Toute femme normalement constituée ne pouvait nier le fait de s’être, au moins une fois dans leur vie goinfrée pendant la nuit. C’est tout à fait ce que Rose était en train de faire, dans la cuisine éteinte. Avec la lumière du frigidaire comme tout éclairage, elle s’était assise en tailleur devant ce dernier et tenait dans ses mains un bol. Elle n’avait jamais été du genre à se réfréner sur la nourriture mais faisait tout de même attention à sa santé, comme tout le monde. Sauf ce soir, ce soir c’était glace à la vanille, chantilly, copeau de chocolat, nutella, jus de fruit en abondance, dans un verre bien évidemment. C’était la débandade totale, un craquage du slip, un vrai carnage. Elle fixait la nourriture présente dans le frigo pour savoir ce qu’elle allait pouvoir manger après alors qu’elle n’avait pas encore fini sa glace. Qu’elle mangeait avec entrain ceci dit, c’était super bon il fallait dire. De nombreux psychologue se seraient entendu à dire qu’elle mangeait pour combler un vide, Rose n’y pensait pas, elle mangeait simplement pour manger. C’était comme ça, il n’y avait pas d’explication, juste un moment passager de pur gloutonnerie que son estomac lui ferait payer au petit matin. Quand le froid du réfrigérateur devint trop intense, elle se leva pour aller chercher une veste qu’elle avait laissé sur la table pour se rassoir à la même place, elle l’avait déjà chauffée, c’était plus simple. En se levant, elle avait aperçu Pepper-Ann, esquissa un sourire et avala une nouvelle cuillère de glace. « J’ai prit en otage la nourriture. » Ahah, hilarant comme blague, non ?

Petite fringale nocturne. C'est bon, ce n'était pas pour une fois. Enfin, bon, c'était presque tout les jours. J'étais un estomac sur pattes et je l'assumais presque pleinement. Je rejetais la couette qui me retenait prisonnière à ma lit. Je crevais de chaud, c'est pour cela que je dormais en sous vêtement. Ouai, je crevais de chaud, mais il était impossible pour moi de dormir sans ma couette. J'étais probablement dingue, mais cette partie aussi, je l'assumais aussi, même un peu plus. Mes deux colocataires dormaient profondément alors que moi, je peinais depuis deux heures déjà. J'avais finit par me résoudre à quitter le lit, sous la menace de mon estomac qui ne cessait de se faire remarquer en émettant des grognements plus que significatif. Je me trainais hors du lit, enfilant un sweet shirt à capuche. Je sais, je venais de dire que j'avais chaud et j'enfilais un pull, mais il se trouve que sortir de mon lit m'avait fait prendre conscience du froid qui règnait en dehors. Je me trainais jusqu'au cuisine pour découvrir qu'elles étaient déjà occupée par Rosaly. Elle me prévint qu'elle avait déjà pris la nourriture en otage. Je laissais échapper un léger rire. Ça, je ne l'avais pas volé. J'haussais les épaules, une légère moue s'emparant de mes lippes. Qu'est ce que je dois faire pour avoir la même chose que toi? Oui, oui, je ne perdais pas le nord, j’espérais sincèrement que c'était la même blague stupide que je leur avais faite il y a de cela quelques jours. Sans rancune, pourvu que mon estomac finisse par être approvisionné.

Se doutant que Pepper allait lui répondre, après tout ça semblait logique, elle se retourna mais ne distingua pas ses paroles, la luminosité ne le permettant pas. « Je suis désolée, je n’ai pas pu lire sur tes lèvres. » Ne restait plus qu’à espérer que ce n’était pas une question de vie et de mort, du genre je vais mourir dans deux secondes si tu ne me viens pas en aide, quelque chose comme ça. Mais ça n’avait pas l’air donc Rose l’invita. « Attrape toi un bol et viens me rejoindre en Norvège. » Pour le froids qu’il faisait, son humour avait tendance à régresser après minuit. « Je consens à partager si tu me dis quelque chose d’important sur toi. Il n’y a que nous, et la glace comme témoin donc ça restera entre ces quatre murs. » Pour elle en tous les cas, après elle ne pouvait pas parler à la place de Daniel ou Noah ou encore le Capitaine avec ses questions impertinentes. Elle n’avait pas posé la sienne au hasard, au final elle ne connaissait de Pepper-Ann que ce qu’on lui en avait dit, et ce qu’elle pouvait constater chaque jour. Et elle ne laisserait pas le petit incident de la dernière fois les faire partir du mauvais pieds, après tout elle était bien amie avec Jordanna, elle pouvait au moins faire l’effort d’essayer de découvrir Pepper.

