Le dimanche 22 avril, 10h10
Lust & Freddie

Le truc avec cette maison, c'est que tu croises toujours quelqu'un, peu importe où tu vas, c'pas facile de te retrouver réellement seule. Sauf peut-être le matin, parce que les autres habitants aiment trainer sous la couette. C'pas vraiment ton truc, les longues matinée où tu fous rien, à part glander dans ton lit. Alors, là, tu t'dis que c'est le moment idéale pour aller trainer du côté d'la cuisine, même si t'as pas spécialement envie de te baigner, t'aimes l’atmosphère de cette pièce. T'as quand même enfilé ton maillot d'bain, parce que sait jamais que l'envie te prennes de piquer une tête dans l'eau transclucide de la piscine. T'as mis qu'une blouse par dessus, une blouse qui laisse voir le maillot. Ca cache pas grand chose, mais t'aimes autant avoir des fringues sur toi, ça te donne l'impression d'être habillée, parce qu' t'aimes pas spécialement qu'on voit ta peau. Tu t'poses au bord des l'eau. Tu trempes juste tes pieds. Des vaguelettes circulent dans la piscine, provoqué par tes pieds qui se mouvent doucement sous l'eau. T'es bien là. Mais quelqu'un vient gâcher cette solitude, tu relève le regard et tu te retrouve face à cette blonde qui a dit qu't'étais agaçante pendant le prime. Tu dis rien. Tu t'contentes de lui sourire et de reporter ton regard sur l'eau.

Putain, putain, putain. Lust, elle va finir par passer ses nuits dans le salon, je vous jure. La nana, elle se fait réveiller sous les neuf heures trente. Le candidat qui roupille avec elle donne des coups de pieds sans s’en rendre compte. Violent. Quoi qu’elle était tentée d’y répliquer avec une grande gifle (après tout, être endormi n’est absolument pas une excuse valable) mais, au risque de faire plus d’ennemis, elle préfère laisser couler et se bouger les fesses. Ce qui explique pourquoi à dix heures dix, elle est déjà levée. Et elle traîne vers la piscine souterraine. D’ailleurs, lorsqu’elle arrive, y’a déjà l’autre nana. Vous savez, l’agaçante. Freddie, qu’elle s’appelle. Elle reste silencieuse et se contente d’un sourire. Visiblement plus intéressée par l’eau que par la présence de Lust. Lust, en sous-vêtements (ouais, elle a pas de maillot de bain la nana, et puis, au fond, sous-vêtements, maillot de bain, c’est un peu la même non ?) prend son élan pour sauter dans l’eau, non loin de la candidate. Elle voulait que Lust se « lâche » un peu ? Chose faîte. Lust tente de rester sous l’eau le plus longtemps possible. Aussi longtemps que sa respiration lui permet. Lorsqu’elle remonte à la surface, elle replace ses cheveux en arrière pour y voir un peu claire et pose son regard sur Freddie. De bonne humeur, ouais. D’une incroyable bonne humeur aujourd’hui.

Tu bronches pas, même quand tu te prends plein d'eau parce que l'autre blonde à plongé. En même temps, tu s'rais con de râler, t'es juste au bord de la piscine, fallait s'attendre à être mouillée à un moment ou un autre. Ca t'emmerde pas, c'est juste que c'est cette fille et qu'elle te prend pour la casse couille de service. Tu l'es peut-être en fait... T'sais pas trop. Tu la regardes faire. Puis elle remonte à la surface et elle plante son regard dans l'tient. Tu détournes pas l'regard, parce que c'est pas ton genre. Toi, tu soutiens, t'as ce truc dans le regard, indomptable et sauvage, parfois presque impertinent. Tu t'en rends même pas compte, t'es juste comme ça. Tu t'rends compte qu'entre cette fille et toi, c'est pas la joie. Tu as rien à lui dire. Elle non plus d'ailleurs. Tu t'sens un peu coupable, parce que tu l'as jugé, tu l'as jugé alors que tu supportes pas l'idée qu'on te prenne pour quelqu'un qu't'es pas. C'est pas ton genre d'être comme ca. Tu la regardes. Silencieuse encore un temps. T'ouvres la bouche puis tu la refermes. T'hésites. Puis finalement, tu t'lances. Ca va être comme ça tout l'temps? C'est mieux de demander les choses clairement. Tu vois, de mettre les choses à plat, plutôt que d'laisser s'envenimer et d'être obliger d'vivre avec quelqu'un qu'tu peux pas sentir.

