Naelia essayait de profiter de chaque opportunité proposée par l'aventure. Ainsi, elle avait fait tout le tour du yacht, visitant chaque salle et profitant de ce qu'elle mettait à disposition. Maintenant que le yacht avait accosté à Ajaccio, elle s'était mis en tête de partir à la découverte de la ville et de l'île. Elle avait à cœur de profiter de cette escale en Corse, notamment parce qu'elle n'y avait jamais mis les pieds. Le temps où elle avait vécu en Italie, elle avait passé un peu de temps en France, plus précisément dans les Alpes, mais elle n'avait encore jamais eu l'occasion de découvrir la Corse. On lui avait rapporté la beauté des paysages, décrit le patrimoine naturelle et elle comptait vérifier ses beautés par elle-même. Pour l'heure, elle se contentait du centre-ville. Elle avait quitté le bateau peu après le déjeuner, impatiente de prendre l'air et de se balader. Elle passait un moment agréable, malgré une chaleur presque étouffante et un nombre impressionnant de touristes et de gens qui parlaient en un français très rapide et qui lui était tout à fait incompréhensible. Alors que, seule, elle profitait de cette balade tranquille, avançant lentement sur le pavé des rues, ses yeux papillonant un peu partout, regardant le ciel, les vitrines, les gens, les façades des bâtiments et d'autres choses encore, une voix l'interpela. « Excuse moi, est ce que j’ai vraiment l’air d’une souillon ? Non parce qu’un type vient de s’arrêter et m’a donné de l’argent alors, je m’inquiète ! » Elle sut immédiatement que l'on s'adressait à elle puisqu'on lui parla en anglais et que la voix lui était légèrement familière. Naelia se tourna vers Rosaly, la reconnaissant comme l'une des jeunes femmes à bord du yacht qu'elle avait rapidement croisée. Elle s'approcha, remarquant au passage le chevalet devant elle. Elle baissa les yeux vers sa tenue puis les leva à nouveau vers Rosaly. « Et bien... c'est un style particulier... mais tu es loin de ressembler à un souillon, » répondit-elle en toute sincérité. Elle jeta un coup d'œil à sa toile, puis son regard se posa à nouveau sur Rosaly et haussa les épaules. « Ça devait être un français... » dit-elle, comme si ça expliquait tout. Comme la plupart des américains, elle avait une certaine vision des français.

Naelia détailla encore un peu la tenue de Rosaly. Certes, elle était un peu négligée, mais ça donnait un style. Elle avait une préférence pour les tenues un peu plus élégantes, mais elle aimait quand les gens se donnaient la peine de s'habiller de façon anticonformiste, à leur sauce, sans se soucier de la mode ou de l'avis des autres. C'était un peu ce que lui inspirait la tenue de Rosaly. Ce n'était pas comme ça qu'elle s'habillait, mais elle reconnaissait à sa tenue un certain style – quoi qu'assez particulier. « Ça me rassure, j’en étais à me demander si c’était pour ça que tout le monde me regardait du coin de l’œil, » la remercia Rosaly et Naelia lui répondit d'un sourire. Elle remarqua néanmoins le froncement de sourcils de la jeune femme quand elle dit que la personne qui l'avait prise pour une artiste à la rue était sans doute un français, ce qui expliquait son attitude. Avait-elle fait une gaffe en disant cela? « Je suis française. Enfin pas de nationalité mais ma mère est française. Pas que ça m’embête que tu dises ça hein mais à Paris, ça ne m’ai jamais vraiment arrivé. » En effet, Naelia avait fait une belle gaffe. Elle bredouilla maladroitement quelques excuses. Bah, elle n'y pouvait pas grand chose. Les américains avaient certains préjugés (justes ou injustes) sur les français comme les français en avaient sur les américains. De même, elle ne pouvait pas deviner que Rosaly avait des origines françaises. Elle espérait seulement que celle-ci ne la prendrait pas pour une anti-français ou quelque chose du genre. « Alors, qu’est ce que tu en dis ? Réussi ou carrément immonde ? » lui demanda alors Rosaly en désignant sa toile. Ayant déjà jeté quelques coup d'œil, Naelia s'approcha un peu plus et regarda en détail. Elle n'était pas spécialiste en peinture – son truc à elle, c'était plutôt la littérature – mais elle appréciait les arts et devait reconnaître que la toile était bien réalisée. Rosaly avait sans aucun doute beaucoup de talent. « Sérieusement, tu doutes de toi? » demanda-t-elle d'abord. « Parce que c'est réussi, aucun doute là-dessus. Très réussi, » poursuivit-elle. Elle se remémora quelques essais de peintures qu'elle avait pu faire quand elle était adolescentes – de pures catastrophes, pour être sincère. À côté de ça, la toile de Rosaly était parfaitement bien réalisée. « C'est très beau, tu es vraiment douée, » ajouta-t-elle avec sincérité. « Tu peins depuis longtemps? C'est un simple passe-temps ou un peu plus que ça? » demanda-t-elle ensuite avec curiosité.