Owi. Désolée, j'oublie tout le temps. Je te demandais seulement ce que tu voulais en échange d'un peu de nourriture. Cette fois-ci, j'avais attendu d'être certaine qu'elle puisse voir mes lèvres. Je n'articulais pas outre-mesure, sans doute parce que je n'aurais pas aimé qu'on le fasse pour moi. J'articulais simplement, normalement. Sa question. Je me pinçais les lèvres hésitantes. Une chose importante pour moi? C'est étrange, il n'y avait qu'une seule chose réellement importante, une chose qui régissait toutes les autres : mon problème au cœur. C'était pourtant étrange d'en parler à Rosaly que je ne connaissais finalement pas et pourtant, comme si elle s'attendait à ce que cette chose soit difficile à dire, elle avait précisé que nous n'étions qu'elle et moi. Bon, évidemment, il y avait les spectateurs, mais ce détail avait certainement été abordé dans mon profil. Oui, en fait, il n'y avait que les candidat à être hors du secret. J'hésitais encore, je n'avais pas envie qu'elle prenne la fuite, mais je n'avais pas envie de mentir, je n'avais pas envie de cacher la vérité en trouvant une autre alternative. D'accord, mais personne sur le Yacht ne le sait, alors je compte vraiment sur toi... D'accord? Je ne prenais pas d'air grave, je n'étais pas plus sérieuse que d'habitude, non, parce qu'au fond, c'était banal pour moi. J'attendais qu'elle me réponde, prenant un bol pour me servir de glace, je glissais une cuillère entre mes lippes.

J’oublie tout le temps. Rose esquissa un triste sourire en lisant ses mots lorsqu’elle se rapprocha et essaya d’imaginer un monde où elle pouvait dire ça aussi. Ce ne serait pas la première fois, ni la dernière surement mais c’était plaisant, bien qu’elle avait du mal à se figurer ce qu’était vraiment entendre. Elle ne se souvient plus, trop jeune disent certains médecin, trop traumatisée pour d’autres, un simple système d’auto défense pur les derniers. Elle ne savait pas pourquoi mais quelque part, préférait ce silence, savoir ce qu’elle avait perdu pouvait être plus terrible, elle en avait conscience. Remuant doucement la tête pour ôter toutes ses pensées, elle grimaça à sa prochaine cuillère, l’ayant avalé trop vite. « Froid, froid, froid. » C’était plus un réflexe qu’autre chose, elle n’essayait en aucune façon de signifier à Pepper que la glace était froide, elle ne la pensait pas aussi stupide. Se déplaçant pour laisser une place à la jeune femme devant le réfrigérateur, elle la regarda se servir de la glace et enfourna une autre cuillère tandis qu’elle lui répondait. Elle s’attendait à ce qu’elle lui sorte qu’elle aime bob l’éponge ou qu’elle a peur du noir, la première chose qui lui venait à l’esprit en soit mais elle avait l’air très sérieuse. Rose se redressa alors et hocha la tête positivement, prenant son air sérieux. « Ce n’est pas moi qui irait le répéter à personne, je t’en fais la promesse. » Pepper-Ann ne le savait pas mais elle ne faisait jamais de promesse en l’air, jamais.

