When the sun goes down ♣ 31/08 - 19h57

PABLO & DRAY

La sortie le turlupinait. Le départ de Briony avait déclenché chez Dray cette réalité des choses : Ils étaient plus proches de la sortie que de leur entrée sur le yacht. Lui particulièrement, surement. Il n'était pas naïf, et n'avait pas la prétention de se déclarer comme essentiel dans l'aventure. Si la si particulière rousse s'était fait expulsée, l'adjectif 'éjectable' était approprié concernant le siège où il était assit. Non pas que cela l'attriste, ces quelques semaines lui avaient apporté plus que ce qu'il aurait pu imaginer, et sa vision de l'amour avait évolué. Une réussite en soi. Mais c'est que le jeune homme était bien ici, avec ces candidats, et surtout, loin de la vérité de l'extérieur. Ce monde de fainéantise et de neutralité qu'il chérissait tant lui faisait maintenant peur. Oui, peur. Il ne voulait pas redevenir cet inutile fils, pion de ses déboires et complètement assisté. Plongé en pleine réflexion, Dray avait prit place sur la terrasse, ses mains reflétant ses contradictions. De l'une il tripotait un jeu de cartes, ces dernières se glissant entre ses doigts docilement, de l'autre il remplissait une feuille de calculs en tout genre, statistiques et prévisionnelles. Deux avenirs possibles, continuer ou avancer. Damn, ses neurones allaient finir par imploser. Se frottant les tempes en grimaçant, son regard se décolla enfin de ces fichus chiffres pour se poser sur Pablo, qui se dirigeait comme-de-par-hasard vers lui. « Dit-moi que t'es du style pharmacie ambulante, et que tu te balades toujours avec des aspirines dans les poches ! » Il lui décocha un sourire amusé, c'était une façon comme une autre de débuter une conversation. Toujours mieux que : au fait comment ca va depuis que ton mec est sortit de l'aventure ? Dray apprenait le tact depuis quelques temps, et cela semblait plus ou moins marcher.

On peut dire ce qu'on veut, la soupe, c'est quand même franchement dégueulasse. Sauf la soupe à la tomate. Parce que ça ressemble à la sauce tomate. Logique. La soupe, c'est dégueulasse. Surtout celle avec les vermicelles dedans. Beurk. Mais beurk. Parce que, bon jour, Pablo avait testé cette mixture dont l'aspect particulièrement repoussant traduisait assez bien le goût, et il avait eut la douce sensation de s'étouffer avec les pâtes. Qui était l'assassin qui l'avait convaincu d'en boire, déjà ? Bof. Il ne savait même plus. C'était d'ailleurs sans doute mieux comme ça, si le coquin tenait à la vie. Soit. Juste après souper, donc. Se remettant tout doucement de sa rencontre avec la soupe, le jeune italien tournait autour du bateau, sans savoir que faire pour s'amuser. À la main, son verre particulièrement rempli de whisky. Pas qu'il aimait particulièrement cet alcool, mais il n'avait pas le courage de retourner une nouvelle fois dans le mistral pour refaire le plein. Bref, il était finalement sorti sur la terrasse en quête d'une occupation. parce qu'après six semaines, les distractions devenaient de plus en plus difficiles à trouver. Son regard balaya les alentours. Tiens, un ami. Sans se poser la question de si Dray était occupé, il s'approcha de lui. Ah. Visiblement, c'était pas la joie. Pablo répondit à son sourire par un rire. « C'est fou comme je me sens toujours complètement inutile quand je discute avec toi. » Bah oui. Après le coup du "non, désolé, je cuisine comme une merde, donc à cause de moi tu vas mourir au pire de faim, au mieux empoisonné" voici l'épisode deux "je te laisse crever avec ton mal de crâne qui va te scier la tête en deux, genre la cicatrice de Harry Potter". Parce que non - non, désolé, Pablo ne se baladait pas en permanence avec sa trousse de secours. Lui-même, lorsqu'il se sentait mal, n'en faisant part à personne si ce n'est à Satan qu'il maudissait en silence, et attendait que ça passe. Se laisser tomber assis près de son nouveau compagnon d'emmerde, il lui tendit son verre dans une proposition. « Ce n'est pas vraiment de l'aspirine, mais bon. Qu'est-ce qu'il se passe ? Migraine ? Jones qui hurle en sautant partout ? Un sale tour de Paige ? Raconte à tonton Pablo. » À raconter ses maux, souvent on les soulage, comme le disait si bien Corneille.

« Je ne savais pas dans quelle catégorie te mettre, maintenant je sais : l'homme qui ne sert strictement à rien. » Ses lèvres tracèrent un sourire, montrant qu'il plaisantait. Certes, ses plaisanteries étaient rarement drôles. Ce n'est quand même pas de sa faute si son humour est douteux. Enfin, un peu quand même. Mais ce n'est pas la question. Pablo prit place à ses côtés, et lui tendit son verre, vu la couleur du liquide, c'était une de ces boissons à qui Dray ne savait pas dire non. « Ah, quoique, je suis mauvaise langue. C'est encore mieux qu'une aspirine. Tu vois finalement tu peux être utile ! » Sa gorge accueillit un rire, et ses doigts se refermèrent sur le verre, lâchant stylo et cartes. Bientôt, il trempait ses lèvres dans l'alcool, en absorbant une gorgée. Un soupire de contentement, les paupières closes. Après ce moment d'apaisement, il rouvre les yeux sur son interlocuteur. « Mon cerveau n'est pas d'accord avec lui-même, du coup, il se fait mal tout seul. » Genre, explication logique et parfaitement limpide. Heureusement, l'italien lui offre une porte de sortie parfaite. Non pas que le new-yorkais n'ai pas besoin de parler, mais ce n'est pas dans ses habitudes de s'épancher, surtout sur sa situation qui n'est pas des plus tragiques. J'ai un gros problème, je n'ai pas besoin de bosser pour avoir une vie confortable, alors que la majorité d'entre vous galérez dans vos taffs. Voilà. Non, il allait se retenir. « Jones j'avais envie de l'attacher au mât et le laisser se faire bouffer par les mouettes au début, mais finalement, on s'y fait. » Il eu un léger rire, puis reprit. « Quand à Paige, on perd une rousse psychotique, et on en gagne une autre. Autant ils auraient pu nous laisser Briony, elle au moins ne se la jouait pas grande-méchante-qui-fait-super-peur. Sérieusement t'as pas eu envie de rire quand elle a débarqué lors du prime ? » La seule personne qu'il craignait plus ou moins sur le bateau était le capitaine, puisque c'était le grand chef. Les trois larbins ne lui faisaient ni chaud ni froid. Le trentenaire se mordit l'intérieur de la joue en souriant en repensant à l'entrée de Paige, puis arbora un air plus sérieux. « T'es fier de ce que tu fais à l'extérieur ? De ton métier, toussa. » Il but à nouveau une gorgée, attendant avec un intérêt certain la réponse de Pablo.