Sport & découverte.

LUNDI 16 – 7h45, YASMINE

Cela faisait déjà pratiquement deux jours que Cruz était dans cette maison et elle avait commencé à sympathiser, faisant des rencontres parfois étonnantes. Elle partageait sa chambre avec trois personnes vraiment différente et c'était ce côté humain du jeu qui l'avait aussi poussé à s'inscrire, ainsi que la compétition. En faisant le tour de la maison, elle avait découvert une magnifique salle d'entraînement et elle avait failli sauter de joie, c'était tout ce qu'il lui fallait, parce qu'une vie sans du sport ce n'était rien pour elle. C'est donc sans bruit qu'elle s'était lever, avait fait un tour rapide dans la salle de bain pour prendre une petite douche avant de passer un short et un petit maillot. Tenue idéale pour faire quelques exercices, puis personne ne viendrait la déranger à cette heure, le côté matinal ne devait pas faire partie du tempérament de beaucoup. Surtout après un tel week-end. Tout en ouvrant la porte, un sourire se peignit sur son visage et elle se dirigea tout de suite vers le tapis de course afin de voir comment il fonctionnait avant de mettre l'une des petites télés en route afin d'avoir un peu de musique pour se motiver. Tout en grimpant sur l'engin, elle pensa à ses collègues qui allaient certainement suivre l'émission, même son chef lui avait dit qu'il ferait tout son possible afin que tout la supporte dans cette aventure. Elle qui croyait qu'il allait lui refuser sa demande de congé, cela lui avait vraiment fait plaisir. À petites foulées, Cruz commença à courir tout en sentant les quelques tensions de son corps la quitter... Ça allait être une belle aventure.

Matinale, moi ? Toujours. Depuis l’armée, j’étais incapable de faire la grasse matinée. Enfin, quelques fois peut-être, mais le moins souvent possible. Je me sentais trop coupable par la suite (ce qui est idiot, en soi, mais passons) pour pleinement profiter de ce privilège que je m’octroyais. Depuis sept heures, mes yeux s’étaient grands ouverts et fixaient le plafond au dessus de ma tête. Je tournais et me retournais sans cesse dans mon lit, et lorsque mon voisin de lit émit un léger grognement de mécontentement, je décidais que je devais me lever. Et quoi de mieux que de commencer cette journée par un peu d’entraînement. J’hésitais d’ailleurs à aller courir dehors, mais lorsque, j’aperçu quelqu’un, au bout du couloir, pénétré dans la salle d’entraînement, je décidais qu’un peu de compagnies ne me ferait pas de tord. Les gens matinaux étant une denrée rare dans les environs, il fallait bien se supporter, non ? Je passais par le dressing pour récupérer ma tenue de sport, filait dans la salle de bain pour me préparer, puis me rendit finalement dans la salle. L’autre candidate qui s’y trouvait déjà avait décidé de commencer son entrainement par le tapis de course. Pour ma part, je décidais de me rendre vers le vélo stationnaire. Attrapant une bouteille d’eau et une serviette au passage, je m’installais finalement sur la machine, voisine de la jeune femme, lui offrant un sourire en guise de salutation. « Je ne suis pas la seule au monde qui daigne se lever à l’aurore pour s’entraîner… je considère presque ça comme un miracle! » ne puis-je m’empêcher de lui dire en m'installant sur le vélo. Qui aurait cru que c’était possible d’ailleurs. La plupart des salles de gym que je fréquentais, tôt en matinée, étaient pratiquement vides. Que des habitués, toujours les mêmes. Ici, je ne connaissais personne. Je me serais contenté de faire cavalier seul, vous savez. Mais savoir qu’une autre personne partageait ce besoin de maintenir sa forme me faisait forcément plaisir.

