En ce matin de premier aout, dix heures huit pour être précise, moi, Marilou, viens d’accomplir un exploit. En effet. Pour une fois, sans doute la première sur ce bateau, je me lève non seulement de bonne (excellente) humeur, mais, en plus, je n’ai PAS cette tronche de zombi habituelle. Oui, mes yeux sont biens ouverts, et pas à moitié fermé, je parle distinctement et ne grogne pas. Mes amis, c’est un miracle. Vraiment. Je sors de mon lit en sautillant un peu partout, ça fait peur, oui. Je me fais peur moi-même parfois. C’est que je n’ai pas l’habitude d’être dans cet état là dès le réveil. Mais tant mieux, tant mieux. Alors, du coup, moi, la bonne humeur comme ça, ça me donne envie d’écouter de la musique. Donc, je cherche mon ipod dans mes affaires, et après bien deux ou trois minutes à dire « putain mais il est où ce con », je l’ai enfin. Je file dans la salle de bain, toujours habillée de ma simple nuisette rose à pois. Après l’étape « je me brosse les dents pour des dents blanches et une bonne haleine » je farfouille un peu partout pour trouver ma brosse à cheveux. Alléluia, je l’ai. Je me brosse les cheveux (logique, avec une brosse à cheveux, j’ai envie de dire) et remue suivant la musique que j’écoute. « Oooh, what did you expect ? » Oui, forcément, je me mets à chanter aussi. Pas trop fort hein. Que peu de gens entendent. Puis, j’ai pas precise que j’ai une voix en or hein. Non pas que je chante comme une casserole non plus. Enfin, je suis juste dans la moyenne, si vous voulez. Je ne chante ni bien, ni mal en fait. Heureusement que je sais remuer mes fesses plutôt bien hein, ça compense un peu si vous voulez mon avis. Et, forcément, j’allais pas me fais le complet en entier. Alors j’enchaîne avec le refrain, et me prends pour Carl Barat en personne. « BANG BANG YOU’RE DEAD ! Always so easily lead » et puis, en regardant dans le miroir, je m’aperçois d’une chose. Je ne suis pas seule. Bordel de merde. Comment avoir honte, dès dix heures du matin. Je tente de prendre un air menaçant. Tente seulement. « Je te préviens tout de suite mon joli. Tu n’as rien vu, rien entendu, et tu ne sais rien. Dans le cas contraire, je serais obligée de t’éliminer. »

Comme à tous les matins après avoir prit mon petit déjeuner, et j'espère que c'est la même chose pour tous les candidats, je me dirigeais vers la salle de bain afin d'aller m'y brosser les dents pour ne pas avoir une haleine de cheval le restant de la journée. Faisant une de ses chaleurs, je ne me gênais pas de me promener seulement torse nu ne portant seulement qu'un jeans. Brosse à dent et dentifrice entre les mains, j'entrai dans la salle de bain ou je vis une jeune femme se trémousser tout en se brossant elle aussi les dents. Un spectacle assez amusant, je dois avouer. Je vins m'installer à l'extrémité du comptoir et observai toujours celle-ci du coin de l'oeil grâce au miroir, mais je fus rapidement mis à découvert. « Je te préviens tout de suite mon joli. Tu n’as rien vu, rien entendu, et tu ne sais rien. Dans le cas contraire, je serais obligée de t’éliminer. » Automatiquement, je vins mettre ma brosse à dent dans ma bouche pour me libérer les mains et les levai en l'air comme si elle s’apprêtait à me tirer dessus. « Je ne dirai rien. Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer. » Un sourire apparut à la commissure de mes lèvres et je retournai à mes occupations qui était de me brosser les dents. Quand cela fut fait, je me retournai et vint m'asseoir sur le comptoir en question et posa à nouveau mon regard sur la jeune femme. « Tu peux faire comme si je n'étais pas là hein. » dis-je sur un ton amusé tout en ne quittant pas celle-ci des yeux.

Je ne suis donc plus seule. Honte. Oh oui, je la ressens. Je retire mes écouteurs et laisse mon ipod en plan sur l’comptoir. C’est que ça fait un peu malpoli après, de continuer à parler tout en écoutant de la musique. Enfin, ce n’est que mon avis hein. « Je ne dirai rien. Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer. » J’examine un instant le garçon. Là, en fait, j’aimerai être comme ces personnes atrocement douées qui savent lire dans les gens comme dans des livres ouverts. Je plisse les yeux, comme si ça allait m’aider à savoir s’il était sincère ou non. La vérité, c’est que je n’connais rien aux gens. Je ne les cerne pas, et je ne les comprends que rarement. Je suis nulle en relations tiens. « Brave garçon. » que je lui réponds. L’ennui, c’est que les caméras ont tout filmé. Les garces. Elles sont contre moi depuis le début de toutes manières. Tss. Je continue de me brosser les cheveux, démêlant un vilain nœud qui sort de je ne sais pas trop où. Et lui trouve le moyen de s’asseoir sur le comptoir, et de me relooker. Faire comme s’il n’était pas là ? Ahah, facile à dire tiens. Je pose la brosse à cheveux. « Parce que tu comptes rester perché là à m’mater ? » Oh, et s’il pense à me revoir gigoter sur ma musique, hors de question. Parce que ça craint un peu hein. Je me passe la langue sur la lèvre, puis, sors : « Dis , tu connais la blague des cailloux ? Non ? Alors, c’est deux cailloux, ils vont en boîte. Et t’en as un, il dit à l’autre : « tu viens, on danse ? » Et l’autre, il lui répond « Ben non, on ne peut pas, on est des cailloux. » » Oui, je raconte des blagues peu évoluées, et qui n’font rire que moi. C’est le matin, je viens juste de me lever, faut pas m’en vouloir. « Elle était gratuite. Vanille bourbon ou patchouli, pour le parfum ? »

