FT YASMINE

Malgré la pluie, Dylan préféra passer sa soirée dehors, sous la pergola. Oh non, ce n'était même pas pour fumer puisqu'il ne fumait pas, simplement pour s'imprégnait de l'ambiance. A vrai dire, il aimait beaucoup la pluie. Enveloppé dans une grosse couette, il resta un moment seul. Puis lentement, sans qu'il ne s'en rende compte, ses paupières furent de plus en plus lourdes et il sombra dans le sommeil. Il se sentait plutôt bien, sur le canapé dehors, le dos au dossier, les jambes tendues. Il était légèrement incliné, une position propice au sommeil. Mais même s'il se sentait bien, il risquait fort de tomber malade malgré sa grosse couverture. Faut dire que le jeune homme était en simple tee-shirt en dessous, puisqu'il n'avait pas prémédité de dormir ici. Il aurait pu, connaissant le partenaire de lit qu'il se tapait mais non, il n'était pas à ce point désagréable. Personne ne soupçonnerait son caractère de cochon, capricieux et moqueur derrière cette bouille attendrissante. Il semblait si paisible alors qu'il était une bombe à retardement, pouvant exploser à n'importe quel moment. Les candidats n'ont pas assisté à une de ses colères pour l'instant, heureusement pour eux. Pour l'instant en tout cas. Lorsqu'il dormait, Dylan était tout autre, la personne qui arriva pouvait s'en rendre compte, à moins qu'elle ne connaisse pas suffisamment le candidat pour le moment. Mais même, elle avait surement eu écho de son caractère bien trempé.

Il est près de minuit, mais je n’arrivais toujours pas à dormir. Je tournais et me retournais dans le lit, et je cru même entendre grogner mon voisin à mes côtés : disons que je n’avais pas pour habitude d’être aussi agité, ce qui devait le déranger, assurément. Soupirant, je décidais de me relever. Pour faire quoi ? Aucune idée. Je chaussais mes pieds d’une paire de pantoufle bien chaude – le plancher de marbre me faisait mourir à chaque fois – puis posais sur mes épaules une couverture de laine que je récupérais dans le dressing, couvrant ainsi mon pyjama. Je déambulais dans le chalet sans trop savoir quoi faire de ma peau. Je sentais la fatigue dans toutes les parcelles de mon corps, mais mon cerveau, lui, semblait en ébullition. Ça me saoulait d’être incapable de sombrer, car ce n’était pas l’envie qui manquait. Mais bon, j’allais devoir attendre sagement que le petit hamster dans ma tête cesse de courir ainsi. Mes pas m’avaient mené au bar-lounge – vide, à cette heure – et je scrutais par la porte qui menait dehors le paysage. On n’y voyait pas grand-chose vu la noirceur ambiante, mais le faible éclairage me permettait de voir la pluie se déverser ici et là. Mon regard dévia un moment vers la pergola, et je cru percevoir une silhouette étendue sur l’un des sofas. J’arquais un sourcil. Je me demandais bien qui était assez maso pour s’endormir dehors avec un temps pareil. Quoique… le bruit de la pluie, même si je le détestais – avait toujours eu le don de m’endormir. C’était peut-être là une solution à mon problème. Raffermissant la prise que j’avais sur la couverture qui couvrait mes épaules, j’osais poindre le bout de mon nez dehors, mais je me faufilais bien vite jusqu’à la pergola. Il faisait froid, mais par chance, j’étais bien emmitouflé sous le tissu chaud. Sans un bruit, je m’installais sur un sofa libre, repliant mes jambes sous mon corps pour tenter de garder ma chaleur, et je me callais contre les coussins. Puis, je fermais les yeux. Tentait de faire le vide autour de moi. Rien à faire. Mes yeux se rouvrirent aussitôt, allant scruter le candidat – car s’en était bien un, maintenant que je le voyais de près – roupiller à mes côtés. Je lui enviais presque son sommeil, il avait l’air tellement paisible. La chance.

Dylan était plongé dans un sommeil profond. De plus, le froid le renforçait. Mais c'était sans compter sur la pluie qui tomblait. D'un seul coup, la pluie fut plus virulante. Le choc des gouttes qui s'abattaient violemment au dessus de lui le réveillait doucement. Ouvrant donc doucement les yeux, la première chose qu'il vit fut la candidate. Il la fixa quelques minutes en silence, le regard plongé dans le sien le temps qu'il reprenne conscience doucement. Lorsque ce fut fait, il tourna la tête pour bailler, s'étira les bras et bascula sur le côté, celui de la candidate en s'emmitouflant dans sa couverture. C'est bien simple, seul sa tête dépassée. « Il est quelle heure » demanda t-il tout d'abord tout bas. Il faisait nuit noir dehors en tout cas. « J'ai envie de finir ma nuit ici... Mais je risque de tomber malade non ? » D'ailleurs il fut parcourut d'un frisson la seconde qui suit. Il était trop fatigué pour bouger, tans pis.

Lorsque l’averse se fit plus violente, plus forte, je me rendis compte que mon voisin s’était réveillée, et nos regards se croisèrent, alors qu’il émergeait, lentement du sommeil qui l’avait accueillit quelques instants auparavant. Il étouffa un bâillement avant de s’étirer et se tourner sur le côté, sur celui me faisant face. Je ne voyais de lui que son visage, puisque le reste de son corps était bien au chaud sous sa couverture – par chance, car il faisait un froid de canard. Je frissonnais même sous ma propre couette, alors qu’elle était bien assez épaisse pour me garder à l’abri des courants d’air frais. « Il est quelle heure. » entendis-je faiblement de la bouche du candidat. « Près de minuit, je suppose. » J’avais quitté ma chambre une dizaine de minutes plus tôt, alors que l’horloge annonçait onze heure trente. N’ayant point de montre sur moi, impossible cependant de lui offrir l’heure exact sur un plateau d’argent. « J’ai envie de finir ma nuit ici… Mais je risque de tomber malade non ? » J’esquissais un léger sourire. « Tu vas pendre froid, c’est sûr. Je ne sais pas comment tu fais pour dormir dehors, je n’arrête pas de frissonner. » J’étais pétrifiée de froid, à vrai dire. Mais obstinée, je ne faisais aucun geste pour retourner à l’intérieur. Retourner dans mon lit et dérangée le sommeil de Sacha avec mes changements de positions répétitifs, non, je n’allais pas lui imposer ça.

« Près de minuit, je suppose. » Minuit seulement ? Dylan était pourtant mort de fatigue. Ca ne lui ressemblait pas de se coucher si tôt. C'était surement les effets de toutes ses soirées pendant la première semaine qu'il subissait ce soir. Il fallait qu'il se calme. « Tu vas pendre froid, c’est sûr. Je ne sais pas comment tu fais pour dormir dehors, je n’arrête pas de frissonner. » A nouveau, il frissonna. Il tenta d'enrouler un peu plus la couverture sur lui mais il ressentait toujours le froid. Il n'avait vraiment pas la force de se lever. Et malheureusement pour lui, Yasmine n'avait pas la force nécessaire pour le porter. Et puis, elle était apparemment dans le même cas que lui, impossible de bouger. « Fais quelque chose pour me réveiller... Si je tombe malade ce sera ta faute.. » murmura t-il, les yeux clos. Il lui laissait absolument carte blanche, la candidate pouvait faire tout ce qu'elle voulait. Parler pour le tenir éveiller, et peut-être qu'en l'intéressant, elle arriverait à le sortir de cette flemme monstre. Ou bien le secouer mais pas sur qu'elle-même ait la force..