Un éclat de rire en voyant Rosaly se battre avec sa glace, visiblement bien trop froide. Mon j'attendais, jouant avec ma cuillère dans la glace pour la faire ramolir et que cela ressemble davantage à un milk-shake. Je la suivais du regard après m'être hissée sur le plan de travail de la cuisine. Bol de glace en main, je prenais une cuillère de glace. Hm. La glace. Délicieuse. Je savourais les saveurs alors qu'elle me promettait de ne rien répéter à personne. Bizarrement, je la croyais. Je ne voyais aucune raison qu'elle me mente, puis, ce n'est pas le genre de rumeur plaisante à propager. D'accord, mais surtout, je ne veux pas que tu changes de comportement ou quoi que ce soit !!!? Hein? Je pinçais à nouveau mes lèvres l'une contre l'autre, cherchant mes mots, cherchant une façon de le dire sans que cela paraisse trop grave. Tu m'as demandé quelques choses d'important, de vraiment important, alors... Hm. J'ai des problèmes aux cœurs... Enfin, je fais de l'insuffisance cardiaque, j'en suis au stade 3. J'haussais les épaules, pinçant à nouveau les lèvres. Je ne la quittais pas du regard, je la regardais dans les yeux. J'étais plutôt sereine et calme, je m'y étais faites ou je préférais pas penser à la peur que cela pourrait provoquer, je ne pensais qu'à l'instant présent et à ce que je devais faire pour que cela ne m'handicape pas trop. C'est tout ce qui comptait. J'esquivais un sourire, comme pour la rassurer, pour ne pas qu'elle s'inquiète, là, j'allais bien.

Lorsque la jeune brune lui demanda de ne pas changer de comportement après sa révélation, une multitude de suggestions se bousculèrent dans sa tête. Vampire, loup garou, nécromancienne, descendante d’une lignée royale, sans domicile fixe, mariée, en réalité un homme … Enfin bref, tout un tas de possibilités aussi incongrues les unes que les autres, parfois certaines encore plus, permit d’échapper au suspens. Elle avait oublié de répondre mais au final ne le désirait pas vraiment, elle avait une certaine limite de choses qu’elle pouvait ou non accepter. Mais savoir qu’elle avait un handicap pulmonaire sérieux ne changerait en rien son comportement. Bien entendu, Rose était choquée. Elle était loin de s’attendre à ça. Il fallait dire que la jeune femme ne laissait rien paraitre, bien au contraire. Elle paraissait tout le temps pleine de vie, prête à faire des choses stupides comme construire un fort dans une chambre qui ne lui appartient pas. Mais au fond, elle comprenait pourquoi, mieux que personne ici ne pouvait comprendre. Elle savait ce qu’était vivre avec un handicap. Ce n’était pas tous les jours facile mais elle avait apprit à faire avec, à profiter malgré tout. Pepper faisait la même chose, à sa manière. « Je ne pensais pas que … Enfin que tu me révélerais quelque chose d’aussi important. » C’était peut-être la chose la plus importante qu’elle pouvait lui révéler. « Mais je suis contente que tu l’ai fait. Et crois moi, je en changerai pas d’attitude vis-à-vis de toi, je sais trop ce que ça fait. » D’avoir l’impression de se sentir inferieur. Les gens veulent toujours bien faire mais au final, c’est toujours un peu dégradant. « Tu … Tu vas mourir ? » Elle posa son bol devant elle et observa la jeune femme un peu plus attentivement.

Elle ne pensait pas que ce serait si important? Dans un sens, c’était normal, comment aurait-elle pu s'y attendre? J'avais montré quelques signes de faiblesse à l'un ou l'autre moment, mais j'étais parvenue à les masquer, à n'en faire que de tout petit détail dont tout le monde se fout. J'ai hésité, mais, finalement c'est le plus important. Je ne Je ne voyais rien d'autre et je n'avais aucune envie de t'inventer une connerie. Oui, ses peurs, ses désirs, tout cela, c'était moins important et de toute façon, pour pratiquement tout, cela partait des mon insuffisante cardiaque. Oui. J'allais mourir. Quand? Je n'en savais rien. J'étais sur la liste des dons d'organes, mais je n'y croyais plus, je préférais me dire que cela n'arriverait pas pour m'éviter toute désillusion. Mon état pouvait empiré, après tout, il y a moins d'un an, je n'étais qu'au Stade 1. Je ne voulais pas trop y penser, je ne voulais pas savoir combien de temps il me restait, je voulais simplement en profiter. Je lui souris, simplement, je ne sais pas, cela me faisait peut-être du bien que quelqu'un dans cette aventure sache. Mais on meurt tous un jour, non? Certains plus vite que d'autre, mais on en finissait toujours au même point. Dans mon entourage, beaucoup prétendait que j'avais cessé de me battre en étant aussi fataliste, ils voulaient que je me batte, jusqu'au bout, mais je voulais simplement vivre, tant que je pouvais encore le faire et que cela passait inaperçu. Ils ne comprenaient pas et c'était d'autant plus difficile pour eux. Je prenais une nouvelle cuillère de glace, coinçant le couvert entre mes lippes, j'emprisonnais le froid dans ma bouche. Mais t'inquiète pas tout de suite !!! A moins que Noah m'en veille réellement et choisisse de nous faire courir le marathon !!! Un rire. Oui, parce que Noah, il avait le don de me foutre dans la merde.

