⇝ onze heures dix, dimanche 22 avril.

Après un joyeux petit-déjeuner passé au milieu des autres, Bambi-Jane s'était décidée à retourner dans la chambre que la production lui avait attribué, ainsi qu'à Emmett et Barbie Pocahantas. D'ailleurs, ce surnom devenait stupide. Il fallait peut-être qu'elle se mette en quête du prénom de la grande brune. Peut-être se trouvait-elle encore là-haut, d'ailleurs. C'était l'occasion ou jamais de faire officiellement les présentations et, peut-être, d'effacer la mauvaise impression qu'avait Bee sur la jeune femme. Malheureusement, lorsqu'elle parvint à leur chambre, Bambi-Jane constata que sa colocataire ne s'y trouvait pas. Pas plus que le barbu, d'ailleurs, prénommé Emmett, si elle ne se trompait pas. Du moins, aucun d'entre eux ne se trouvaient dans les parages. En revanche, le lit qu'elle avait quitté un peu plus d'une heure plus tôt semblait occupé. Arquant un sourcil, elle examina un instant la chevelure brune et désordonnée ― Emmett avait les cheveux châtains, non ? c'était sans aucun doute l'un des nouveaux, Noah, non ? ― qui dépassait des couvertures avant de reprendre la place, sautant presque sur le lit, qu'elle avait quitté en se levant. « Debouuuuuut ! » s'écria-t-elle, sans plus de cérémonie, à l'oreille du dormeur, en tirant un peu sa couverture pour dénuder complètement sa tête.

Qui se couche tard ... se lève tard. Quelle logique. Une logique que connaissait bien Noah, sachez-le. Car le jeune homme, qui se couchait le plus souvent à des heures pas croyables - non vraiment, vous risqueriez d'être choqués - était également un habitué des grasses-matinées. Là encore, quelle logique. Et donc, pas étonnant que ce dernier soit amené à trainer au lit à onze heures passées, notamment ce matin. Bien emmitouflé dans ses couvertures, le jeune homme dormait alors paisiblement. Mais c'était jusqu'à lors sans compter sur l'arrivée d'une personne qui, bien évidemment, ne se priva pas pour troubler son profond sommeil. Certes, à une heure pareille, personne n'était plus censé dormir. Sauf que Noah, et bien, c'était Noah. Et dites vous bien que son sommeil était sacré, et ce, même à onze heures du matin. Ainsi donc, il ne put retenir un petit grognement lorsque l'indésirée - au son de sa voix, c'était une jeune femme - le somma de se lever, se permettant au passage de tirer sur sa couverture. « Vas jouer ailleurs, s'il te plait » fit-il alors, d'une petite voix, les yeux toujours fermés. Qu'elle disparaisse, et vite.

Une petite voix, encore endormie, se fit entendre après un instant : « va jouer ailleurs, s'il te plait.. » Il l'envoyait sur les roses ? Duh, quel rabat-joie. Merde, on était dimanche matin, il venait de faire son entrée au chalet, il devait sortir du lit. Bambi-Jane arqua un sourcil, avant de s'allonger sur le ventre, croisant les jambes en l'air. Au moins, il s'était montré poli. Il aurait pu lui dire d'aller se faire foutre, directement. Certes, certes. Mais quand même. « Allez, lève-toi, insista-t-elle, le menton dans ses mains. T'auras tout le temps de dormir quand tu s'ras mort, railla-t-elle, et puis, sérieux, il est passé onze heures, t'as autre chose à faire que pioncer là, tout le monde est en bas, on a presque tous pris le petit-déj' déjà et en plus, si tu tiens à prendre une douche rapidement et à pas poireauter pendant jusqu'à trois heures que la salle de bains soit débarrassée de toutes les filles, tu ferais mieux de bouger ton joli petit cul parce que― mh, en plus de ça, je parle beaucoup et tu es dans mon lit alors.. je vais rester là, jusqu'à ce que tu te lèves » conclut-elle, avec une petite note joyeuse, un peu trop joyeuse pour être réellement innocente. Emmerder le monde, est-ce qu'elle aimait ça ? Oh, elle croyait avoir passé l'âge mais.. manifestement, non. Roulant sur le flan, elle secoua Noah de sa main droite. « Tu n'auras qu'à faire la sieste cet après-midi » susurra-t-elle presque, sachant pertinemment que personne, ou presque, ne dormait après le déjeuner, ici. Du moins, en dehors d'elle-même, Bambi n'avait vu aucun des candidats aller faire la sieste en cours d'après-midi. Mais ça, il n'était pas sensé le savoir. Pas encore, en tout cas.

