Pour certains, se lever à huit heures du matin, il considérait ça comme se lever tôt. Pour moi, par contre, ça relevait du miracle. À l’aurore, d’habitude, il y avait longtemps que j’étais réveillée. Ça ne voulait pourtant pas dire que je sortais de mon lit à cette heure… quand ce n’était pas nécessaire, ça me plaisait même, parfois, d’y rester un peu plus longtemps. Mais par la force des choses, j’avais pris cette habitude de commencer ma journée le plus tôt possible. Sauf qu’ici, rien ne me forçait à agir de la sorte et disons que j’en profitais un peu… mais lorsque huit heures sonna, impossible de rester plus longtemps emmitouflée dans mes draps. Je devais sortir de là ! Ce n’était vraiment pas en restant coincé dans ma chambre que j’allais pouvoir profiter de ce que ce chalet avait à m’offrir, n’est-ce pas ? Ainsi donc, toujours vêtu de mon pyjama, je sortis de ma chambre pour descendre au rez-de-chaussée, me rendant directement à la cuisine où je crus sentir une odeur toute fraîche de café. Milo, l’un candidat avec qui je partageais ma chambre se trouvait là, en train de préparer le petit déjeuner… et j’espère que ce n’était pas seulement pour lui, sinon, il avait vraiment un appétit d’ogre. « Bonjour. Bien dormi ? » me demanda-t-il en m’apercevant. « Oui, oui. Ce n’était pas aussi confortable que mon lit, mais ça allait. » lui répondis-je, lui rendant son sourire. « Un croissant ? Une chocolatine ? Un café ? Un thé ? Une gaufre ? » proposa-t-il ensuite, me faisant la liste de tout ce qui s’offrait à moi en ce beau matin, le premier dans cette aventure. Pour ainsi dire, je ne manquais pas de choix. « Que je me taise peut-être ? » J’esquissais un léger rire. Cette proposition me paraissait idiote. « Ça ne sera pas nécessaire. » lui mentionnais-je avant de faire mon choix. « Un café… et un croissant, s’il te plait. » Un petit déjeuner léger, que je comptais agrémenter d’un fruit que j’allais piger dans le panier sur le comptoir. Une orange, en l’occurrence. « Alors… Milo, c'est ça? Ça te plait, jusqu’à présent ? » demandais-je, alors que je commençais à enlever la pelure de l’agrume. Pas besoin de spécifier ce dont je parlais, il me semble que c’était même plutôt évident.

« On est jamais aussi bien que dans son propre lit. » Au moins quelqu’un qui me comprenait. C’est stupide, ce n’est qu’un lit pourtant. Mais je m’y suis attachée, à force de m’y blottir chaque soir, de dormir dans ses draps. C’est difficile de faire la transition sans avoir, au moins, une petite période d’adaptation. D’ici quelques jours, ça me passerait. Je n’étais pas du genre à rechigner bien longtemps sur ce genre de chose, disons, matérielle. Oui, ce n’était qu’une question de temps, assurément. Quand je passais ma ‘commande’ au candidat, il acquiesça tout simplement, s’affairant presque immédiatement à la tâche. « C’est comme si c’était fait. » Je le croyais tout à fait. Disons qu’il semblait savoir s’y faire dans une cuisine. Talent non négligeable. J’avais défendu mon pays, combattu au front… mais j’étais d’une nullité quand venait le temps de passer au fourneau. Pathétique vous dites? J’étais tout à fait d’accord. Tout en attendant qu’il me serve mon petit déjeuner, je le questionnais sur ces premières impressions, et vérifiant au passage si le prénom que je croyais être le sien était exact. « C’est tout à fait ça. » Tant mieux alors, ma mémoire ne m’avait pas fait défaut, cette fois. « Si ça me plaît ? Je ne pourrais rêver mieux pour le moment. Mais je préfère ne pas m’emballer, c’est que le début. » J’hochais la tête, comprenant parfaitement ce qu’il voulait dire. « Et toi ? » Je m’apprêtais à lui répondre quand je le vis revenir avec mon petit déjeuner – ou du moins, une partie, car je tenais toujours l’autre entre mes mains. Il déposa le tout sur l’îlot devant moi. Le café, chaud, presque bouillant, enivrait la pièce avec son odeur – ma favorite d’entre tous. Et le croissant semblait frais, délicieux. « Et voilà pour mademoiselle. Si tu veux du sucre, il est sur la table. Je suis gentil, c’est la maison qui offre. » J’esquissais un sourire. « Que c’est généreux ! » fis-je à la blague, un léger sourire aux lèvres. « Merci. » corrigeais-je finalement. C’était, disons, plus approprié. Je ne m’éloignais pas pour aller chercher le sucre, en fait, je prenais toujours mon café noir, nature en d’autres termes. Sans lait, sans sucre ajouté. Il me fallait quelque chose pour me réveiller le matin. Déposant mon orange au côté de mon croissant, mes deux mains s’emparèrent de la tasse chaude, que j’emprisonnais entre mes doigts. Je la portais à mes lèvres, et but quelques petites gorgées de la boisson chaude, sentant le liquide descendre le long de ma gorge et son goût acre dans ma bouche. « Excellent, fort comme je les aime. » commentais-je. Puis, je me souviens qu’il m’avait questionné, quelques instants plus tôt. « Pour répondre à ta précédente question, je dirais que je suis plutôt satisfaite de ce que je vois en ce moment, mais je ne veux pas trop me faire d’attente. Par prudence ou réalisme, je ne sais pas. Mais je compte bien en profiter malgré tout, faut pas croire le contraire! » Je ne souhaitais pas être déçue par mon passage dans cette aventure, je ne voulais pas regretter d’être venu dans Three Wishes. Je restais donc sur mes gardes, pour le moment du moins. J’observais, je scrutais à la loupe mon entourage. Pour me faire une idée de qui j’avais à faire. Et ensuite, peut-être arriverais-je à m’ouvrir aux autres et à vraiment jouir de mon passage ici.