C’était tout à son honneur de lui avoir avoué ce qu’il y avait de plus important. Très courageux, Rose n’en revenait toujours pas. Peut-être que c’était plus facile de lui en parler puisqu’elles n’avaient pas des contacts très réguliers et qu’elles ne se connaissaient quasiment pas. Elle avait conscience qu’il est toujours plus facile de parler avec une personne qui ne nous est pas très proche, histoire de ne pas décevoir, ou de ne pas voir le regard changer. Et ça, Rose savait ce que c’était, elle avait droit à ce fameux regard dès qu’elle annonçait qu’elle ne pouvait entendre. « Merci. » Sa révélation valait au moins un merci, à vrai dire elle ne savait pas vraiment quoi dire après ça. Mais les blancs n’étant que peu dans ses habitudes, elle lui posa la première question qui lui vint à l’esprit. Elle n’y connaissait pas grand-chose en médecine, du moins tout ce qui ne se passait pas dans les oreilles alors stade 3 ne lui disait rien du tout. Certes, sa question était stupide puisque de toute façon tout le monde meurt, mais elle sembla comprendre où elle voulait en venir puisqu’elle acquiesça simplement. « On meurt tous oui. De toute façon l’important n’est ni la naissance, ni la mort mais ce qu’on fait entre les deux. Et de ce côté-là je ne crois pas que tu sois à plaindre. » Elle ne semblait pas du tout inactive et devait profiter de la vie. C’était la seule façon de s’en sortir, profiter. « J’espère que ce n’est pas tout de suite, j’ai loupé tous les cours de réanimation à l’école ! » Elle lui adressa un grand sourire avant de récupérer son bol pour prendre une cuillère de la glace qui avait quasiment fondue entre temps. Cherchant un sujet un peu plus désinvolte à lancer, elle finit par briser le silence avec une question qu’elle posait depuis un moment déjà. « Pepper-Ann ça vient d’où ? Non parce que c’est chelou quand même ! »

Sa réaction n'était pas celle à quoi je m'attendais, mais finalement, c'était mieux. Elle m'arracha un sourire lorsqu'elle me prévint qu'elle n'avait pas suivis les cours de secourisme. J'adorais les personnes qui réussissais en rire, qui tournait cette stupide maladie à la dérision, cela lui donnait moins d'importance qu'elle n'en avait. Je la remerciais intérieurement, car elle changeait déjà de sujet pour quelques choses de nettement plus futile puisqu'il s'agissait des origines de mon prénom. Je riais à nouveau, haussant les épaules et soulevant les mains pour me débarrasser de toute responsabilité. Aucune idée, sans doute un héritage sortis tout droit de la période hippie de mes parents. Ou quelques choses dans ce goût là. Je portais la cuillère à mes lèvres. Oui, cela devait être ça. A moins qu'ils m'aient rapporté ce prénom en souvenir de l'un ou l'autre de leur nombreux voyage. Je n'en savais trop rien, quand j'avais compris que mon prénom était vraiment ignoble, il était déjà trop tard pour faire quoi que ce soit, en plus, mes parents n'étaient pas là et je n'avais pas spécialement voulu mettre ses discussion sur le tapi, ils prétendraient que je ne devrais pas m'occuper des autres et que mon prénom était magnifique, pour une jeune fille magnifique. Tu parles. Mais je suis totalement d'accord, c'est louche. Heureusement que les surnoms existent. Mouai, fallait avouer que les surnoms qu'on me trouvait n'était pas plus agréable. Enfin, tant pi. Et toi, si tu me parlais un peu de toi ...

