FEAT DIMITRI

Il y avait tellement de pièces dans ce chalet. J’étais loin de l’avoir imaginer comme ça. J’avais plutôt pensé à un vieux chalet qu’on pouvait retrouver à la montagne lors de nos colonies de vacances. UGG aux pieds, slim décoloré et long t-shirt resserré à l’aide d’une ficelle, c’était vêtu comme ça que j’étais sorti de ma chambre il y a déjà une heure. J’avais alors pris place dans le salon pour discuter avec d’autres candidats et en apprendre d’avantage sur eux. C’est au bout d’un moment, que je m’étais éclipsé. J’étais très vite lassé et j’avais fait le tour des questions. Je trouvais la discussion beaucoup plus intéressant lorsqu’on parlait de moi, mais bon, toutes les bonnes choses ont une fin. Je soupirais en me levant et quittais la salle, regardant mes magnifique UGGS, que je pouvais voir même en marchant. Mon regard quitta se point fixe en sentant quelque chose me cogner. Me cogner si fort que je finis par reculer, pris par surprise. « Mais c’est une manie de se rentrer dedans ou quoi ?! Faite un peu attention c’est pas compliqué ! » à croire qu’ils avaient tous des pieds gauches dans cette maison. En même temps, qu’elle idée de mettre un si grand escaliers au beau milieu alors qu’il y a des sorties des deux côtés. Une collision était vite arrivé, mais râler sur quelqu’un était l’une de mes plus grandes spécialité et j’aimais bien ça. Je baissais mon regard vers cette andouille et le voyais par terre. « Tu as l’air fin comme ça à cirer le sol » tout en le regardant de haut, je remis une mèche rebelle derrière mon oreille. Mèche qui c’était sans doute échappée dut à la secousse.

Ma maladresse ne tarderait sans doute pas à ne plus être une surprise pour personne. Encore aujourd'hui celle-ci avait fait quelques dégâts, en témoigne l'escalier du hall d'entrée sur lequel je venais à l'instant de renverser le verre de jus de fruits que je m'apprêtais à monter dans ma chambre. Raté. Le verre était étrangement intact, mais bel et bien vide. Le jus quant à lui n'avait pas manqué d'éclabousser les dix premières marches de l'escalier. J'entrepris alors de nettoyer tout ça, ni vu ni connu, quand je fus brutalement bousculé, ce qui fit râper ma main et tomber l'éponge que celle-ci tenait. « Mais c’est une manie de se rentrer dedans ou quoi ?! Faite un peu attention c’est pas compliqué ! » Tu n'avais qu'à regarder devant toi, petite blonde... Mais intimidé et toujours aussi renfermé sur moi-même, je ne pus que m'excuser de m'être trouvé sur le chemin de la demoiselle. « Pardon je... pardon. » Oui bon, c'était probablement très peu convainquant mais j'étais pas mal préoccupé à vrai dire. Il me fallait nettoyer cet escalier au plus vite, avant que le jus ne vienne à sécher sur celui-ci pour y faire de bien belles tâches. « Tu as l’air fin comme ça à cirer le sol » Et oui, mais le ridicule ne tuait pas. Je levai les yeux au dessus de moi pour poser ceux-là sur la blonde. « Fin, je sais pas. Hum. Mais... maladroit, certainement. Et tu allais où comme ça, hum, Hort... Hortansia, j'ai bon ? » Si ma mémoire ne me faisait pas défaut, la blonde un peu fofolle qui avait attiré mon attention lors du prime de samedi se nommait Hortansia. Mais je pouvais toujours me tromper, bien sur. Quant à moi, et bien... j'étais probablement encore persona non grata à ses yeux.

Soit il avait du mal à respirer, genre un souffle au cœur ou un truc de ce genre, soit je le stressais à un tel point qu’il en perdait ses mots. Il devait sans doute être émerveillé par une telle splendeur et je pouvais tout à fait le comprendre, mais il fallait qu’il s’en remettre, je ne voudrais pas être responsable d’une quelconque crise cardiaque dans ce chalet. J’écoutais ses plus sincères excuses, mais n’y prêta pas attention. De toutes les excuses qu’on m’avait faites depuis ma naissance, je n’en avais accepté aucune. Après tout, ce n’était pas des excuses qui allaient changé la donne. C’était comme si on venait à tuer un de vos proches et que cette même personne s’excuse, ça ne changera rien du tout. Le mal était fait, voilà tout. Aujourd’hui il n’y avait pas eu de mort, mais plus de peurs que de mal. Nous étions donc tous un peu rassuré en quelque sorte. « Il….il faut…que tu t’en remette » lui dis-je tout en prenant une respiration saccadé pour limiter. J’analysais l’état des lieux et me promettais dans ma tête de ne pas passer de ce côté de l’escalier histoire d’être sûr de ne pas tomber dut au jus d’orange que monsieur avait fait tombé. Monsieur comment d’ailleurs ? Alors que lui avait l’air d’avoir retenu mon prénom alors que je ne m’étais jamais présenté à ce gars là, moi, j’étais encore dans l’ignorance. J’avais bien raison à mon arrivé au prime, les gens finiraient vite par se souvenir de mon prénom.