Dormir. Voilà la seule chose que voulait faire Noah à cet instant précis. Dormir. Tout simplement. Il faut dire qu'à l'heure à laquelle il s'était couché, il n'était pas tellement étonnant de le voir trainer au lit à une heure à laquelle personne n'était plus supposé s'y trouver. Sauf que lui, et bien, il était crevé. Et puisqu'il était crevé, il aspirait à dormir. Et puisqu'il aspirait à dormir, personne n'était censé venir l'en empêcher. Sauf que cette brune, là, se le permettait. Elle semblait déterminée à le faire se lever. Sauf que Noah, lui, avait plutôt envie de rester couché. Et qu'importe l'heure qu'il pouvait être. Qu'il soit neuf heures, onze heures ou même dix-huit heures, il était bien trop crevé pour pouvoir ouvrir ne serait-ce qu'un œil. Alors, se lever ... c'était tout bonnement au dessus de ses forces. Et tandis qu'il avait prié sa camarade d'aller jouer ailleurs, ayant espéré au passage qu'elle irait véritablement embêter quelqu'un d'autre, ce ne fut pas le cas. Non, elle resta là. Et même, elle insistait. Alors quoi, elle espérait sérieusement qu'il lui viendrait soudainement l'envie de quitter ce lit si confortable ? Elle avait beaucoup d'espoir celle-là, visiblement. « J'ai pas prévu de mourir avant quelques temps, tu sais » fit-il difficilement, tant ses lèvres peinaient à s'écarter. C'était dur. Très dur, même. « Je m'en fout des autres, si tu savais ... » C'est vrai quoi, qu'est-ce qu'il en avait à faire de savoir que ses camarades avaient déjeuné ou pris leur douche ? Lui, il faisait ce qu'il voulait, jusqu'à preuve du contraire. « Ton lit est désormais le mien également » reprit-il, cette fois-ci en prenant la peine d'ouvrir un œil. C'était bien assez. Ainsi donc, elle resterait ici jusqu'à ce qu'il se lève ? Et bien, qu'elle soit patiente alors. « La sieste, c'est pour les bambins ou les vieux. » La sieste ? Et puis quoi encore ? Bon, visiblement, la jeune femme n'avait pas dans l'idée de déserter ce lit, et même cette chambre, avant un long moment. Ciel. Noah ouvrit alors son deuxième œil et la dévisagea. « T'es du genre chiante, toi, non ? » Sans blague.

