w/ marilou.
22 AOÛT, 12H57.

Pablo était affalé sur la table à manger, le visage enfoui dans le creux de son bras plié, l'autre posé juste à côté. Lui qui avait tout bonnement horreur de rester dans les vêtements avec lesquels ils dormaient et de se balader en pyjama durant la journée, il n'avait pas prit la peine de s'habiller, et traînait avec un caleçon et un tee-shirt, les cheveux en bataille, des cernes sous les yeux. Bon. On a tous nos moments de faiblesse. Tout de même, il avait fait l'effort de se brosser les dents et de se débarbouiller le visage en se réveillant, du peu qu'il avait dormi cette nuit. Il avait passé toute ladite nuit à chercher le sommeil, malgré la chaleur étouffante. En vain. Avec un air de zombie, il avait passé la fin de la matinée à errer sur le bateau, passant du canapé du salon sur lequel il avait somnolé quelques minutes, à la terrasse, espérant que le peu de vent frais qui fouettait les chaises longues le secouerait. Pourtant pas insomniaque, et pourtant plus résistant que cela au manque de sommeil, la chaleur avait eut raison de lui. De plus, toujours aussi omniprésente au réveil, elle lui donnait l'impression d'être plongé dans une torpeur étrange, à mi-chemin entre le sommeil et la conscience. Horrible. Bref, Pablo s'était distraitement préparé de quoi diner. Non, en réalité, il avait trouvé des crêpes dans le frigo, et avait sauté sur l'occasion. Il retombait littéralement en enfance lorsqu'il voyait des crêpes. Pire que Marilou et sa glace à la noix de coco. Tiens, en parlant de Marilou, la voilà qui entrait dans la salle à manger, où comatait Pablo. Il remua légèrement, imperceptiblement visiblement, puisqu'elle ne remarqua pas qu'il levait les yeux vers elle. Elle, qui s'approchait dangereusement de ses crêpes, avec des intentions clairement identifiables. « Touche pas à ça ! » s'exclama-t-il alors, se redressant d'un bond. Il attrapa son assiette, écarta la chaise à côté de la sienne de la table, et se glissa dessus, hors d'atteinte. Non mais oh. C'était ses crêpes.

Haha ! Pas de bol, raté, ma petite ! C'était pas encore aujourd'hui que tu arriverais à piquer ses crêpes à Pablo. Lorsqu'il était gosse, et que sa mère en préparait aux pommes et raisins secs, elle permettait toujours à sa sœur d'en manger avant lui. C'était la seule façon pour qu'elle ait sa part. C'était un peu débile, à presque trente ans, de réagir comme ça juste pour des crêpes. Certes. Mais bon, chacun son petit plaisir. La dévisageant d'un air ensommeillé, il envisageait de partir en courant avec le plat pendant qu'elle parlait, et de s'enfermer dans sa cabine. « Sacrilège » proféra-t-il simplement, comme s'il s'agissait d'une insulte, d'une punition insurmontable. Non mais. Elle osait le traiter de ridicule ? Elle osait ? « Tu m'as à moitié tué quand j'ai pris un tiers de quart de millimètre de ta glace et tu oses dire ça ? » Accompagnant ses dires, il attrapa ses couverts, étala du sucre en cristaux sur une première crêpe, entreprit de la rouler délicatement, et attaqua la dégustation. Mi... Miaaaam. C'était le paradis. Rah, le paradis. La nourriture des dieux. De Pablo, en somme. Pendant les quelques petites secondes qu'il lui fallut pour terminer la pauvre crêpe qui, au final, n'avait rien demandé, il ne prêta plus attention à Marilou. Levant finalement les yeux vers elle, une idée germa dans son esprit. Reposant ses couverts, son regard papillonna jusqu'à la porte de la cuisine. « J'ai laissé la crème chantilly dans le frigo... Si tu vas me la chercher, je partage. » Grand sourire. Quoi ? Il avait la flemme de se lever, et elle voulait l'une de ses crêpes. Un arrangement comme un autre, non ?



en retard et tout pourri