harley.

Le jeune homme avait trouvé un livre quelques minutes plus tôt et, n'ayant rien d'autre à faire, il s'était dit qu'une petite dose de lecture quotidienne ne tuait pas. Non, un livre ne tuait pas, et il avait tendance à l'oublier. De toutes façons, les jeunes d'aujourd'hui ne lisaient plus, et Jones n'échappait clairement pas à la règle. Il n'avait rien de plus que les autres, ou rien de moins. Non, ce n'était qu'une personne normale, parmi tant d'autre et, ça aussi, il avait tendance à l'oublier. Pour diverses raisons. Il se sentait par exemple inférieur depuis la mort de son père, ou bien inférieur d'avoir à participer à une émission de télé-réalité pour trouver l'amour, surtout à vingt-quatre ans. Enfin quoi qu'il en soi, son cerveau était rempli de pensées morbides et toutes les plus abruties les unes que les autres. Il était donc plongé dans son livre, à scruter les pages, les dévorant presque, les unes après les autres. Puis, décrétant avoir eu sa 'dose', il plia le haut de la page, avant de le jeter au bout de son lit, se relevant, étant, malgré tout, toujours assis. Il avait l'air détaché, c'était assez effrayant. Soudain, il tourna la tête vers le livre, et lu le mot suivant : 'CHOKE', un mot qui fit tilte dans sa tête. C'était le livre dont une candidate avait évoqué le nom quelques temps plus tôt. Il savait très bien qui c'était, après tout, il n'avait pas non plus parlé avec quinze mille personnes. Il prit le bouquin dans les mains, et se dirigea dans le couloirs, avec une destination bien précise. Il toqua une fois, deux fois de suite à la porte de la cabine trois cents quatre, avant d'y entrer, sans ménagements. Harley était là : parfait. C'était à elle qu'appartenait le livre après tout. Il se dirigea vers elle, qui était assise sur son lit, avant de lui tendre le livre. « J'ai trouvé ça sur la table de la salle à manger tout à l'heure, et je viens de me rendre compte que c'était le tien. Désolé, j'y ai lu quelques pages, et j'ai corné une page, j'espère que tu ne m'en veux pas. » fit-il, avant de sourire, et de se retourner, près à sortir, avant que la voix de Harley ne résonne dans la pièce.

Plus le temps passait et plus je me demandais si j'avais réellement ma place dans cette aventure. Loin de moi l'idée de vouloir partir seulement tout semblait aller à une vitesse folle par ici. Alors que j'en étais à peine à la découverte des candidats, certains devenaient on ne peut plus intime. Si bien que j'espérais que ce yacht ne soit pas rempli de pervers uniquement là pour s'envoyer en l'air point barre. Pour moi la séduction et l'apprentissage de l'autre était essentiel pour construire une relation, les coups de coeurs existaient certes mais je n'étais clairement pas le genre de personne à brûler les étapes. Appelez ça de l'inhibition ou comme cela vous chante, moi je dirais plutôt raisonnable. L'émission ne rimait pas à folie pure, il était hors de question que je balaye mes principes du revers de la main juste pour faire un peu d'ambiance ou d'assurer ma place dans le jeu. Bref, après que le repas fut terminé, j'avais décidé de me descendre du bateau pour faire un peu de shopping si bien que j'avais rejoins ma cabine afin de prendre mon sac et enfiler des chaussures plus confortables. Je venais de m'installer sur mon lit afin d'enfiler mes spartiates lorsque quelqu'un toqua à la porte. Je relevais la tête et croisa le regard de Jones qui venait de rentrer, je lui souriais tandis qu'il me tendit un livre, que je reconnaissais comme étant le mien. Mon livre fétiche. A vrai dire je ne me souvenais même pas de l'avoir laissé dans la salle à manger, persuadée qu'il devait être dans ma table de nuit. Il s'excusa bien rapidement de l'avoir lu, si bien que je ne pus m'empêcher de sourire. « Attends Jones ne pars pas si vite ! » Lançais-je alors qu'il s'apprêtait à quitter les lieux, je lui retendis alors qu'il avait tourné la tête. « Tu peux le garder si il te plait, je l'ai lu une bonne vingtaine de fois, c'est vraiment pas un soucis. » Je ne le forçais pas, quoiqu'il en soit, ça ne me gênait pas du tout qu'il le garde un moment.

