briony.

« Ermh. » fit le brun, mimant un air de dégoût, tâtant, depuis une ou deux minutes, son ventre. Il y avait des tablettes de chocolat. Jadis. Enfin non, il était juste un peu moins musclé que lors de son entrée dans l'aventure, mais disons qu'il s'était un peu - trop - laissé aller ces derniers temps. Certes, il pouvait partir en ville, faire quelques exercices en pleine nature - ou mieux, dans des salles de sport, ce qui serait plus logique d'ailleurs - mais... non. Il préférait juste les visiter, ces villes. Il aurait pu, aussi, aller faire du sport dans la salle prévue à cet effet, mais il avait la flemme d'y aller. Oui, il était bizarre. Mais aujourd'hui, il était dans cette salle. Et il comptait bien en faire, du sport. Bref. Son doigt appuyé donc sur son ventre, ses yeux étaient posés sur l'énorme miroir, sur le mur. « Naoooon. Faut que je fasse du sport, là c'est plus possible. » Oui, il était tout seul, dans cette grande salle, il se parlait à lui-même, en quelques sortes. Tiens, il était d'ailleurs surprenant qu'aucun autre candidat n'ait envahie la pièce avant qu'il ne soit arrivé dans celle-ci quelques minutes plutôt. Boarf, tant mieux. Au moins, personne ne le verrait en train de suer pour retrouver la forme qu'il avait il y a quelques semaines. Il était donc en short, là, tout seul. Enfin plus pour longtemps, puisqu'il vit, à travers le miroir, quelqu'un entrer. Une rousse. Minnie étant partie, il avait tout de suite reconnue la jolie Briony, qui l'avait rejoint. Il l'a voyait mal faire du sport... mais pourquoi pas. « Salut. On baise ? Ouais nan laisse tomber, la flemme. » Il n'avait pas pris la peine de se retourner - à quoi cela servait ? il la voyait à travers le miroir. La flemme. Toujours la flemme. La flemme, une maladie qui les tuera tous. Enfin soit. Il se retourna ensuite, vers elle, lui souriant. « J'ai faim par contre. T'as apporté quelque chose ? » Et le sport dans tout ça ? Oublié !

Comme très souvent, Briony était de ceux qui se levaient assez tôt. Les grasses matinées, elle évitait, d’ailleurs, elle évitait un tas de trucs. Comme les candidats ivres ou ceux qui copulent. Seulement voilà, il ne restait plus grand monde. Tant pis pour eux. Ils n’auraient pas la chance de parler avec la magnifique rousse. Bref, comme chaque matin, un café passa dans la gorge de la rouquine avant de prendre une douche, seule. Après cela, elle décida de lire un peu sur un sofa du salon. Briony avait pioché au hasard dans la bibliothèque et elle commençait à le regretter tant le livre était soporifique. Il n’en fallut pas plus pour qu’elle l’abandonne sur la table basse et pour aller faire un tour du yacht. Elle irait à quai après déjeuner, en attendant, elle se rendit dans la salle de sport, il lui semblait bien qu’elle avait oublié un vêtement, voir même une bouteille d’eau ou que savait-elle encore. A peine eut-elle franchit les portes qu’un candidat s’y trouvait. Jones. Candidat lambda qu’elle ne connaissait que trop peu mais c’était sans doute déjà bien suffisant. Et puis, il avait une tête de gamin, une tête qui ne revenait que trop peu à l’américaine. Il la salua d’une bien étrange façon. « La flemme nous tuera tous. » Décréta-t-elle d’un ton solennel avant de s’approcher et qu’il ne continue à parler. Son estomac, intéressant. « Je me balade rarement avec des victuailles pleins les poches, désolée. » Comme s’il avait besoin de manger, sérieusement. Elle poursuivit. « Quoique… » Là, elle retrouva ce qu’elle avait laisser la dernière fois. Sous son débardeur et une serviette se trouvait un petit sac plastique. L’ouvrant précautionneusement, elle trouva une bouteille d’eau et deux muffins, spécialement fait par les cuisiniers lorsqu’elle leur avait demandé. Elle en sortit un et lui lança. « Il est encore bon, t’en fais pas. » Histoire qu’il ne pense pas qu’elle tentait de l’empoisonner. Finalement, elle alla s’asseoir en tailleur juste devant le miroir. Elle comptait bien l’observer faire du sport – après avoir mangé. « Tu veux de l’encouragement pour ton sport ou bien ? » Dit-elle d’un ton amusé, Briony était la pour rendre service aux gens, bien sur.