Il était hors de question qu’elle laisse la maladie de Pepper prendre le pas sur ce qu’elle pouvait penser d’elle. C’était un handicap, c’était certain, celui-ci était même mortel mais pour le moment elle était bien vivante et n’avait surement pas envie de parler de la mort éternellement. Et Rose avait pleinement conscience qu’elle ne se définissait pas par sa maladie, que c’était seulement une partie d’elle, quelque chose qu’elle ne pouvait pas changer mais seulement une infime partie d’elle. A preuve, elle avait passé plus de trois semaines avec une vingtaine de personne sans qu’une seule d’entre elle s’en rende compte. Ça ne la caractérisait pas à partir du moment où elle l’avait décidé. Et elle l’avait fait, le sujet était donc clos. Savoir ses parents hippies ne l’étonnait pas tant que ça, aucune personne saine d’esprit n’aurait affublé sa progéniture d’un nom pareil. Non pas qu’elle pensait les hippies fous mais … Un peu quand même. Mais elle ne se permettrait pas de juger plus qu’elle ne l’avait déjà fait. Au moins son prénom était original, Rosaly l’était beaucoup moins. Mais elle aimait particulièrement son prénom, et ses cheveux. En bref elle n’était pas comme toutes les filles qui se plaignent de ne pas avoir ce qu’elles veulent. « Personne ne t’appelle Ann ? » Son esprit conformiste avait d’emblée préféré ce surnom à tout autre possible mais c’était peut-être la seule. Surement même, ça n’avait pas d’importance, elle était rarement du même avis que tout le monde, c’est pourquoi c’est ce par quoi elle préféra commencer pour parler d’elle. « Je ne suis jamais de l’avis collectif. J’ai été élevé pas des parents catholiques pratiquants et bien que j’ai parfois l’air vieux jeu, je n’ai respecté aucune des valeurs avec lesquelles j’ai grandi. Je suis née et j’ai grandi à San Fransisco. Je voulais être championne olympique de natation, j’ai finalement arrêté pour me consacrer à ma carrière de paysagiste. Je crois que je suis accro au sexe, du moins j’ai du mal à m’en passer. Je me dis lesbienne mais je ne sais pas trop où j’en suis en ce moment. Disons que je ne suis tombée amoureuse que de femmes, exclusivement mais je ne dis pas non à un bon penis de temps en temps. J’ai apprit à dire tout haut ce que tout le monde dit tout bas. Je n’ai aucun tabou, aucun. Je suis contre la chirurgie esthétique. Mes hamsters se sont entretués lorsque j’étais plus jeune, ça m’a traumatisé. J’ai une peur panique des serpents. Je déteste les choux ou tout ce qui ressemble à un chou. Dessiner m’apaise. Signer me manque ici. Et ma glace est fondue. » Elle finit par reprendre son souffle et ria légèrement. Elle n’aimait pas les questions qui consistaient à parler d’elle alors elle avait simplement dit tout ce qu’il lui passait par la tête sur le moment. « Je crois que tu vas avoir du mal à faire mieux ! Puisque c’est à toi bien évidemment ! »

