Le jeudi 26 avril 2012, début d'après midi
Emett & Freddie

Prudence a beau être carrément chiante, t'es fascinée par sa capacité à vivre constamment perché sur ses talons hauts. Toi, t'es plus chaussures plates, ou au pire, compensée. Hm. Pourtant, tu rêverais portés des jolis escarpins, mais t'as pas envie de passer pour un con parce que t'sais pas marcher avec. Enfin, là, t'as plein de talons à ta disposition dans le dressing. Tu demanderais bien à Prudence d'essayer une de ses paires, mais t'sais pas où elle est. T'es pas du genre à prendre et fouiller les affaires des autres, mais là, c'est une de ses paires qui trainent, donc tu as pas vraiment à fouiller. Tu vires tes pantoufles super confortable pour glisser tes pieds nus dans ses magnifiques chaussures. T'essayes de te lever, de tenir debout. Puis t'fait quelques pas. T'as l'impression que t'es jambes tremblent comme des feuilles. Pas glorieux. Au bout de quelques minutes, tu commences à t'habituer mais revers de la médaille, tu crèves de mal au pied. Tu t'arrêtes d'vant la glace, et tu te sens presque belle, avec ses jambes de dingue. On dirait les jambes de Malika et Prudence. Tu te sens tellement canon que tu oses un petit tour. BAM. Tu te vautres comme une merde sur le pauvre Emett qui vient de débarquer dans la pièce. Tu le regarde avec des yeux tout rond. C'pas moi, c'est les chaussures. Wouah. Tu t'sens con. T'baisses les yeux, t'laisses tomber sur un pouff. Désolée, j'tai pas fais mal j'espère? Moi c'est Freddie... Au cas où tu voudrais porter plainte pour agression. Tu t'risques à relever le regard vers lui, un petit souris piteux et gêné. T'es une boulette.

Fait rare et ô combien miraculeux, je m'étais essayé à la salle d'entraînement du chalet. Une première. Et peut-être une dernière aussi. Je n'étais clairement pas un sportif. Après ce moment d'exercice (presque) intensif, j'étais allé prendre une douche et je me dirigeais désormais vers le dressing afin de me changer. Loin de moi l'idée de garder sur le dos les fringues poisseuses que j'avais sur le dos quand je m'étais entrainé. Elles étaient déjà parties dans la machine, d'ailleurs. Et BAM. À peine étais-je entré dans le dressing que je fus entrainé par Freddie dans une chute assez violente. BAM. Si le sport ne m'avait pas déjà tué, Freddie venait de m'achever. Elle accusa d'ailleurs ses chaussures, et je baissai les yeux. « Je n'en doute pas. » répondis-je immédiatement. Des escarpins, certes magnifiques, mais aux talons vertigineux. Je me demandais toujours comment les filles faisaient pour marcher avec ça. Des heures d'entraînement, peut-être. Avec au passage quelques jolies chutes comme celle-ci. « Y'a pas de mal, » dis-je en me relevant assez péniblement. Freddie s'excuse, affichant un sourire gêné. « De toutes façons, si je veux porter plainte, c'est contre les chaussures, non ? » Je souris, penaud.

Y'a pas de mal Il se relève péniblement. Tu crains qu'il ne soit trop gentil pour te dire qu'en réalité, il s'est bien fait mal. Tu lui proposerais bien un dédommagement, mais t'as pas envie que ça soit mal interpréter et que tu te r'trouves dans la rubrique "drague la plus pourrie d'la semaine", le coup du vin te suffit largement. De toutes façons, si je veux porter plainte, c'est contre les chaussures, non ? C'est con, mais ç t'fait plutôt rire. T'en profite pour enlever ses mauvaises chaussures et les envoyé délicatement vers l'endroit où tu les avais trouvé, c'est à dire, au beau milieu de la pièce. Elles sont à Prudence. Comme quoi, cette fille a du talent : elle marche avec des talons vertigineux. Tu l'admires un peu, seulement un peu, parce que sinon, tu peux pas la sentir. Ca t'fait d'ailleurs culpabilisé, parce qu'elle t'a rien fait, mais c'est dans sa façon d'être, de se croire mieux que tout le monde. T'avoue que t'es peut-être un peu jalouse de ses jambes longues et fines et de son corps parfait. Tu lorgnes les chaussures d'un air dépité, parce que tu sais pertinemment que les chaussures ont gagné la partie. Tu reportes ton regard vers le type. Tu sais plus comment il s’appelle. Sans arrière pensée : tu pourrais craqué sur une fille qui sait pas marcher avec des talons?

