i write sins not tragedies (23/04, 15h47)

w/ lust.

Putain. Putain. Putain. Il était maudit. Ouais, maudit. C'était la seule explication. Sinon, pourquoi chaque putain de briquet à la con qu'il essayait de faire marcher semblait soudainement refuser de fonctionner dès qu'il voulait s'allumer une clope ? Ou c'était juste la loi de la frustration universelle. Et dans dix minutes, quand il aurait enfin réussit à soulager son envie, pire, son besoin, de tabac, il actionnerait à nouveau le mécanisme du briquet, et la flamme se montrerait sans rechigner. C'était toujours comme ça. Comme si le monde entier se liguait contre Benjamin dans le seul but de le faire sortir de ses gonds. Comme s'il avait besoin de ça. Comme s'il n'était pas déjà assez à la limite de l'explosion constante. En attendant, pour se calmer, il déambulait dans but dans le chalet, craquant à tout va toutes les articulations possibles et imaginables de son corps. Il avait beau agiter le bouton de sa veste en jean depuis une heure, rien à faire. La magie n'opérait pas. Il avait trop besoin de nicotine. Alors finalement, il avait à moitié agressé cette fille là, Luhann, pour qu'elle daigne lui allumer sa sèche. Libération. Presque. Sa colère était toujours là, quelque part, sous-jacente. Il fallait juste qu'il retrouve le bracelet de Cléo, qui le calmait avec une étonnante facilité. Sauf qu'il ne le trouvait plus. La pauvre. Il fallait qu'il remette la main dessus pour le lui rendre, tout de même. Mais là, présentement, il s'en cognait pas mal de son bracelet et de Cléo aussi. Passant la porte du chalet, il se traîna jusqu'à la pergola. Il y avait déjà quelqu'un, qui se tenait là. Il reconnut Lust, qui avait tourné la tête. « Fais comme si j'étais pas là » grogna-t-il. Il était pas d'humeur. Franchement pas d'humeur. S'asseyant sur le canapé, face au parc, il appuya ses coudes sur ses genoux et grilla sa sèche en silence.

Cigarette terminée. Pas la foi de bouger. Flemme. Ouais. Et puis, bouger pour aller où, aussi ? Au moins, elle est seule, pour l’instant ici. Et on est pas si mal non plus. Remarquez, je vous défis de trouver un seul endroit dans ce chalet où on peut se sentir mal. Impossible. Tout est bien trop beau, luxieux. Envie d’une seconde clope aussi. Sa dépendance pour la nicotine l’avait un peu quittée, avant de venir dans ce jeu. Elle va sans doute en souffrir à sa sortie tiens. L’ennui, c’est que Lust n’a jamais de clope, ni dans sa vie réelle à l’extérieur, ni dans le jeu. Non, elle, elle taxe. Toujours. Elle a taxé sa clope d’il y a dix minutes à une nana foutrement généreuse. Ce qui est bien, c’est qu’ici, les candidats sont gentils. Ils donnent lorsqu’on demande. Parfois, ils proposent eux-mêmes avant qu’on ait le temps d’en quémander une. Putain de paradis, cet endroit, faut croire. La porte s’ouvre, Lust tourne la tête. Le type aux cheveux bleus, Benjamin. Ouais, elle a finalement réussi à retenir un nom. Remarquez, l’inverse serait un peu triste puisqu’ils partagent la même chambre. Il grogne déjà. On dit, après ça, que c’est Lust qu’est insupportable, et qu’elle donne une mauvaise impression. Excusez-moi, mais ce type-là n’est pas mal non plus pour ça. Sourire amusé aux coins des lèvres. Espérons pour lui que sa coloration n’est pas permanente. Dieu sait qu’il a l’air ridicule comme ça. « File-moi une clope. » qu’elle dit. Peu importe sa mauvaise humeur, au gars. Ton un peu sec et regard insistant. Qu’il lui file sa clope. Qu’il n’fasse pas chier. Tout le monde sera content.