Harley était la 'première' personne avec qui Jones avait parlé. C'était après son entrée dans le jeu, quelques heures après la fin du second prime. Il s'en souvenait comme si c'était hier, de ce prime. Il faut dire que ça avait marqué un tournant dans sa vie, son entrée dans une émission de télé-réalité. Intéressant, pas vrai ? Et la jeune femme était sympathique, malgré le fait qu'ils ne discutaient pas assez, mais il fallait faire connaissance avec plusieurs personnes, et non pas se focaliser sur une seule. Bref. Visiblement, elle voulait qu'il attende, lui proposant de garder le livre. Soit. Il était vrai qu'il était sacrément intéressant - malgré qu'il en eut vite marre - mais c'était le sien, donc, naturellement, il le lui avait rendu. Mais il pouvait le garder, pour le lire, soit. Mais elle l'avait réellement lu une vingtaine de fois, ou alors ce n'était qu'une simple expression ? « Vingt fois ? T'es une fan, c'est pas possible autrement ! » fit-il, avant de sourire, toujours la main poussée sur la poignée, puisqu'il était prêt à sortir. Finalement, il retira sa main de cette poignée, avant de s'asseoir aux côtés de la jeune femme, la toisant du regard. « T'étais occupée de faire quoi avant que je ne t'interrompe pour te rendre un livre que tu viens de me convaincre de garder, histoire que je le finisse et que je te le rende ensuite ? » finalement, il lui sourit, et récupère le livre qu'elle lui tendit. Il s'était plongé dans l'histoire, donc, elle avait raison, pourquoi ne pas le garder encore un moment ? Puis, il s'assoit en tailleur sur son lit, prenant, presque, ses marques. Elle était bien occupée à quelque chose, et il était curieux de savoir ce qu'elle faisait.

Je riais à gorge déployé lorsqu'il m'interrogea quand au fait que j'avais pu éventuellement lire ce bouquin vingt fois. J'avais fini par m'arrêter au bout de quelques minutes, me retrouvant même allongé sur mon lit, non je ne me moquais pas de lui. J'avais juste envie de rire, et à vrai dire ça faisait un bien fou puisque je m'étais pas esclaffé de cette façon depuis longtemps. « Non, non, enfin j'sais pas j'ai pas réellement compté, mais je l'ai lu de nombreuses fois oui. J'suis une fan, tu sais le genre à attendre des heures devant un hôtel pour apercevoir les cheveux de mon auteur préféré, ce genre de tarée qui collectionne les chewing-gum usagers, une vraie passionnée. » Railleuse à souhait, j'assortissais mes paroles d'un sourire étincelant trop sûrement. Evidemment, je plaisantais et espérais qu'il saisisse l'humour. Il vint s'asseoir prêt de moi, prenant ses aises sur ce petit lit étroit qu'était le mien. Il me questionna ensuite sur mes intentions. « Je comptais quitter le yacht, et aller dans le premier supermarché du coin pour me constituer un bon stock de nourriture en cas de nouvelles représaille, je ne sais pas si t'es au courant mais la nourriture a mystérieusement disparue comme par enchantement. » Je faisais bien entendu référence à l'attaque ô combien puérile et inutile suite aux nominations, que je ne cautionnais pas et dont il avait fait partie. Néanmoins, appréciant particulièrement le jeune homme, moins ses fréquentations, mais c'était une autre histoire, je gardais mes remarques pour moi. Avant de poursuivre plus sérieusement. « Non en réalité, je comptais m'occuper en faisant du shopping mais puisque tu es là, je vais rester et te séquestrer dans ma cabine ! » Je souriais avant de finalement ôter ma chaussure que je venais d'enfiler pour me mettre à l'aise.