Dans le genre duel de regard miteux, on ne fait pas mieux. D’autant plus avec le silence pesant qu’il l’accompagne, là. Un peu désarmant, sur le coup. Lust gigote dans l’eau, pour rester à la surface tout en maintenant ce « jeu » du regard avec la nana. Et puis, elle ouvre la bouche. Mais aucun son n’en sort. Drôle de nana, ouais. Elle ouvre une nouvelle fois la bouche. Cette fois, mon dieu, elle parle. Enfin. Sa question laisse Lust perplexe. Lorsqu’elle est de mauvaise humeur avec elle, ça ne lui convient pas. Et lorsqu’elle est de bonne humeur comme maintenant, visiblement, ça ne lui convient pas aussi. Ouais. Peu importe. « Comme ça ? » qu’elle répète. Parce qu’elle ne pige pas vraiment, là, tout de suite. « Fais pas la tronche, ce serait dommage. » Immense sourire collé au visage. Bonne humeur. Putain de bonne humeur. Dieu sait que c’est rare, encore plus ici. Elle devrait en profiter, la Freddie, plutôt que de se plaindre, vous savez.

Comme ça ? Hm, ouai, enfin, comme ça... Plus explicite, tu meurs, mais au fond, tu t'en fous, y a pas cette animosité qu'il y avait les autres jours, c'est juste que vous savez pas trop dire et comment réagir l'une face à l'autre. Fais pas la tronche, ce serait dommage. Tu finis par laisser échapper un rire, un rire sincère. Tu sais pas trop si c'est son sourire ou sa réplique. Ca tranche complètement avec la fille que t'as rencontré quelques jours auparavant. Elle est juste bizarre. Enfin, bizarre, dans le bon sens vous voyez? Peut-être un peu lunatique, mais bon, chacun à ses défauts. C'est le genre de fille un peu brute. T'sais elle est pas si différente que toi, même si vous êtes pas du tout pareil. Tu la regardes encore un temps. Lust, c'est ca? En fait, tu sais pertinemment qu'elle s'appelle comme ça, mais c'est une façon d'engager la conversation. Tu viens d'où? Une question comme une autre. C'est rien d'trop personnel, mais tu t’intéresses quand même un peu à elle. Puis, t'as tendance à croire que c'est la façon d'être qui définis quelqu'un. Parfois, la personnalité se définit selon la façon dont une personne te répond à ces questions toutes simples.

« Hm, ouais, enfin, comme ça. » Cinq mots, au fond, totalement inutiles, puisqu’ils n’aident en rien Lust. Douée, la nana, douée. Et puis, la réplique de Lust a tendance à la faire rire. Tant mieux pour elle, on va dire. Ensuite, elle demande confirmation sur son prénom. « Exactement. » Au moins une qui ne détourne pas son prénom, remarquez, ce qui lui vaudrait un trophée à celle-là. Ensuite, elle lui pose une question. D’où elle tient. Lust disparait sous l’eau quelques secondes, n’écoute qu’à moitié, à vrai dire. Lorsqu’elle remonte encore à la surface, elle reporte son attention sur la candidate. « Je viens de Baltimore moi. Enfin, plus récemment New-York. Ouais, New-York. » Un peu pensive là-dessus. Baltimore, ça compte plus, maintenant. Elle n’y est plus retournée depuis un des années. Hors, elle habite New-York, en ce moment. Jamais au même endroit, mais bon, ça reste globalement dans la ville. New-York est sans doute la réponse la plus appropriée, ouais.

Elle disparaît sous l'eau. La question la gène peut-être et est pas si anodine qu'elle n'en a l'air. Enfin, faut pas qu'tu t'fasses des idées trop vite, faut qu't'arrêtes d'essayer de comprendre directement les ge,s faut qu'tu leur laisses le temps de montrer qui ils sont. Je viens de Baltimore moi. Enfin, plus récemment New-York. Ouais, New-York. Elle a pas l'air convaincue, mais tu peux l'comprendre. Toi aussi, tu habites New-York, mais quand on te demande d'où tu viens, tu réponds presque inévitablement "de Belgique" alors que ça fait des lustres que t'y habites plus. Mais t'y peux rien, t'a grandi la bas, ce pays, il fait partie de toi, même ton accent si particulier est belge. Hey ben, on a finalement quelques choses en commun. J'vis à New-York aussi. Elle l'a pas demandé? Ouai, mais elle t'a mises de bonne humeur, puis t'essayes de nouer le dialogue. T'as peur de t'aventurer sur le sujet, parce qu'elle avait pas l'air à l'aise de parler de l'endroit d'où elle vient. Si tu t'devais choisir un endroit à New-York, tu choisirais lequel? Encore une fois, c'est une question personnel, mais aussi une question dont la réponse ne définit pas une personne.