Cruz ne pouvait pas cacher qu'elle avait été surprise quand elle avait vu quelqu'un entrer peu de temps après elle dans la salle d'entraînement, elle croyait que personne n'allait émerger avant un petit moment. De plus c'était une femme, donc elle n'était pas l'une des seules à penser que c'était une chose normale de se lever tôt, même après avoir eu deux jours assez mouvementés. Puis elle avait l'air plutôt sympathique à première vue, puis c'était toujours une bonne chose d'avoir un peu de compagnie. « Je ne suis pas la seule au monde qui daigne se lever à l’aurore pour s’entraîner… je considère presque ça comme un miracle! » Tout en continuant à courir, un petit rire passa ses lèvres et elle hocha positivement la tête en entendant les mots. C'était vrai, cela allait vraiment être rare de voir quelqu'un se lever aussi tôt qu'elles ici, puis cela pouvait aussi sembler étrange que ce soit deux jeunes femmes qui sont prises d'assaut cette pièce. « Je croyais être la seule debout, je peux pas commencer ma journée sans un peu d'entraînement... La faute au boulot. Moi c'est Cruz. » Elle lui tendit la main avec un sourire sans toutefois arrêter sa course, cela lui faisait du bien de discuter avec quelqu'un, surtout une personne ne qui n'avait l'air d'avoir la même manière de vivre qu'elle. Puis il était clair que maintenir une bonne condition physique avait l'air dans ses habitudes, chose qu'elle prônait elle-même, une vie sans sport était tout bonnement inconcevable. « Je préfère profiter de l'endroit tant que les garçons ne l'ont pas pris d'assaut, je crois bien qu'ils vont essayer de nous émerveiller avec leurs muscles... Ils penseront peut-être que cela nous mettra plus facilement en sécurité. »

Je comprendrais la surprise qui se lisait sur son visage, car dans une même situation, j’aurais probablement eu la même réaction. En rien, ça n’avait une signification négative. D’ailleurs, j’ai plutôt tendance à croire que c’était l’inverse. Je l’entends même rire alors que je laisse entendre un commentaire. Elle semble être de mon avis. Tant mieux. M’installant sur le vélo, je commence ma routine d’entraînement, fixant mon objectif à trente minutes, top chrono. Je me concentre sur ce qui se trouve devant moi – à savoir, rien – lorsque la voix de ma voisine retentit dans la pièce. Je tourne donc la tête vers elle, sans m’arrêter. « Je croyais être la seule debout, je peux pas commencer ma journée sans un peu d’entraînement… La faute au boulot. » J’esquissais un sourire face à cette remarque, me reconnaissant parfaitement dans ses propos. « On est deux. » lui fis-je même savoir. « Moi c’est Cruz. » se présenta-t-elle finalement, me tendant la main tout en continuant sa course. Je relâchais l’emprise que j’avais sur le guidon du vélo stationnaire pour tendre ma main à mon tour, allant serrer la sienne. « Yasmine. » Je comptais bien me rappeler de son visage, à cette demoiselle. Si mes séances d’entraînement pouvaient au moins se faire en bonne compagnie, c’était déjà ça de gagner. « Je préfère profiter de l’endroit tant que les garçons ne l’ont pas pris d’assaut, je crois bien qu’ils vont essayer de nous émerveiller avec leurs muscles… Ils penseront peut-être que cela nous mettra plus facilement en sécurité. » Impossible de ne pas éclater de rire face à sa remarque, et ce n’est pas parce que je me moque d’elle, au contraire. Seulement le ridicule de ce qu’elle me décrit est tout à fait plausible : les mecs chercheront à nous impressionner, à nous séduire. Forcément, mettre leurs corps en valeur est l’une de leur tactique. Il est vrai que c’est un bien bel atout qu’ils ont là. Mais pour moi, c’est loin d’être suffisant. « Je n’ai vraiment pas besoin d’un homme pour me sentir en sécurité… je pense même que je me défends mieux que certains d’entre eux. Qu’il me provoque, pour voir! » laissais-je même entendre sur un ton moqueur, mais confiant. Je connaissais ma force, je ne bluffais pas. Ou peut-être un peu. Face à un homme musclé qui faisait le triple de ma grandeur, pas certaine que j’en ressorte vainqueur. Mais s’il était plus ou moins mon égal en poids et en masse, alors là, disons que j’avais peut-être mes chances. « Tu fais quoi, comme métier, si c'est pas indiscret? » Un métier physique, forcément, mais lequel ? Je l’ignorais.