Les chaussures appartenaient à Prudence donc, et n'étaient pas celles de Freddie. J'aurais pu le deviner, vu la difficulté qu'elle avait de marcher avec ces chaussures-là aux pieds. « Je lui en parlerai. » Ou pas. Prudence avait beau ne pas m'avoir fait une très bonne impression, cela ne suffisait pas pour aller la voir et accuser ses chaussures de m'avoir agressé. Ce qui, par ailleurs, aurait été plus que proche du ridicule. « Sans arrière pensée : tu pourrais craqué sur une fille qui sait pas marcher avec des talons? » me demanda alors la dénommée Freddie. Sans pouvoir m'en empêcher, j'éclatai de rire. Les chaussures ne faisaient pas vraiment partie des critères qui pouvaient faire qu'une fille me plaise ou non. Peu importe qu'elle sache marcher avec des talons. Certes, j'étais parfois impressionné de voir des filles marcher avec des talons de dix centimètres, mais ce n'était pas pour autant qu'une fille sachant marcher avec des talons me plairait plus qu'une qui en était incapable. « Je pourrais, oui. » répondis-je très sincèrement. « Je pourrais même craqué pour une fille qui ne porte que des baskets ! » Ou même des chaussures orthopédiques. Peu importait les chaussures tant que les jambes étaient bien dessinées, non ?

Je lui en parlerai. Tu fais mine de réfléchir, mais t'as ce petit air malicieux et joueur qui ne convient absolument pas à cette moue. T'es obligé de lui dire que j'avais mis ses chaussures? T'es pas sérieuse. T'es pratiquement sûre qu'il n'en parlera pas à Prudence. Pratiquement, parce que tu connais pas les gens, et ce monsieur Emette, il est peut-être de ce genre là, complètement barge. Les barges, ça peut être cool. Enfin, y a barge et barge, tvois? Ou alors, j'ai mieux, on lui dit rien du tout. Oui, la meilleure solution, celle que le raisonnable se réserverait. Ça doit même être la solution de ceux qui ont pas d'humour. Tu souris. le genre big sourire colgate. Je pourrais, oui. Je pourrais même craqué pour une fille qui ne porte que des baskets ! Ca t'fait sourire. T'aimerais que tout le monde soit comme lui, parce qu'il y a des gars superficielles qui préfère quand les filles portes des escarpins provenant d'la collection d'un grand styliste. Enfin, quand je parle de gars superficielles, croyez pas que je parle des gay. J'aime els gay et ils sont plutôt loin de ce genre de stéréotype. Enfin doit y en avoir, mais bon, c'comme pour les hétéro, doit y en avoir aussi. Tu souris. Et.. Une fille qui a des pantoufles genre... Tu t'penches pour chopper tes fameuse pantoufles avec la tronche de grenouille en peluche. Genre comme ça.T'as un vague sourire et tu te sens presque obligé de te justifier : Elles sont tellement confortable. S'tu pouvais avoir des cœurs pleins les yeux, t'en aurais.

