Quatorze heures c'est plus ou moins l'heure à laquelle je me lève d'ordinaire, mais pour une fois je m'étais levée deux heures avant. Ce qui signifiait également que je mangeais désormais plus tôt que d'ordinaire. Enfin c'est une façon de voir, j'ai un rythme de vie assez différent de la plupart des gens. Je débauche généralement vers quatre heures du matin, alors il est évident que je ne suis pas réglé comme la plupart des Américains. C'était assez difficile cela dit de reprendre un rythme plus normal, mais je savais que d'ici quelques jours je m'y serai parfaitement habitué, ce n'était qu'une question de temps. Pour le moment j'avais une faim de loup, sans évidemment trop exagérer. Le frigo fut alors le lieu de mes investigations pendant de nombreuses minutes, avant que je ne décide finalement que des pâtes feraient très bien l'affaire. Je pris alors une casserole et je fis bouillir, fis bouillir l'eau et enfin mis les pâtes à cuir. Je me servis alors une portion assez impressionnante de pâtes. Des pas me firent alors tourner la tête en direction de la porte où j'aperçus une jeune femme qui venait de pénétrer à son tour dans la cuisine. « T'en veux ? » demandais-je alors d'un sourire courtois. Ce n'était peut être pas le meilleur moyen d'engager le sourire courtois, mais on m'avait toujours dit qu'être aimable avec les femmes c'était toujours quelque chose qui marchait. Alors je me contentais d'appliquer ce que je savais.

Je me rendais compte que, à force de faire quinze mille choses en même temps ; de bouger dans tout les sens ; de sauter dans tout les sens aussi ; j’en oubliais presque de manger. Bah attendait, il est presque quatorze heures et je n’ai toujours pas avalé une seule chose consistante, pour me faire tenir le reste de la journée. Même avec mon petit gabarie, j’ai besoin de bien manger pour avoir des forces et même parfois en grosse quantité. À bas les régimes ! Etant encore dans le parc, je courrais comme une dératée à travers la nature, faisant parfois comme si j’allais au ralentit, comme une Pamela Anderson sur les plages de Malibu. Une fois à l’intérieur, je me dirigeais où mon ventre me guidait ; c'est-à-dire la cuisine. Là où se tenait déjà un mec – un nouveau ! – devant une énorme assiette de pâte. Mon visage s’illumina, comme si j’avais devant moi le messie ; mon sauveur. Un large sourire collé sur ma face, je m’avançais vers lui, alors qu’il m’en proposé. Je sautais sur l’un des tabourets surélevé, me dandinant d'excitation et posant mon coude sur le plan ; ma tête sur ma main. « Genre, on le fait version la belle et le clochard, mais sans les boulettes ? » Je lui adressais un clin d’œil. Cette fois, je croisais les bras sur le même plan. « J’en veux bien oui, bel inconnu… » Nooon non non, je ne cherchais pas à le draguer. Je ne faisais qu’exposer la vérité, en l’occurrence, qu’il m’était encore inconnu…

Une chose qui n'est pas nouvelle chez moi, j'ai toujours faim. Je serais capable de me gaver pendant des heures sans jamais ressentir la sensation d'être rassasié, ou alors il va s'en dire que j'exagère un peu trop sans doute. Mais la quantité de pâtes qui se trouvait dans mon assiette était témoin du fait que j'avais un appétit gigantesque (sans trop exagérer encore une fois bien entendu). Et la jeune femme qui me rejoint dans la cuisine, semblait elle aussi avoir très faim tant mieux j'avais fait assez de pâtes pour lui en faire profiter. C'est pourquoi je lui en avais proposé, mais aussi pour la charmer il fallait bien l'avouer. Enfin charmer une femme avec un plat de pâtes vous me direz on aura vu mieux. « Version la belle et le clochard, ça me tente bien oui. » répondis-je alors à sa proposition, un léger rire sortant de ma bouche. Ne vous méprenez pas, je comprenais très bien qu'elle était en train de plaisanter, comme je l'étais moi aussi en cet instant. « J'aime bien qu'on m'appelle bel inconnu mais tu as le droit de m'appeler Jewon. » dis-je alors un sourire charmeur sur le bout des lèvres. Puis j'attrapais une assiette non loin de moi avant de lui servir des pâtes et de lui tendre l'assiette. « Et voilà pour la belle inconnue. » lançais-je en l'appelant par le même sobriquet qu'elle avait utilisé quelques secondes auparavant.

