w/ paige.
1ER SEPTEMBRE, 21H26.

Dire que pour certains, c'était la rentrée. Dire que pour certains, c'était la rentrée, et que lui, petit chanceux, était en train de se prélasser dans un jacuzzi, sur un yacht, sous une chaleur parfaitement dosée, au large d'Antalya. Mieux encore, il était totalement pris en charge. Mieux encore, il n'avait à se soucier de rien, si ce n'est d'avoir l'air d'un mec bien pour ne pas se faire dégager et pouvoir profiter un peu plus encore de tout ça. La vie était tout de même belle, parfois. Pas toujours, mais souvent. C'est déjà bien, on n'en demande pas plus. Là, tout de suite, ayant remarqué, comme ça, en passant, que la terrasse quasiment pas peuplée abritait un spa totalement désert, Pablo avait décidé que c'était l'occasion parfaite pour se l'approprier le temps d'une soirée. Quoi que si de la compagnie se présentait, il n'allait pas non plus la remballer. Allant revêtir son maillot-short, et attrapant l'un de ses livres - L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde de Stevenson, l'une de ses nouvelles favorites, un grand classique - il se posa tranquillement dans le jacuzzi, soupirant d'aise en sentant les bulles et la température de l'eau délier les muscles de son dos. Dévorant le livre qu'il avait emporté en un temps record, il le reposa bien vite - trop vite à son goût - sur le bord. Fermant les yeux, il se cala contre la paroi et déposa sa tête sur le rebord.

Paige avait déjà pris ses marques sur le bateau, normal étant donné qu'elle le connaissait derrière les écrans depuis le début de l'aventure elle aussi. La journée s'était agréablement bien passée, même si pour elle, rien ne bougeait encore réellement sur le bateau malgré cette nouveauté : les deux équipes. Ils n'avaient même pas encore choisi leur nom ces goujats. On leur propose quelque chose, ils ne participent pas, puis ils râlent car rien d'intéressant ne se passe sur le bateau. S'ils y mettaient du leur cela serait beaucoup plus simple.. Après avoir grignoté quelques tortillas et une sangria dans la salle à manger, Paige eut bien envie de tester le spa qu'elle avait tant vu et encore jamais essayé. Elle fit de petits pas chassés pour se diriger vers sa cabine et enfila un bikini aux couleurs des États-Unis, son pays d'origine. Il était simple mais original. Elle prit alors un petit sac de paille et y fourra ses lunettes de soleil, un livre, Les Âmes Vagabondes de Stephenie Meyer et un tube de crème solaire. Elle se dirigea vers le spa, et s'allonga sur une chaise-longue à coté du jacuzzi, constant que Pablo s'y baignait, les yeux fermés. Ignorant ce détail, elle mit ses lunettes de soleil, et se badigeonna le devant de son corps de crème solaire avant de s'étaler au soleil. Le jacuzzi attendrait un peu, le soleil l'appelait. Elle songea alors à Pablo qui était à quelques centimètres d'elle, se prélassant dans le jacuzzi. « On dit bonjour quand on est poli. » Sacré tempérament la rouquine.

Un bruit. Plus loin. Aucune importance. L'homme ne bougea pas d'un pouce. Si la personne ayant déboulé sur la terrasse à sa suite souhaitait lui parler, ou profiter elle aussi du spa, qu'elle le fasse, mais il n'avait pas envie d'aller vers elle. Pas tout de suite, en tout cas. D'ailleurs, sans doute avait-il l'air de quelqu'un ne souhaitant pas être dérangée, car hormis le bruit des bulles, l'endroit resta silencieux. Jusqu'à ce que... Oh, une voix. Féminine. Presque inconnue. Habitué aux timbres des femmes avec lesquelles il vivait depuis presque deux mois, il reconnut sans peine l'arrivante. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres, et, sur le même ton, répondit : « On s'annonce, quand on est polie. Et qu'on souhaite être saluée. » Fronçant les sourcils, il ouvrit un œil avec lequel il tenta d'apercevoir sa nouvelle camarade. Il finit par soupirer, redressa la tête, et se retourna, croisant les bras sur le bord du spa, et s'y accoudant, la jeune femme entrant enfin dans son champ de vision. Et voici donc la fameuse Paige, qui se prélasse au soleil. Bien sûr, il l'avait déjà vue, lors du dernier prime, donc il mettait un point d'honneur à l'oublier. Elle était quand même franchement moins imposante que Noah. Et malgré son air roublarde, elle faisait moins peur que Briony, sa sœur de chevelure. Il l'observa un instant, les traits trahissant sa curiosité. Il se demandait bien quel genre d'esprit démoniaque pouvait bien se cacher sous ce visage avenant. « Je vais finir par croire qu'être rousse et tyrannique vont de paire. » Après tout, ce n'était pas pour rien que les gens aux cheveux roux étaient considérés auparavant comme des suppôts de Satan.