milo.

À regarder l’air triste du ciel gris qui s’étendait à perte de vue depuis la fenêtre de ma chambre, mon envie d’aller ‘jouer dehors’ était partie en fumée. La pluie, le vent, le froid ne m’avait jamais vraiment attiré. Je préférais les chaleurs torrides et le soleil qui nous brûlait la peau à ça. Vivement que l’été arrive, songeais-je en soupirant. Je comptais me réfugier dans la salle de cinéma, question d’oublier le mauvais temps en regardant quelques films, quand je croisais Milo dans le couloir, en sortant de la chambre, vêtu de son maillot et munit d’une serviette. Me doutant qu’il n’allait pas braver la froideur pour se rendre jusqu’au fond du jardin ou se trouvait le jacuzzi, j’en déduisis qu’il souhaitait se rendre à la piscine. Rien que de songer à l’eau chaude et réconfortante de celle-ci suffit presque à me faire changer d’idées. « Je peux me joindre à toi? » demandais-je à mon partenaire de chambre. Pas de refus de sa part, tant mieux. « Laisse-moi le temps d’aller me changer, et j’arrive. » Je le laissais filer jusqu’à la piscine alors que je partais récupérer mon maillot au dressing, ainsi qu’une serviette à la salle de bain. Près de cinq minutes plus tard, j’étais fin prête à rejoindre mon camarade, et c’est ce que je fis. Monsieur avait déjà pris possession de l’eau, mais je n’allais pas m’offusquer pour si peu, quand même. Déposant mes effets sur l’un des transats, je récupérais l’élastique à cheveux que j’avais au poignet et attachais mes cheveux alors que mon regard se portait sur Milo, qui semblait tout à fait à l’aise dans l’eau, tel un poisson. J’esquissais un léger sourire avant de finalement m’approcher du bord, de me positionner et de plonger. Plus d’hésitation de ma part : je savais que cette piscine était chauffée. Je n’avais plus aucune raison pour retarder mon entrée dans l’eau. Je ressortis des profondeurs jusqu’au côté du candidat, l’éclaboussant au passage, par la force des choses. « Oh, désolé! » fis-je, par politesse, avant de me rendre compte que c’était absurde, puisqu’il était déjà mouillé de toute façon. Je ne pus m’empêcher de laisser entendre un léger rire qu’il ne dut pas vraiment comprendre. Peut-être croirait-il que je me moquais de lui. À tort, évidemment.

Le temps dehors faisait grise mine. Pluie, vent, parfois grêle me semblait il... C'était vraiment pas de bol. Voilà quelques jours que c'était ainsi. Merde, j'espérais que ça allait s'améliorer très bientôt. En tout cas, ce n'était pas ça qui allait influer sur mon humeur. Temps maussade ne signifiait pas humeur maussade. Oh non. Et puis ce n'était pas parce qu'on ne pouvait pas profiter de l'extérieur qu'on allait pleurer. Ce chalet était très grand et proposait diverses activités différentes. Pour ma part, j'avais décidé d'aller faire un tour du côté de la piscine. Il fallait bien entretenir ce corps musclé n'est ce pas ? Mon maillot enfilé, ma serviette sur l'épaule, je me rendais donc aux sous sols. Sur le chemin, je croisais Yasmine, qui décida de m'imiter. Ah, je savais que j'inspirais les foules. Évidemment je n'allais pas refuser sa présence. Il faudrait être fou non ? Pendant que mademoiselle allait se changer, je continuai mon chemin et arrivai à destination. Je n'allais pas l'attendre sagement sur le bord, ça serait ridicule. On était pas à table, où il fallait attendre que tout le monde soit là pour commencer. Alors ni une ni deux, j'effectuai une magnifique bombe dans l'eau. Dommage qu'il n'y ai pas eu de public pour voir ce magnifique saut. Je barbotai ensuite tranquillement dans l'eau, lorsque ma charmante colocataire refit son apparition. Le temps qu'elle me rejoigne, je pus à loisir apprécier la plastique de la demoiselle. Il n y avait pas à dire, il n y avait que des canons dans cette émission. Enfin si on excluait ma personne du lot cela va sans dire. Elle pénétra dans l'eau avec clairement plus de grâce que moi. Lorsqu'elle remonta à la surface tout près de moi, elle m'arrosa au passage. Et s'en excusa. S'ensuivit un léger rire. Ouais ouais ouais, j'avais vu clair dans son jeu. Elle l'avait fait exprès oui !  « Oh mais tu peux l'être, tu viens de déchaîner les enfers ! » Oui rien que ça. Trembles, ma cocotte ! Et là, pour mettre à exécution mes paroles, une tornade d'eau s'abattit sur la jeune femme. Enfin tornade...juste moi qui envoyait tout ce que je pouvais. Pas sur qu'elle apprécie vraiment cette soudaine attaque. Rho et puis, en venant avec moi dans l'eau, il fallait bien s'y attendre. Tout le monde avait pu maintenant constater que les gamineries et moi étions très proches. Finalement je m'arrêtai. Faudrait qu'elle puisse respirer quand même non ? Ce que je suis gentil. Je pris une mine faussement désolée.  « Oh désolé, je n'ai pas fais exprès. Vraiment, je suis confus. »

