta nomination et tout ça... » Pas tout à fait vrai puisque ce n'était pas son intention première mais maintenant qu'elle y pensait, c'était peut-être une bonne idée et une bonne chose à faire. Elle tourna sa tête sur le côté pour faire face à Marilou. Le sourire compatissant qu'elle arborait s'agrandit, plus grand, plus franc et elle roula à nouveau les yeux, affichant un sourire malicieux et assez explicite sans qu'elle n'aie besoin de mots.

Me remonter le moral. J’étais assez abattue, je sais plus quel prime, quand Cameron est parti. Mais, bizarrement, ce coup-si, je suis d’excellente humeur. Sans véritable raison en fait, puisque je risque de partir, Pepper risque de partir et le bouquet, interdiction de voir Cameron quand il sera là. Mais bon. C’est con à dire, mais si je pars, ce sera sans remords, je pense. Parce qu’avouons –le, putain que c’est long la vie sur ce bateau. On s’emmerde terrible. Peut-être bien que je me lasse. Et puis, le principal but de l’émission, c’était de trouver l’amour, et je doute que ce soit à ce stade-là du jeu que quelque chose change pour ma part. On va dire que j’ai fait ce que j’avais à faire ici. Et qu’on verra bien ce qui va se passer. Me remonter le moral, donc. « C’est drôle, mais en fait, je m’en moque un peu. Tsais, on a déjà passé la moitié du jeu, donc on est déjà un peu gagnant. Enfin, je me comprends. » Pas sûre qu’elle me suive, elle, parce que j’ai la capacité à m’exprimer atrocement mal parfois. « Et, pure curiosité, tu comptais faire quoi, pour me réconforter dis-moi ? » Sourire aguicheur. Faut dire qu’elle se ramène quand même dans mon lit. Ce qui me donne une petite idée un peu douteuse. Mais comme j’ai un esprit qui a l’habitude de garder en mémoire les bonnes paroles qui m’arrangent bien, je me rappelle très bien l’avoir entendu dire que je pouvais avoir une chance avec elle. « Parce que bon. On est seules dans un lit, rien que ça, tu sais. Ça peut laisser croire à certaines choses. » D’ailleurs, je me demande où Jordanna et Pepper pouvaient être. Mais, finalement, tant mieux, qu’elles ne sont pas là. Très, très bon point.

Finalement, Marilou se fichait s'être nominée d'office face à Pepper-Ann. Elle n'avait donc pas besoin d'être réconfortée. Dommage. Néanmoins, Naelia comprenait – dans une certaine mesure – son détachement face à cette nomination. Sans doute avait-elle vécu l'expérience qu'elle voulait vivre, fait ce qu'elle comptait faire en arrivant et, pour le reste, il était vrai que l'on se lassait assez vite. Ce n'était pas tout à fait la façon dont Naelia voyait les choses, mais elle comprenait son point de vue. Enfin, elles ne s'attardèrent pas sur ce sujet de conversation puisque Marilou lui demanda bientôt ce qu'elle avait prévu pour la réconforter. La réponse? Rien. Mais maintenant qu'elle lui posait la question, quelques idées lui venaient en tête. Il était vrai que la situation pouvait laisser croire à certaines choses, comme le disait si bien Marilou. « Si tu avais eu besoin d'être réconfortée, je serais restée un peu dans ton lit, avec toi. » dit-elle comme si c'était prévu alors qu'il ne s'agissait que de pure improvisation. « Je me serais tournée vers toi et t'aurais adressé mon plus charmant sourire. » Elle joignit les gestes à la parole, se tournant un peu sur le côté pour faire face à Marilou et lui adresser, comme elle venait de l'annoncer, son sourire le plus charmant et le plus séducteur, réponse à celui, aguicheur, que venait de lui faire Marilou. « Ensuite, je me serais assise à califourchon sur toi. » poursuivit-elle une fois de plus comme si elle avait un plan, comme si elle avait tout prévu à l'avance. À nouveau, elle agit selon ce qu'elle venait de dire, s'asseyant à califourchon sur Marilou, un sourire amusé aux lèvres. « Comme ça. » Elle ramena ses cheveux en arrière, regarda Marilou en souriant. « Alors je t'aurais dit « Ferme les yeux » et je me serais penchée vers toi. » Évidemment, il fallait que Marilou joue le jeu et obéisse, sans quoi son petit manège tombait à l'eau. Son sourire s'agrandit quand elle vit ses paupières se fermer et elle continua de joindre les gestes à la parole, se penchant vers Marilou et plus précisément vers son cou. Ses lèvres s'y posèrent brièvement à plusieurs endroits avant de finalement s'arrêter et se placer contre sa peau, au creux de son cou. Joueuse, elle appliqua une succion sur sa peau, d'abord doucement puis un peu plus fort pour y laisser un joli suçon qui ne s'effacerait qu'après quelques jours. Ses lèvres se dirigèrent ensuite vers sa mâchoire, redessinant son contour. Elles narguèrent celles de Marilou avant de s'approcher de son oreille. « Et si ça t'avais aidé à te changer les idées alors j'aurais continué. » Naelia recula un peu son visage pour pouvoir regarder Marilou, une lueur de malice dans le regard. En réalité, Marilou n'avait pas besoin d'être réconfortée. Mais Naelia s'était permis ce petit rapprochement et elle était désormais on ne peut plus prête à continuer son petit jeu si Marilou le souhaitait.

