Seize heures. Après avoir passé une bonne heure dehors à parcourir les alentours du chalet, j'avais regagné celui-ci dans l'idée de me rendre dans la cuisine pour y grignoter quelque chose. La petit faim de seize heures, tout le monde connaissait. Seulement avant même d'arriver devant la porte de la fameuse pièce, je tombai sur un jeune homme dont le visage ne m'était pas inconnu -et pour cause, c'était un candidat- et qui se trouvait juste planté là, comme s'il hésitait lui-même à passer la porte de la cuisine. « Tu crois qu'il faut aller les séparer avant qu'elles s'entretuent ? ... » Sur le coup je ne compris pas de qui il voulait parler, mais en tendant un peu l'oreille je pus entendre des éclats de voix provenir de la pièce où je voulais me rendre. Juste le temps de lâcher un petit « Hum, je... » que le jeune homme reprit aussitôt la parole pour dire d'un air enjoué « naaaan ». Bon, et bien nous n'avions pas à nous en mêler, visiblement. De toute manière les histoires de filles et chamailleries dans ce genre, très peu pour moi. Le jeune homme était toujours aussi souriant, alors du coup je me mis à sourire à mon tour, un peu bêtement cela dit. « Benjamin. » Ah voilà, je n'étais pas parvenu à mettre un nom sur son visage mais désormais le mystère se voulait résolu. « Di... Dimitri. » Voilà, les présentations étaient faites. Et bien du coup pour le grignotage, j'allais sans doute devoir repasser plus tard quand les tensions se seraient apaisées, hm. « Je voulais manger un... petit truc, là, mais je crois que c'est... que c'est mort, quoi. » Un peu plus et j'en perdais tous mes moyens. Bon, il était mignon le Benjamin, mais je n'étais pas censé être plus porté sur les demoiselles, moi ? Ah bah je ne savais plus trop, en fait. Je n'étais plus certain de rien, à l'heure actuelle, à part du fait que me rendre dans la cuisine serait plus suicidaire qu'autre chose. Alors autant rester là.

« Si d'ici dix minutes, elles ont pas foutu le camp, je force le passage. J'suis dangereux quand j'ai pas eu mon quatre heures. » Mmm, très rassurant le bonhomme. Tout de suite je me sentis bien menacé en ce lieu, seulement je préférais tout de même rester là dans l'espoir que l'une des deux furies occupant actuellement la cuisine daigne quitter celle-ci en trombe, afin que l'on puisse accéder à la fameuse pièce. « Oui... moi aussi j'ai... faim. » Cette intervention ou réponse de ma part était absolument inutile, surtout après les propos tenus par le grand brun. Mais passons... Je sentis justement très vite le regard du jeune homme se poser sur moi comme avec inquiétude, ou curiosité. « Ça va ? T'as l'air... stressé. » Si j'étais stressé ? Attendez que je réfléchisse... Cela ne se lisait donc pas dans mon regard ? Bien sur que j'étais stressé, comme toujours, puisque j'étais né et mourrai stressé. Je tentais de faire bonne figure, mais ça n'apportait rien de beau. « Heu non, je... non. Là je suis dans mon... état normal. » C'était triste à admettre. « C'est à cause de toi qu'elles s'engueulent, c'est ça ? » Ce qu'il était drôle alors le Benjamin. Non vraiment, comme si un mec dans mon genre pouvait avoir deux filles à ses pieds, prêtes à se battre pour lui. « Non ! Je... je sais même pas qui est dans la cuisine. Hum. J'y suis pour rien moi. » Plus les minutes passaient et plus je venais à craigne pour ma sécurité. Entre les furies dans la cuisine et Benjamin tout près de moi, ma vie était sans doute en danger. Je respirai un grand coup, mais rien n'y faisait : mon stress ne faisait de grimper, grimper, grimper. Et pourtant Benjamin n'avait sans doute aucune mauvaise intention. Il était inquiétant, par contre, c'était indéniable.