« Version la belle et le clochard, ça me tente bien oui.» Pourquoi il riait ? J’étais totalement sérieuse hein, moi. Non c’est pas vrai : je lâchais un rire moi aussi. Quoique partager un plat de pâtes avec un inconnu était plutôt original pour faire connaissance et pouvait vite déraper dans l’interdit aux moins de seize ans. « J'aime bien qu'on m'appelle bel inconnu mais tu as le droit de m'appeler Jewon. » C’est qu’il serait presque en train de me draguer celui-là. Dimitri aurait-il de la concurrence. J’optais aussi pour un sourire charmeur, le regardant s’activer pour me donner des pâtes. « Et voilà pour la belle inconnue. » Je regardais ce qu’il venait de me servir, puis son assiette. « Que ça pour moi ? T’es radin ! ». Oh que oui, il allait bientôt savoir que j’étais du genre « fofolle », maaaaaaaaaais je sais aussi rentrer dans le jeu de la séduction. Enfin, là j’ai peut être un peu cassé le truc, mais je me remettais rapidement à le regarder ‘sensuellement’. C’est que la plupart des mecs sont plutôt pas mal ici, même si aussi plus jeunes que moi. Je me mordillais la lèvre inférieure, lui adressant un sourire en coin. « Merci ! Moi c’est Saoirse… Entre prénom zarbi, on peut se comprendre ! » Je lâchais un rire. J’approchais ma main au milieu du plan, pour lui piquer sa fourchette. Tant pis s’il avait déjà mangé avec ; au pire quand on s’embrasse comme des dingues, on ne fait pas gaffe à la salive de l’autre. Je piquais un peu mes pâtes et avant de les mettre dans ma bouche, je lui précisais : « Mais tu peux m’appeler comme tu veux ! » J’enfonçais lentement ma fourchette dans ma bouche, pour l’enlever immédiatement, toujours le plus sensuellement possible… genre pas du tout provocatrice quoi. Je reposais ma fourchette, mâchant et avalant la nourriture, toujours en le regardant. « Alors. Tu te plais ici ? » Finissais-je par lui demander, curieuse.

Visiblement la quantité de pâtes que j'avais mise dans son assiette ne semblait pas lui convenir. Armé d'un sourire je mis alors plus de pâtes dans son assiette sans rechigner, ses désirs étaient des ordres. Enfin à ce moment précis, après il allait de soi que je n'allais pas être son majordome pendant toute l'aventure. Sans pour autant cesser de lui sourire, je ne pus m'empêcher de rire quand elle m'énonça son prénom. Elle n'avait pas tort après tout, son prénom comme le mien était plutôt original et peu commun. « On pourra former un club alors. » lui répondis-je alors qu'un sourire charmeur étirait mes lèvres. Elle prit alors ma fourchette pour manger ses pâtes, je la laissais faire parce qu'après tout il y en avait bien assez d'autres dans la pièce pour moi et parce qu'il fallait l'avouer je m'en moquais, oui comme beaucoup de choses. « Je pense que je vais t'appeler Saoirse. » C'était bien mieux de l'appeler par son prénom, j'aurais bien pu lui trouver d'autres surnoms mais j'étais bien plus captivé par le spectacle qu'elle m'offrait. Ce qu'elle faisait ne m'échappait pas et tandis qu'elle se voulait sensuel j'ancrais mon regard dans ses prunelles. « Là ici et maintenant oui je me plais beaucoup. » Je pouvais aussi jouer avec les mots si je le voulais, et répondre comme j'en avais envie. Le sourire charmeur qui avait pris place quelques secondes auparavant sur mes lèvres se transforma en sourire provocateur tandis que mon regard restait plongé dans le sien.

Me plaindre fonctionnait : il me donna une nouvelle portion de pâte. Il ne semblait pas choqué de me voir manger autant ; tant mieux, parce que je comptais tout m’envoyer. « On pourra former un club alors. » Mon rire faisait écho dans la cuisine. J’essayais de trouver rapidement un autre membre pour ce club qui ne pouvait compter que deux membres. Ca ferait ridicule quand même. Cruz pouvait aussi facilement entré au club… « C’est clair ! Et comme je suis la plus belle, c’est moi qui en sera la présidente ! » Ajoutais-je, passant un peu ma langue, tout en lui piquant sa fourchette. « Je pense que je vais t'appeler Saoirse. » Trop occupée pour lui répondre, ça m’était complètement égal qu’il m’appelle Saoirse, l’inconnue, ou le sexe symbole (mouwahahah), tant qu’il ne me manquait pas de respect. Visiblement, j’étais d’humeur joueuse aujourd’hui et je m’amusais à m’exposer sous ses yeux. « Là ici et maintenant oui je me plais beaucoup. » Nos regards restaient fixés l’un à l’autre. Alors qu’il me provoquait d’un sourire ; je me mordais la lèvre inférieure. « J’en conclue que ça ne te dérange pas, si je mange avec toi beau gosse ? » Je lui offrais un clin d’œil, prenant une nouvelle bouchée de pâte et de la même manière que quelques minutes plus tôt. Je m’épatais à rester super sérieuse, alors que je ne savais même pas où cela nous mènera. BOOOH on s’en fou un peu, beaucoup. J’aimais le provoquer. « À moins que tu ne sois trop déstabilisé pour manger… »

