⇝ onze heures deux, dimanche 15 avril.

La nuit avait été plutôt courte et, depuis qu'elle s'était levée, Bambi n'avait cessé de bâiller. La veille ― enfin, tard dans la soirée.. ou tôt dans la matinée, tout dépendait du point de vue ― après le départ de Dimitri, elle était finalement restée un peu plus longtemps en compagnie des autres, au bar, avant de gagner, seule, la chambre d'Hadès. Au réveil, elle avait eu la surprise de découvrir un homme couché à ses côtés, ce qui l'avait amené à se poser des questions et, surtout, à se repasser mentalement le fil des évènements. Une bonne minute lui avait été nécessaire pour se repérer et finir par arriver à la conclusion qu'il avait dû s'endormir là, faute de pouvoir se coucher ailleurs. Plutôt rassurée, elle était descendue prendre son petit-déjeuner, avait un peu discuté avec quelques uns de ses camarades avant de remonter pour prendre une douche. Après avoir enfilé les premières fringues qui lui étaient tombées sous la main, un short en jean et un fin tee-shirt couleur ivoire, elle avait dévalé à nouveau les escaliers, de bonne humeur. Il fallait qu'elle trouve sa moitié et l'idée la mettait plutôt en joie. La veille, elles ne s'étaient pas adressées la parole et n'avaient pas échangé un regard. Bambi-Jane l'avait vue, au bar, en grande conversation avec un homme. De là où elle s'était retrouvé, à discuter avec Dimitri, elle avait eu tout loisir d'observer sa petite-amie, aussi discrètement que possible.

Parvenue dans la cuisine, la petite brune repéra Hortensia, au milieu des autres. Elle se hissa sur le plan de travail, sur l'îlot central, et échangea quelques mots avec une fille qui se trouvait là avant de glisser un regard à la blondinette. Il fallait qu'elles parlent toutes les deux, à l'abri du regard des autres. Il était impensable qu'elles se trahissent en s'affichant devant tous les autres. Elles devaient donc faire preuve de prudence et, surtout, de discrétion.

Désignant la porte du hall d'un bref signe de tête, Bambi-Jane se remit sur ses pieds et gagna ledit hall d'entrée avant de descendre, presque à quatre à quatre, les marches en marbre du bel escalier menant au sous-sol. Après un bref moment d'hésitation, elle poussa l'une des portes et parvint dans ce qui semblait être un cellier. Parfait.

Mes cheveux blonds un peu en pagaille attaché à l’aide d’une pince, je me trouvais dans la cuisine juste à côté d’une charmante demoiselle. J’avais vite finie par décrocher de la conversation en voyant Bambie-Jane entrer. C’est discrètement que je lui avais lancé un petit sourire muni d’un regard avant de me concentrer sur la personne se trouvant à mes côtés. Je me mis à bailler, mettant ma main devant ma bouche. « Bon, c’est pas que je m’ennuie, mais quand même ! » j’avais remarque les gestes que la demoiselle m’avait lancés tout en étant le plus discret possible. J’allais bien entendu la rejoindre, en espérant pouvoir la retrouver, car je comptais bien me changer avant. Je portais qu’un simple t-shirt, ne m’étant pas encore habillé et maintenant qu’il était onze heure, se serait bien que je me bouge un peu.