En fait, pour un mec qui voulait dormir, il était plutôt prolixe. Ou, du moins, il n'était pas du genre gros ours puisque, dans un tel cas, il l'aurait déjà envoyé paître. Puisque bon, il fallait avouer, elle cherchait la petite bête. La plupart du temps, ce n'était pas volontaire. Du moment où elle ouvrait la bouche, la faire taire devenait extrêmement difficile. Selon ce qu'elle avait pu entendre, c'était plutôt agaçant. Bee, elle, trouvait ça franchement drôle de voir les visages de ses interlocuteurs se décomposer au fur et à mesure qu'elle parlait ― ou bavassait, babillait, whatever ―, voire même hilarant. « Ton lit est désormais le mien également » fit-il remarquer, en ouvrant ― ô miracle ! ― un œil. Bambi-Jane croisa le chocolat d'une iris. Son sourire s'élargit. Bien, bien, on était sur la bonne voix. Elle hocha la tête, acquiesçant. Oui, c'était un fait. Elle allait désormais devoir partager son lit. Fort heureusement, contrairement à la chambre de Dimitri, ils n'étaient eux, que quatre ici. C'était déjà déstabilisant de dormir avec un inconnu mais alors deux.. mh. « La sieste, c'est pour les bambins ou les vieux » ajouta-t-il puis, après ce qui sembla être une bonne demi-minute, il consentit enfin à soulever la deuxième paupière. « T'es du genre chiante, toi, non ? » marmonna-t-il. Elle ricana avant de s'asseoir en tailleur le lit, dos au mur. « En effet, concéda-t-elle, enfin, je suis une fille et les filles sont chiantes par nature, si on écoute certains mecs. Personnellement, je dirais que je suis juste exceptionnellement bavarde. C'est.. compulsif. Quand je commence, j'ai du mal à m'arrêter c'est.. merdique » Les yeux fixés sur le plafond, elle remonta ses genoux contre sa poitrine, triturant l'ourlet de son pyjashort. « Tu devrais vraiment descendre, tu sais, dit-elle, baissant le regard sur le dormeur (enfin.. presque), il y a quelques filles sympa. J'suppose que c'est le genre de nanas qui plait à tout le monde. Fines et grandes.. enfin, elles ressemblent un peu à des girafes, des girafes avec des seins » soupira-t-elle. Oh mon dieu. Venait-elle vraiment de sortir ça ? Fermant les yeux, elle se maudit mentalement. Vite, vite, changer de sujet, faire oublier la grosse connerie qu'elle venait de lâcher. « Mais elles se ressemblent pas, enfin, si il y en a deux ou trois qui ont dû être faites pour servir de prototype pour une nouvelle génération de Barbies grandeur nature mais.. elles sont plutôt mignonnes, articula-t-elle aussi vite qu'elle le put, et toutes hétéro j'crois.. merde, ça craint ça » murmura-t-elle pour elle-même. Il lui avait fallu une semaine pour s'en rendre compte ? Mh. Oui.

Visiblement, Noah pouvait dire adieu à sa grasse matinée. Bon, théoriquement, il y avait bel et bien eu droit. Car, à onze heures passées, on était tout de même en droit d'estimer que monsieur avait suffisamment dormi. Mais lui, il n'était pas tellement du même avis. Car Noah n'aurait pas dit non à une ou deux heures de plus à dormir, si vous voulez savoir. Okay, il aurait sans doute mieux fait de se coucher tôt la veille au soir, ou en tout cas, pas à une heure aussi tardive. Mais il était comme ça, le Noah. Oui, il était comme ça. Et donc, cela expliquait le fait qu'il ne soit pas vraiment disposé à décamper de ce lit. Pourtant, il venait de faire un effort considérable. Noah avait ouvert un œil. Puis, par la suite, il avait ouvert le second. Et croyez bien que ça n'était pas rien, ça. De plus, il prenait tout de même la peine de s'adresser à sa camarade, alors qu'il aurait très bien pu l'envoyer chier depuis belle lurette. Sauf que ça n'était pas son genre. Non, ça n'était absolument pas le genre de Noah d'agir de la sorte. Eh non. D'après lui la jolie brune était donc chiante. En réalité, il ne le pensait pas véritablement, c'était d'avantage un constat actif qu'une vérité absolue à ses yeux. « Exceptionnellement bavarde, effectivement » fit-il, dans un sourire assez prononcé. C'est qu'elle parvenait presque à l'amuser, dites donc. Y'avait bel et bien du progrès par ici. « J'ai pas prévu d'aller à la chasse, tu sais » reprit-il, très sincèrement, lorsque la jeune femme sembla lui conseiller d'aller voir du coté des candidates. Mais lorsqu'elle évoqua des girafes avec des seins - bien sûr, il comprit que c'était une image - Noah ne put retenir un éclat de rire. Pour le coup, il était déjà plus éveillé. « Ah ouais ? Et toi, t'es quoi ? » Si elle ne se définissait pas comme une girafe avec des seins, Noah était curieux de savoir comment elle se voyait. « Certaines te plaisent particulièrement ? » demanda-t-il, l'air de rien. Il espérait simplement ne pas être trop indiscret. La subtilité et lui n'ont jamais vraiment fait bon ménage.