« Parce que tu comptes rester perché là à m’mater ? » Et pourquoi pas ? Après tout, je n'avais rien de prévu de ma journée et elle semblait être un bon divertissement. Ne la quittant plus des yeux, j'écoutais ce qui semblait être une blague sortie tout droit d'un fond de poubelle. Bien que c'était la pire blague que je n'ai jamais entendu de toute ma vie, elle m'arracha tout de même un sourire. « J'espère que tu ne tente pas ta chance en tant qu'humoriste... » dis-je tout en gardant ce même léger sourire amusé que précédemment. Je pouvais presque dire que j'étais immunisé contre les blagues de bas niveau grâce à ma fille, mais venant de ma petite, c'est complètement mignon. « Elle était gratuite. Vanille bourbon ou patchouli, pour le parfum ? » J'eu une petite grimace lorsqu'elle prononça le mot patchouli. Pas que l'odeur était répugnante, c'est juste que le parfum de mon ex sentait le patchouli et je n'avais pas vraiment envi de la sentir partout sur le yatch. « Va pour vanille bourbon. » Je vins à descendre du comptoir qui commençait doucement à m’aplatir le derrière en crêpe. Une main glissa dans mes cheveux avant de glisser vers mon menton que je frottais délicatement. Mon regard fixant mon double dans le miroir, je commençais à me dire que cette petite barbe de deux ou trois jours était dû pour être raser. Je portai alors mon regard vers la doublure de la jeune femme dans le miroir et lui demanda son avis. « Je rase ou pas ? » Quitte à se demander quel parfum mettre, pourquoi pas y aller à fond avec quel look porter. Après tout, un avis féminin n'allait pas me faire de tord.

« Elle était peut-être nulle, mais j’ai réussi à te faire sourire, c’est déjà un bon point. » C’est dingue ça. Je me rends compte que même les blagues les plus nulles (et encore, j’avais pire hein, comme celle du « comment fait un chinois pour appeler l’ascenseur ? Il appuie sur le bouton, comme tout le monde ») font quand même sourire, ou rire les gens. Peut-être pas pour la blague en elle-même, mais pour le côté ridicule de la chose. Et je m’asperge raisonnablement de mon parfum vanille bourbon, puisque c’est son choix. A son tour de me demander mon avis, non pas pour un quelconque parfum, mais s’il doit se raser ou non. J’examine le reflet de monsieur dans le miroir. D’ailleurs, je remarque qu’il est plutôt bien foutu, habillé qu’avec un jeans. Ça me rappelle un peu les mannequins qui posent comme ça pour une marque. Je me retourne alors vers lui, pour observer non plus son reflet, mais son « vrai » lui. Et puis, je m’approche, pour mieux voir. Je passe ma main sur sa joue, puis son menton. « Non, rase pas. Ça t’donne un côté méchant garçon. La plupart des filles aiment les méchants garçons. T’en choperas bien une ou deux avec ça. » Véridique.

Marilou s'approcha de moi et toucha mon visage. Je me laissai faire attendant le verdict de celle-ci. « Non, rase pas. Ça t’donne un côté méchant garçon. La plupart des filles aiment les méchants garçons. T’en choperas bien une ou deux avec ça. » Un charmant sourire se dessina automatiquement sur mes lèvres. « Tu me trouves attirant avec cette petite barbe ? J'ai des chances ? » dis-je dans un ton qui se voulait à la fois amusé et charmeur. J'approchai légèrement mon visage vers le cou de la jeune femme avant de me reculer et ajouter. « J'ai bien fait de choisir vanille bourbon... tu le porte très bien. » Une de mes mains vint passer dans mes cheveux avant de glisser sur mon torse nu. Un léger frisson me parcouru. Je me fais effet à moi même on dirait. Je reportai alors mon regard vers le grand miroir et prit la ceinture en cuir sur le comptoir et me préparai à l'attacher autour de mon jeans. Je jetai un regard malicieux à Marilou avant de prendre la parole à nouveau. « Tu m'aides ? » J'avançai mon bassin vers celle-ci, tenant la ceinture entre mes mains comme l'on tient un fouet.

Si je le trouve attirant comme ça ? Quelle question. Je n’allais pas lui dire de faire quelque chose qui le rendrait, « moins attirant » pour ma part. Forcément qu’il a des chances. Le pauvre petit, s’il n’avait aucune chance avec aucune fille dans ce jeu. « Ouais, c’est possible. » Autant être franche, et ne pas tourner autour du pot. C’est inutile, et ça peut faire des confusions. Il me dit que je porte très bien mon parfum. Il me fait sourire. C’est déjà ça. Alors que j’en suis à me demander ce que je peux faire de mes cheveux (quel calvaire pour toutes filles), il me demande de l’aider à, tout simplement, enfiler sa ceinture. Avec un petit rire, je m’abaisse au niveau de son jeans et lui prends cette ceinture des mains. Non, je ne vais pas lui faire une petite gâterie, ou quelque chose comme ça, même si la position laisse à désirer. Après avoir enfilé la ceinture dans tous les passants du jeans de monsieur, je m’attaque à la boucler. « C’est marrant, c’est bien la première fois que je boucle la ceinture d’un mec. Généralement, je m’occupe plutôt de la retirer. » Faut dire qu’on m’demande rarement de la mettre, la ceinture. Je tente de ne pas toucher le torse de Jacob avec les doigts, parce que, comme d'habitude, ils doivent être gelés. Et c'est pas tout le temps agréable. Quoi que.