Manger. C'était un plaisir simple de la vie et Cruz avait été tellement prise par la visite des sentiers qui entourait la maison qu'elle n'avait même pas vu le temps passer, résultat des courses, elle se retrouvait seule à table. Ça ne l'a dérangé pas plus que cela, mais les autres risquaient de penser qu'elle ne voulait pas partager ce moment avec eux alors que ce n'était pas du tout le cas. En fait, elle adorait se retrouver entourer de monde et là elle avait un peu l'impression d'être seule sur une île déserte, mais bon, il y avait tout de même pire que ce qui était en train de lui arriver. Tout en savourant la salade qu'elle s'était préparée, elle pensait que depuis qu'elle était arrivée, elle sympathisait plus avec les filles qu'avec les garçons présents, ce qui était tout de même un comble. Elle qui avait toujours l'impression de devoir être en compétition avec ces jeunes femmes, elles les appréciaient vraiment. Mais bon il fallait avouer qu'arriver à avoir un garçon plus que quelques minutes pour discuter était presque mission impossible, ou alors aucun n'accrochait sur son physique... Non, c'était tout bonnement impossible. Puis elle avait encore le temps de voir venir, sauf si elle quittait le jeu prématurément, mais elle ne devait pas penser à ça. Une fois finit de manger, elle alla laver sa vaisselle avant d'attraper un yaourt et de retourner s'installer tout en profitant de la vue que lui donnait la grande baie vitrée de la salle à manger. C'était tout bonnement magnifique, elle qui n'avait quitté que très rarement Bâton Rouge, ces paysages étaient tout simplement à couper le souffle. Une chose était certaine, elle ne regrettait vraiment pas d'être venue ici.

Depuis une bonne demi-heure, j’étais avec Dimitri dehors. Je commençais tout doucement à sympathiser avec les candidats, qu’importe leur sexe, et ce mec faisait partit de ceux que j’appréciais. Il était tout timide, c’était mignon. J’avais bougé mon cul de la pergola pour faire un petit tour, sauf que toute seule, je m’ennuyais un peu/beaucoup pour tout dire. Je ne suis vraiment pas faite pour vivre complètement toute seule ; il me faut quelqu’un toujours en permanence avec moi. Même si c’est pour l’embêter, malheureusement pour cette personne. Je marchais alors en direction du chalet, là où je trouverais sûrement plus de gens qu’à l’extérieur visiblement désert. BINGO ! À peine arrivée à hauteur de la baie vitrée donnant sur la salle à manger, je vis une des nombreuses jeunes femmes du chalet assise toute seule, en train de déguster un yaourt. Si mes souvenirs étaient bons, elle faisait partie de celles qui avaient un prénom composé complètement bizarroïde ; encore plus zarbi que le mien. Je m’approchais de la vite, donnant un coup pour l’interpeler. « S-A-L-U-T ! » Je décortiquais le mot en articulant bien les lettres pour qu’elle puisse bien distinguer le mot à travers la vitre. Je souriais à pleines dents en lui faisant ‘coucou’ en un signe de main. Comme une gamine, je lui faisais une première grimace, passant ma langue et louchant par la même occasion. Puis une deuxième et une troisième. Ca me faisait marrer. « C-A V-A ? » Lui demandais-je, toujours à travers la baie vitrée.

HJ: vraiment désolée pour le retard j'espère que tu ne m'en veux pas !

Yaourt toujours dans les mains, Cruz avait la cuillère dans la bouche quand elle avait vu débarquer quelqu'un devant la grande baie vitrée tout en donnant des coups pour l'interpeller. Enlevant l'objet d'entre ses lèvres, elle observa celle de la jeune femme qui était en train d'essayer de lui dire quelque chose et elle déchiffra le mot « salut ». La réaction de sa concurrente lui donnait littéralement envie d'éclater de rire, cela lui faisait du bien de voir quelqu'un de totalement spontanée et qui ne se cachait pas derrière des apparences. Puis les grimaces qui suivirent la poussèrent à abandonner son air un peu perplexe pour laisser l'amusement prendre place, oh c'était certains, elle allait vraiment l'apprécier. C'était un peu une femme/enfant, puis son visage était totalement sincère. Les grimaces s'enchaînèrent et elle en fit même une pour lui rendre le pareil, éclatant une nouvelle fois de rire. Elle reprit contenance en la voyant essayer de lui dire une nouvelle chose, un « ça va », elle acquiesça avant de s'approcher pour ouvrir la porte-fenêtre et enfin lui parler de vive voix. « Salut à toi aussi et je vais plutôt bien, il ne peut pas en être autrement après ta séance de grimaces. Et toi j'ai l'impression que tu vas très bien. Moi c'est Cruz-Leocadia, mais tu peux me donner le surnom que tu veux, entre Cruz, Leo ou encore Dia, je pense que tu as largement le choix. Et toi c'est … ? » Il y avait tellement de monde qu'elle avait un peu oublié les prénoms, il fallait dire que celui de la jeune femme était assez étrange et qu'elle ne l'avait jamais entendu auparavant. Pourtant elle avait une très bonne mémoire.