L'endroit est paisible. Ça l'empêche pas d'avoir envie de tuer, le Benjamin. Faut croire que la tranquillité, ça le fout en rogne. Plutôt con, et plutôt dommage. Le contraire aurait été préférable, vu son mauvais caractère. Ou sa folie, puisque certains s'entêtaient à le classer parmi les fous. Le genre de truc dont il se cognait pas mal. Il avait peut-être un grain, ou une case en moins, ou peut-être qu'il était juste chiant. Et alors ? Bref, là, il avait juste envie qu'on lui foute la paix. Ses sourcils, froncés par-dessus un regard hiératique, lui donnaient l'air préoccupé. Un peu en colère, et morose aussi. Impossible de ne pas deviner qu'il n'avait pas particulièrement envie de faire la conversation avec quelqu'un, donc. D'autant plus que Lust n'était pas exactement la personne qu'il préférait ici. On ne pouvait même pas dire qu'il ne l'aimait pas, non. C'était juste que dans le genre désagréable, elle était encore pire que lui dans ses mauvais jours. Et comme ils semblaient tous les deux dans leurs mauvais jours chaque fois qu'ils se croisaient, disons que leurs échanges n'étaient jamais plein de douceur et d'amitié. Par exemple, là. Une clope ? D'où il allait lui filer une clope ? J'veux dire, à quelqu'un qu'il appréciait, pas de problèmes, mais elle ? « Va te f... » Il s'interrompit, soupira. Il l'aurait volontiers envoyer chier, ouais. C'était pas l'envie qui manquait, et dieu sait que ça lui démangeait les lèvres. Mais bon. Pas la peine de rendre l'ambiance encore plus tendue. Il amena sa sèche jusqu'à ses lèvres, tira un long coup, avant d'abandonner son bien à sa bouche, les mains dans la poche arrière de son pantalon. Sortant une cigarette de son paquet, il la lui lança. Si elle ne la rattrapait pas, elle pouvait bien rêver pour qu'il lui en file une autre. Ah ! Fallait pas qu'elle se mette à abuser de sa générosité, aussi. « Démerdes-toi pour l'allumer, j'ai pas de feu. » C'était vrai. Et bizarrement, son ton avait changé, passant d'un air agressif, à la voix mû d'une indifférence totale, voire presque de tranquillité passagère. Faut croire que la clope lui faisait, du bien, à défaut de ne pas avoir de chewing-gum. Finalement, il ferma les yeux, et se laissa tomber sur le dos, en travers du canapé, mains dans la nuque, sèche à la bouche.

Un sourire amusé se dessine sur le visage de Lust. Il ne l’envoie pas promener, malgré son début de phrase. Et son envie de le faire. Remarquez, peu importe sa réponse, elle l’aurait eu sa clope, quitte à lui arracher du bec. Un côté capricieuse, la nana. Quand elle veut un truc, elle l’obtient. Peu importe les moyens. Même si c’est stupide, remarquez. Il lui lance donc une cigarette qu’elle rattrape et qu’elle place directement entre ses dents, marmonnant un « merci », tout de même reconnaissante. Et puis, monsieur lui dit qu’il n’a pas de feu. La blague. Il est sérieux, le pire. Branleur. « Putain ce que tu fais chier parfois. » ouais, bonnes manières encore à revoir hein. Il ferme les yeux. Hors de question de courir dans tout le chalet pour trouver un briquet qui fonctionne. Hors de question de lui rendre la clope. Et, bien entendu, hors de question de garder la cigarette pour « plus tard ». Dernière solution. Ouais. Elle se penche sur lui pour finalement lui extirper sa cigarette d’entre ses lippes, un peu sèchement. « T’emballes pas chéri, je te la rends tout de suite. » qu’elle sort avant qu’il n’ait le temps de répliquer. Elle allume sa clope grâce à la sienne qu’elle lui rend par la suite. Lust tire une longue taffe. « Alors, qu’est-ce qui se passe pour que monsieur fasse la tronche aujourd’hui ? » qu’elle demande en recrachant sa fumée. Non pas qu’elle s’en soucie vraiment, mais bon.

