Milo

J'avais fait mon entrée au sein de ce grand chalet deux jours auparavant, et sans vous mentir je peinais encore un peu à trouver mes marques. Il y avait du monde, beaucoup de monde, et parfois je me sentais mis à l'écart. Était-ce mon accent ou juste ma timidité qui ne faisait que m'isoler un peu plus chaque jour ? Bon, mon aventure ne faisait que commencer me direz-vous... Et j'avais déjà fait quelques rencontres -au nombre de deux plus précisément- lors de la première soirée passée dans le chalet samedi soir. Aujourd'hui nous étions donc lundi et ma foi je m'étais dit que pour me relaxer un peu, un petit tour du côté de la piscine ne me ferait aucun mal. J'avais donc enfilé mon short de bain -qui n'avait rien de rikiki car j'étais assez pudique- et avais rejoins la piscine souterraine. En entrant dans la salle, je fus comme subjugué par la grandeur de celle-ci et du bassin. Je m'approchai donc un peu du bord, mais me stoppai net sans oser mettre un pied dans l'eau. Qu'il n'y ait aucun mal-entendu, je savais nager. Seulement je craignais que l'eau ne soit glacée, alors j'allais peut-être y réfléchir à deux fois avant de piquer une tête. Ma santé étant fragile, un violent coup de froid et je pouvais vous clamser dans l'eau. Sérieusement. Je restai donc debout au bord du bassin, avec toujours cet air d'ahuri solitaire qui me caractérisait si bien. J'étais ailleurs, pensais à tout et à rien à la fois. Je n'entendis même pas quelqu'un faire irruption derrière moi.

Deux jours que j'avais fais mon entrée. J'étais encore tout excité comme au premier jour. La première semaine allait être celle des découvertes. Que ça soit des lieux ou des candidats. Tout était nouveau et inconnu. Je décidai d'aller faire un petit tour du côté de la piscine. Faire trempette et par la même occasion permettre aux téléspectateurs de se rincer l’œil face à mon magnifique corps d'athlète. Heureusement que je n'étais pas un mec complexé, sinon je n'oserais même pas me mettre en maillot à côté des mecs qui étaient vraiment baraqués. Mon short de bain vert fluo enfilé, je me rendis dans la pièce. Qui en jetait franchement. Bien que j'aurais préféré une pièce ouverte sur l'extérieur, avec des baies vitrées, plutôt qu'au sous sol. Un autre candidat se trouvait déjà là, pas étonnant. Le jeune homme restait planté au bord de l'eau, attendant on ne sait quoi. N'importe qui me connaissant un temps soit peu, saurait que dans une situation pareille, il y avait de fortes chances que j'en profite pour le pousser. J'étais un vrai gosse. Et cette idée me vint à l'esprit tout naturellement. Mais au dernier moment, alors que j'allais le faire, je me retins. Quand même...je ne le connaissais pas encore... Et imaginons qu'il ne savait pas nager.  « Salut ! » dis je alors pour qu'il se rende compte de ma présence.  « Tu sais que tu viens d'éviter une terrible chute dans la piscine ? J'ai décidé de t'épargner pour aujourd'hui. J'ai hésité, mais finalement je me suis dis que ça ferait peut être une mauvaise première impression. » Alors il devrait tout naturellement me remercier non ? Ce que j'étais gentil quand même.  « T'as l'intention d'entrer dans l'eau, ou tu calcules la superficie de la pièce ? » Allez savoir ce qu'il était en train de faire.

« Salut ! » Ah ! Un peu plus et l'arrivée du jeune homme -Milo il me semblait- manquait de me faire déraper et tomber dans l'eau. Mais je pouvais encore compter sur mon équilibre, de mon côté aujourd'hui et bien décidé à ce que je reste sur le bord encore quelques minutes. « Sa...lut. » Que dire de plus ? « Tu sais que tu viens d'éviter une terrible chute dans la piscine ? J'ai décidé de t'épargner pour aujourd'hui. J'ai hésité, mais finalement je me suis dis que ça ferait peut être une mauvaise première impression. » Ainsi donc le jeune homme avait eu dans l'idée de me pousser dans l'eau et s'était rétracté au dernier moment. Je compris donc que je venais d'y échapper belle. « Oh... trop aimable. » Je souriais, avec une certaine crispation tout de même, tandis que Milo reprit la parole. « T'as l'intention d'entrer dans l'eau, ou tu calcules la superficie de la pièce ? » Mmm, mais oui alors, qu'attendais-je sur le rebord du bassin ? Un soupire s'échappa malgré moi. « Je... je sais pas à vrai dire. Je voulais me baigner mais... j'hésite. Parce que mine de rien, calculer la... la superficie de la pièce vaut peut-être plus le coup qu'une... hum... bonne baignade, tu vois. » En gros j'étais voué à faire un choix des plus difficiles. Entrer dans l'eau... Rester en dehors de celle-ci... Ralala, vraiment, je ne parvenais pas à choisir une option plutôt que l'autre.