Bordel, c’est que Naelia a le sourire contagieux, vous savez. Peu à peu, j’imagine la suite des événements et la tournure que les choses vont prendre. Et je ne peux pas mentir. J’adore. Carrément. Elle se retrouve en quelques secondes à califourchon sur moi. Elle me dit, ou plutôt m’aurait dit, si jamais j’avais eu besoin d’être réconfortée, de fermer les yeux. Je m’exécute sans broncher, et je ferme les yeux, maintenant ce sourire amusé sur mon visage. L’ennui, c’est que maintenant que j’ai les yeux fermés, je ne sais absolument pas où elle compte frapper ou ce qu’elle va faire. Et elle ne prédit plus rien. Un frisson, quand ses lèvres se posent sur mon cou. Et un immense sourire, tandis que je tente de ne pas rire. Un brin chatouilleuse. Un suçon. Bon dieu. Et elle s’approche de mes lèvres. Mais, à mon grand malheur, rien. Elle préfère, apparemment, se contenter de les effleurer. Et elle susurre quelque chose dans mon oreille. Et j’en frissonne. Oui, bon, je suis atrocement sensible à un bon nombre d’endroit, excusez-moi hein. Et elle s’éloigne un peu. J’ouvre de nouveau les yeux. Je l’examine alors pendant quelques secondes. Pardonnez-moi du terme, mais quelle bonnasse. Sans rire hein. Corps parfait. Visage parfait. Cheveux parfait. J’en suis jalouse, en fait. « J’ai besoin d’être réconfortée. » Parce qu’honnêtement, il est hors de question qu’elle me laisse comme ça. Je me redresse un peu pour me rapprocher de son visage. Son beau visage. L’une de mes mains se plaque contre sa nuque pour l’attirer un peu contre le mien, de visage, et mes lèvres ont –enfin- la liberté de goûter aux siennes. Ce qui me rappelle que, même si cela m’était totalement sorti de la tête, ce n’est pas notre premier baiser. Le premier était dans la cuisine, à notre première rencontre, en fait, au tout, tout début du jeu.

Maintenant qu'elle était là, Naelia n'avait plus envie de s'arrêter. Si son but premier en pénétrant dans cette cabine avait été seulement de trouver un lit à partager avec quelqu'un pour dormir pour ne pas être seule dans sa chambre, ses intentions étaient désormais beaucoup moins innocentes. Elle n'avait pas songé – du moins pas consciemment – que les évènements prendraient cette tournure, encore moins aussi vite, mais elle ne pouvait que s'en réjouir. Et si Marilou n'avait pas les mêmes envies qu'elle, et bien tant pis; elle agirait sans son consentement – ou pas. Car en lui disant qu'elle avait finalement besoin d'être réconfortée, elle laissait à Naelia la possibilité de continuer, d'aller plus loin. Celle-ci, qui imaginait déjà la suite, s'apprêtait à répondre « j'espérais que dirais ça » ou quelque chose du même goût, mais elle n'en eut pas l'occasion car Marilou attira son visage contre le sien pour que leurs lèvres puissent se rencontrer. Naelia elle aussi repensa alors au baiser qu'elle avait échangé avec Marilou, au tout premier matin de l'aventure. Les cuisines, le petit-déjeuner, Cameron, et elle et Marilou qui s'embrassaient, plus par défi qu'autre chose. Ce baiser-là n'avait pas la même saveur, il traduisait plus d'envie. L'espace d'une seconde, Naelia se demanda pourquoi ses lèvres avaient mis autant de temps, toutes ces semaines, pour retrouver le chemin vers celles de Marilou. Et puis elle oublia de penser et s'adonna complètement au baiser. Ses mains, qui jusque-là étaient restées bien sages, se mirent en quête du corps de Marilou, le parcourant et caressant sa peau. Elle n'avait plus envie d'attendre. Elle donna au baiser un peu plus d'ardeur et de passion, sa langue jouant avec la sienne. Ses mains étaient décidées à caresser chaque centimètre de son corps et elles étaient impatientes. Et puis Naelia mit brutalement fin au baiser, se recula et entreprit de déshabiller Marilou. Vraiment impatiente. Une dernière pensée: « il était temps » et elle se pencha une seconde fois vers Marilou pour livrer à nouveau ses lèvres aux siennes dans un baiser fougueux.