Il pleut depuis plusieurs jours. Combien ? J'en sais rien, je ne les compte pas, ça me déprimerait beaucoup trop... Je ne sais pas quoi faire, je déteste la pluie, je déteste ne pas sentir le soleil, ne pas être au chaud... On me dit d'ailleurs que j'ai l'air d'une petite fille boudeuse lorsqu'il pleut. Cet après-midi, bar de chocolat à la main, je prends mon courage à deux mains et passe une veste pour aller sous la pergola. Heureusement qu'il y a un toit, sinon on serait presque complètement enfermés dans les chalets. Je m'installe dans l'un des fauteuils pour manger mon goûter. Je glisse le papier dans ma poche, histoire de ne pas l'oublier et évitant ainsi qu'il ne s'envole. Je ne voudrais pas avoir à courir après dans tout le parc. Je me relève, quelques minutes plus tard. Je regarde autour de moi et souris légèrement, allumant une cigarette. Je ne fume pas comme un pompier, mais une cigarette de temps en temps, cela fait toujours du bien. Dos à la maison, je regarde le parc, complètement différent des jours ensoleillé. J'ai bien dormi, ayant à présent mon lit pour moi toute seule. Je regrette cependant Cléo, elle était sympa et on s'amusait bien quand même. C'est un peu triste cette histoire. J'aurais préféré qu'on garde Cléo et qu'on dise au revoir à Prudence. Perdue dans mes pensées, je n'entends pas les pas derrière moi.

De façon générale la pluie ne me motivait pas franchement à sortir mais lorsque j'avais la garantie d'être protégé de celle-ci par le toit d'une pergola, je n'hésitais pas à m'y rendre surtout que c'était encore le seul endroit où je pouvais fumer dans ce chalet. Alors d'accord l'air était frais dehors, mais je me voyais tout de même protégé de la pluie et ça, c'était déjà bien. Je sortis donc, une polaire sur le dos et mon paquet de cigarettes à la main pour me rendre à l'endroit prévu, la pergola donc. Là, je vis une jeune femme adossée contre le mur, en train de fumer elle aussi. Je lui adressai un sourire, sortant au passage une cigarette et voulant allumer celle-ci avant de me rendre compte que j'étais visiblement venu sans mon briquet. C'était malin, ça. Et bien je n'avais plus qu'à demander à la demoiselle, qui il me semble se nommait Ellea, son briquet. « Bonjour... hum. Aurais-tu du... du feu ? Ellea, j'ai... j'ai bon ? » J'avais beau vivre dans ce chalet entouré de mes camarades depuis quelques semaines maintenant, je craignais de ne pas avoir encore tout à fait en tête les noms de tout le monde. Surtout que je n'avais pas encore trop eu discuté avec la jeune femme, mis à part bien sur lors du dernier prime... Mais bon, l'occasion m'était désormais donnée d'apprendre à la connaitre un peu plus. Car oui, on pouvait aisément fumer et discuter en même temps ; l'un n'empêchait pas l'autre. Mais peut-être Ellea souhaitait-elle rester seule et dans ce cas je pouvais tout aussi revenir fumer plus tard. Mais j'espérais que ça ne soit pas le cas quand même, car j'avais vraiment besoin de fumer, là. Une envie pressante, si je puis dire.

Finalement, j’aurais peut-être dû rester dans mon lit toute la journée. Le programme me plaisait bien et si j’avais été seule chez moi c’est assurément ce que j’aurais fait. Cependant je m’étais fait la promesse d’essayer d’apprécier chaque journée. Alors je m’étais levée, même si ce n’était pas pour faire grand chose, j’allais au moins essayer de m’amuser un peu. J’espérais sincèrement que la semaine prochaine il y aurait plus de soleil et qu’on pourrait profiter du jardin mais aussi de cette grotte qui était à présent ouverte. La production avait eu la bonne idée de libérer cet endroit et je suis persuadée que certains s’étaient déjà fait une joie d’y passer un moment. Au premier rayon de soleil j’allais y foncer, avec ou sans quelqu’un. Mais pour le moment j’étais condamnée à rester sous la pergola, à moins de vouloir attraper la crève. Le souci, quand on est pas habitué à ce genre de climat c’est qu’on tombe encore plus facilement malade. Je resserrais ma veste contre moi, cigarette aux lèvres lorsque la voix d’un jeune homme se fit entendre. « Bonjour... hum. Aurais-tu du... du feu ? Ellea, j'ai... j'ai bon ? » Je le regardais et hochais la tête doucement avec un petit sourire. Je fouillais dans mes poches et lui tendis mon briquet. « Voilà. Et oui c’est Ellea. Et toi Dimitri. » Lui et moi n’avions que très peu parlé et le seul moment où nous l’avions fait, cela c’était terminé par un baiser. Je souris en coin en repensant d’ailleurs à la scène, puisqu’il avait ensuite embrasser Auggie. Je m’installais sur le canapé et le regardais. « C’est moi ou il pleut tout le temps ici et on va jamais arriver à avoir du soleil ? »