Je me dirigeais alors vers le dressing, là où mes vêtements étaient correctement rangés. J’opta pour une robe légère tout simple, un peu transparente, mais enfila un long gilet noir par-dessus avant de quitter la pièce. Tout ce trajet pour finalement choir un truc encore plus léger de ce que je portais déjà. Est-ce que ça en valait vraiment la peine ? Pour moi oui. Je montais les escaliers, repassant par la cuisine où il n’y avait plus personne. Bon, je ne me posais pas plus de questions. La seule question que je me posais c’était où était-elle à présent. Je me baladais dans les couloirs comme si ne rien n’était. Après quelques secondes de méditations, je pénétrais dans le cellier. Un endroit, petit, isoler de tous, même si tout le monde pouvait y entrer à sa guise. « Hey… » lui dis-je tout doucement dans son oreille la surprenant par derrière. Je finis par me positionner à côté d’elle. « C’est pas cool de jouer à cache-cache dès le matin » je faisais là allusion du fait que j’avais dut la chercher pendant au moins dix minutes. « Je crois qu’on à trouver la caverne d’Ali baba » je regardais ces nombreuses bouteilles d’alcools mis à notre disposition. « Tu crois qu’on peu se servir ? » demandais-je, curieuse de connaître son point de vu. Mais étions là vraiment pour ça à la base ? Je n’en savais rien, car je n’étais même pas au courant qu’il y avait autant de bouteilles dans ce cellier.

Elle sursauta en entendant le murmure d'Hortensia à son oreille. Une main sur le cœur, Bee retint à moitié un soupir en croisant le regard de la jeune femme, heureuse, toutefois, qu'elle soit parvenue au cellier. Avec quelques difficultés manifestement. Haussant les épaules, elle croisa finalement les bras, remarquant au passage qu'Hortansia s'était changée entre l'instant où elles s'étaient croisées dans la cuisine et maintenant. « Je ne pensais pas que tu irais t'habiller » souffla-t-elle avec un sourire. Focus, BJ, focus. Elles n'étaient pas là pour batifoler. Se mordant l'intérieur de la joue, elle détourna les yeux, suivant le regard de la jolie blonde. Elles étaient relativement bien tombées, n'empêche. Un nouveau sourire passa sur les lèvre de la jeune femme à la réflexion de sa camarade. « Pas mal, ouais » murmura-t-elle avant d'arquer un sourcil vaguement moqueur. D'accord, il y avait probablement de quoi abreuver tout un régiment pour une pelleté de soirées de permissions mais.. tout de même. A pareille heure ? D'un autre côté, il n'était pas étonnant qu'elle pose ce genre de questions. Ça lui ressemblait, Bambi-Jane aurait dû s'y attendre. « Tu sais qu'il n'est même pas midi Tisia ? railla-t-elle avant de prendre place sur la lourde plaque en verre de l'îlot central. Je vois déjà la tête de certains si on leur dit qu'on déjeune au Dom Pérignon, ajouta-t-elle ensuite, enfin, remarque, au moins ce sera plus classe que.. merde, je sais même pas comment elle s'appelle. La fille, là, une grande brune, elle ressemble à un croisement entre Pocahantas et Barbie, celle qui collait aux basques du type qui s'est fait arrosé hier soir.. bref, on partage la même chambre. Oh mon dieu, si tu l'avais vue cette nuit.. je sais plus à quelle heure elle est montée mais avec le bordel qu'elle a fait, j'suis surprise que personne ne lui ait dit de fermer sa grande gueule » Bon, ce n'était pas très gentil mais a) elle ignorait réellement comment se prénommait Barbie-Pocahantas et b) elle avait réellement fait beaucoup de bruits en allant se coucher. Il avait été impossible d'avoir un doute en l'entendant, même à moitié endormie comme l'était Bee à ce moment là : elle avait bu plus que le nécessaire et ivre n'était plus vraiment le mot adéquat. C'était pire que ça. « Oh et d'ailleurs, il y a un type dans notre chambre et l'espace d'une seconde, en me réveillant là, j'ai vraiment eu peur en le trouvant dans mon lit et.. merde, je parle trop » marmonna-t-elle en levant les yeux au ciel. Adressant un bref sourire à la blondinette, elle soupira. « Désolée, fit-elle très vite, ça s'est passé comment cette nuit ? » Ce n'était pas une inspection, ni même un interrogatoire. Bee n'était pas franchement du genre jalouse. Seulement, elle se doutait que les rumeurs et les ragots n'allaient pas tarder à bien circuler à l'intérieur du chalet. Elles avaient beau posséder un avantage avec leur complicité pré-existante à l'émission, il était tout de même plus simple d'être au clair. Non ?