Je souris en voyant Freddie qui faisait mine de réfléchir, alors que son air malicieux la trahissait et lui retirait toute crédibilité. Apparemment, elle ne tenait pas à ce que Prudence sache qu'elle avait emprunter ses choses. Soit. Nous en convînmes ainsi. « Je ne dirai rien. » lui affirmai-je, comptant vraiment tenir parole. Après tout, je n'avais rien à gagner à aller répéter à Prudence que Freddie avait essayé ses hauts talons. Et qu'elle était tombée. Je souris. Certes, et comme la plupart des représentants de la gente masculine, j'aimais quand une fille présentait bien, qu'elle était bien apprêtée et mise en valeur, quand, par exemple, elle portait une jolie robe et des chaussures à talon. Mais je ne considérais pas les baskets ou autres chaussures comme des tue-l'amour, et une femme qui ne portait que des baskets est tout aussi à même de me plaire. Et Freddie me montra ses pantoufles tête de grenouille très mignons et absolument ridicules. Elle m'assura qu'ils étaient très confortables. « Ça, je veux bien le croire ! » répondis-je en éclatant de rire. Je me rappelai moi-même avoir porté des chaussons poussins quand j'étais gamin. J'eus un sourire rieur. « Un peu ridicules, aussi... » avouai-je en toute honnêteté. « Mais ça ne me dérange pas. » dis-je pour en revenir à sa question. Car oui, ces pantoufles étaient ridicules mais je pourrais tout de même craquer pour une fille qui les porterait. Sans doute.

Je ne dirai rienLà, t'as un vieux réflexe qui ressort, tu lève ton petit doigt et tu lui présentes. C'est la promesse du p'tit doigt. Tu l'faisait tout le temps en Belgique. Pour sceller un secret, se passer du courage avant un spectacle de danse, ... C'est un truc de môme qui te colle à la peau. T'as beau faire, y a des trucs qui sont en toi et auquel t'peux pas te défaire. Ça, je veux bien le croire ! T'es assise sur ton pouff. Tu reposes les pantouffles et tu t'installe en tailleur. T'es bien ici. Tu commences à t'y faire, à t'sentir chez toi. Les pièces sont plus familière et t'as plus facile à parler au gens. C'pas que t'es timide, mais il te faut toujours un temps d'daptation, comme si t'avais besoin d'être apprivoisée. Un peu ridicules, aussi... Un tout petit peu alors. Que tu dis avec le sourire aux lèvres. T'as parfaitement consciente qu'elles sont ridicule, c'est pour ça qu'tu les mets que quand t'a envie d'être à l'aise et qu'tu t'en fous de ce que les autres penses. T'façon, c'pas comme si le ridicule pouvait tuer. Mais ça ne me dérange pas. Ca l'dérange pas? C'est un type bien ce Emmett. Si, si, tu t'en rend bien compte. C'est rassurant, j'suis pas un cas désespéré alors, s'il existe des gars qui s'en foutent. Tu souris, encore et toujours. T'es d'bonne humeur, mais t'as plus rien à dire.

Alors que je ne m'y attendais pas vraiment, Freddie tendit son petit doigt devant moi. Je lui présentais immédiatement le mien pour sceller cette promesse. Je faisais souvent ça, quand j'étais gamin, pour sceller une promesse. On appelait ça la promesse du petit doigt ou le serment du petit doigt. C'était, bien sûr, un serment éternel et inviolable. Et donc je ne dirais rien à Prudence. Une promesse était une promesse. Souriant, je pris à mon tour place sur un pouf. Freddie m'avoua que ces pantoufles étaient un tout petit peu ridicules. Juste un petit peu. J'eus un sourire. On pouvait dire ça. Ils étaient mignons, d'une certaine façon, mais sûrement plus qu'un peu ridicules. Mais, comme je l'avais dit, il en fallait plus pour me déranger, ou me repousser d'ailleurs. « C'est rassurant, j'suis pas un cas désespéré alors, s'il existe des gars qui s'en foutent. » Je souris avec Freddie. « T'inquiète pas, tu n'es pas un cas désespéré. » Il y avait sûrement pire. Peut-être même dans le chalet. « D'ailleurs, en cherchant bien, on peut sûrement trouver quelque chose de compromettant dans les placards de tous les candidats ! » J'esquissai un sourire, imaginant déjà les tenues les plus horribles, les plus décalées et les plus ridicules que l'on puisse imaginer.