On approchait du week end, et par conséquent du nouveau prime. Voilà déjà 3 semaines que nous étions dans ce chalet, le temps passait à une vitesse, je ne l'avais même pas vu filer. Fallait dire que je n'avais pas le temps de m'ennuyer ! Et puis comme c'était le début de l'aventure, tout était un peu nouveau. Et on apprenait tous à se connaître. Peut être que dans deux mois, ça sera chiant à mourir, mais pour l'instant, je trouvais l'aventure sensas'. Bref, en cette fin de soirée, j'avais décidé d'aller me prendre un petit verre du côté du bar. Je ne doutais pas y trouver un peu de compagnie. Dès qu'il y avait de l'alcool dans les parages, vous pouvez être sur qu'un candidat ne se trouvait pas loin. Et j'eus raison, puisqu'à peine ouvrais je la porte, qu'une jeune homme me héla. Apparemment, il fallait que j'approche, et vite. Même pas le temps de réagir, qu'il décida de venir à ma rencontre. Probablement n'étais pas assez rapide pour lui. Il m'attrapa le bras pour me tirer jusqu'au bar. Ainsi donc il voulait que je le ramène chez lui en voiture. Bien sur, tout à fait. Clairement, le candidat avait quelques verres de trop dans le pif. Rhalala je vous jure, ces gosses.  « Ok, d'accord. Mais j'ai un soucis. Ma voiture est au garage tu vois, alors je peux pas te ramener. Tu m'en vois terriblement désolé » Je pris même un air désolé, comme si je l'étais réellement.  « Mais je peux te proposer une solution. Pourquoi ne dormirais tu pas ici, chez moi ? J'ai pleins de chambres libres, y a tout l'espace que tu veux, vraiment. » Alors, c'était un bon deal ou pas ? Il ne pouvait qu'accepter. Quelle générosité dont je faisais preuve franchement.  « Et comme ça tu ne seras pas obligé de croiser ta concierge, qui à n'en pas douter est une folle furieuse. » Aller dans son sens, ne faisait pas de mal n'est ce pas ?

Noah buvait rarement. Très rarement, même. Mais quand il lui arrivait de boire, disons qu'il ne se contentait pas d'un fond de verre. Ici, par exemple, l'on pouvait aisément voir que le jeune homme avait légèrement abusé de l'alcool pour ce soir. Une preuve irréfutable en témoignait d'ailleurs : son comportement des plus étranges. Car le Noah timide et effacé de d'habitude laissait place à un Noah beaucoup plus bavard et dévergondé une fois alcoolisé. C'était d'ailleurs sans nul doute pour cette raison qu'il s'était empressé de tirer par le bras la première personne qui eut le malheur de franchir le seuil de la porte, et qui risquait de le regretter sans tarder. Ainsi donc, Noah avait besoin d'aide. Pourquoi donc ? Allez savoir. Ah si, il voulait visiblement qu'on le ramène chez lui, en voiture, à Philadelphie, et le tout le plus vite possible, afin d'échapper à une concierge visiblement diabolique. Ouais, rien que ça. Dites, heureusement qu'il n'était pas tout le temps comme ça, hein. Remarquez, on lui dirait bien moins souvent qu'il était ennuyeux à mourir ... « Au garage ?! Doh, ça tombe très mal ça » fit-il, dans une grimace, lorsque son camarade lui annonça qu'il était dans l'incapacité formelle de le reconduire chez lui en voiture. Mais la proposition qui suivit lui redonna bien vite le sourire. En même temps, là tout de suite, il avait un peu l'air d'un imbécile heureux. « Oh, j'accepte ! J'accepte ! J'accepte ! » fit-il, presque euphorique et limite en train de danser de joie. Ah vraiment, Noah n'était plus le même quand il avait quelques verres dans le nez. « Mais euh ... toi, tu dors seul ? Non parce que ce serait bête d'occuper une chambre de plus si on peut économiser de la place en dormant dans le même lit, non ? » suggéra-t-il, l'air de rien, et bien loin de se rendre compte de la bizarrerie de ses paroles qui, en plus, n'avaient pas tellement de sens. Définitivement, l'alcool ne lui réussissait pas.

Ma voiture en panne, en effet ça tombait très mal pour la soirée. Heureusement que j'avais la solution miracle pour le jeune homme. Crécher dans ma demeure ! Ce soir, je devenais le propriétaire de ces lieux. La classe. Noah en tout cas sembla des plus emballés par ma proposition. Il fallait dire qu'elle valait de l'or. Il ne pouvait guère refuser. De toute manière, quels autres choix avait il ? Pas de chauffeur, pas de possibilité de rentrez chez lui. Mais voilà qu'il eut une idée complètement saugrenue. Selon lui, il ne fallait pas gâcher de la place, et par conséquent, la solution logique à ça était de dormir avec moi. Dans le même lit. Ben voyons.  « Sauf que vois tu, j'ai la chance de partager mon lit avec une magnifique rousse. » Et oui, quel petit veinard.  « Alors aussi charmant sois tu, je vais conserver la demoiselle à mes côtés. » Fallait pas rêver non.  « Mais je t'assure, ça ne me dérange absolument pas que tu occupes une de mes autres chambres. Et je vais te dire. Je suis quelqu'un d'extrêmement généreux, alors il se peut que tu croises d'autres personnes. Des âmes égarées comme toi, que j'ai décidé de recueillir sous mon toit. » Le pire c'est que moi, je n'étais pas bourré. Mais par contre j'avais parfaitement conscience de raconter des conneries. Alors que Noah, pas du tout. Pauvre petit chou.

Souvenez vous : veillez à ce que Noah reste le plus loin possible des bouteilles d'alcool. Car même si ce dernier n'était en rien un alcoolique pur et dur, disons que la boisson ne lui réussissait pas tellement. En témoignait d'ailleurs son comportement pour le moins étrange. Après avoir attiré son camarade au milieu de la pièce et lui avoir demandé de le raccompagner chez lui en voiture - oui, vraiment - voilà que Noah acceptait de dormir chez ce dernier, qui le lui avait très gentiment proposé quelques minutes plus tôt. Déjà, l'on pouvait remarquer que Milo entrait aisément dans le jeu de Noah, ou plutôt, qu'il s'amusait à lui répondre en imitant la folie qui était la sienne dès qu'il avait quelques verres dans le nez. Mais voilà que Noah se lâchait et insinuait qu'afin de gagner un peu de place, ils pouvaient tout aussi bien partager le même lit. Mais visiblement, ça n'était pas trop au goût de Milo, ce qui était assez compréhensible à vrai dire. Noah adopta alors une petite moue déçue, un poil exagérée sur le moment. « Bon ... tant pis alors » fit-il tout bas, tandis qu'un mince sourire réapparut presque aussitôt sur ses lèvres. Oui, étant bourré, il était aussi très lunatique. « Oh, chouette. Mais dis-moi ... est-ce qu'il y a des fantômes chez toi ? Parce que moi j'ai très peur des fantômes » fit-il soudain, s'agrippant au bras de son camarade. Bouh.