Bon je vous l'accorde, ça n'était jamais qu'un verre de jus de fruits renversé suivi d'une petite collision avec une blonde un peu folle, mais cela suffisait amplement à me mettre dans tous mes états. Là, j'eus juste la désagréable impression de gêner, de me trouver au mauvais endroit au mauvais moment et je détestais ressentir ça. « Il….il faut…que tu t’en remette » Oh, si en plus elle se payait ma tête, on en était pas sortis. Je baissais les yeux, réalisant que non seulement j'étais ridicule, mais qu'en plus que la blonde dont j'ignorais encore le nom se foutait littéralement de moi. « Tu... Tu te moques de moi ? » Un peu qu'elle se moquait de moi, oui ! Je continuai, tout penaud. « Tu sais faut pas se moquer, je... je suis fait comme ça. C'est ma... façon d'être. » Sa façon d'être à elle était visiblement de se comporter en véritable pimbêche mais ça, je le gardais pour moi bien sur. Mademoiselle avait du caractère et une gifle était si vite arrivée... « Y'a... y'a de fortes chances que tu t'en moques mais... mon nom c'est Dimitri. » Je lui garantissais au moins le fait de se coucher moins bête ce soir. Elle pouvait m'en remercier. Bien que le coeur n'y était plus franchement, j'entrepris de frotter sur les marches de l'escalier pour nettoyer mes bêtises, après avoir récupéré une seconde plus tôt l'éponge qui avait virevolté plus au sud. Je m'attendais maintenant à ce qu'elle passe son chemin. Mais oui elle avait probablement des choses bien plus intéressantes à faire que de rester là, avec moi. J'espérais juste que si elle venait à emprunter l'escalier, elle aurait la décence de ne pas marcher là où j'avais encore à éponger...

Malgré ses deux pieds gauche, il ne manquait pas d’être perspicace, car en effet, j’étais bien en train de me foutre de sa gueule. Toute personne un peu prêt normal aurait fait exactement comme moi devant un individu aussi étrange. Sa façon de parler était bizarre, mais peut-être qu’il faisait parti de ces rares personnes ayant une maladie appelée le bégaiement. « Moi ? Non c’est pas mon genre » repris-je avec toute l’ironie que je pouvais y mettre. Je rigolais à sa façon d’être en le regardant épongé encore ces escaliers. Sa façon d’être m’avait au moins permis de lui trouver un surnom, qui serait pour tout le long de l’aventure, cendrillon. Cela lui correspondait parfaitement et ça me rappellera à chaque comment nous nous étions rencontré. « Bah ta façon d’être est vraiment…ridicule, mais bon ce n’est pas donné à tout le monde d’être parfait » un grand sourire hypocrite se dessina sur mes lèvres tandis qu’il me fit part de son prénom. C’était toujours bon à savoir, même si grâce au surnom que je lui avais trouvé, je n’en aurais probablement pas besoin. « J’espère que ça ne te dérangera pas si je t’appelle cendrillon, j’aurais sûrement plus de chance de le retenir. » de toute façon, il devait sans douter qu’il n’avait pas vraiment le choix. C’était une question parfaitement rhétorique ou peut-être la lui avais-je posé par principe.