C'est vraie que personne ne m'avait jamais appeler Ann. Personne. Peut-être parce que le prénom était trop simple pour mon caractère, pas assez original. Puis pepper, c'était le poivre, la vie épicée que j'avais toujours menée. Un sourire vint fendre mes lèvres alors que je pris une nouvelle cuillère de glace que je laissais fondre contre ma langue. Ann. Peut-être que finalement, l'originalité n'était pas là où on le pensait, après tout, personne ne m'appelait ainsi, c'était peut-être cela qui faisait réellement l'originalité de ce surnom. Non, personne, mais cela ne me dérangerait pas. Non, cela ne me dérangeait pas. J'écoutais ensuite tous ses détails que Rosaly me donnait sur elle, surprise ou non par certaine de ses révélations, je me contentais de l'écouter et d'en retenir au maximum, tout en finissant mon bol de glace que je posais sur le plan de travail, à côté de là où je me trouvais. Si tu pouvais utiliser un mot, là, maintenant, en le signant, lequel choisirais-tu? C'était une des dernières informations qu'elle m'avait cédé, c'était donc tout naturellement que je l'avais interrogée à ce sujet, avant de parler de moi. Que pourrais-je bien dire? Je viens d'El Paso, au Texas, ou du moins officiellement, parce qu'officieusement, ma famille s'est toujours considéré comme nomade. El Paso, c'est juste l'endroit où j'étudiais et dés que je le pouvais, je rejoignais mes parents au quart coins du monde. Ils sont médecins sans frontière. J'ai choisi de ne pas poursuivre d'étude, mais sinon, je voulais être historienne, voyagé à travers le monde, comme mes parents. J'ai jamais voulu croire en l'amour, je préférais enchainé les histoires et m'en détaché avant que cela devienne trop sérieux, mais aujourd'hui, je me dis que je ne veux pas passer à côté de l'amour, celui qui semble donné des ailes. J'ai peur des aiguilles, ce qui n'est pas super pratique, et des pigeons. Avant, je faisais de la danse, mais j'ai du arrêter. Je déteste tout être vivant qui n'est pas un mammifère. Je suis incapable de m'occuper d'un animal ou d'une plante verte, je m'occupe de moi, c'est déjà suffisamment de travail. Puis j'aime le sexe, tout comme toi, mais j'aspire à plus que ça... Je me suis toujours considéré comme Hétérosexuelle, mais en fait, j'en savais rien et aujourd'hui, j'en sais pas plus. A première vue, j'étais probablement le genre de fille qui venait pour l'amour, et pourtant si, j'étais exactement là pour ça. J'haussais les épaules c'était plus ou moins tout, j'avais dis l’essentiel, peut-être plus encore Nous étions toute les deux franche et cela me plaisait.

J'ai aussi le pouvoir d'être à deux endroit en même temps, vu que là, je suis dans la chambre de Dray XD

Ann. C’est certain ça jurait beaucoup avec son premier prénom mais c’était ce qui était venu en premier à l’esprit de Rose. Alors elle adopterait ce prénom, c’était décidé. Encore plus avec sa bénédiction. Adepte des surnoms, en particulier pour les prénoms ayant tendance à s’éterniser, elle allait rebaptiser la demoiselle jusqu’à la fin de l’aventure. « Il y a une première fois à tout, Ann. » Un sourire se dessina au coin de ses lèvres tandis qu’elle attrapait un yaourt qui trainait dans le frigo pour combler le vide de sa glace terminée. « Tu veux quelque chose ? » Elle pouvait très bien se lever pour aller le chercher mais Rose était plus près alors autant lui éviter un trajet inutile. Étonnement, de tout ce qu’elle avait pu dire, c’est sa phrase sur les signes qu’elle releva. Elle ne pouvait réellement en choisir un, c’était comme choisir un mot et taire tous les autres. Rose choisit donc le mot qui convenait à la situation, du moins qui semblait en bonne voix pour en joignant le geste à la parole. « Ami. » Elle aurait aimé pouvoir comprendre tout ce que la jeune femme débita mais ce fut loin d’être le cas. Le débit était un peu trop rapide pour qu’elle assimile parfaitement ce qu’elle disait. Elle capta tout de même deux trois phrases intéressantes. « J’aspire aussi à plus que du sexe. » C’était une rectification qu’elle se sentait le besoin d’ajouter puisque cela ne paraissait pas spécialement clair. Elle aspirait bien évidemment à l’amour, sinon elle ne serait pas là mais sur le trottoir, au moins elle se ferait payer. Alors que le silence allait s’installer, Rose décida de déballer ce qu’elle avait sur le cœur, après tout elle n’était surement pas à ça près. « J’ai failli coucher avec Hassan au risque de foutre en l’air mon amitié avec Pablo. Quinn a couché avec Noah et je l’ai mal prit. Pas parce qu’elle n’avait pas à le faire mais parce que je tiens à elle et que quelque part j’ai l’impression de m’être fait trompée et c’est déjà arrivé une fois, je ne veux pas que ça se reproduise. » C’était en gros des informations qu’elle possédait surement mais ça faisait du bien d’en parler. « Et j’ai couché avec Jacob. » Rose ferma les yeux et se tapa la tête contre le placard sur lequel elle était adossée. « Je ne sais pas comment c’est arrivé. Enfin si je sais mais … C’était stupide, bien mais tellement, tellement stupide. Je ne sais pas ce que je vais faire si Quinn ne me le pardonne pas. Je gâche tout à chaque fois. » Nouveau coup de tête contre le placard. Elle sentit ses yeux s’embuer mais ne se laissa pas submerger.