J’aurais dû me douter que ce petit éclat de rire, tout juste après mes maigres excuses, allait à l’encontre de ce que je venais de dire. Qu’il prendrait le tout au premier degré et que j’allais en écoper pour la suite des choses. Je ne me trompais pas. Je vis son visage s’illuminer d’une lueur que j’aurai dû craindre. Il préparait un sale coup, pour sûr. « Oh mais tu peux l’être, tu viens de déchaîner les enfers ! » me lâcha-t-il, et j’eus à peine le temps de faire un mouvement de recul qu’il commença à déferler sur moi des vagues d’eau en continu. Il n’y allait pas de main morte. Au contraire. Je faillis presque m’y noyer une ou deux fois, tant le flot de liquide qui parvenait jusqu’à mon visage était puissant. J’avais beau m’éloigner, il me poursuivait, le salaud ! C’est injuste ! J’étais en train de tousser, ayant prit un bouillon dans toute cette histoire, lorsqu’il s’arrêta, finalement. J’avais eu de l’eau dans le nez et la bouche et ce n’était, en rien, agréable. « Oh désolé, je n’ai pas fais exprès. Vraiment, je suis confus. » fit-il hypocritement et je lui lançais un regard noir, incapable de parler pour l’instant, ma gorge enroué par la toux qui m’avait assailli, alors que je risquais de m’étouffer sous sa vague d’eau. Je réussi néanmoins à prendre la parole. « Je te déteste. » furent mes seuls mots. Là, tout de suite, oui, je le détestais. Mais c’était une haine purement amical, voyez-vous. Et motivez par mon seul désir de vengeance, rien d’autres. Mais ça attendrait. Pour l’instant, lui tournant le dos, je me dirigeais vers le bord de la piscine, et grimpait m’y installer, attrapant au passage ma serviette non loin, dont je me servis pour essuyer mon visage. Une fois fait, je déposais la serviette là où je l'avais prise, et retournais mon attention sur Milo. « T’as quel âge au fait, quinze ans ? » lui demandais-je, d’un ton détaché. Vu son attitude, je l’imaginais mal passer la trentaine, mais il faut croire que je me trompais sur toute la ligne.

Yasmine me lança un regard noir, à en vous faire glacer le dos. Rhoo apparemment elle n'avait pas apprécié. Quelle rabat joie. « Je te déteste. » Qu'elle me lance même ! Comment osait elle ? Personne ne pouvait me détester, ce n'était pas vrai. Je savais bien qu'elle m'aimait dans le fond, il ne pouvait en être autrement. J'étais trop adorable pour ça.  « C'est même pas vrai d'abord ! » dis je dans une moue boudeuse, tel un gamin. Hein que c'était pas vrai ? Elle décida même de me fuir, sortant du bassin, alors que ça faisait genre que deux minutes qu'elle y était. Snif. « T’as quel âge au fait, quinze ans ? » Ooooooooh quelle pique.  « Neuf ans ! Bientôt dix dans deux mois » répondis je tout fier. J'avais parfaitement conscience d'avoir parfois – souvent d'accord – l'âge mental d'un gosse. Mais ne croyez pas hein, je savais aussi être sérieux. Oui oui oui c'était possible. Seulement ici ce n'était pas un bon contexte pour ça, au contraire ça exacerbait plus mon côté immature, déjà bien présent à la base.  « Et toi t'en as combien ? 50 ? » Ouais parce qu'elle pourrait se dérider non ? Tss.  « Allez boude pas, je suis désolé » dis je en lui faisant une petite moue adorable. Face à ça, elle était obligé de craquer ! Personne n'y résistait, non personne.  «S'iiiiiiiiil te plaît. Je serais sage. »