Je voyais bien qu'elle tenait de me provoquer, de me déstabiliser ou je ne savais quoi encore, cela marchait très bien dans un sens. Cela marchait très bien dans le sens où j'appréciais le spectacle qu'elle m'offrait, après tout je n'allais pas m'en cacher. Bon elle ne faisait que manger ses pâtes d'une manière particulièrement sensuelle et provocante mais ça me suffisait pour ne pas la lâcher des yeux. Et elle ne me quittait pas non plus des yeux, ce qui était plutôt bon signe il fallait l'avouer. « Ça ne me dérange absolument pas effectivement. » Que ce soit elle ou pas de toute manière, je ne refusais pas la compagnie de quelqu'un en table mais encore moins la sienne à ce moment précis il fallait l'avouer. « Il en faut beaucoup plus pour me déstabiliser. » Et comme pour affirmer ce que je venais de dire j'attrapais une fourchette qui traînait sur le plan de travail pour mettre dans ma bouche quelques pâtes sans pour autant la quitter des yeux. Le sourire provocateur qui habitait mon visage quelques minutes auparavant ne m'avait pas quitté. Je ne savais pas réellement ce qui était en train de se passer mais je m'en moquais assez. Cela n'était pas le plus important, et je ne suis pas le genre de personnes à trop me poser ce genre de questions.

J’aimais bien ce mec. Genre, il n’avait fait que me servir des pâtes et me regarder les manger avec provocation, mais je l’aimais bien quand même. Il semblait apprécier la scène, rien de mieux d’ailleurs, pour me faire faire la même chose à chaque bouchée. « Ça ne me dérange absolument pas effectivement. » Il le précisait, mais ce n’était pas vraiment la peine : ça se voyait gros comme une patate qu’il aimait ma compagnie. Sinon il ne me dévisagerait pas ainsi comme il était en train de le faire à cet instant, son sourire criant « oh oui continue comme ça ! ». « Il en faut beaucoup plus pour me déstabiliser. » Il appuya son propos en mangeant une bouchée de ses pâtes. Un rire presque imperceptible s’échappa d’entre mes lèvres tendu en un sourire amusé. Mais rapidement, mon expression changea pour redevenir charmeuse, genre femme fatale à la Jessica Rabbit. « Ah ! C’est vrai ? » Un sourire naquit juste aux coins de mes lèvres, tandis que je repoussais un peu mon assiette vers le centre de la table et que je penchais mon corps vers l’avant, pour me rapprocher de lui. « Tu serais capable de me donner un exemple ? »

Je passais un moment plutôt agréable en compagnie de Saoirse je ne pouvais le nier, même si tout ce que je faisais était la regarder avaler ses pâtes d'une manière particulièrement sensuelle. Mais cela me suffisait pour me faire sourire et pour ne pas la quitter des yeux une seule seconde. Mais c'est vrai que comme je venais de lui dire, il en faudrait beaucoup plus pour que je me montre un tant soit peu déstabilisé parce ce qu'elle me montrait. J'avais besoin de beaucoup plus pour être troublé, et j'étais généralement peu troublé par des femmes de toute manière. Mais elle me demanda alors de lui donner un exemple de ce qui pourrait me faire perdre pied, ou tout du moins me déstabiliser un tant soit peu. Je me penchais alors légèrement en avant comme elle venait de le faire jusqu'à ce que nos deux visages soient très proches, et je restais ainsi, mon regard ancré dans le sien pendant quelques minutes. Puis je rapprochais un peu plus mon visage du sien pour coller mes lèvres aux siennes dans un baiser que je fis durer quelques secondes avant de me décoller d'elle. Après tout elle m'avait expressément demander ce qui était en mesure de me déstabiliser, je ne faisais que lui donner un exemple, c'était elle qui avait demandé. Et puis c'était un simple baiser, quelque chose sans conséquence. « Quelque chose comme ça. » dis-je alors un sourire au coin des lèvres.