Ann. C'était étrange parce que personne ne l'utilisait jamais, il me faudrait certainement un certain temps avant de l'assimiler et de me reconnaître lorsque qu'on l'utiliserait pour m’appeler, mais j'aimais assez. Si je voulais quelques choses? Je jetais un rapide coup d'oeil d'ans le frigo, balayant les étages d'aliment à la recherche d'une petite gatterie à me mettre sous la main. Ouhou. Chocolat. J'attendais que Rosaly me regarde pour pointer une part de chocolat, tristement délaissée sur la troisième étagères du frigo. C'était un crime de le laisser tout seul dans l'ombre du frigo alors que mon palais ne demandait qu'à savourer ce délice. Je veux bien le gâteau au chocolat, merci. J'en bavais presque. J'étais une inconditionnelle accro au chocolat, oui, j'étais le stéréotype de la fille qui devait éloigner le pot de pâte à tartiner pour ne pas engloutir tout le pot. Pâte à tartiner. Je repensais à Marilou. Je nous revoyais dans cette cuisine, couchée contre le sol. je fus parcourue d'un frisson, revenant à la réalité dans un sourire. J’aspire aussi à plus que du sexe. Je plantais ma cuillère dans le gâteau au chocolat et la soulevait, comme pour porter un toast. A ce plus, alors. Mes lèvres enfermaient le morceau de chocolat. Hm. Ch'est cro bon. Un sourire enfantin s'emparait de mes lèvres. Le chocolat, ça me faisait redevenir une vraie gamine. C'est à cet instant que Rosaly choisi pour se "confier" si l'on peut dire. peut-être que c'était comme moi, elle avait plus facile d'en parler parce qu'on ne se connaissait pas réellement. peut-être qu'après notre fringale nocturne, on serait d'une certaine façon liée, sans pour autant se connaître. Je ne savais pas réellement comment qualifier notre relation, parce qu'on se connaissait à peine, mais j'aimais cette franchise, j'aimais ne pas avoir de barrière pour m'empêcher de parler. Ça fait que quelques semaines qu'on est sur le bateau, je trouverais ridicule que tu t'enfermes si tôt dans une relation. Oui, on est là pour l'amour, mais il faut profiter aussi un peu de l'aventure. Je n'étais certainement pas la fille la mieux placé pour parler à Rosaly, je n'avais aucune notion de couple et jusque là, j'avais toujours été la fille sans attache. En tout cas, moi, je la comprenais, je ne la jugeais nullement parce qu'à sa place, j'aurais probablement fait la même façon. Quinn comprendra, si tu lui parles sincèrement. Puis, il faut voir ce que vous voulez toutes les deux, tu n'es peut-être pas la seule à le prendre mal... Peut-être que de son côté, c'est pareil. Moi, Pepper-Ann, je savais écouter et conseiller. WOUHO. Faites une croix au calendrier. J'ai couché avec Marilou !!! Et Hassan me déteste... Voilà, c'était un peu tout ce qui bougeait pour moi dans le bateau à l'heure actuelle. Je fronçais les sourcils et reprenais une bouchée de chocolat.