« Moi ? Non c’est pas mon genre » Oh non, la blonde n'était absolument pas du genre à se moquer des pauvres types dans mon genre, pardon. C'était forcément des idées que je me faisais, hein. Par ailleurs je lui avais affirmé que j'étais fait comme ça, que c'était ma façon d'être et que je me passais bien de ce genre de moqueries et réflexions. « Bah ta façon d’être est vraiment…ridicule, mais bon ce n’est pas donné à tout le monde d’être parfait » Surtout à moi. Et visiblement la jeune femme n'était pas parfaite non plus, car à vu d'œil je pouvais d'ors et déjà lui trouver quelques défauts. Son principal restait tout de même sa méchanceté. « Je... Je crois que je préfère encore prendre ça comme un... compliment. » Ce n'en était pas un, mais tant pis. C'était ma façon à moi d'être un peu moins blessé par les critiques qu'on me faisait. Et puis ça n'était pas comme si Hortansia était la première à me dire ridicule. Après lui avoir révélé mon prénom, je pensais que la jeune femme passerait son chemin. Mais il n'en fut rien, car même sur mon nom la blonde avait quelque chose à redire. « J’espère que ça ne te dérangera pas si je t’appelle cendrillon, j’aurais sûrement plus de chance de le retenir. » Charmant, vraiment. Voilà que je me retrouvais maintenant affublé d'un bien joli surnom. Autant vous dire que de ce surnom aussi, je m'en serais bien passé. « Et bien, hum, à vrai dire si... si, ça me dérange. Mais quelque chose me dit que... ça ne changera rien. Alors tant pis. » Je n'avais d'autre choix que de rester là sans protester, car même ça j'en étais incapable. Ce n'était qu'une fille, plus petite que moi et sans doute plus jeune qui plus est, mais qu'importe. Je ne pouvais lever la voix sur quiconque.

« Tant mieux » m’étais-je contenté de répondre. Il finira bien vite par devenir mon bouffon, celui qui me divertira lorsque je plongerait dans l’ennui. C’était un spécimen étrange, qui changeait un peu des autres candidats et ses bégaiement étaient de plus en plus drôle, même si ça ne devait pas être le cas pour lui. Ma pauvre cendrillon, je n’osais même pas imaginer dans quel sorte d’embarras il devait se trouver sachant un peu près le degré de timidité qu’il éprouvait à chaque fois qu’il se mettait à parler à quelqu’un. Alors à quelqu’un comme moi, ça m’étonnait de ne pas voir ses joues virer déjà au rouge. « Effectivement, t’as vu juste ! » Il devait déjà se faire une idée du genre de fille que je pouvais être, mais il ne connaissait pas encore toutes mes petites facettes plus sympathiques les unes que les autres. « Tu as intérêt à ce que ça ne colle plus et surtout que ça ne glisse pas, n’essaye pas de tendre des pièges à tes adversaires pour espérer gagner l’aventure, ça ne marche pas comme ça dans le monde des adultes. » Je lui passais alors devant afin de montrer quelques marches et de me trouver juste devant lui, sur les escaliers.

« Tant mieux » rétorqua alors la blonde. Ainsi donc j'étais ridicule, mais là elle ne m'apprenait rien. Je ne comptais même plus les fois où l'on m'avait reproché d'être ridicule, mais malgré tout entendre ça ne me faisait pas rien. Non, ça me blessait. Évidemment que c'était blessant, puisque c'était débité là avec méchanceté et volonté de blesser. Je me contentais de baisser les yeux, une fois encore, tandis qu'Hortansia repris la parole. « Effectivement, t’as vu juste ! » Bien. J'allais donc devoir me faire à l'idée d'être dorénavant catalogué comme étant la Cendrillon de l'aventure. On avait vu plus sympathique comme surnom. « Tu as intérêt à ce que ça ne colle plus et surtout que ça ne glisse pas, n’essaye pas de tendre des pièges à tes adversaires pour espérer gagner l’aventure, ça ne marche pas comme ça dans le monde des adultes. » À ses mots, la vipère passa devant moi et monta quelques marches jusqu'à se trouver un peu plus haut par rapport à moi. Je levai les yeux vers elle, bien décidé à réagir à sa précédente remarque. « Hum, écoute ma petite. Tu... tu parles du monde des adultes mais je doute que tu y sois encore... entrée. Tu es... certainement bien plus jeune que je le suis, alors épargne moi ce genre de... remarques. » Pfou. Je repris mon souffle, avant de poursuivre. « Et tendre ce genre de pièges, je... je me considère au dessus de ça quand même. » Comme si mon but ici était de voir tomber mes camarades les uns après les autres dans un escalier que j'aurais préalablement enduis de jus ou de je ne sais quoi d'autre. La blonde avait vraiment des idées farfelues. Je me mis à frotter de nouveau, constatant que pendant que je parlais là avec la jeune femme, le jus était en train de sécher ce qui ne me facilitait pas franchement la tâche.

