C'est une de ces journées ou tu te réveille et que déjà en partant, tu t'emmerde déjà. Pourtant, j'étais à bord d'un yatch remplis de gens avec qui discuter, mais je me sentais seul tout de même. Ne sachant quoi faire de ma peau, je me suis promené sur le yatch pendant une bonne vingtaine de minutes avant de m'arrêter à la salle de détente. Une table de pool s'y trouvait ainsi qu'une table de babyfoot. Quelques canapés et tabourets garnissaient l'endroit. Étant complètement seul et n'ayant pas eu une nuit des plus complètes, je vins m'installer sur l'un des canapés sur lequel je m'étendis de mon long. Une main derrière la tête, je fixais le plafond en faisant le vide de mon esprit jusqu'à ce que je sente une présence dans la pièce. Je relevai la tête légèrement pour apercevoir une jeune femme qui venait de s'asseoir à l'un des tabourets du mini bar. Je reconnus celle-ci assez facilement. Pepper-Ann. Un peu difficile de ne pas se souvenir de la jeune femme alors qu'elle a fait son arrivé en même temps que moi et que dans la même soirée, nous avons échanger un baiser lors du jeux de la bouteille. Je me fis discret pour ne pas me faire remarquer et tenter de faire peur à celle-ci. Je me glissai doucement hors du sofa et vint ramper à quatre pattes au sol en direction de celle-ci. Me trouvant à quelques pas à peine de Pepper, je tendis le bras et vint lui agripper la cheville tel un prédateur attrapant sa proie, tout en espérant que celle-ci ne s'en prenne pas à moi par la suite.

Ce Yacht me donne de très mauvaise habitude, comme celui de trainer un peu trop souvent autour du bar. A force, je ne ressentirais même plus les effets de l'alcool tant mon organisme s'y sera habitué. Cela ne sera plus qu'une douce addiction. Pfiou. On meurt tous de quelques choses et moi, je sais déjà comment je vais mourir, alors ce n'est pas quelques verres et une dépendance qui vont me foutre la frousse. Pourtant, aujourd'hui matin, c'est pour une excellente raison que je traine près du bar. Il se trouve que ma voix commence à se faire doucement la malle. Remède on ne peut plus efficace : une tasse de lait chaud, une cuillère à café de miel et une petite dose d'alcool. Si, si, je vous jure. C'est un remède de Grand-mère, mais un remède tout de même. La tasse : Check. Le lait chaud : Check. La cuillère à café de miel : check. La dose d'alcool : j'y viens. Trainant du côté de la salle de détente, je passe derrière le bar pour dénicher une bouteille et verser quelques goutes dans ma potion magique qui me redonnerait de la voix en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Tasse posée contre le bar, je me hisse -difficilement- sur l'un des tabourets. Sage, je fais tourner ma cuillère dans la tasse dans une bruissement sonore plutôt agaçant. Je n'ai bien évidement pas remarquer la créature rampante qui évolue dans la pièce et qui s'approche sournoisement de ma petite personne. Cet horrible personnage s'empare de mon poignet. Hurlement s'en suit. J'escalade le tabouret et me retrouve debout sur le bar, couverte de ma potion magique -légèrement brulante d'ailleurs-. Mon regard s'abaisse alors sur cet idiot de Jacob. Plutôt furieuse de m'être laissé surprendre aussi facilement, les battements de mon cœur s'affolent étrangement. J'ai du mal à respirer. En plus, j'en ai les larmes qui me montent aux yeux. Je ne veux même pas descendre de mon perchoir. Ma main me sert d'éventail. Respire ça va. Bordelou, il m'a fait peur. Au bout d'un moment, j'arrive enfin à articuler : Tu as intérêt à avoir une excellente idée pour te faire pardonner.

Ramper au sol sans me faire repérer : Check. Faire peur à Pepper : Check. S'attendre à ce que celle-ci le prenne à la légère : Oups. Sans perdre une seconde, je me relevai pour faire face à celle-ci qui était bien plus grande que moi puisqu'elle se trouvait toujours sur le bar. Elle ne semblait pas aller très bien ce qui, naturellement, m’inquiétais un peu. « Tu as intérêt à avoir une excellente idée pour te faire pardonner. » Est-ce que je me sentais mal ? Oui, quand même. Si Pepper avait eu une réaction différente à ma plaisanterie, j'aurais été fier de mon coup, mais sa respiration haletante et les larmes qui lui montaient aux yeux fit naître en moi une boule de remord. Je me tenais toujours devant celle-ci, les bras légèrement relever afin de pouvoir la rattraper si elle venait à perdre pied. « Je suis prêt à faire n'importe quoi pour me faire pardonner, que ce soit de t'inviter à un des restos de Catania ou autres, mais s'il te plait, descend du bar. » dis-je d'une voix qui se voulait la plus calme possible. Je tendis alors une de mes mains, voire à présent mes deux bras pour aider Pepper à redescendre du bar. Avais-je peur des hauteurs, non, mais le fait de voir une personne surélevée par un quelconque objet me rendait perplexe et me donnait pratiquement le vertige. C'est pourquoi je désirais voir celle-ci descendre sur la terre ferme le plus rapidement possible.

Je suis prêt à faire n'importe quoi pour me faire pardonner, que ce soit de t'inviter à un des restos de Catania ou autres, mais s'il te plait, descend du bar. Finalement, la bouille malicieuse du jeune homme se déforme, se laissant gagné par une certaine inquiétude qu'il tente de dissimulé, en vain, parce que je commence à avoir l'habitude de ses regard porté sur ma personne, s'étonnant de me voir haleter à chaque fois que mon cœur est soumis à une quelconque épreuve, aussi petite soit-elle. Je lui souris doucement, masquant les saccades imperceptible qui agite mon cœur. Je sais gérer cette douleur, elle n'est qu'une toute petite aiguille à côté de ce que pourrait être un couteau sauvagement enfoncé dans la chair. Il me tend ses mains, comme s'il craint de me voir vacillé à tout instant. Oh, ça tombe bien que tu me parles d'un repas, je commence justement à avoir un petit creux. La peur s'est envolé, même si mon cœur met un certains temps à s'apaiser, elle est déjà loin. Je me penche doucement, osant mes mains contre ses épaules -relativement bien batties à en croire mes doigts- et me lui saute dessus, enroulant mes jambes autour de ses hanches. Oui, je sais, j'ai tendance à me prendre pour un koala, mais c'est tellement amusant. Bon, chacun son truc. Je dépose un baiser sur sa joue, malicieuse et joueuse. T'inquiète pas, un jour, ma vengeance te tombera dessus. Un clin d'oeil. Alors, on mange où?