Je me regardais de haut en bas, voyant le tenue que j’avais opté pour aller jusqu’ici. C’est vrai que j’aurais put éviter de perdre du temps au dressing et aller directement la voir, mais je ne me sentais pas spécialement à l’aise dans la tenue que je portais précédemment et me faire belle pour elle était quelque chose de primordiale tout de même, ce n’était pas tous les jours qu’on avait le droit de passer du bon temps avec un spécimen aussi beau que Bambi-Jane qui d’ailleurs, portait un prénom magnifiquement original. Nos retrouvailles méritaient d’être fêtées dignement, mais apparemment ce n’était pas son genre de boire dès le matin. Je sentais que j’allais devenir une vraie alcoolique durant cette aventure et rien ne m’empêchait de boire ne serait-ce qu’une gorgée malgré les nombreux verres que j’avais but hier, même si j’avais été extrêmement raisonnable contrairement à elle ou encore à la fille de sa chambre dont je ne voyait pas de qui il s’agissait. Même si Bambi pouvait prétendre n’avoir but que très peu, le fait de ne pas se souvenir de s’être couché à côté d’un garçon, voulait tout dire. « Non je ne vois pas de qui tu parle là » nous étions là que depuis hier et je n’avais pas eut le temps de mémoriser le visage de tout le monde et encore moins les prénoms. Après maintes essais, je réussissais enfin à ouvrir cette fameuse bouteille et à boire. Ne trouvant pas de verres, boire à la bouteille fut la seule solution. « Pas mauvais du tout » une petite analyse de ma part pouvait toujours rassuré, ça voulait au moins dire que ce n’était pas empoisonné. « Et certes tu parle trop, mais j’espère pour toi que vous n’avez rien fait » je m’arrêtais quelques secondes refermant et reposant la bouteille à sa place ni vu ni connu, avant de me retourner vers elle. « C’était qui ? » par simple curiosité que je posais cette question. Je n’étais pas le genre de filles jalouses. « Et bien après avoir fait plus ample connaissance avec de charmants jeunes hommes, je suis parti me coucher tranquillement, avec personne à côté de moi. Je serais presque jalouses de toi. Enfin j’ai dis presque hein » dormir seule avait des avantages comme avoir de la place pour moi, rien que pour moi et pour une première nuit c’était juste ce qu’il me fallait.

Une mèche de cheveux entortillé autour de son index droit, Bambi regardait distraitement la jolie blonde s'arc-bouter pour ouvrir l'une des bouteilles qu'elle tenait à présent entre ses mains. Un bâillement lui échappa. Il fallait qu'elle s'arrange pour dormir seule, ce soir. Et tôt, si possible. Ou ne pas se lever demain matin et.. bref, elle aviserait. S'étirant, elle hocha brièvement la tête, histoire de montrer qu'elle non plus n'avait pas encore retenu tous les visages. En fait, en dehors de Dimitri et Hortensia, elle aurait été bien en peine de mettre un nom sur chaque tête. Un surnom, à la limite. Et encore.