Il n’avait aucune gêne de m’appeler petite ? Bon d’accord je ne connaissais pas son âge et sans les escaliers je serais sans doute plus petite que lui, mais niveau prestige il n’y avait aucune doute, je le dépassais sans aucun mal. Ça devait être moi l’enfant puéril en le descendant de cette manière, mais personne n’en saura rien et je lui interdisait formellement de tenir ce genre de paroles. « Bien, bien si tu le dis je ne peux pas te contredire sur ça, car je ne te connais ni d’Adam, ni d’Eve , mais sache que nous sommes dans un pays où nous avons le droit de s’exprimer, donc si j’ai envie de dire ça, je le dis et ce n’est pas toi qui va m’en empêcher ok , » Je croisais mes bras sur ma poitrine en le regardant astiquer les escaliers avec brio. Voilà quelque chose dont-il était un peu près doué, même si, il ne se dépêchait pas, son jus finirait par coller et là, se sera le drame. En tout cas, c’était bon de savoir qu’il n’était pas le genre de mec à tout faire pour éliminer la concurrence, même si il pensait n’avoir aucune chance. Il y avait des candidats pire que lui, alors je ne prétendrais pas qu’il n’avait aucune chance. On ne connaissait pas les pensées du publique et peut-être que les mecs timides et les bégaiements charmaient certaines personnes. « Et bien tu remonte un peu dans mon estime alors, c’est toujours mieux d’avoir un combat loyale »

« Bien, bien si tu le dis je ne peux pas te contredire sur ça, car je ne te connais ni d’Adam, ni d’Eve , mais sache que nous sommes dans un pays où nous avons le droit de s’exprimer, donc si j’ai envie de dire ça, je le dis et ce n’est pas toi qui va m’en empêcher ok , » J'étais totalement pour la liberté d'expression, et je n'avais aucunement cherché à empêcher la blonde d'exprimer quelque opinion que ce soit. Mais voyez-vous, je n'approuvais pas franchement ses paroles et encore moins le fait qu'elle cherchait ici à me déstabiliser, à m'insulter et à se foutre de moi, par la même occasion. Mais elle pouvait parler, hein, de toute manière je me voyais assez mal me lever d'un coup pour lui faire avaler mon éponge. Pas très digeste si vous voulez mon avis. « Okay. » Que dire d'autre ? Au pire je passais pour un type soumis, au pire. Et puis je n'avais pas caché le fait que mes intentions n'étaient absolument pas d'éradiquer un à un mes camarades en leur tendant de vilains pièges, dans l'escalier par exemple. De toute manière ça, je ne voyais qu'Hortansia en être capable. « Et bien tu remonte un peu dans mon estime alors, c’est toujours mieux d’avoir un combat loyale » C'était aussi mon avis. Voilà que je souhaitais maintenant en apprendre un peu plus sur la jeune femme. Elle ne m'appréciait pas, c'était tout à fait réciproque, mais malgré tout je gardais encore dans l'idée que nous pouvions parvenir à parler sans pour autant que tout finisse en bagarre. Et puis une question n'était jamais à prendre contre soi, je voulais juste faire un peu la conversation. « Justement Hor... Hortansia... Quel âge as-tu ? » À première vue, je lui aurais donné la petite vingtaine. Elle n'était bien sur pas du tout obligée de répondre. Mais si elle m'avait posé cette question, je lui aurais répondu sans aucune gêne. La balle était dans son camp, à elle maintenant de remonter dans mon estime.

Un simple ok et je pouvais à présent partir. La conversation avait l’air d’être close maintenant. Du moins pour moi. Je n’avais pas bougé pour autant. Je n’avais rien d’autres à faire à part rester ici à surveiller son travaille. Je savais que si je me baladais je trouverais bien vite quelque chose à faire. Avec le choix surprenant de candidats se trouvant dans ce chalet, le nombres de personnalités différentes et de pièces dans cette maison, c’était presque facile de trouver de quoi s’occuper. Discuter avec cendrillon ne me gênait pas, je pourrais toujours essayer d’en apprendre plus à son sujet même si ça ne m’apporterait rien. « J’ai vingt-et-un ans et toi ? » pour être aussi sûr de lui il y a quelques minutes au par avant, il devait sans doute être plus âgé que moi. Je lui donnais deux ans, trois ans tout au plus, mais c’est tout. Il n’avait pas l’air si âgé que ça ou sinon il était plutôt bien conservé. Trente ans ? Si c’était le cas je ne pourrais pas m’empêcher de rire et ça devait être un pro des liftings et crèmes antirides. Enfin, je n’allais pas tarder à avoir une réponse de sa part, à moins qu’il était trop plongé dans son ménage pour pouvoir me répondre.

