Doux jésus, qu’elle idée que j’ai eue de faire en tour à Ajaccio. Non seulement, je ne parle pas un seul mot de français, et en plus, je n’ai pas eu la patience d’attendre un candidat que je connais pour sortir. Et qu'elle idée aussi d'y aller pour la deuxième fois de la journée, alors que, la première fois, même si j'étais pas seule, je m'étais bien rendue compte que c'était assez vaste. Me voilà donc seule, quelque part, en Corse. Plus précisément dans une des îlots (ne me demandez pas laquelle, je n’en sais strictement rien) de l’archipel des sanguinaires. Le point positif à tout ça, c’est que je suis sur la terre ferme. Je n’ai pas le mal de mer ni rien, mais je me sens quand même mieux sur terre. Plus libre. C’est marrant, qu’ils nous lâchent comme ça, dans Ajaccio. Vous allez me dire, on n’est pas à la maternelle non plus. Mais, genre, imaginez qu’un candidat se perd, ou qu’il lui arrive un accident ? Ce ne serait pas cool pour la production ça. J’imagine. Bref. Je suis sur l’une des îlots, donc, je ne sais pas laquelle, et je ne sais plus où aller. A l’origine, j’avais remarqué une tour. Peut-être la tour Génoise, je n’en sais rien. Je ne connais pas la France, en fait. Encore moins la Corse. Donc, oui, je comptais aller la voir de plus près. Mais je me suis rendu compte qu’elle était plutôt loin, et, flemmarde comme je suis, je préfère limiter de marcher trop inutilement.
Donc, j’ai voulu, en deuxième plan foireux, retrouver un bord de l’îlot, une petite plage quoi. Mais je me suis rendu compte d’un deuxième truc. Je crois que je suis paumée. Moi qui me demandais il y a quelques instants ce qu’il se passait si des candidats se perdaient.
Donc, je marche. Je demanderai bien ma route aux français, mais non. La langue qu’ils parlent, ça me perturbe. J’aime pas ne rien comprendre, en fait. La plage doit pas être bien loin. Je pense. Encore quelques pas et j’y suis, j’imagine. Putain de merde, elle est où cette foutue plage ! Je suis perdue. Perdue. Perdue. Je suis une incapable. On va retrouver ma débouille d’ici quelques mois je suis sûre. Sauf si je me la joue à la Robinson. Quoi que, je ne suis pas seule. C’est déjà rassurant. Je suis pas seule, mais entourée de français, de touristes, tout ça. J’ai bien envie de crier « Venez me chercheeeeeeeer je suis paumée » pour voir si y’a un candidat qui, ô par miracle, reconnaitrait ma douce voix légèrement hystérique. Mais j’en doute. Bordel. Je suis pas douée.

Rester dans le bateau vingt quatre heures sur vingt quatre devenait quelque chose de pesant. Non pas que j’étais claustrophobe, mais car j’aimais bouger, me sentir libre. Et là, je fus servi, quand le capitaine annonça notre arrivée à destination en Corse. Je ne connaissais pas cette île sur laquelle on avait débarqué et qui puis est la ville d’Ajaccio mais j’étais bien décidé à tout visiter. Muni d’un vulgaire appareil photo fournit par la production, je m’étais donné pour mission de prendre pleins de photos du lieu dit. J’étais en effet photographe professionnel. Et en plus, j’avais pour habitude de prendre des photos de paysages. Je comptais d’ailleurs m’isoler sur une plage ou bien un archipel plutôt que d’aller en ville. Evidemment, je ne pouvais pas semer le caméraman qui me suivait. Je lui avais d’ailleurs demandé de me guider, mais cet endouille ne connaissait pas la Corse et ne parlait pas un mot de français. Inutile quoi. Je m’étais donc débrouillé par moi-même et j’avais atterrît sur l’archipel des Sanguinaires. J’avais alors profité du beau temps pour prendre en photo la mer et la montagne qui s’offrait à moi. C’est alors que je vis une tête que j’avais déjà vu auparavant. Tiens donc une candidate. « Marie-Laure ça va ? Tu sembles perdu ?! » Demandais-je à la blonde, d’une manière un peu hautaine, en me trompant sur son prénom.

