freddie.

La deuxième semaine dans l’aventure débutait, et je me trouvais toujours là, dans cette aventure, avec près d’une trentaine d’autres candidats. C’était étrange, difficile à décrire. En fait, il fallait tout simplement le vivre afin d’être capable d’en parler. Je m’ennuyais de la maison, de ma vie extérieure, de ma famille aussi. Surtout aujourd’hui. Car le dimanche chez moi, c’était un truc sacré. J’allais visiter ma famille, nous partagions un grand repas ensemble et puis nous passions la soirée à discuter autour d’un feu de foyer, boisson chaude en main. Peut-être avais-je voulu reproduire ce schéma en allant m’installant au salon, un bol de chocolat chaud en main. Je m’y installais, jambe repliée sous mon corps, puis mon regard alla se perdre dans les flammes qui vacillait dans l’antre. Je me souvenais de ces soirées. Mon père, mes frères et moi pouvions passer des heures à discuter de nos différentes expériences dans l'armée, et ma mère, chaque fois, soupirait en levant les yeux au ciel. Elle aurait dû le savoir, pourtant, qu'en mariant mon père, ce dernier transmettrait à ses enfants son amour de sa patrie, et ce besoin de servir son pays. Pour mes frères, ça avait été une chose prévisible… mais je pense que sa plus grande surprise avait été que je sois comme eu : une battante qui n’a peur de rien. Ce souvenir fit naître un léger sourire sur mes lèvres. Un sourire énigmatique, qui nul n’aurait pu déchiffrer. Il faut dire que j’étais loin, à des lieux de là où je me trouvais réellement.

Avant, t'avais ton p'tit train de vie tranquille. La vie suivait son cours et les jours, ils se ressemblaient tous un peu, formé dans le même moule, avec chaque fois la même structure. Y avait pas de place pour l'imprévu, ni la surprise. C'était ta vie. Elle était peut-être un peu trop calme, mais tu l'aimais bien, cette vie bien rangée. Puis la vie avait pris un tournant que t'attendait pas. T'sais, c'était juste un événement comme il y en a tant d'autres, sauf que cette fois-ci, ça t'as touché, au plus profond de toi et ça t'as changé, malgré toi. Tu t'es alors rendue compte que la vie qu'tu voulais, c'était pas vraiment la vie qu't'avais. T'étais pas malheureuse, mais il manquait quand même quelques choses. De la fougue, de la passion. T'as balancé ta vie bien rangée, comme on s'débarasse de n'importe quelle chose. Parfois, cette vie te manque. Parfois, même lui, il te manque. Ca a rien avoir avec l'amour, c'est juste sa présence. Avant d'être ton mari, c'était quand même ton meilleur ami. Et finalement, est-ce qu'il a jamais été autre chose que ton meilleur ami? Sans doute pas. Puis tu t'souviens à quel point tu peux plus l'supporter, à quel point il t'étouffait, et le manque disparaît. Tu t'dis qu'y avait pas d'autre choix que celui qu't'as pris. Tu soupires. Tu traines du côté du salon, parce que t'aime regarder ce feu qui brule. Ses flammes incandescentes qui dansent furieusement, langoureusement. C'est ce à quoi ta vie devrait ressembler. C'est ce à quoi tu voudrais que ta vie ressemble. T'arrives et y a déjà quelqu'un. T'es pleine de nostalgie, de mélancolie. Tu t'poses à côté d'elle, en indien. Tes mains se posent sur tes pieds. Tu regardes le feu, quelques secondes, puis tu te tournes vers elle et son chocolat chaud. Tu t'dis qu'elle aussi, elle doit être un brin nostalgique. Tu souris, tu t'sens moins seule et bizarrement, tu t'sens proche d'elle, sans qu'elle ait rien dit. Alors, qu'est ce que c'est, pour toi? Encore une fois, t'es pas très explicite. Tu lui demandes la chose qui lui manque, mais tu lui demandes pas clairement.

« Alors, qu’est ce que c’est, pour toi ? » Mon regard se détache des flammes pour se poser sur la jeune femme à mes côtés, que je n’avais point remarqué jusque là. J’ignore même depuis quand elle s’y trouve, posé en indien sur le sofa. Son identité m’est presque étrangère, ne serait-ce je crois savoir son prénom, Freddie me semble-t-il. À peine nous sommes nous adresser la parole depuis le début de l’aventure. Et il se trouve qu’elle est maintenant à mes côtés, et qu’elle ait réussi à percer mes plus profondes pensées. Du moins se doute-t-elle que quelque chose me manque, comme c’est aussi le cas pour elle. Je m’avance sans le savoir sur ce sujet, mais la chose me parait évidente. Il n’y a qu’une personne dans le même état d’esprit que le mien pour comprendre. « Ma famille me manque. » laissa-je entendre en retournant à ma contemplation du feu dans l’âtre. C’est idiot, mais pourtant, je réalise que c’est bel et bien le sentiment qui m’habite. Il faut dire que j’ai grandis dans une famille tricoté-serré. Je tiens à mes parents et à mes frères comme à la prunelle de mes yeux, ce qui laisse croire que je serai le genre de mère hyper-protectrice quand j’aurai des enfants… les pauvres. Je bois une longue gorgée du chocolat chaud qui se trouve entre mes mains, avant de détourner les yeux vers ma voisine. « Et toi ? » ne puis-je m’empêcher de lui demander, parce que ça me semble évident, maintenant, que si elle s’est jointe à moi, ce n’est pas sans raison.

désolé, c'est affreux