Même si tout avait assez mal commencé entre Hortansia et moi dans ce hall d'entrée, je n'en perdais pas de vue mon objectif principal à savoir apprendre à connaitre chacun de mes camarades. Voilà pourquoi je lui avais instinctivement demandé son âge, suite à notre petite discussion concernant la maturité dont nous pouvions faire preuve et le fameux "monde des adultes" dans lequel je doutais que la blonde soit encore entrée. Je l'imaginais en effet jeune, et je ne m'étais pas trompé pour le coup. « J’ai vingt-et-un ans et toi ? » Elle avait joué le jeu en me révélant son âge, alors je me devais de faire de même. J'arrêtai alors un instant de frotter sur les marches de l'escalier pour la regarder une nouvelle fois, avant de répondre « Vingt-huit. Vingt-neuf dans... dans moins d'un mois en fait. » Beaucoup disaient que je ne faisais pas mon âge, mais je ne m'en rendais pas compte de mon côté. Je connaissais mon âge, alors après... que je fasse plus ou moins que celui-ci, ça n'était pas bien important. « Tu... tu es la benjamine de l'aventure ? » J'ignorais l'âge de tous les autres candidats, mais elle faisait assurément partie des plus jeunes si elle n'était d'ailleurs pas la plus jeune de nous tous. L'occasion de constater que bon nombre d'années nous séparaient, Hortansia et moi. Et pourtant elle avait cette assurance que moi je n'avais pas.

Et dire qu’il approchait de la trentaine à grand pas. Moi j’avais encore toute ma jeunesse devant moi, même si je ne me portais pas plus mal lorsque je n’avais pas encore dépassé la vingtaine. Dix-huit et dix-neuf ans étaient pour moi, les plus belles années. Arrivé vers la trentaine, ça commençait à faire. Apparemment ça ne dérangeait pas monsieur, surtout que ça ne se voyait pas. Bien sûr que nous deux mis à côté la différence était frappante. Je gardais toute ma jeunesse et toute ma beauté entrain de resplendir à ses côtés, alors que lui se faisait de plus en plus vieux, se transformant peu à peu en cendrillon, un être insignifiant. Enfin, il avait sans doute toujours été comme ça. Pauvre de lui. Mais bon je ne perdrais pas mon temps à le plaindre. Je n’étais pas la seule à avoir vingt-et-un ans et ça je le savais bien. Encore heureux, je ne supporterais pas d’être la plus jeune, ça me saoulerait bien vite d’être considéré comme une gamine alors que j’étais loin de l’être. « Non » dis-je sur un ton assez sec avant de me mettre à réfléchir. « Il me semble que je ne suis pas la seule à avoir cet âge là » qu’il ne se sente pas agressé avec mes réponses, même si ça risquait d’être le cas, traumatisé de naissance qu’il est.

Vingt-huit ans, vingt-neuf le mois prochain. Est-ce que je faisais mon âge ? À vous de me le dire, car il m'était tout bonnement impossible d'émettre un jugement là-dessus. Je ne me rendais pas compte du fait que je puisse faire plus vieux, ou plus jeune. Mon âge était avéré, c'est tout ce qui était certain à mes yeux. Par ailleurs Hortansia me semblait bien jeune, et je n'avais pas tord puisqu'en effet il s'avéra que la demoiselle avait la petite vingtaine, vingt-et-un ans pour être tout à fait exact. Instinctivement, je lui avais demandé si elle était la benjamine de l'aventure, la plus jeune de nous tous. « Non » répondit-elle alors, tout à fait sèchement, avant de poursuivre « Il me semble que je ne suis pas la seule à avoir cet âge là » Je n'en savais rien, mais si elle le disait... je voulais bien la croire. Il fallait dire aussi que je n'avais pas encore eu l'occasion de connaitre chacun de mes vingt-trois camarades, alors forcément leurs âges m'avaient pour la plupart échappés. Je me contentai donc de répondre le plus timidement du monde « D'a... d'accord. » Je me mis à frotter de plus belle, encore et encore, en espérant que tôt ou tard mes efforts finiraient par porter leurs fruits et qu'enfin cette foutue tâche serait amenée à disparaitre. Puis je tournai la tête vers Hortansia, une nouvelle fois. « Tu... t'es pas un peu jeune pour partir à la recherche de l'amour ? À moins que tu ne... recherches une sorte de notoriété que cette télé-réalité pourra t'o... t'offrir ?... » J'ignorais ce qui amenait réellement la jeune Hortansia en ces lieux. Beaucoup d'entre nous recherchaient l'amour, car c'était tout de même le but même de l'émission. Mais à vingt-et-un ans, recherchait-elle la même chose ? Ou n'avait-elle pour seul désir que d'acquérir ici la célébrité à laquelle elle aurait forcément droit, comme nous tous ?

