PEPPER-ANN & DRAY

Trois semaines, peut-être quatre qu'ils étaient descendus du yacht définitivement. La première avait été particulièrement pénible. Par principe, Dray refusait toutes les interviews, toutes ces conneries visant à exhiber sa vie privée. Un crétin de journaliste lui avait apprit pour la maladie de Pepper-Ann, dès le premier jour de liberté. Il avait répliqué qu'il savait, seulement, finalement, il ne savait rien de la gravité de la chose. Et tout ça, ça le dépassait. Il ne savait pas quoi faire, où était sa place, s'il devait s'effacer ou s'affirmer. Alors il restait dans la marge, ni loin, ni trop près.

Dès le matin, le téléphone se mettait à sonner. Portable, fixe, tout en même temps. La boite mail affichait pleine. L'éternel adolescent avait décidé de grandir, et de reprendre les reines de l'entreprise de son père. Il fallait régler une foule de choses, garantir aux partenaires qu'il saurait gérer la transition, rassurer sur son image -participer à une émission de télé-réalité, ce n'était pas vraiment le top concernant l'image-, bref, tout un tas de choses dont il n'avait pas envie là maintenant. Attrapant un débardeur blanc et un pantalon de jogging, il quitta sa chambre pour aller courir. Une heure plus tard, le voilà éreinté, en bas de chez Cameron et Pepper-Ann. Ils n'habitaient pas loin l'un de l'autre, une chance. Son poing vint frapper contre la porte de l'appartement, et ce fut l'ex candidate qui lui ouvrit. « Je viens faire la manche, t'aurais à boire pour un pauvre sportif du dimanche ? » Entre eux, c'était compliqué. Une sorte de distance imposée. Dray venait pourtant souvent trainer ici, ne quittant pas la brune du regard. Autant le dire, le fait qu'elle habite avec le beau-gosse de service lui plaisait moyen. En même temps, il ne pouvait rien dire. « Cameron est pas là ? » Son regard semble le chercher, fuyant par la même celui de la demoiselle. Cameron, sa bouée. Se concentrer sur lui, permettait de ne pas se concentrer sur elle. La lâcheté ne fait pourtant pas partie de son pedigree.

Toc toc toc. Un poing qui frappe contre la porte de l'appartement. Une moue s'empare de mes traits alors que je délaissais ma serviette de bain pour enfiler une tenue plus adaptée, c'est à dire, un short en jeans et un simple débardeur jaune. Je passais une main dans ma tignasse brune, encore humide. Je secouais énergiquement mes cheveux, trainant les pieds jusqu'à la porte d'entrée. J'ouvrais la porte, découvrant qu'il s'agissait de Dray, je laissais la porte ouverte et revenait sur mes pas, nonchalante. Du moins, c'est ce que je voulais faire croire. Depuis ma sortie, tout était plus simple... Sauf avec lui. Avec lui, c'était bien trop compliqué. Il faisait partie intégrante de ma nouvelle vie, je ne pouvais le nier. On se voyait, mais les choses n'étaient plus les mêmes, c'était comme si une barrière transparente s'était élevée entre nous, sans que je ne puisse l'expliquer réellement. Un bouteille d'eau. Hm. J'ouvrais le frigo pour en attrapper une et la lui lançait sans plus attendre avant de me laisser retomber contre le sofa. Non, désolée, il est avec Sawyer. Désolée? Oui, parce que je ne pouvais pas imaginer une seule seconde qu'il soit là pour me voir, non, ce n'était certainement pas cela, il passait plus de temps à m'éviter qu'autre chose. Je laissais mon regard vagabonder vers lui, songeuse. C'était dingue. Pourtant, nous deux, ça avait vraiment exister, non?