Je montais les escaliers quatre à quatre. Ouai, à onze heures du matin, le lendemain de prime, je pétais la forme. Logique. Surtout quand on a dormi que peu de temps finalement. Alors là, imaginez-vous le truc de dingue : j’ai l’habitude d’être hyper méga super énergique, alors quand je ne dors presque pas, je le suis genre quinze fois plus. Je continue à persister et préciser que je ne suis pas chiante… mais certain doivent un peu penser le contraire en fait. Je m’en contre balance… Bref, tout ça pour dire que, après avoir tapé un sprint dans tout le chalet, je montais les escaliers aussi rapidement, pour rejoindre la chambre afin de réveiller mon cher ami de lit, Milooooooo-chouchou le fou. Sauf que, quand j’arrivais en courant en plein milieu de la chambre… et bah ce n’est pas ma chambre ! MERDE ! Parce que les couleurs sont pas vraiment les même et qu’en me retournant, je me retrouve devant une fille et un garçon dans le lit… « Ooops ! » Lâchais-je avec une grimace et ma main devant ma bouche. « Désolé ! Vous ne m’avez pas vu ! » Leur disais-je, en marchant à reculons jusqu’à la porte, que je refermais… pour la rouvrir aussitôt. « Hé ! Mais t’es l’un des nouveaux toi ! J’sais pas comment tu t’appelles, mais t’es pas mal ! » Rajoutais-je, avec un large sourire amusé, m'approchant d'eux. « Moi c'est Saoirse ! » Lui annonçais-je, avec une petite révérence, avec ma jupe imaginaire. J'adressais un clin d'oeil à Bambi. Finalement je décidais de les laisser tranquille. « Ne faîtes pas trop de bêtises ! Bye bye ! » Je sortais de la chambre, en faisant des signes de la main. Je refermais la porte pour cette fois-ci, aller dans la chambre d’à côté, là où Milo dormait toujours effectivement !

