⇝ une heure et quart, jeudi 3 mai

Okay. Okay. Okay. La seule chose qui était à peu près claire, là, maintenant, tout de suite, dans la tête de Bambi-Jane, c'est qu'elle avait abusé du gin tonic et de la vodka. Pourtant, elle n'avait pas imaginé qu'elle finirait par boire autant. Surtout sans réelle compagnie. Naviguant entre les uns et les autres, elle avait enchaîné les verres sans vraiment les compter. Grossière erreur. C'était la dernière fois qu'elle ferrait ça. Sérieux. Elle n'arrêtait pas de pouffer comme une gourde et avait commencé à parler à son verre. A SON VERRE, BORDEL. C'était un vrai miracle si elle n'avait pas encore taché son impeccable petite robe blanche, un miracle, un vrai, mieux que Jésus transformant l'eau en vin ou se déplaçant sur les flots. Fronçant les sourcils, elle balaya le bar du regard, s'arrêtant plusieurs fois sur une petite rousse dont, pour le moment, elle ne parvenait pas à se rappeler le nom. Pour le moment, hein. C'était temporaire. Et ça la foutait mal de débouler à ses côtés sans se souvenir de son prénom. Il fallait d'abord qu'elle s'en rappelle. Les sourcils froncés, les doigts pianotant sur le bar, elle fixa la jeune femme pendant une longue minute avant de gueuler précipitamment : « AH, SAOIRSEEEEEE ! » Elle la rejoignit en quelques enjambées, vaguement maladroite sur ses louboutins, à ce stade de la soirée. « Saoirseeeeee, ma copiiiiiiiine ! » gloussa Bee, une fois à la hauteur de sa camarade. Non, vraiment, l'alcool, au chalet, c'était moyen-moyen sur elle.

WAOUH ! Comment je suis arrivée ici moi ? Je regardais autour de moi, genre, j’étais allongée sur un canapé. GENRE QUOI. J’ai dormi depuis je ne sais combien de temps sur le canapé et visiblement celui du bar-lounge, et Milo n’est même pas venu me chercher, alors qu’on est censé dormir ensemble. Pfff je vais le bouder lui, je le sens. Je relevais le haut de mon corps d’un seul coup. Oh ! Même pas de mal de tête ! Pourtant, si j’étais là, c’est que j’avais du bien boire. Faut croire que non. Au contraire, je semblais aller bien. Ouai, je me sentais péter la forme comme d’habitude. Je me relevais alors complètement, fixant la porte pour sortir d’ici. Je mettais alors sur le compte de la fatigue, mes titubations et aussi le froid que je ressentais. Ouai le froid que je ressentais plutôt au niveau de mes jambes. Mouai, bizarre. « AH, SAOIRSEEEEEE ! » Je sursautais de peur, lâchant un cri de peur. Je n’avais même pas vu que je n’étais pas seule. OH je n’avais pas vu qu’il y avait une autre cinglée dans le chalet. Je pensais être un spécimen rare. Je lui adressais un large sourire jusqu’aux oreilles, lâchant un rire. Visiblement, elle était complètement bourrée celle-là. D’ailleurs, je me délectais de la voir s’approcher de moi, zigzagant comme une malade, juste pour franchir les quelques mètres qui nous séparait. J’avais presque envie de me reculer pour la voir encore marcher. Roooooooooooooh je sais, c’est dégueulasse. « Saoirseeeeee, ma copiiiiiiiine ! » Je sautillais, passant d’un pied à un autre. « C’est moi ! » Lui disais-je, en faisant la même révérence je crois, que l’autre fois dans la chambre. Sauf que je me rendais compte, en prenant dans mes mains les pans de ma jupe imaginaire, que j’avais bien les jambes nues. Genre, je n’avais pas de pantalon quoi. Je relevais ma tête, mon sourire s’évapora pour une moue blasée, ou du style ‘Bizarre, vous avez dit bizarre, comme c’est bizarre’. Finalement je me bougeais le cul, sautant sur Bambi-J. pour la prendre dans mes bras, sautant dans tout les sens. « Hihi c’est moi, ta copine sans PAAAAAAAANNNNTALOOOOOOONNN ! ». Ouep, en fait, je crois que l’alcool allait bientôt faire effet.

Ouch, la rouquine avait l'air aussi dans un sale état. Du moins, c'est ce que supposa Bee en la voyant se dandiner d'un pied à l'autre alors qu'elle répondait à son salut pour le moins, mh, éclatant : « c’est moi ! » La petite brune pouffa. Bien sûr que c'était elle, ouais. A moins qu'il n'y ait eu une autre Saoirse dans ce chalet, ce qui aurait été, genre, très, très con de la part de la production. Oho. Très très con de la part de la production. Joliiiiiie rime. Bon, ça ne lui vaudrait peut-être pas le Pulitzer but still. Plissant les yeux, elle examina sa toute nouvelle copine qui lui servit sa sympathique révérence de la dernière fois avant de lui adresser un grand sourire éméché. Mh, attendez là, retour en arrière. Elle baissa à nouveau les yeux et mit trois secondes à comprendre que Saoirse ne portait ni jupe ni pantalon. Ouhsme, jolies jambes. Relevant à nouveau la tête, elle eut juste le temps de croiser le regard de la petite rousse avant que celle-ci ne lui tombe littéralement dessus, l'encerclant de ses bras fins tout en sautillant sur place. « Hihi c’est moi, ta copine sans PAAAAAAAANNNNTALOOOOOOONNN ! » s'exclama-t-elle, clairement aussi éméchée que Bee. Si ce n'est plus. Bambi-Jane lâcha un gloussement plutôt débile mais qui lui sembla, mh, de circonstances. « T'es cool sans pantalon ! ricana-t-elle. Avec aussi, remarque. Mais sans, c'est encore mieux. Pourquoi on devrait mettre des fringues de toute façon ? » demanda-t-elle, presque avec sérieux, y réfléchissant vraiment. Quoi, c'était vrai, après tout. Est-ce qu'il était vraiment utile de se couvrir de tout ce tissus ? Si ils étaient là pour trouver l'âme sœur, comme tout le monde disait, n'était-ce pas mieux de tomber et le masque et la chemise ? Oh, sobre, elle aurait pu arriver à un tel raisonnement. Par contre, pour qu'elle commence à chercher la fermeture éclair de sa robe, placée dans son dos, il avait fallu qu'elle abuse. Et comme il faut.