Plus je lui adressais la parole, plus j’avais l’impression qu’il devenait timide. J’espérais que ce n’était pas maladif ce truc, bégayer ainsi devait être insupportable et surtout fatiguant à la longue. Presque vingt-huit ans qu’il était comme ça. Je me demandais comment avait-il fait pour passer les épreuves oraux étant plus jeunes. Peut-être qu’il n’avait rien passé du tout et qu’il n’avait aucun diplôme ou bien il avait fait un effort considérable lors de ces journées. Bref, je m’égarais quelque peu du sujet. Le sujet que Dimitri entama était totalement différent. Ça partait de certains préjugés ses phrases. De toute façon je n’étais pas à la recherche du grand amour, car je ne pense pas qu’il y est un mec sur la planète capable de supporter mon caractère ou encore même, de m’adoucir quelque peu. Le jour où je trouverais ce mec là, peut-être que je reprendrais mes paroles en disant que l’amour pouvait enfin de compte exister, mais pour le moment, je restais sur mon premier choix. « Il n’y a pas d’âge pour ça et je n’ai pas besoin d’une quelconque télé réalité pour me faire connaître, même si me donne un petit coup de pouce » depuis quand il y avait un âge pour essayer de trouver l’amour ? Non mais d’où il sortait celui-là ? « Et toi tu en as tellement eu marre des sites de rencontres et de te faire avoir par des filles plus malines que toi, que tu as pensé qu’une telle aventure pouvaient peut-être t’aider ? » un air sarcastique s’empara de moi tandis que je le regardais toujours de haut.

J'en venais maintenant à me questionner sur la raison de la participation de la jeune et ô combien teigneuse Hortansia à l'aventure Three Wishes. Je la trouvais bien trop jeune encore pour avoir à rechercher l'amour à la télévision alors que sans doute quelque part un jeune homme de son âge et peut-être du même caractère l'attendait... Mais peut-être aussi la jeune femme y recherchait là une certaine notoriété. « Il n’y a pas d’âge pour ça et je n’ai pas besoin d’une quelconque télé réalité pour me faire connaître, même si me donne un petit coup de pouce » J'acquiesçais ses paroles d'un mouvement de tête, tandis qu'elle se mit à poursuivre « Et toi tu en as tellement eu marre des sites de rencontres et de te faire avoir par des filles plus malines que toi, que tu as pensé qu’une telle aventure pouvaient peut-être t’aider ? » Je me sentis une fois encore agressé, et pour cause elle me faisait passer pour un type découragé ayant fait le tour de tous les sites de rencontres possibles... et pour un sombre abruti également. Je fronçai alors les sourcils, posant d'un mouvement sec et rapide l'éponge sur la marche au dessus de moi, avant de reporter mon regard sur celle qui me dévisageait littéralement un peu plus haut. « Tu... tu ne me connais pas alors cesse d'insinuer que je suis un crétin ou un imbécile. » Je repris ma respiration, pour finalement rétorquer « Oui je me suis fait avoir dans... dans le passé et oui je suis désespéré vois-tu. Quand tu auras vécu le tiers de ce que j'ai vécu moi, tu pourras... ramener ta fraise. » Cette aventure représentait à mes yeux ma seule et dernière chance de retrouver l'amour, et alors je ne comptais pas la laisser filer. Je n'avais pas le temps de m'attarder sur des personnes aussi haineuses et hargneuses. Si l'on pouvait me considérer comme étant encore jeune, je ne le voyais pas de ce point de vue là. Dans mon cas, retrouver l'amour, c'était maintenant ou jamais. Après quoi je crois bien que j'étais prêt à jeter l'éponge et à perdre tout espoir.