Désolé, incruste ! Si vous ne voulez pas de moi, j'efface ce message

Victoiiiiiiiire, il avait sourit ! Tout n'était peut-être pas perdu, alors. D'autant que, si il s'était montré cordial jusque là, il en venait presque à être sympathique. « Exceptionnellement bavarde, effectivement » dit-il avec ce qui était, effectivement, un franc sourire. Bee secoua légèrement la tête, triturant un peu sa frange, elle-même très souriante, contente d'obtenir enfin une réaction positive du dormeur. Enfin.. dormeur, non. Il avait l'air parfaitement réveillé. Et réactif. « J'ai pas prévu d'aller à la chasse, tu sais » répondit-il, lorsqu'elle évoqua la bande de filles qui traînaient un peu partout, en bas et probablement à la salle de bains ou encore au dressing. Enfin, ce n'était pas vraiment une bande. Elles n'étaient ni unies, ni solidaires. Pas vraiment, pas encore en tout cas. Non, elles se comportaient plutôt comme un essaim. Oui, un essaim d'abeilles, butinant toutes ici et là avec un objectif : devenir la reine. Mh. Il fallait qu'elle arrête les comparaisons animalières. Ça ne lui réussissait guère, en temps normal. Les gens la regardaient bizarrement, songeant très certainement qu'elle était un peu dérangée, souffrant d'une folie douce. Noah, à son grand étonnement, se mit à rire. Pas à se moquer, comme elle s'y attendait plus ou moins, non. A rire. Vraiment. Elle haussa un sourcil, lui glissa un regard en coin. « Ah ouais ? Et toi, t'es quoi ? » demanda-t-il. Elle se tourna vraiment vers lui cette fois, avec un grand sourire innocent. « Moi, j'suis Bambi, répliqua-t-elle, mais j'ai pas l'intention de m'faire choper par le chasseur. Enfin, faudrait déjà qu'il se bouge, le chasseur » ajouta-t-elle, d'un ton un peu las, presque déçu. Bon, d'accord, ce n'était pas très.. subtile. La subtilité ne comptait pas parmi ses qualités. Ça n'aurait, de toute manière, pas fait bon ménage avec son humeur, euh.. ravageur ? Douteux était le mot qui convenait, plutôt. « Certaines te plaisent particulièrement ? » enchaîna-t-il, badin. Bee ouvrit la bouche pour répondre mais, fronçant les sourcils, elle la referma puis dévisagea un instant le jeune homme étendu à côté d'elle. Il cherchait à la faire parler pour utiliser ça contre elle plus tard ou c'était juste pour la conversation ? Mh. Non, décidément, la subtilité et Bambi-Jane, ça faisait deux. Elle en était dépourvue et se trouvait tout à fait conne devant son expression, au quotidien. « Je― » mais elle fut interrompue par l'arrivée fracassante d'une jolie rousse. « Ooops ! » fit-elle, une main sur la bouche, visiblement surprise de se trouver là. Merde, c'était quoi son prénom déjà ? Polly ou ? Non, c'était irlandais, Bambi s'en souvenait. Maureen ? Non. Saoirse ?.. oui, voilà, Saoirse. Visiblement, Saoirse, donc, n'avait pas prévu de venir leur rendre cette petite visite, puisqu'elle ajouta, immédiatement : « désolée ! Vous ne m’avez pas vue ! » tout en reculant en direction de la porte derrière laquelle elle disparut rapidement. Pour réapparaître tout aussi rapidement. « Hé ! Mais t’es l’un des nouveaux toi ! s'exclama-t-elle, visiblement d'humeur.. perspicace. J’sais pas comment tu t’appelles, mais t’es pas mal ! » Bambi-Jane haussa les sourcils, avec un petit rire silencieux qui secoua ses épaules. Perspicace et dans le coup, apparemment. Une jolie petite abeille rousse repérant, par accident, une fleur intéressante, manifestement. Elle s'était approchée du lit, comme pour vérifier sa première impression. Suivant son regard, Bee dévisagea à nouveau Noah. Bon, d'accord, il était peut-être.. mignon. Pas dans le même genre que Dimitri mais, ça allait, il se défendait. Plutôt bien, si vraiment on l'avait forcée à parler. Avec une petite moue déconcertée, BJ détourna les yeux pour reporter son attention sur la pétillante rouquine qui se tenait toujours au pied de leur lit. « Moi c'est Saoirse ! » annonça-t-elle avec une révérence comique mais toute en finesse. Puis elle cligna de l’œil, visiblement à l'intention de Bambi-Jane, ce qui fit rire à nouveau en silence la petite brune. « Ne faîtes pas trop de bêtises ! Bye bye ! » lança-t-elle avant de passer à nouveau le seuil, pour de bon cette fois-ci. Bee leva les yeux au ciel. Elle n'aimait certes pas se coller d'étiquette sur le front mais elle avait pourtant annoncé la couleur, à son arrivée : si les hommes ne la laissaient pas indifférente, elle préférait de loin les femmes. Et ça, manifestement.. eh bien, ça n'entrait pas. Néanmoins, elle n'en voulait pas à Saoirse, au contraire même. Qui n'aurait pas fait une telle remarque ? C'était sans doute ce qui serait venu à l'esprit de tous. De plus, Bee trouvait ça plutôt drôle, généralement. « Cette fille, je l'aime bien, finit-elle par dire, les yeux fixés sur la porte close, elle est marrante et dynamique. J'aime bien les filles comme ça, c'est plus fun qu'une nana qui fait la gueule tout le temps qu'il faut bousculer pour entendre un son sortir de sa bouche. Et puis.. non, ma chasse à moi risque de tourner court. Je fais pas dans l'aspirante mannequin aux jambes de trois kilomètres, ajouta-t-elle avec un bref ricanement, les filles comme moi ne font pas le poids, surtout si la bimbo en question est hétéro. Enfin, si, on sert généralement pour le côté découvert, expérience, tout ça. Histoire qu'elle puisse mettre sur son CV qu'elle a déjà embrassé une fille, continua-t-elle, un rien méprisante, et d'avoir quelque chose d'excitant à raconter à son mec. Mais franchement, ça.. sérieux, c'est lourd quand un gars vient te demander de lui raconter tes parties de jambes en l'air avec ta copine. Vous êtes tous comme ça ou j'suis juste tombée sur de sales numéros ? » demanda-t-elle, soudain sérieuse. Elle tourna la tête, les sourcils légèrement froncés, pour regarder son camarade. Mh, en fait, ce n'était pas seulement les métaphores douteuses qu'elle devait éviter. C'était tout bonnement d'ouvrir sa grande bouche parce que.. non, vraiment, ça partait en couilles là.

naaaan, c'était cool mélanie ♥ et navrée pour la longueur charlotte .__.

