Prudence

Comme beaucoup de personnes sur cette planète, j'avais l'habitude de déjeuner aux alentours de midi. Ça n'avait rien d'un rituel, c'était juste une habitude prise au fil des années. Ainsi donc ce jeudi midi, j'avais pris le chemin de la salle à manger après avoir préalablement réchauffé les restes de la veille, car si il y avait bien quelque chose que je détestais, c'était le gaspillage ! La nourriture, c'était sacré, alors il ne fallait pas compter sur moi pour en gâcher ne serait-ce qu'une miette. Une fois dans la salle à manger, mon assiette à la main, je posai celle-ci sur la grande table où, étrangement, il n'y avait personne. Bien, j'allais donc manger seul une fois encore. Mais c'était sans compter sur Prudence qui sortit un peu de nulle part et qui, comme moi, semblait sur le point de manger elle aussi. Alors que j'avais déjà attaqué mon assiette, je pris tout de même soin d'avaler ce que j'avais dans le bouche avant d'en placer une. Question de politesse, une fois encore. « Prudence. Si... si j'étais toi je passerais mon chemin. Parce que... je n'aimerais personnellement pas... manger à côté d'un "croisé bouldog et berger allemand"... c'est bien ça ? » Je faisais bel et bien référence aux mots de la blonde me concernant lors du prime de samedi. Mots qui lui avaient d'ailleurs valu l'appellation de "blondasse", mais avouez tout de même qu'elle l'avait bien cherché. Blague à part, j'en venais maintenant à me demander si la jeune femme allait prendre le risque de s'assoir à côté de moi pour déjeuner ou si elle allait en effet passer son chemin. J'avais une chance sur deux de véritablement manger seul, ce midi.