La discussion venait tout juste de commencer, mais Cruz pouvait dire qu'elle appréciait la jeune femme avec qui elle pouvait parler tranquillement, sans avoir à faire attention à ce qu'elle pouvait dire. Puis elles avaient l'air sur la même longueur d'onde. « Je n’ai vraiment pas besoin d’un homme pour me sentir en sécurité… je pense même que je me défends mieux que certains d’entre eux. Qu’il me provoque, pour voir! » Un sourire sur les lèvres, elle acquiesça en entendant les mots de sa camarade de sport, elle avait toujours le même genre de penser et cela depuis son plus jeune âge. Alors que toutes les petites filles voulaient faire de la danse, elle rêvait de faire du judo et il avait fallu toute sa volonté pour que sa mère finisse par accepter. C'est peut-être ce qui lui avait donné envie de montrer qu'elle pouvait se débrouiller seule, même s'il y avait eu quelques mecs qui avaient eu beaucoup de mal à la comprendre. « Je suis tout à fait d'accord avec toi, parfois je me sens plus en sécurité seule avec moi-même plutôt qu'en compagnie d'un mec qui se prend pour Rambo. » Puis il fallait avouer qu'elle en avait de drôle de gars depuis son entrée dans la police, surtout que le quartier dans lequel elle bossait était loin d'être le plus facile de Bâton Rouge. Avec son métier de flic, il ne valait mieux qu'on sache dès le début que vous n'étiez pas une lâche et ce qu'elle avait fait. Quand Yasmine lui posa la question sur son métier, un grand sourire vint sur ses lèvres, c'était une fierté de faire ce boulot, même si pour beaucoup ce n'était pas le cas. « Je suis flic, je sais on ne dirait pas, mais cela a été ma vocation et depuis mon plus jeune âge j'ai su que je voulais bosser dans cette branche. Et toi ? Si tu veux en parler bien entendu. » Cruz n'était pas du genre à pousser les gens à parler en dehors d'une salle d'interrogatoire, alors si la jeune femme ne voulait pas le lui dire, elle ne lui en tiendrait vraiment pas rigueur. En tout cas avec un petit rire dans la voix elle ne put s'empêcher de rajouter une phrase. « En tout cas, rien qu'en te voyant là avec moi, je suis sur que tu ne fais pas un boulot qui est conventionnel pour une femme, je me trompe ? »

« Je suis tout à fait d’accord avec toi, parfois, je me sens plus en sécurité seule avec moi-même plutôt qu’en compagnie d’un mec qui se prend pour Rambo. » Je rigole, parce que je comprends où elle veut en venir. Je me souviens de mes ex, de ces hommes virils, musclés, forts et fiers de l’être. Du moins, c’est ce qu’ils prétendent être, mais pour la plupart, ce n’est qu’apparence. Qu’une image forgée de toute pièce. Ils n’avaient rien à envier. Le jour où je m’étais fait voler mon sac à main, j’avais dû moi-même courir après le fautif, c’est pour ainsi dire. « On est jamais mieux servis que par soi-même. » lançais-je comme ça, avant de laisser entendre un léger rire. J’attrapais ma bouteille d’eau, buvant de longues gorgées du liquide froid – voir même glacé – alors que Cruz répondait à ma question. « Je suis flic, je sais on ne dirait pas, mais cela a été ma vocation et depuis mon plus jeune âge, j’ai su que je voulais bosser dans cette branche. Et toi ? Si tu veux en parler bien entendu. » Je n’étais pas choqué d’apprendre son métier : il y avait longtemps que j’avais cessé de me fier à l’apparence d’une personne pour en connaître son travail. L’habit ne fait pas le moine, n’est-ce pas ce qu’on dit. La question me fut retournée, et j’acquiesçais d’un signe de tête : je n’avais rien à cacher. « En tout cas, rien qu’en te voyant là avec moi, je suis sûr que tu ne fais pas un boulot qui est conventionnel pour une femme, je me trompe ? » Un large sourire vient étirée mon visage. Tout ça car elle a parfaitement raison à mon sujet. On se trompe souvent sur mon compte, croyant à tort que derrière mon allure des plus féminines ne se cache rien d’autres qu’une jeune femme douce et calme. Ils ont tous tort de se fier aux apparences, les pauvres. « Je me suis enrôlée à l’âge de dix-sept ans dans les US Marines, j’ai fait mon service militaire avec eux, tout comme mon père et mes frères l’avaient fait avant moi. Pendant un peu plus de sept ans, j’ai servi mon pays, avant de décider de rendre les armes. » commençais-je, racontant un bout de mon histoire personnel afin de lui faire comprendre que sa vocation s’apparentait presque à mon désir de suivre les traces de mes aînés. « Et depuis quelques années, je suis au service de la Maison Blanche, je m’occupe de la sécurité du président et de ses proches. Je suis… assez fière d’en être rendu-là. » Je ne voulais pas me venter ou quoique ce soit. Au contraire, j’étais assez humble à ce sujet. Seulement, ce travail comptait tellement à mes yeux. Je l’adorais. Il me manquait, d’ailleurs. « Mais bon, j’ai été blessée lors d’une intervention, on m’a mis en arrêt forcé le temps que je me rétablisse. J’ai demandé à prolonger mon congé. Pour prendre des vacances, ce que je n’ai jamais vraiment fait depuis belle lurette. » Par chance, j’avais un excellent cardio. Sinon, il est certain que j’en aurais perdu mon souffle d’autant parlé.

