don't ever look back ► 16/04 - 10H06

Yasmine

SALLE DE BAIN ; LUNDI 16 AVRIL - 10H06

Matin chagrin. La nuit avait été courte car j'avais difficilement trouvé le sommeil. Pourtant, ça n'avait pas été faute de me coucher tôt, aux alentours de vingt-trois heures ce qui, ici, équivalait à se coucher avec les poules. Je partageais ma chambre avec trois charmantes demoiselles, mais ça n'était pas celles-ci qui m'avaient empêché de trouver le sommeil. Voyons, je n'étais pas de ce genre là. Peut-être allais-je juste devoir m'habituer à la vie en communauté. Peut-être que les prochaines nuits seraient meilleures. Espérons-le, oui. Levé vers dix heures ce matin et me traînant de bien belles valises sous les yeux, j'avais pris la direction de la salle de bains avec l'objectif me laver les dents. Tout à fait banal, quoi. Mais en entrant dans la grande salle beige et blanche, je mis le pied sur une serviette qui se trouvait à terre. Je ramassai donc celle-ci, avant de me rendre compte qu'une demoiselle -tout à fait charmante- était dans la baignoire. De toute évidence cette serviette était la sienne. Oui sans doute. Je fis donc quelques pas histoire de me rapprocher d'elle tout en prenant soin de ne pas poser un regard trop insistant sur la jeune femme qui, même sous la mousse, était quand même bien nue. « Loin de moi l'envie de... jouer les voyeurs, mais... cette serviette est à toi je présume ? » Je n'étais pas très à l'aise, il fallait bien le dire. Je n'avais pas eu droit à une si jolie jeune femme nue dans une baignoire depuis un moment. Mes joues devenues rouges trahissaient probablement mon malaise. J'ignorais si la demoiselle, Yasmine il me semble, avait terminé son bain ou si au contraire elle ne faisait que le commencer. Une chose demeurait certaine, je devais avoir l'air franchement con planté là devant la baignoire, une serviette à la main, sans sachant trop quoi faire de mon autre main ni ou poser les yeux.

Je ne profitais pas assez de la vie, qu’ils disaient. C’était plutôt difficile d’agir de la sorte quand elle vous passait sous le nez sans que vous puissiez l’arrêter. Le temps qui file, les secondes qui défilent. J’aurais bien aimé avec une télécommande comme dans Click pour être capable d’arrêter le temps, juste quelques secondes, le temps de souffler un peu. Mais c’était impossible. Enfin, jusqu’à maintenant. Car maintenant que j’étais dans cette aventure, toute cette pression extérieure avait disparu, et de mes journées je n’avais plus d’autres à faire que de m’occuper de moi, et personne d’autre. Je gardais quand même mes bonnes vieilles habitudes. Tôt ce matin-là, je m'étais m’entraîner en compagnie d’une autre candidate. Et maintenant, après avoir pris un petit déjeuner digne de ce nom, je m’étais dirigée vers la salle de bain pour prendre une bonne douche. Sauf que j’avais changé d’idées en voyant le grand bain, succombant à une envie, un désir que je n’avais point comblé depuis longtemps. Mon rythme de vie effrénée ne me permettait pas de passer une demi-heure à me reposer dans un bain chaud. Mon grand luxe était de me contenter d’une douche rapide, alors… Une fois la baignoire remplit d’eau chaude, je me débarrassais de mes vêtements et me glissant en un soupir dans le liquide. Bon sens, ça faisait un bien fou. J’avais oublié à quel point c’était agréable. Je plongeais un moment sous l’eau pour mouiller mes cheveux, et quand j’en ressortis, mon dos vint se poser contre le bord, mes yeux se fermant tout naturellement. Je sentais mon corps se décontracter, mes muscles se relâchés de toutes leurs tensions. Il y avait longtemps que je n’avais pas été autant détendu. « Loin de moi l’envie de… jouer les voyeurs, mais… cette serviette est à toi je présume ? » Je ne l’avais pas entendu approcher, c’est pourquoi je sursautais – mais légèrement – en entendant cette voix. Moi qui d’ordinaire me laissais rarement avoir par ce genre de comportement, c’est à croire que je relâchais ma garde. Il faut dire que mon corps enfoncé presque entièrement sous l’eau chaude et les bulles, ainsi que mes yeux clos pour savourer ce moment de détente était peut-être les seuls fautifs dans cette inattention. Ma tête se tourna vers le candidat qui s’était adressée à moi, et je lui offris un léger sourire. « Pardon, tu disais ? » Car en plus d’avoir été surprise, voilà que j’en oubliais ce qu’il m’avait dit. Pas très longtemps, cependant, car en l’observant, je vis qu’il tenait quelque chose entre ses mains. « Hey, mais c’est ma serviette, ça. » constatais-je alors, répondant sans même le vouloir – et sans même m’en rendre compte – à sa question. Je tendis d’ailleurs la main afin qu’il me la rende, car j’allais bientôt en avoir besoin : voilà bien trop longtemps que je baignais dans cette eau.