À partir du moment où je me lance dans un jeu, il est plutôt compliqué de m’arrêter. Je suis ainsi ; spontanée à la limite de l’exagération. Quoique là, en ce moment même avec Jewon, je n’étais absolument pas proche des limites. C’est un petit jeu qui venait de s’installer entre nous, qui n’a que pour but de s’amuser. Je ne connaissais rien de ce monsieur, mis à part qu’il aimait, visiblement, autant jouer que moi. Et j’espérais voir justement, à quel point il était capable de jouer. De mon côté, je m’étais approchée un peu plus de lui, lui prouvant que je n’allais pas en rester là et que justement, je n’étais pas une petite joueuse. Sourire en coin, j’attendais la réaction du jeune homme ; son exemple. En réfléchissant bien, j’étais certaine d’être en face d’un aussi grand joueur que moi. C’est pour ça que je ne fus pas surprise de le voir s’approcher à son tour. Proche. Très proche même, alors que nos deux visages en devinrent voisins. Je laissais mon regard plongé dans le sien. Jewon franchissait les quelques centimètres qui nous séparaient pour venir m’embrasser. Oh héhé je ne suis nullement choquée ! Après tout, ce n’est qu’un peu de salive échangée ! Genre je ne vais pas tomber en syncope. Je répondais à son baiser, prenant appuie sur le plan qui nous séparait ; lâchant un très subtile râle de joie, tandis qu’il se détachait déjà. Oui déjà. Il embrassait plutôt bien, au-delà du fait que ce soit un beau garçon. « Quelque chose comme ça. » Une fois sa bonne parole livrée, je me reculais pour regagner ma chaise haute, laissant échapper un petit rire. « C’est tout ? » Oh que oui, provocation, provocation. « Laisse moi te dire, qu’il ne te faut effectivement pas grand-chose pour te déstabiliser… parce que j’appelle pas ce petit baiser, beaucoup ! » Je pointais ma fourchette vers lui, pour signifier le baiser que nous venions d’échanger.

Depuis le début de l'aventure j'avais déjà embrassé deux personnes, rien de bien étonnant quand l'on me connaissait un tant soit peu. Mais je considérais souvent cela comme un jeu, comme à cet instant présent. Elle m'avait demandé ce qui était capable de me déstabiliser alors sans plus réfléchir je l'avais embrassé. Bon un simple baiser ne me ferait jamais perdre pied, mais c'était la seule chose que je pouvais lui montrer dans la limite du raisonnable. « J'ai dit quelque chose comme ça nuance, mais après si tu veux en voir plus. » répondis-je alors à ses provocations par le même ton sans pour autant la quitter des yeux. Parce que de toute manière il était certain qu'un simple baiser anodin comme celui là ne permettrait jamais de me déstabiliser. Et de manière générale les femmes ne m'intimidaient pas, je n'arrivais pas à être déstabilisé par une femme. Mis à part le plaisir charnel cela faisait longtemps que j'avais arrêté de partager quoi que ce soit d'autre avec les personnes de sexe féminin. Ça ne m'empêchait pas de les apprécier pour autant, seulement cela faisait quelques temps que j'en étais venu à cette conclusion.

« J'ai dit quelque chose comme ça nuance, mais après si tu veux en voir plus. » Je lui adressais un sourire, piquant ma fourchette dans mes pâtes. Parce que du coup, à le chauffer comme ça (à tout les coups en vain, parce que mis à part son sourire et le baiser échangé, il ne semblait pas très chaud. Boooh temps pis), je ne mangeais pas vraiment mes pâtes et mon ventre gargouillait. Je m’enfilais alors deux bouchées de cette nourriture commune, bien moins sensuellement qu’auparavant, mais toujours avec ce petit sourire en coin. Oh je suis toujours dans le jeu moi. On ne m’arrête pas aussi facilement qu’avec un petit baiser de rien du tout. Une fois ma bouche vide, je lui adressais un clin d’œil. « J’aurai bien voulu voir jusqu’où tu pouvais aller. » Oh que oui ça serait marrant quand même. Après tout, je voulais jouer, j’étais là pour jouer et j’avais trouvé quelqu’un pour jouer. Je continuais de manger quelques pâtes, avant d’ajouter. « On va dire que je te considèrerais comme petit joueur si tu t’en tiens à ça… ce qui me rendrait franchement triste ! » J’avais un large sourire. Toujours provocateur. Il faut mettre toutes ses chances de son côté.