Un énième petit sourire moqueur s’afficha sur mon visage. Il faisait vraiment pitié sur ses escaliers comme ça en train d’essayer de se justifier, mais n’empêche que j’avais vu juste. Il avait tellement une tête à se faire martyriser et avoir par toutes les filles qui étaient trop belles et trop confiante pour lui que ça sautait aux yeux. Je ne comptais pas subir ce que lui avait subit. Je n’étais pas le genre de filles à se faire poser des lapins et entuber par les autres. J’avais beau être plus jeune que lui, lorsque j’aurais son âge, j’en serais sûrement au même point qu’aujourd’hui. C’est-à-dire on ne peut plus confiante, à jouer avec les autres. Jamais les rôles seront inversés. « Je peux savoir pourquoi il m’arriverait les mêmes merdes que toi ? Ton âge n’a rien à voir avec tes relations. Tu ne sais pas t’y prendre et maintenant te voilà paumé dans cette aventure. Ne mélange pas tout cendrillon. Il y a des gens bien plus âgés que toi qui n’ont pas vécu le tiers des merdes que t’as pu vivre » marre de rester là sans bouger, je monta encore quelques marches avant de reprendre. « Poisseux un jour, poisseux toujours. »

« Je peux savoir pourquoi il m’arriverait les mêmes merdes que toi ? Ton âge n’a rien à voir avec tes relations. Tu ne sais pas t’y prendre et maintenant te voilà paumé dans cette aventure. Ne mélange pas tout cendrillon. Il y a des gens bien plus âgés que toi qui n’ont pas vécu le tiers des merdes que t’as pu vivre » Oh oui la vérité était sans doute là : je ne savais pas m'y prendre. La blonde avait touché un point sensible, me renvoyant à la figure tout ce que j'avais pu vivre avant cette émission, à savoir des déceptions, des désillusions et des trahisons. Le tiercé gagnant quoi. Mais je n'avais pas cherché à lui affirmer que son âge l'empêchait encore de souffrir autant que moi j'avais souffert. Peut-être m'étais-je mal fait comprendre, allez savoir. Hortansia se mit à monter une marche ou deux avant de rétorquer par la suite « Poisseux un jour, poisseux toujours. » Ah vraiment, elle n'avait aucun tact cette demoiselle. Cela sonnait à mes yeux comme de la provocation, car s'en était surement oui. Je fronçai les sourcils une nouvelle fois, tandis que je n'avais toujours pas repris la tâche qui était la mienne pour cet après midi : frotter sur les marches. Non, l'éponge se voulait toujours posée sur la marche du dessus, et moi je ne comptais pas laisser filer la blonde pour que celle-ci puisse avoir le dernier mot. « Tu... Tu prends satisfaction à te montrer aussi teigneuse ? » lui demandai-je, avant de continuer « Pourquoi t'es comme... comme ça Hortansia ? Et pas qu'avec moi je... je présume, non, pourquoi t'es aussi... vache ? » J'avais rarement eu droit à autant de remarques désobligeantes en l'espace d'une vingtaine de minutes. La blonde ne se rendait même pas compte de la portée de ses paroles. Je n'avais pas besoin d'entendre toutes ses horreurs qu'elle ne se gênait pourtant pas le moins du monde de débiter à-tout-va.

Allait-il réussir à enlever cette tâche ? Je crois que c’était la seule question importante en ce moment-même. Si j’étais tout le temps comme ça ou bien si j’apportais une réelle satisfaction à me comporter ainsi passait après ça. Il fallait que le jeune homme revoit ses priorités, mais apparemment il avait l’air de s’intéresser à moi et comme j’aimais qu’on s’intéresse à moi, je ne voyais pas d’autres choix que de rester ici et de lui accorder encore un peu de mon temps même si j’avais la terrible sensation que je risquais fortement de le regretter un peu plus tard. « Si tu me crois méchante, ce n’est pas le cas, je suis juste franche et ça tu as du mal à l’accepter » je marqua une courte pause pour le laisser réfléchir à ce que je venais de lui dire avant de reprendre. « La vérité blesse c’est bien connu et vu ta tête je pari que j’ai visé dans le mile en parlant de ton non savoir avec les femmes. Enfin..essaye avec les hommes tu aura peut-être plus de chances. » un grand sourire remplit d’ironie se marqua sur mon visage. J’avais toujours été de très bon conseil, après libre à lui de les suivre, mais je ne pensais pas qu’il les suive.