Bon, de toute évidence, mon irruption dans la salle de bains avait quelque peu surpris la demoiselle qui faisait actuellement trempette dans la grande baignoire, au centre de la pièce. Ses yeux étaient clos, jusqu'à ce ma voix retentisse, la sortant alors des pensées dans lesquelles elle se trouvait alors plongée. « Pardon, tu disais ? » Ah super, ce que je venais de dire, non sans difficulté d'ailleurs, n'avait absolument pas trouvé entendeur. Alors que je m'apprêtais à me répéter, la jeune femme rétorqua « Hey, mais c’est ma serviette, ça. » Justement, c'était ce que j'avais cherché à savoir et désormais j'avais ma réponse. Parfait. Elle tendit ensuite la main pour récupérer cette serviette qui était la sienne. « C'est bien ce qu'il... me semblait. Tiens. » Je la lui rendis donc, prêt à me tourner à tout moment si la jeune femme décidait de se lever d'un coup. Une serviette comme celle-ci ne parviendrait probablement pas à tout masquer, non certainement pas. Si j'appréciais toujours la beauté d'un corps de femme, je n'étais tout de même pas de ceux qui se plaisaient à se rincer l'oeil à la moindre occasion. Du respect pour les femmes, toujours j'avais. Un vrai gentleman, oui mesdames.

Moi, distraite? Depuis quand l’étais-je devenue? Depuis mon arrivée ici, visiblement. Je détestais me faire surprendre – même si c’était pour un surprise party – et mon entourage le savait très bien. Pour autant, je ne devenais pas méchante ou d’humeur massacrante quand ça arrivait, j’avais su composer avec ce genre de situation plus d’une fois. Et Dieu seul sait que l’effet de surprise est l’une des forces de l’ennemi, en temps de guerre. Disons que… j’avais vu pire. Pire que de me faire prendre en train de relaxer dans un bain par un inconnu qui se baladait avec ma serviette. Je tendis d’ailleurs la main vers lui quand je remarquais ce qu’il tenait dans ses mains, afin de récupérer ce qui était mien. « C’est bien ce qu’il… me semblait. Tiens. » « Merci. » fis-je en l’attrapant, lui offrant un léger sourire. Le pauvre semblait gêné, voir même intimidé. Est-ce que ma faute, ou agissait-il toujours de la sorte. Difficile à dire. Rien de se tenir là lui semblait pénible. Même si ma première idée avait été qu’un pauvre malheur avait voulu s’enfuir avec ma serviette, voilà maintenant que je me ravisais. Les hommes n’étaient pas tous des salauds, non? Et lui, visiblement, semblait loin, bien loin de cette image. « Je voudrais sortir. Tu peux te retourner, s’il te plait? » Oui, parce que bon, ça ne me dérangeais pas de prendre ma douche ou mon bain nue devant les caméras, mais je n’allais pas imposer cette vision à cet homme, visiblement mal à l’ais de ma simple présence. Il s’exécuta dans la seconde, et, m’extirpant de l’eau et de la baignoire, je couvris bien vite mon corps de la serviette que j’avais su récupéré. Serviette qui d’ailleurs, me couvrait aisément du haut de ma poitrine jusqu’à la mi-cuisse, ne montrant que ce qui était acceptable de peau. « Mission accomplit, périmètre sécurisée. » lançais-je à la blague, cherchant, peut-être, à détendre l’atmosphère. Et le dit candidat, par le fait même. Je passais d’ailleurs au côté du candidat, m’avançant vers l’endroit où j’avais déposé mes effets personnels. Une seconde serviette, plus petite, traînait là et je m’en servis pour me sécher les cheveux. Alors que je relevais la tête, je constatais que mon camarade était toujours planté au même endroit. « Tu n’étais surement pas venu pour me reluquer, donc j’imagine que tu avais quelque chose à faire dans cette salle de bain, je me trompe ? Ne te gêne pas pour moi. »

