J'avais décidé de quitter la chaleur du chalet pour aller fumer un coup. Je fume peu mais cela m'arrive malgré tout. J'ai commencé comme le font beaucoup de jeunes, pour des bêtises. J'avais quinze ans et mon frère fumait alors j'avais simplement voulu faire comme lui. Malheureusement, j'avais gardé cette mauvaise habitude. Je me retrouvais donc dans le nid, vêtue d'un gros gilet en laine et d'un short en jeans. J'sais bien que c'est assez contradictoire comme tenue, mais j'ai enfilé le gilet au dernier moment pour ne pas avoir trop froid à vrai dire. A peine eus-je pointé mon nez dans ce magnifique parc, que je constatais que je n'étais pas la seule à avoir eu cette envie puisque Benjamin -si mes souvenirs n'étaient pas mauvais- était là aussi. « Salut. Belle journée, hein ? T'as pas du feu ? » Avait-il dit après être venu dans ma direction. « Dire que j'ai pensé que tu mourrais d'envie de me parler, j'suis déçue. » Je rigolais, lui montrant que je n'étais bien entendu pas sérieuse. Je partis ensuite à la recherche du briquet qui se trouvait dans l'une des petites poches de mon short. D'abord la droite : rien. Ensuite la gauche : Bingo. J'attrape le tant attendu briquet et le tends à Benjamin. « Tiens, en voilà un. » Une fois débarrassée du briquet, j'en profitais pour attraper une clope que je calais entre mes lèvres, le temps que le briquet me revienne. « Alors, comment tu le trouve notre chalet ? »

Benjamin alluma la cigarette que j'avais calée entre mes deux lèvres plutôt charnue et ensuite, il me rendit le fameux briquet que je remis à sa place dans l'une de mes poches. Sans vraiment faire attention au côté encore une fois. Je tirais une latte de ma clope, savourant ce geste. Avec le temps, si j'avais continuer à fumer, c'était surtout parce que j'aimais le geste, j'aimais porter la cigarette à mes lèvres pour en avaler sa fumée. J'suis une femme et je pue le cendrier, ça doit être ça qui me porte préjudice auprès des hommes. Je le vis s'appuyer contre un arbre, donc , il ne désertait pas pour aller faire autre chose, good. « Voilà, maintenant, c'est rien que pour te parler que je reste » Je lui souriais avant de répondre. « Oh mais j'en suis ravie. » Ce que j'aimais dans ce genre de jeu c'était l'aventure humaine, c'était cela qui m'attirait le plus. Voir les relations des gens se faire et se défaire si vite à la télévision, ça m'avait toujours captivée alors je n'allais certainement pas m'isolée seule dans une pièce lorsque j'avais l'occasion de faire connaissance. Surtout la première semaine. C'était une semaine importante, celle qui allait nous permettre à tous de tisser les premiers liens. « Nan, franchement, il est cool. Ça change de mon appart d'artiste célibataire. » Oh un artiste, j'adore les artiste. Enfin, ce sont les gens qui m'inspirent le plus. Ceux que j'aime le plus côtoyer. La seule fois où j'ai vraiment été amoureuse c'était d'un musicien d'ailleurs mais là n'était pas le sujet de la discussion. « C'est tellement plus beau que mon appart aussi ... Si mon frère voyait cet endroit, il serait vert ! » C'était mon colocataire depuis trois ans. Enfin, il avait toujours été mon colocataire puisque nous avions été élevés ensembles mais nous avions ensuite pris notre indépendance. Nous n'avions pas des revenus énormes mais on s'en contentait pas mal. Pas besoin de trop gros espace lorsqu'on est seulement deux à l'appart. « Le seul point négatif, c'est la salle de sport. J'vais me sentir super coupable chaque fois que je vais passer devant, j'en suis sûr. » Je riais, autant le dire, la salle de sport n'était pas ma meilleure amie. Je n'y mettais jamais les pieds et lorsque j'allais en cours, j'avais l'habitude de sécher le cours de sport alors ... « Je crois bien que cette pauvre salle ne sera jamais honorée de ma présence. » Entre la santé et le flirt avec la mort, j'avais choisi depuis longtemps. La preuve était d'ailleurs la cigarette qui se trouvait actuellement dans ma main droite. « Et toi, tout roule ? T'es tombée sur de bons colocs ? » « Pour moi, ça roule. Je pense qu'avec mes coloc' ça devrait aller. Je les connais pas encore bien, alors je verrais avec le temps je suppose. »