« On est jamais mieux servis que par soi-même. » Cruz ne pouvait pas le cacher, elle appréciait de plus en plus cette jeune femme, même si elles étaient cataloguées comme concurrentes par la plupart des téléspectateurs. De toute façon, avant de voir cela comme un jeune, elle voyait surtout cela comme une aventure humaine. « Alleluia, je m'incline devant ce que tu viens de dire. » Elle essaya de faire le geste, mais capitula au bout de la seconde fois, après tout sur un tapis de course c'était loin d'être l'idéal. Mais bon, rien ne tente d'essayer. Puis cela faisait du bien de discuter un peu d'autre chose que des garçons, même si là, elles avaient un peu dérapé sur le sujet. Donc elle lui parla rapidement de son boulot, du fait que c'était un rêve de gamine, ce qui n'était pas au goût de tout le monde. Il fallait avouer que sa famille attendait autre chose d'elle, peut-être qu'elle devienne infirmière ou un truc du genre. Un métier ou le danger était minime, même si ça ne devait pas toujours être une partie de plaisir de travailler dans un hôpital. « Je me suis enrôlée à l’âge de dix-sept ans dans les US Marines, j’ai fait mon service militaire avec eux, tout comme mon père et mes frères l’avaient fait avant moi. Pendant un peu plus de sept ans, j’ai servi mon pays, avant de décider de rendre les armes. » Le sourire de Cruz augmenta, elle ne s'était pas trompé sur son compte, elles avaient plus de points en commun qu'elle ne l'aurait cru, même si Yasmine avait été jusqu'à s'engager. Elle-même l'avait envisagé, mais n'avait pas eu le courage d'avoir une énième engueulade avec sa mère. L'écoutant attentivement, son estime augmenta quand elle comprit qu'elle avait en face d'elle l'une des personnes qui prenaient soin de la sécurité du Président des États-Unis, c'était tout bonnement incroyable. Qui aurait pu croire qu'elle croiserait le chemin de quelqu'un qui avait pu avoir un lien quelconque avec une personne aussi importante, mondialement connu. « Mon Dieu, tu as vraiment raison d'être fière de toi... Qu'est-ce que je ne donnerais pas pour sortir du commissariat dans lequel je bosse ? Ce n'est pas que je mal là-bas, l'ambiance est bonne, mais mon rêve est d'entrer un jour au F.B.I. Complètement dingue, mais bon je ne désespère pas... Sinon, Obama, il est comment en vrai ? » C'était une question complètement idiote, mais elle n'avait pas pu s'empêcher de la poser, après tout ce n'était pas tous les jours qu'elle pourrait la poser. « Sauf si c'est secret défense, je comprendrais que tu ne puisses pas en parler. »