La flemme les tuera tous. Pas faux. C'était même vrai, en fait. Il était vrai que Jones n'était pas le candidat qui voulait faire le plus de choses, qui voulait souvent bouger. D'habitude, il était plutôt casanier. Préférant rester affalé sur son canapé à mater un bon film, sacrifiant parfois des sorties entre amis. Bon bien sur, ses abdominaux démontraient souvent le contraire, mais tout de même. « Je préfère mourir tué par une frite. Ou par un rideau. Je sais pas. Tu veux mourir comment, toi ? Parce que tu vas mourir, tu sais. Comme tout le monde. En plus t'es une nana, et les nanas ça se fatigue plus vite. Sinon ça va ? » fit-il, souriant. Quel con. Le pauvre. Il allait certainement se prendre une baffe en pleine figure. C'en serait presque touchant. Presque. Il n'avait pas fait exprès, pourtant. Il était goujat de nature. Certains mecs étaient comme ça, et il a fallut que cela tombe sur lui. Il manquait de tact. C'était du Jones tout craché, en somme. Quand elle lui avoua qu'elle n'avait rien en poche, il afficha une mine dessus sur son visage d'enfant. Mince alors. Qu'allait-il manger ? Rien ? Impossible. Mais un mot attira son attention. Quoique... Hm. Intéressant. Un sourire étira ses lèvres, alors qu'elle alla chercher, visiblement, un sac plastique qui était caché sous une pile d'affaire. Elle lui lança un muffin, qu'il attrapa avec plaisir. « C'était au delà de mes espérances. » Il la remercia d'un clin d'oeil avant de poser son dos contre le miroir, grignotant dans le gâteau qu'elle lui avait, tantôt, lancé. En deux deux, il était fini. Il avait faim. Oui, il avait suffisamment à manger, mais merci de s'en inquiéter. Il écouta la suite. Qu'elle l'encourage? Pourquoi pas. Il se mit sur un tapis de course, commençant ce qui allait, peut-être, être une séance intensive de sport pour perdre toutes ces calories qui s'étaient invitées. « Je veux bien, merci. Sinon, parle moi de toi. On n'a jamais vraiment eu l'occasion de parler de nos vies. Enfin si tu veux, bien sur. » Il l'observait, alors, à travers le miroir, lui faisant un regard assez intriguant.

« Pardon ? » Répondit Briony en réponse au discours de Jones qui évoquait le fait qu’il souhaitait mourir par une frite ou un rideau, enchainant par le fait que c’était une femme et qu’elle se fatiguait vite, concluant en lui demander si elle allait bien. Sérieusement. Par où commencer, devait-elle lui dire qu’elle le prenait pour un fou ou bien cela se voyait-il suffisamment sur son visage, oui, cela devait effectivement assez se remarquer pour en ajouter une couche. « Tu veux être tué par une frite, avoir un bout de pomme de terre gluante coincée dans la gorge, devenir bleu et crisper ton visage éternellement d’une manière totalement horrible. Je crois pas, non. » Franchement, qui voudrait finir sa vie en faisant une grimace atroce. Comment voulait-elle mourir ? « Quoiqu’il arrive, je ne choisirais pas ma mort et je ne pourrais même pas en parler alors autant attendre qu’elle arrive. » Plutôt terre-à-terre, Briony n’avait pas de préférence de mort. Bien sur, souffrir serait atroce mais elle n’était pas en mesure de choisir alors autant attendre patiemment. « Bref. » Finit-elle de dire, concluant sa part de discussion par rapport à la mort, survenu par le Saint Esprit. La rouquine n’avait aucune envie de parler de cela et en plus cela sortait complètement du contexte. Où en était-elle ? Ah oui, assise par terre, demandant à Jones s’il voulait de l’encouragement. Ce à quoi il répondit par l’affirmative avant de lui proposer de parler un peu d’elle. Commençant par lever les bras d’un air pittoresque, elle imitait vaguement les pom-pom girls avant d’abaisser ses bras. « Je suis de Seattle. Je n’ai pas fais de longues études, je fais un métier qui me passionne. Je suis indépendante. Mes parents sont toujours mariés. Et pour la énième fois, je n’aime pas vraiment parler de moi. Mais je t’en pris, raconte moi ta vie. T’as quel âge d’ailleurs ? Douze ans ? » Elle se mit à ricaner un court instant. C’était loin d’être méchant, certes, ce n’était pas non plus la blague la plus fine du monde. La rousse se releva un instant afin de prendre une bouteille d’eau et d’en boire une gorgée. La jeune femme observait le candidat courir, c’en était épuisant. « Soif ? » Après tout, il fallait boire pendant l’exercice et puis il semblait manger n’importe quoi, ce serait sans doute pareil pour la boisson.