Si précédemment Noah avait refusé de se lever, et même d'ouvrir ne serait qu'un seul de ses deux yeux, voilà que maintenant il était plutôt apte à converser avec sa camarade. Finalement, ça ne le dérangeait pas plus que cela. A croire qu'il avait simplement un semblant d'esprit de contradiction celui-là. Oui, probablement. Après quelques instants, la jeune femme avait évoqué des girafes avec des seins. Intéressante image, n'est-ce pas ? Oh que oui. En tout cas, cela ne manqua pas d'amuser Noah. Sans doute ne pouvait-il pas s'empêcher de s'imaginer une pareille chose. Et, effectivement, ça donnait quelque chose d'assez drôle. En attendant, il lui avait demander ce qu'elle était, elle. La réponse de la jeune femme le fit tout autant sourire, bien que la fin lui fit arquer un sourcil. « Oui, c'est sûr ... » fit-il machinalement, sans tellement savoir quoi dire après ça. Déjà, il n'était même pas certain d'avoir bien compris de quoi elle voulait parler sur la fin. Mais c'était sans nul doute bien mieux comme ça. Noah se laissa ensuite aller à une certaine curiosité mal placée. Il aura suffi que sa camarade lui fasse plus ou moins comprendre qu'elle était attirée par les femmes - chose qui, soyons clairs, était loin de le choquer - pour qu'il lui demande si certaines candidates lui plaisaient. Mais alors qu'il obtint presque une réponse de la part de la jolie brune, la porte s'ouvrit brutalement et une rousse fit son entrée. Sur le coup, Noah sursauta. Il faut dire qu'il ne s'était pas tellement attendu à ce que quelqu'un débarque, surtout de cette manière. L'arrivante s'excusa et ne tarda pas à ressortir. Sauf qu'elle re-rentra presque aussitôt, s'adressant même à Noah. « Hum, je suis Noah ... » eut-il à peine le temps d'articuler, avant que la jolie rousse ne s'approche carrément du lit. Elle le trouvait pas mal, ce qui le fit sourire. C'était plutôt gentil, non ? Quoi qu'il en soit, elle s'appelait Saoirse. Noah s'en était douté, à vrai dire. Car, en la voyant entrer quelques instants plus tôt, le visage de la jeune femme lui avait semblé familier. A croire qu'il s'était souvenu d'elle, d'une quelconque manière. Finalement, elle quitta la pièce. Pour de vrai, cette fois. Noah tourna alors la tête vers sa camarade, toujours à ses cotés sur le lit, un sourire amusé sur les lèvres et l'air de dire : « Un vrai phénomène cette fille, dis donc ! » Et la jolie brune prit justement la parole. Noah l'écouta, sans oser l'interrompre, jusqu'à ce qu'elle s'adresse véritablement à lui. Quoi ? Elle lui posait une question ? Est-ce que tous les mecs étaient comme ça ? Est-ce qu'ils aimaient tous qu'on leur raconte les ébats entre deux filles ? En voilà une drôle de question. « J'en sais rien, je suppose que non. Moi, en tout cas, je ne suis pas comme ça. » Bien sûr que non, et il savait de quoi il parlait. « Tout le monde n'est pas à mettre dans le même sac » reprit-il, dans un bref haussement d'épaules. Si des types étaient effectivement comme ça - chose qui ne l'étonnait pas tellement à vrai dire - il estimait que beaucoup ne l'étaient pas, quant à eux. Tant mieux, d'ailleurs. On dit bien qu'il faut de tout pour faire un monde, après tout.


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