Rose faisait partie de ce cercle très fermé n’aimant pas le chocolat. Elle savait que ceux qui ne pouvaient s’en passer ne comprenait pas mais c’était comme ça. Lorsqu’elle lui indiqua le gâteau, elle ne l’avait pas encore vu, sachant qu’elle n’aimait pas cela, son cerveau n’avait pas considéré cela comme une option possible. Elle lui donna donc une part avec plaisir et sourit lorsqu’elle avoua à quel point c’était bon. « Je te crois sur parole mais je n’irai pas gouter ! » Très peu pour elle, elle tolérait le Nutella simplement, et encore. Rien ne valait une bonne tartine de beurre de cacahuètes ! Elle profita qu’Ann ait la bouche pleine pour se confier, certaine qu’elle ne pourrait l’interrompre ainsi, ou l’empêcher d’aller plus loin parce qu’elle n’avait tout simplement pas envie de savoir. Rien de tout cela n’arriva et elle lâcha enfin tout ce qu’elle avait sur le cœur. C’était libérateur. Et pour son plus grand étonnement, elle lui donna même des conseils, qu’elle écouta avec attention. Bien évidemment, elle avait le droit d’aller voir ailleurs mais cela ne restait pas forcément plaisant pour les autres. Et au final elle ne savait pas avec qui d’autre Jacob avait pu coucher, s’il avait été sincère ou non … Tout un tas de questions restaient, et resteraient sans réponse, elle allait devoir faire avec. « Tu as raison, il faut que je lui dise. » Avant que quelqu’un d’autre ne le fasse, et en présence de témoin, comme lorsqu’elle avait apprit qu’elle avait couché avec Noah par exemple. Haussant les sourcils en lisant qu’elle avait couché avec Marilou, elle rebondit d’abord sur la deuxième partie de sa phrase. « Hassan ne te déteste pas ! Enfin pas à ma connaissance du moins. Je ne vois pas ce que tu aurais pu faire pour que ce soit le cas, à moins que tu n’ait revendiqué clairement avoir des sentiments pour Pablo, ou que tu puisses revendiquer son meurtre, il ne te déteste pas ! » Elle s’avançait quelques peu mais si besoin était, elle irait chercher confirmation chez le principal intéressé, le faisant changer d’avis. A moins qu’elle n’ait effectivement couché avec Pablo mais ça paraissait peu probable, et puis elle avait déjà été occupé avec Marilou alors … « Tu crois qu’on est en plein triangle des bermudes et que ça à un effet sur notre orientation sexuelle ? Parce qu’aux dernières nouvelles, tu étais hétéro et moi lesbienne … » C’est qu’elles formaient une jolie paire. « Alors, c’était bien ? » Au point où elles en étaient …

Hassan ne me détestait pas? Hm. j'en doutais sérieusement, mais après tout, elle le connaissait mieux que moi. Puis, je savais parfaitement que j'étais du genre parano, à imaginer le pire des scénario, sans doute pour ne pas en sortir déçue. Je n'avais pas de sentiments de Pablo, ou du moins, pas les sentiments dont Rose parlait. Maintenant, je n'allais pas prétendre être insensible au charme de l'Italien, de là à savoir s'il pouvait se passer quelques choses entre lui et moi. Puis sérieusement, j'en doutais, le colosse avait réussi à lui faire tourner la tête, pire, à le faire changer de bord, alors ce n'était certainement pas une fille dans mon genre qui allait changer cette attirance mystérieuse qui les unissait l'un à l'autre. Enfin, dans ce jeu, rien n'était acquis, après tout, nulle n'était à l'abri de l'un ou l'autre bouleversement. Tu crois qu’on est en plein triangle des bermudes et que ça à un effet sur notre orientation sexuelle ? Parce qu’aux dernières nouvelles, tu étais hétéro et moi lesbienne … Je laissais échapper un éclat de rire. Ouai, elle n'avait pas tord, on était tous en train de remettre en question notre sexualité depuis qu'on était monté à bord du Yacht. Alors, c’était bien ? Un éclat de rire, j'haussais les épaules. Oui, enfin, je ne sais pas. Est-ce que le fait d'avoir apprécié fait de moi une bisexuelle? Parce que oui, j'ai clairement aimé, mais je n'ai pas de sentiment pour Marilou, pas de forte attirance... Je ne sais pas, c'est assez confus pour moi. Je pinçais les lèvres, perplexe. je ne savais pas comment l'expliquer. J’espérais avoir été plus ou moins compréhensible, mais j'en doutais. J'aimais les garçons, j'en avais la certitude... Aimer les filles? Je n'en savais rien.