Elle raconte quoi, Lust ? Hm? Sais pas? Elle marmonne mais Benjamin ne l'écoute pas. Il est super concentré sur sa clope, pas le temps de prêter attention à ses jérémiades. De toute façon, elle devait être en train de râler, ou de le critiquer, ou un truc d'approchant. Elle avait un don pour la moquerie, cette gosse. Limite, elle était plus agréable que lui, des fois. Elle se contentait d'être cynique et moqueuse. Il était juste très con, lorsqu'il s'y mettait. Au moins, c'était pas permanent. Bref, il a les yeux fermés. Il fait plus attention à Lust. Elle est toujours là? Possible. Il en a la confirmation lorsqu'il sent sa délivrance lui échapper brusquement des lèvres, le faisant ouvrir les paupières dans la seconde. Prêt à lui gueuler dessus - parce que ouais, madame s'est donné la permission de lui taxer sa clope sans rien dire - il se tait, finalement. Ouais, il s'emballe pas. Il s'emballe pas du tout. Il la regarde juste s'allumer son bâton avec indifférence, en réalité. Aussitôt qu'il la récupère, il se repositionne comme avant. Sur le dos. Posé. Et la voilà qui reprend la parole. Elle est pas censée être le genre à pas forcer la conversation, et mieux encore, à vous nexter sans tact quand vous faites mine de vouloir lui parler ? « Genre t'en as quelque chose à foutre » qu'il baragouine, la sèche entre les lèvres. Elle allait pas lui faire croire le contraire, non, s'il y avait bien un truc qu'il avait pigé sur elle, c'était que c'était exactement le genre de trucs dont elle n'avait rien à foutre. « Je tire pas la gueule » grogna-t-il à nouveau. L'improbabilité de ses paroles, compte tenu de sa mine et de son ton, le fit presque éclater de rire. « Putain, paie la crédibilité » qu'il fait, plus pour lui-même que pour sa voisine. Cela dit, elle devait avoir pensé quelque chose de la même veine, alors c'était pas tellement utile qu'il lui balance en plus un commentaire inutile. « Nan, c'est vrai. Contrairement à toi, chérie, sans doute, je suis désagréable, colérique et teigneux parce que c'est fiché dans mon ADN, tu vois. » Ton ironique, assez démonstratif de son manque total d'envie de s'aventurer plus sur ce sujet. Et toi, alors, gamine? Pourquoi t'es chiante, comme ça?

Faîtes des efforts pour vous intéresser aux autres, on vous le rend bien. Sérieux, hein. On lui dit qu’elle devrait faire des efforts et tout. Lust, pas contraignante, elle essaye (enfin, ouais, comme elle peut hein). Certes, dans le seul but de n’pas finir trop rapidement à la porte du chalet, mais bon. Elle essaye quand même de faire un effort, ouais. « Si, si je t’assure, ta vie m’intéresse énormément. » qu’elle réplique, rictus collé aux lèvres. Il n’a pas tort, elle s’en moque, en fait. Remarquez, qui s’en soucie ? Soyons honnête, les gens n’ont généralement rien à faire des ennuis des autres. Trop occupé par leur propre vie, on va dire. Nature humaine. Les gens qui ont l’air de s’intéresser à vous mentent. Ils cherchent sans doute à y tirer un quelconque bénéfice. Quoi qu’il arrive, même avec un petit effort, Lust, elle décrocherait probablement tôt ou tard, si elle devait véritablement écouter les paroles d’une personne débitant sa vie de A à Z. Elle a du mal à rester concentrée suffisamment longtemps lorsqu’elle n’est pas intéressée, malgré ses « bonnes » volontés. Benjamin affirme ensuite qu’il n’tire pas la tronche. Ce qui décroche un petit ricanement de la part de Lust. Il a plutôt l’air d’un enfant qui boude qu’autre chose, vous savez. Lui-même avoue qu’il n’est absolument pas crédible dans le genre. Pendant que l’autre l’ouvre, Lust tire une taffe un peu longue sur sa clope. Elle laisse vaguer son regard au dehors de la pièce. Il pleut. La semaine même semble ennuyeuse à mourir. Lorsqu’elle reporte son attention sur le candidat, il a terminé de parler. Hm, ouais, il est désagréable de nature, d’après ce qu’il vient de dire. Contrairement à Lust. Mouais. Au fond, on ne peut pas dire qu’elle ait une quelconque raison pour tirer la tronche non plus. Au contraire, elle est logée/nourrie dans un chalet, y’a de quoi se réjouir. « Et ta stupidité, elle était déjà fichée dans ton ADN elle aussi ? » Sourire mutin aux lèvres. « Tu sais, celle qui t’as poussé à te faire cette teinture qui te donne l’air d’un con. »

désolée, vraiment désolée du retard