Un sourire passa brièvement sur ses lèvres à l'appréciation de la blondinette quant au vin. Étendant le bras, elle lui prit délicatement son verre des mains ― quoi ? seuls les abrutis ne changeaient pas d'avis ― et le porta à ses lèvres, avant de hocher la tête. « En effet, fit-elle à son tour, claquant sa langue contre son palais. Et non, Dieu merci, il ne s'est rien passé.. il a une moustache. Fine mais.. ça reste une moustache » ajouta-t-elle, frissonnant presque en évoquant le visage vaguement barbu de son voisin de chambrée. Dire qu'il n'était pas à son goût était un euphémisme. Elle n'aimait pas les barbus. Et encore moins les moustachus. D'autant que ses cheveux.. oh bon sang, elle avait eu l'impression de trouver un nid d'oiseaux sur l'oreiller d'à côté en ouvrant les yeux. « Je connais même pas son nom » souffla-t-elle, avec un léger rire. Généralement, elle avait la politesse de demander son prénom à la personne qui allait partager son lit mais là, il s'était non seulement imposé mais il avait également sécher les présentations. What a jerk. Sans doute ne ferait-elle pas amie-ami avec lui avant un bon paquet de temps. « Tu sais que tu peux venir dans mon lit, si tu veux, lança-t-elle avec un grand sourire innocent, je suis certaine qu'il ne s'en formaliserait pas. Si il dort déjà avec une fille qu'il ne connaît pas.. pourquoi pas deux » Elle se pencha et attrapa le poignet de la jeune femme pour la tirer à elle. « Il va falloir qu'on fasse attention, murmura-t-elle, même si je dois dire que la perspective d'être surprise m'excite un peu » glissa-t-elle à l'oreille de son amie. Bon, ce n'était pas franchement là la démonstration de la prudence la plus élémentaire mais.. jalouse ou pas, possessive ou non, il restait difficile d'être dans la même pièce qu'elle de prétendre ne pas la connaître. Il était compliqué de se savoir sous le même toit sans pouvoir passer la nuit dans ses bras.

Alors que c’était-elle qui m’avait faite la leçon de morale à propos de l’alcool dès le matin, voilà qu’elle m’en avait piqué. Ce n’était pas bien grave, au moins je pouvais partager mon avis sur ce délicieux vin avec ma compagne., ce qui était un vrai plaisir. Je n’étais pas une experte en vin, mais j’en avais eu l’occasion d’en boire des différents depuis l’âge où je bois, c’est-à-dire onze ans, et une chose était sûr, c’est que la production de Three Wishes, ne rigolait pas avec la qualité. J’étais comme une princesse satisfaite et rien ne pouvait me faire plus plaisir en sachant que la prod faisait tous pour qu’on se sente comme chez nous. « Mais ça peut donner un petit charme les moustaches » un petit rire innocent s’échappa de ma bouche. Je n’avais rien contre les moustaches et au contraire, je trouvais que ça donnait un petit air vraiment viril et masculin et dieu seul sait que la virilité n’était pas spécialement au rendez-vous cette saison. J’essayais de passer en revu les mecs à moustaches du chalet, mais il m’était incapable de mettre un nom dessus. Je n’avais pas encore eu le temps de mettre un prénom sur chaque visage, mais avec le temps, ça finira par arriver. Bambi non plus n’avait aucune idée de qui il pouvait s’agir, mais ce ne devait pas être quelqu’un de très important. « On s’en fiche de son prénom » après tout, à quoi ça nous apporterait de l’apprendre ?

Le sourire innocent de la demoiselle me fit sourire à mon tour. Sa proposition était vraiment alléchante et je ne me voyait pas la refuser. Quoi que un peu exigeant pourquoi pas. « J’y penserais, si un soir je me sens seule.. » l’homme en question était peut-être un candidat que je connaissais déjà et même avec qui je ne m’entendais pas et dans ces cas là, ce serait vraiment amusant. Si un jour je venais à décider de dormir avec elle, rien ne m’en empêchera. On ne m’arrête pas comme ça. La main de BJ vient s’emparer de mon poignet tandis que mon corps s’approcha alors du sien. L’idée d’être surprise m’excitait aussi, mais ce serait dix fois mieux si cela ne se produit pas. « Ne t’en fais pas, je fais extrêmement attention, j’ai de quoi protéger mes avants et mes arrières » un petit sourire vicieux se dessina sur mes lèvres après lui avoir chuchoter ses quelques mots près de son oreille. Mes doigts caressèrent sa joue puis son menton avec une délicatesse extrême, un sourire toujours accroché aux lèvres.