HJ - Pas grave, je peux comprendre, je ne suis pas du genre à torturer les gens parce qu'ils ne me réponde pas dans la minute.

Je faisais la débile derrière la baie vitrée. Je ne savais pas vraiment comment était cette jeune femme, mais je ne réfléchissais pas de savoir si elle était du genre coincé du cul ou plutôt déconneuse. Si c’était la première hypothèse, elle roulerait des yeux et s’en irait, en marmonnant dans sa barbe imaginaire que je n’étais qu’une sale folle ou une gamine de genre vingt-six ans qui ne veut pas grandir. Par chance, je n’étais pas tombée sur l’une de ces filles hautaines qui se prennent beaucoup trop au sérieux, puisque je voyais sa mine se réjouir et elle souriait même. Pas que : elle me rendait même une grimace. Haaan elle est trop cool cette fille. D’ailleurs, je la vis s’approcher de moi et je l’accueillais avec mon plus beau sourire alors qu’elle ouvrit la porte. « Salut à toi aussi et je vais plutôt bien, il ne peut pas en être autrement après ta séance de grimaces. Et toi j'ai l'impression que tu vas très bien. Moi c'est Cruz-Leocadia, mais tu peux me donner le surnom que tu veux, entre Cruz, Leo ou encore Dia, je pense que tu as largement le choix. Et toi c'est … ? » Mon sourire s’évapora et mes sourcils se haussèrent de surprise. Bon sang ! Aurais-je trouvée ma semblable ? Aurais-je trouvée quelqu’un aussi bavarde que moi ? Finalement mon visage s’illumina de nouveau alors que j’éclatais de rire. « Oh ouai moi ça va toujours ! » Lui répondais-je dans un premier temps, accentuant mon sourire comme une gamine. « Cruz tout court c’est parfait je trouve ! Moi c’est Saoirse… et pas de surnom ! » De toute manière, allez trouver un surnom avec ce prénom-là. Je donnerais déjà ma main à couper que personne ici ne sait comment s’écrit mon prénom (parce qu’il se prononce « SEER-shuh »). « Avant que tu ne me le fasses remarquer : OUI ! Oui je suis d’origines irlandaises et toi je suppose qu’elles sont hispaniques, mais comme je sais que c’est chiant de toujours en entendre parler, je ne te poserais même pas la question de savoir si c’est vrai ! » Disais-je sur un ton enjoué.

« Oh ouai moi ça va toujours ! » Voilà qui était clair, la bonne humeur devait être habituelle chez elle, ce qui n'était pas une mauvaise chose au bout du compte, c'était mieux qu'une personne dépressive chronique. « Cruz tout court c’est parfait je trouve ! Moi c’est Saoirse… et pas de surnom ! » Un petit sourire sur les lèvres, Cruz fit un signe lui faisant comprendre qu'elle ne lui en donnerait pas, mais elle ne put s'empêcher de lancer une petite phrase. « Même pas Sunny, parce qu'en te voyant j'ai l'impression de voir un soleil, tu pourrais guérir des malades juste avec ton sourire. » C'était un compliment et elle espérait qu'elle ne le prendrait pas mal, après tout elle ne se connaissait pas vraiment. Mais ce n'est vrai que comme pour sa personne, son prénom ne laissait aucun doute sur ses origines. « Parce que tu sais quoi, je pense que je vais avoir du mal à bien prononcer ton prénom. » Les parents ne prenaient pas conscience de cela, mais elle aimait bien la consonance et surtout la fluidité qui en était ressorti quand elle s'était présenté. De son côté, les siens avaient fait dans le compliquer et son frère n'y avait pas échappé non plus puisqu'il se prénommait Rafaël-Esteban. Au contraire d'elle, il préférait se faire appeler par son second prénom. « Avant que tu ne me le fasses remarquer : OUI ! Oui je suis d’origines irlandaises et toi je suppose qu’elles sont hispaniques, mais comme je sais que c’est chiant de toujours en entendre parler, je ne te poserais même pas la question de savoir si c’est vrai ! » Son ton était toujours aussi joyeux et Cruz prit la décision d'aller la voir le jour où elle aurait le moral dans les chaussettes, même sans ça, elle était une vraie pile électrique. « Se puede decir que es molesto, pero algunas personas no lo entienden. » Un petit rire passa les lèvres de la jeune Hispanique avant qu'elle ne passe une main dans ses cheveux, c'était une mauvaise habitude qu'elle tenait depuis son plus jeune âge. Parler espagnol, elle le faisait que très rarement, surtout pour s'engueuler avec sa mère quand cette dernière essayerait de régir sa vie. « Alors pour clore le sujet des origines, tu travailles dans quel domaine ? »

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