C’est louche. Je suis nominée d’office, Pepper aussi, mais, allez savoir pourquoi, je saute parfois. Une pile électrique. Peut-être parce que y’a des chances que ce soit ma dernière semaine. De toutes manières, à réfléchir, je préfère largement que ça le soit plutôt que de voir Pepper s’en aller. Non. Moi, je pars, elle, elle reste. Un peu égoïste de penser ça, mais bon. Soit. Depuis quelques minutes, je traîne (c’est-à-dire que je ne fais absolument rien en vérité) dans la salle de détente. Hm. Je me demande où sont passés les gens. Aah, bah oui. Dehors. Pourquoi je n’sors pas moi d’abord ? Trop chaud. Non, vraiment, à peine je mets le nez dehors, j’en ai la tête qui tourne. Mauvais, mauvais. Autant rester au frais hein. Je tourbillonne sur moi-même, chantonne un peu tout ce que je connais. C’est beau la solitude tiens, ils m’ont tous lâchés pour aller visiter la destination. Tss. Occupation première : tenter d’écrire mon prénom sur la table de billard avec les boules. Jusqu’à ce que je me rende compte qu’il n’y en a pas assez, donc ça fait un « Mar » avec le r à peine entamé. Hum. « Oh ouais ! » que je sors quand je me rends compte que je reconnais la musique qui s’enchaîne à des tas d’inconnues. D’ailleurs, je ne sais même pas d’où elle vient, cette musique. J’imagine que quelqu’un a dû oublié d’éteindre un machin, bonjour l’économie d’électricité, hein, hein. Bref. Comme je suis un être humain, vous vous imaginez ce qui se passe, hein, avec cette musique ? Je me prends pour Shakira. Sans ses mouvements bizarres du ventre et de la poitrine. Je crois que c’est impossible à faire, ça. Enfin, c’est louche. Bref. Je me contente de ses déhanchés des hanches, tout ça.

Routine quand tu nous tiens. Accoster rimait avec visites en tout genre. Parce que évidemment ils n'atterrissaient pas dans un coin paumé avec rien à faire, non, il y avait toujours une tonne de lieux à voir, et à chaque fois, on nous vendait le paysage comme plus beau que le précédent. C'était parfois vrai, parfois totalement à côté de la plaque. Et le lieu choisit cette semaine n'emballait pas vraiment Dray. Mais bon, c'était surement mieux que le yacht qu'il connaissait maintenant dans ses moindres recoins. Puis apparemment, pas de soirée spéciale de prévue. C'est qu'il fallait s'attendre à tout -et surtout- n'importe quoi cette semaine, avec leurs délires d'équipes et tout. D'ailleurs, il n'avait pas tout compris, mais soit, il était dans un groupe qui remuait mieux ses neurones que lui. Il faut dire que sa cagnotte était la dernière chose qui l'importait sur ce bateau, alors la motivation n'était pas forcément là. En bon touriste, le garçon voulu attraper son appareil photo, sauf que évidemment il l'avait laissé trainer, et maintenant impossible de le retrouver. Mouais, il était sur que les employés se servaient dans leurs affaires. Ou les présentateurs tiens, comme s'ils n'étaient déjà pas suffisamment payés à rien foutre. Réfléchissons. La salle de détente peut-être. Il se traina donc jusqu'à là-bas, et s'arrêta net en voyant Marilou en pleine transe. Danse. Peut importe. Inclinant son visage du côté en la.. matant, oui c'est le mot, il poussa un soupire avant de passer à ses côtés pour venir s'assoir sur un bord du billard. Armé d'un sourire, il l'apostropha. « Tu ne devrais pas gesticuler du bassin comme ça sur un bateau remplit de mecs en manque. » Dommage que le plus louche d'entre eux soit parti lundi, la référence niveau perversion s'était envolé.

Pourquoi faut-il toujours que des gens débarquent à un certain moment ? Du genre, quand vous vous mettez à danser sans raison. Ou pire, quand vous poussez la chansonnette (dieu merci, ce n’est pas trop mon cas-là). Parce que, là, je viens de voir Dray en personne passer sous mon nez pour s’asseoir sur le bord du billard. Ah, ouais. Donc, il était là. Sans doute derrière moi. Et, bien entendu, je m’en suis pas rendue compte hein. Forcément, là, c’est le genre de truc qui plombe un peu. « Aah ouais, en manque ? Tu l’es ? » Question carrément innocente, sans aucune arrière-pensée, vraiment hein. Quoi que j’imagine qu’il devait être dans le lot. Enfin, je crois pas qu’il se soit envoyé en l’air depuis Briony. Merde, je crois qu’elle commence à me manquer cette fille. Hum. C’est grave quand même. Soit. « Et tu devrais pas non plus mater le cul des filles, soit dit en passant. » Sourire en coin. Finalement, j’attrape rapidement les mains de Dray et le tire vers moi. « La musique est pas finie. On danse. Tu sais danser, dis-moi ? Bien sûr que oui. Tout le monde sait danser. Puis t’as pas le choix. » Je pose ses mains sur mes hanches, tant qu’à bien faire les choses, et entoure les miennes autours de son cou. Collée contre lui, je reprends au rythme de la musique. Forcément, je l’entraîne dans mes mouvements. Je lui ai dit, de toutes manières, il n’a pas le choix. Non mais.