« Sa...lut. » Cette seule réponse suffit à me faire comprendre, que j'avais affaire là, à un garçon timide. Plutôt rare dans ce genre d'émission. Même extrêmement rare d'ailleurs. Fallait dire que généralement quand on était timide, on ne venait pas s'enfermer dans ce genre d’émission, sous l’œil des caméras. Je lui racontais alors comment il venait d'échapper à un plongeon certain dans l'eau. « Oh... trop aimable. » En effet ça l'était. Un autre que moi n'aurait pas hésité une seule seconde. Je lui demandais alors s'il comptait bouger un jour, ou rester planter là. Et bien figurez vous qu'il ne semblait pas encore le savoir. « Je... je sais pas à vrai dire. Je voulais me baigner mais... j'hésite. Parce que mine de rien, calculer la... la superficie de la pièce vaut peut-être plus le coup qu'une... hum... bonne baignade, tu vois. » En effet, quel choix compliqué. Digne du choix de Sophie.  « Je comprends que t'hésites face à cette question existentielle. » dis je en hochant la tête, tout à fait sérieux.  « Mais je vais t'aider. Cette pièce fait exactement 92m². Donc c'est bon maintenant, tu peux sauter à l'eau l'esprit tranquille. » En réalité je n'avais pas la moindre idée de la taille de cette pièce.  « Et puis si tu n'y entres pas maintenant, c'est moi qui vais t'y pousser alors... » Quel choix allait il prendre? Valait mieux la première solution pour son bien.

« Je comprends que t'hésites face à cette question existentielle. » En effet la question se voulait existentielle. Soit j'entrais dans l'eau, soit je restais sur le rebord du bassin pour contempler la salle et évaluer sa superficie, que le jeune homme avait évoquée un instant plus tôt. « Mais je vais t'aider. Cette pièce fait exactement 92m². Donc c'est bon maintenant, tu peux sauter à l'eau l'esprit tranquille. » Avais-je un moyen d'être certain de la véracité des paroles du grand brun ? À vrai dire non. N'était-ce pas là un nombre débité au hasard afin que je saute ? Et combien même cela me persuade de sauter, en quoi celui-ci y trouverait là satisfaction ? Tant de questions sans réponse, une fois encore. « Et puis si tu n'y entres pas maintenant, c'est moi qui vais t'y pousser alors... » ... Alors je n'avais pas forcément envie d'entrer dans l'eau juste histoire de lui faire plaisir. Et puis on ne dirait pas comme ça, mais je n'étais pas un garçon soumis. « Hum. Je crois que l'envie de me... baigner m'est pour ainsi dire passée. Je me vois donc dans l'obligation de... hum... rester sur le bord. » Après, s'il souhaitait réellement me pousser, il pouvait toujours le faire. Mais je doutais réellement du fait qu'il puisse s'en tirer comme ça sans que je parvienne par la suite à l'y pousser à mon tour. Et oui, j'avais ce petit côté rancunier que beaucoup me connaissaient. Et un crime ne restait jamais impuni.

« Hum. Je crois que l'envie de me... baigner m'est pour ainsi dire passée. Je me vois donc dans l'obligation de... hum... rester sur le bord. » Hm ce type était bizarre quand même non ? Ou peut être avait il peur de l'eau ? Parce que bon, ce n'était qu'une piscine, pas le mont Everest. Rien de bien compliqué. Il avait pied en plus. Il comptait réellement rester planter là au bord ? Là je crois qu'il allait falloir agir. Je ne pouvais guère le laisser dans cette situation. Cela s’apparenterait à non assistance de personnes en danger, vous comprenez. Et moi je ne voulais pas me retrouver au poste de police, non non non. Donc il allait falloir employer les grands moyens. Mais ce n'était pas faute de l'avoir prévenu. Un traitement de choc s'imposait.  « Je crois que...hm...cela ne va pas être possible » Et non mon coco, pas possible du tout. Sans crier gare, je l'attrapais, l’entraînant avec moi dans ma chute dans l'eau. Je remontai finalement à la surface. Et voilà. Un monsieur à l'eau. Dont je ne connaissais même pas le prénom à vrai dire.  « Désolé, j'ai glissé. » Très crédible.  « Avoues, t'es quand même mieux là dedans. » dis je en passant une main dans mes cheveux. En plus l'eau était chauffée, que demander de plus ?  « Te sens pas obligé de me remercier tout de suite, tu pourras le faire plus tard. »

« Je crois que...hm...cela ne va pas être possible » Comme je m'en doutais, il ne fallut pas trois secondes au gringalet pour sauter dans la piscine et m'entrainer avec lui. Nous remontâmes ensuite à la surface, tandis que le jeune homme se justifia avec toute la crédibilité dont il pouvait faire preuve. « Désolé, j'ai glissé. » Oui, on y croyait tous... « Avoues, t'es quand même mieux là dedans. » Et bien au moins, l'eau était chaude ce qui ne gâchait rien. Mais tout de même, il m'avait pris par surprise car même si je m'attendais un peu à ce qu'il me pousse dans l'eau, celui-ci avait tout de même pris le soin de me faire languir quelques instants pour finalement m'entrainer avec lui quand je ne l'attendais plus. Malin le garçon... « Te sens pas obligé de me remercier tout de suite, tu pourras le faire plus tard. » Hm, et bien dans ce cas j'allais en effet le faire plus tard... Désormais dans l'eau, je retirai les quelques mèches de cheveux qui étaient venues se coller contre mon front avant de répondre « Quand même, l'eau ça... ça mouille ! » Je venais de lui faire par d'une remarque tout à fait constructive, oui. Reprenant mon sérieux, je me rendis compte que je ne connaissais même pas le prénom de celui à qui je devais mon entrée dans l'eau. Ni une ni deux, je me décidai de me rattraper. « Qui Dimitri doit-il remercier au... au juste ? » Façon tout à fait subtile de lui demander son prénom, donc, en lui signifiant au passage le mien des fois qu'il l'ait oublié.