À mes yeux Hortansia ne prêtait pas la moindre attention à la portée que pouvaient avoir ses paroles, et au mal que celles-ci pouvaient faire. Elle ne cessait de se montrer odieuse avec moi et le pire dans tout ça, c'est que la jeune ne semblait même pas s'en rendre compte. Non, ça lui passait visiblement au dessus de la tête. « Si tu me crois méchante, ce n’est pas le cas, je suis juste franche et ça tu as du mal à l’accepter » Un peu trop franche si vous voulez mon avis. Mais à ce stade là, ça n'était même plus de la franchise. Après avoir marqué un temps d'arrêt, elle reprit de plus belle. « La vérité blesse c’est bien connu et vu ta tête je pari que j’ai visé dans le mile en parlant de ton non savoir avec les femmes. Enfin..essaye avec les hommes tu aura peut-être plus de chances. » Si elle savait, si elle avait... Les hommes, j'avais déjà essayé, mais je ne comptais pas le lui avouer car je n'osais imaginer quel reproche elle allait encore pouvoir me faire après ça. Je me contentai donc de répondre à sa précédente remarque, à savoir qu'elle n'était non pas méchante mais juste franche ce qui, à mes yeux, n'était pas tout à fait vrai. « Hum... t'es un peu trop... trop franche si tu veux mon avis. La franchise, moi je... je l'accepte mais quand celle-ci repose sur des critiques, reproches et... autres, là je désapprouve. » Elle s'était ouvertement moquée de ma timidité, imitant ma façon de parler, puis s'était permise d'émettre un jugement sans même me connaitre en prétendant que j'avais une tête à tendre des pièges aussi ridicules que farfelus aux autres candidats dans l'espoir de gagner, sans parler du fait qu'ensuite mademoiselle m'avait fait passé pour un sombre abruti. Mmm, et là bien sur je ne devais prendre tout ça que pour de la franchise pure et simple. Et bien non, je regrette, mais il n'en était pas question. Et ce petit sourire narquois qui avait pris place sur son visage ne faisait que confirmer mes pensées.

Je ne savais pas qu’il existait différentes sorte de franchise. Pour moi, la franchise restait blessante et si il pensait que la mienne reposait sur des critiques et des jugements, c’est qu’il se mentait à lui-même et que trop de gens ont eu peur de le blesser en lui avouant ce qu’il était vraiment. Je n’avais pas ma langue dans ma poche et il ne fallait pas compter sur moi pour le préserver pendant encore quelques années. Dimitri, si je ne me trompe pas dans son prénom, semblait être tombé de bien haut en apprenant ceci. Ce n’était pas possible d’être aussi naïf et niai que lui. Je soupirais de désespoir avant de mettre un terme à notre discussion, qui, de toute façon, je menais pas à grande. Je ne faisais que perdre mon temps et je ne pourrais probablement pas lui faire changer d’avis. « Trop de gens t’ont menti et maintenant pauvre cendrillon tombe de bien haut. » Je laissais apparaître une moue qui faisait semblant de compatir à sa douleur avant de reprendre. « Outch, ça doit faire mal » je rigolais suite à cela avant de tourner les talons. Sans même lui dire au revoir, je m’en alla. À quoi bon dire au revoir, car nos chemins allaient probablement se recroiser avant la fin de la journée.

Cette discussion ne menait à rien. En revanche, elle me permettait tout de même d'en savoir un peu plus sur Hortansia, et je savais à peu près à qui j'avais affaire désormais. En effet depuis le début de notre si passionnant échange, Hortansia n'avait pas manqué de se montrer telle qu'elle était, et n'avait également pas eu la main légère sur les reproches et critiques. « Trop de gens t’ont menti et maintenant pauvre cendrillon tombe de bien haut. » J'allais avoir beaucoup de mal à me faire à ce surnom, mais que voulez-vous... Maintenant que j'en étais affublé, je n'avais plus qu'à l'accepter. Un autre choix s'offrait-il à moi ? « Outch, ça doit faire mal » Sur ce elle se mit à rire, avant de monter les marches qui la séparaient encore du premier étage. Elle s'en était allée, et ça n'était pas pour me déplaire. Une fois la demoiselle partie, je me remis au nettoyage de l'escalier et me ressaisis alors de l'élonge ultérieurement posée sur la marche du dessus. Je laissai même s'échapper un soupire, puis quelques mots que personne sinon moi ne pouvait entendre. « Bon vent. » Ah vraiment, on ne pouvait pas dire que je me réjouissais de cette rencontre. Mais qui sait, peut-être serions-nous amenés à nous entendre un peu mieux par la suite... J'en doutais quand même.

Sujet terminé.