Et puis, mon sauveur arrive. Alléluia, je lui sauterai presque au cou pour lui montrer ma gratitude. Et, je le reconnais, c’est le type avec qui je suis rentrée dans le jeu. Il ose m’appeler Marie-Laure. Pourquoi ne pas m’appeler Ginette aussi tiens. « Oooh, Tom. » Tom, référence à Tom Sawyer. Parce que, oui, moi, j’étais foutue de me rappeler du prénom du type avec qui je suis rentrée. En fait, pas tellement, mais c’est que, comme le Percy Weasley, bah, lui, il m’a marqué, parce que ça fait Tom Sawyer. En plus, j’aime pas trop bien beaucoup ça, son ton hautain là. « C’est marrant, t’as un physique super, vraiment hein. Mais je ne sais pas, ton cerveau n’a pas l’air de bien, bien fonctionner. Je semble perdue ? Bien sûr que oui, que je semble perdue, puisque je SUIS perdue. Tu crois que je m’amuse à tourner en rond histoire de faire juste semblant d’être perdue pour essayer de savoir qu’est-ce que peut ressentir comme émotions une personne perdue peut-être ? » Ferme-la Marilou, ferme-là. Oui, je m’auto-demande de me la fermer. Mais c’est qu’il a l’air du genre type prétentieux à se croire plus mieux bien que moi. « Je suis désolée je suis méchante là. Non mais ouais, je suis pas mal perdue. » En plus, je me demande s’il a compris ce que je viens de dire, parce que ça me semble pas bien claire à moi-même. Rooh putain, j’espère qu’il ne va pas me détester pour ça hein. Ce serait con. J’imagine bien le « alors, je nomine Marilou, parce que c’est une tarée finie croisée avec un psychopathe. » Mais c’est que, les personnes perdues, elles ont tendance à être un peu sur les nerfs en général.

Ma séance photo à Ajaccio fut écourtée lorsque j’eus remarqué la présence d’une autre candidate de Three Wishes sur l’archipel des Sanguinaires. Cette candidate, je la connaissais. Du moins, je lui avais vaguement parlé, puisque j’étais entré en sa compagnie lors du premier prime. Depuis, je n’avais pas eu l’occasion de la revoir. De toute façon, elle ne m’avait pas fait bonne impression. Elle m’avait l’air niaise et un peu Sainte-Nitouche sur les bords. Mais je ne comptais pas pour autant l’ignorer. D’autant plus, qu’elle semblait perdue. C’est pourquoi, je m’étais décidé à l’accoster, un peu maladroitement et à ma manière. « Sawyer. Ne me compare pas avec ce vulgaire aventurier s’il te plait. ». Non, elle n’allait pas m’appeler Tom. J’avais suffisamment encaissé les blagues de ce genre étant petit, pour laisser passer ça à nouveau. Je m’étais trompé sur son prénom, autant pour moi. Mais pas la peine de se venger ainsi. Marie-Madeleine ? Marie-Liesse ? Non, décidément, impossible de me souvenir de son véritable prénom. Mais visiblement, vu les gros yeux qu'elle avait fait, ça n’était pas Marie-Laure. Tant pis. C'est alors qu'en un rien de temps, je me retrouvai face à une folle furieuse déballant un discours pas possible, dont je ne compris pas un mot. « Et oh Marie-machinchose ! Du calme ! ». Là elle me pompait sérieusement l’air. Elle avait intérêt à se calmer et au plus vite si elle ne voulait pas que je la noie dans la mer Méditerranée pour avoir la paix. « Maintenant tu vas me suivre et on va rentrer tranquillement sur le bateau. ». Déclarais-je avec assurance, en l’attrapant par le bras et en la tirant vers la bonne direction. Après quelques minutes de marche en sa compagnie, l’appareil photo numérique que la production m’avait prêté, tomba de ma poche dans le sable, sans faire le moindre bruit. Je ne m’en rendis évidemment pas compte, au contraire de la jeune femme, qui ne se gêna pas pour regarder les photos que je venais de prendre, dans mon dos.