« Merci. » Lui rendre sa serviette : fait. Je ne pouvais désormais plus cacher le fait que j'étais vraiment très, très mal à l'aise dans cette salle de bain à ses côtés. Il fallait dire que la jeune femme était très jolie, et qu'en plus elle était nue... dans la baignoire et sous des bulles, certes, mais tout de même. « Je voudrais sortir. Tu peux te retourner, s’il te plait? » Pas mal de mecs auraient très pu faire mine de se tourner et auraient tenté par tous les moyens de se rincer l'œil par la suite. Moi je n'étais pas comme ça, car j'avais beaucoup trop de respect pour les femmes pour entreprendre ce genre de choses. Je me tournai donc en exécutant un demi-tour sur moi-même, toujours aussi gêné bien sur. Pendant ce temps il me sembla que la belle brune sortit de son bain et enroula sa serviette tout autour d'elle. « Mission accomplit, périmètre sécurisée. » Là, j'aurais pu rire et me retourner... mais non, je n'en fis rien. Car voyez-vous j'étais trop intimidé et préférais encore ne pas être visible. Je devais passer pour un type qui n'avait encore jamais vu une fille nue et pourtant ça n'était pas le cas. La jeune femme finit par passer devant moi pour se saisir d'une seconde serviette qu'elle enroula bientôt tout autour de sa chevelure afin de sécher celle-ci. « Tu n’étais surement pas venu pour me reluquer, donc j’imagine que tu avais quelque chose à faire dans cette salle de bain, je me trompe ? Ne te gêne pas pour moi. » Hum ah oui, pas faux. Je ne m'étais en effet pas rendu dans cette salle de bains pour tenter de voir ce que d'ailleurs je n'avais pas à voir, mais bel et bien pour faire tout autre chose. J'avalai ma salive, avant de lui répondre. « Oui je... je... j'étais venu avec l'idée de me brosser les dents, en fait. Et c'est ce que... ce que je vais faire d'ailleurs. » Je fis donc un pas ou deux pour accéder au lavabo avant de me rendre compte que je n'avais pas pris mon dentifrice. « Putain. Hum, pardon. » Oui il fallait savoir qu'en plus d'être un garçon vachement timide et réservé, j'essayais de dire le moins de grossièretés possible. Et oui, je faisais bel et bien partie d'une espèce d'hommes en voie de disparition. « Tu... tu n'aurais pas du dentifrice par le... le plus grand des hasards ? » demandai-je alors, tout penaud. C'était bien ma veine, ça. Alors que je pensais avoir tout emporté avec moi, il semblait évident que mon dentifrice était resté dans ma chambre... où il n'avait rien à faire d'ailleurs. Mais voilà, je n'aimais pas laisser trainer mes affaires dans une pièce commune, me sentant constamment obligé de ramener tout dans ma chambre après utilisation dans cette salle de bain. Ne cherchez aucune logique, surtout.

Il y avait quelque chose qui clochait avec lui, ou bien c’était moi le problème ? Impossible à dire. Mais tout ce que je sais, c’est que l’homme qui se trouvait dans la pièce avec moi me donnait l’impression de vouloir être n’importe où sauf ici. C’était une évidence toute faite. Les preuves, je les avais toutes sous les yeux. Sa difficulté d’élocution, sa posture, ses gestes. Tout lui en respirait l’inconfort. « Oui je… je… j’étais venu avec l’idée de me brosser les dents, en fait. Et c’est ce que… ce que je vais faire d’ailleurs. » Et alors que je faisais de grands efforts pour enfiler mes sous-vêtements sans découvrir quelconque parcelle de peau supplémentaire, je le vis se diriger vers le lavabo et s’arrêter, avant de lâcher un juron qui me fis oser les sourcils tant il transcendait avec ses précédentes paroles. Disons que je l’imaginais mal tenir de tel propos. « Putain. Hum, pardon. » À croire que lui-même restait surpris par ses propos, car il s’excusa presque aussitôt. J’esquissais un sourire. Il n’était vraiment pas comme les autres. Et ce n’était pas une mauvaise chose en soi. Les hommes timides, polis se faisaient de plus en plus rares, de nos jours. J’en étais rendu au pantalon et à ma camisole quand il daigna finalement se retourner vers moi, et je m’empressais d’enfiler ses deux pièces de vêtements, question de ne pas l’incommoder avec ma nudité partielle. « Tu… tu n’aurais pas du dentifrice par le… le plus grand des hasards ? » me demanda-t-il, piteux. Il en avait de la chance, car effectivement, j’avais apporté tous mes effets personnels avec moi, question de terminer ma toilette matinale en beauté. Mon dentifrice faisait partie du lot. Je lui fis signe d’attendre de la main, avant de plonger l’autre dans mon fourre-tout qui me servait de sac de rangement. Puis, j’en ressortis le tube, que je lançais vers lui. « Attrape! » Hm, je pense qu’il ne s’attendait pas à ça, car le pauvre contenant tomba sur le sol après l’avoir frappé au niveau du torse. Je m’avançais alors, ramassant le précieux dentifrice au passage, et le lui mit directement dans les mains. Comme ça, je m’assurais qu’il se rendait à bon port. « N’oublie pas de me le rendre après… » Et je lui tournais le dos pour retourner là où j’avais laissé mes choses, attrapant la brosse à cheveux. J’allais en avoir besoin pour démêler cette chevelure indomptable. Puis, je reviens sur mes pas, me posant finalement à ses côtés, faisant face au miroir. Je libérais mes cheveux de la serviette qui les couvrait et entreprit – ou du moins, tentait – d’en faire quelque chose de potable. J’évitais d’utiliser un sèche-cheveux : de toute façon, mes cheveux coopéraient toujours plus lorsqu’il était mouillé. Disons que j’avais fait mon deuil de l’appareil.

Je me demandais bien quelle opinion la jeune femme pouvait avoir de moi, sur le moment. Je veux dire, j'étais tout de même vachement mal à l'aise et il me semblait évident qu'elle l'avait remarqué. De plus elle n'avait jamais eu l'occasion de me parler avant, ce qui signifiait que c'était la toute première fois que la belle brune m'entendait hésiter dans mes propos, une sale habitude qui faisait surface à chaque fois que je venais à m'exprimer devant quelqu'un. Qu'elle ne le prenne surtout pas contre elle, elle n'était pas une exception et bon nombre de personnes avaient pu assister à ce bien triste spectacle avant elle. Je savais que ça pouvait surprendre au premier abord, et croyez-moi si j'avais pu éviter de m'exprimer de la sorte, je l'aurais fait. Mais c'était tout bonnement incontrôlable ; je n'y pouvais rien. Une fois la demoiselle habillée, je pus enfin en revenir à ce qui m'avait initialement amené dans cette salle de bains, à savoir ma volonté de me brosser les dents. Mais manque de chance, il se trouva alors que j'avais oublié de prendre avec moi mon dentifrice. Tout gêné bien sur, qui en serait surpris, j'avais demandé à la jeune femme si par le plus grands des hasard, elle n'avait pas du dentifrice à me prêter. « Attrape! » me répondit-elle alors, avant de me lancer d'un coup son tube de dentifrice qu'elle avait probablement sorti d'une trousse de toilette ou de je ne sais quoi d'autre un instant plus tôt. Mais je fus pris par surprise, et du coup le tube tomba à terre, après avoir heurté mon torse. Ah vraiment, c'était un jour sans aujourd'hui. La belle fit alors un pas, ramassa le tube et me le donna en main propre. Là au moins, on était sure qu'il ne s'envolerait pas. « N’oublie pas de me le rendre après… » Je me mis à sourire, avant de bafouiller un mot pourtant tout simple « M... Mer... Merci. » Là, elle se tourna pour se saisir de sa brosse à cheveux, tandis que j'entrepris de dévisser le bouchon du tube de dentifrice. Elle fit ensuite demi-tour pour ne plus se trouver qu'à quelques centimètres de moi, face du miroir et, par conséquent, au lavabo au dessus duquel je préparais ma brosse à dent, déposant le dentifrice sur celle-ci et remplissant ensuite mon verre d'eau. Tout en me brossant les dents, je pus admirer la longue chevelure mouillée de la demoiselle. J'en eu presque envie de passer mes mains dedans, mais vous me connaissez... je me retins, bien sur. Une fois mes dents brossées, je passai ma main devant ma bouche pour essuyer ce qu'il restait du dentifrice, avant de lui tendre le fameux tube qui était le sien et qu'elle m'avait gentiment prêté. « Tiens, et... encore merci. » Une fois qu'elle l'eut saisit, je restai là tourné vers elle à la regarder se brosser les cheveux. Je pris à nouveau la parole. « Je... je peux te poser une question ? » Mince, je venais justement de lui en poser une. Par ailleurs je n'attendis même pas qu'elle me réponde pour passer directement à la véritable question que je souhaitais lui poser. « Si c'est pas trop... indiscret, que fais-tu dans la... vie ? » Difficile de deviner la profession de la demoiselle comme ça, à vue d'œil. Alors plutôt que de commencer à faire des suppositions et hypothèses qui, à coup sur, s'avèreraient plus fausses qu'autre chose, je préférais encore la laisser me répondre et lever le voile sur tout ça.