J'avais vraiment tout prévu pour une petite pause cigarette sous la pergola. Tout, excepté le plus important soit un briquet. Je devais avoir l'air malin, ma polaire sur le dos, mes clopes à la main et démuni de tout briquet pour allumer l'une d'elles. Heureusement Ellea était présente elle aussi, ce qui me poussa à lui demander timidement du feu. Elle me tendit alors son briquet, que je saisis pour enfin allumer une cigarette. Je le lui rendis ensuite, tandis que la jolie brune prit à son tour la parole « Voilà. Et oui c’est Ellea. Et toi Dimitri. » Je n'avais pas été certain de son prénom à dire vrai, tout simplement parce que depuis le début de l'aventure nous n'avions pas franchement conversé elle et moi. Pourtant, lors du dernier prime, nous avions échangé un baiser. « Merci. Et oui c'est... c'est bien Dimitri, oui. » lui répondis-je tout en esquissant un sourire. Elle prit ensuite place sur le canapé, avant de s'exprimer à nouveau « C’est moi ou il pleut tout le temps ici et on va jamais arriver à avoir du soleil ? » Je me mis soudainement à rire. Il était vrai que depuis quelques jours, nous avions droit à un temps abominable et que cela venait à me taper sur le système. La pluie, un ou deux jours d'accord, mais toute une semaine ou presque... Cela avait de quoi vous mettre le moral dans les chaussettes, non ? « C'est... c'est vrai qu'il fait sacrément moche. J'en... j'en viens presque à regretter la Yougoslavie. » Un beau pays si on mettait de côté les guerres. Je fis ensuite un pas vers elle. « Tu... tu verras aucune inconvénient à... ce que je m'assoie à côté de... de toi ? » Je préférais demander avant de prendre directement place sur le canapé. En attendant, je tirai une bouffée de ma cigarette, tout en ne la quittant pas du regard.

Prendre un peu d’air, même si il était frais, me faisait un bien fou. J’aimais passer du temps dehors, dans les parcs. Alors même si il faisait froid j’essayais d’en profiter. La compagnie de Dimitri n’allait pas être gênante, j’avais bien compris qu’il était timide et qu’il n’allait pas trop parler ou m’ennuyer. Et heureusement d’ailleurs. Le jeune homme, après avoir allumé sa cigarette me rendit mon briquet. « Merci. Et oui c'est... c'est bien Dimitri, oui. » Je me souvenais de son prénom non pas parce que je l’avais embrassé la veille mais parce que lors d’un prime précédent il avait été cité pour la semaine de la semaine « L’eau ça mouille » J’avais beaucoup ri en entendant cela et son prénom m’avait marqué. Lorsque je fis ma remarque sur le temps, le jeune homme se mit à rire. Je souris doucement en le regardant. « C'est... c'est vrai qu'il fait sacrément moche. J'en... j'en viens presque à regretter la Yougoslavie. » Je souris doucement. « Je dois en déduire que tu as vécu là-bas ? » Je souris légèrement, cela expliquait son prénom qui ne sonnait pas du tout américain. Mais de nos jours, il y a tellement de gens qui choisissent des prénoms à sonorité étrangère alors qu’ils n’ont jamais mis les pieds dans le dit pays. « Le soleil me manque… » Je fis une petite mine boudeuse en fumant puis le regardais en l’entendant parler. « Tu... tu verras aucune inconvénient à... ce que je m'assoie à côté de... de toi ? » Je souris doucement en l’entendant et secouais la tête. « Non, non vas-y, après tout c’est pas mon canapé. » Je me décalais, lui faisant une place, même si je n’étais pas étalée sur le canapé. Je tirais sur ma cigarette, jettant un œil à la pluie, toujours là.

Je n'avais encore pas trop eu l'occasion d'apprendre à connaitre Ellea et je le regrettais, car elle me semblait fort sympathique. Généreuse également, car n'oublions tout de même pas qu'elle venait de me prêter du feu, alors que j'étais dans le besoin. Ce qui m'avait donné envie d'en savoir un peu plus sur elle, c'était aussi ce fameux baiser que nous avions échangés lors du prime. Un baiser des plus agréables, qui avait révélé à mes yeux le caractère joueur de la demoiselle. Ma foi pourquoi ne pas faire un petit peu connaissance, autour d'une bonne cigarette et d'une pluie torrentielle ? Une pluie qui nous pesait à tous les deux, d'ailleurs. Là, j'en vins à lui avouer regretter la Yougoslavie. « Je dois en déduire que tu as vécu là-bas ? » Personne, sinon Saoirse il me semble, ne savait ici que je venais de ce pays. C'était loin, pas franchement réputé comme étant le pays paradisiaque par excellence, mais au moins il pleuvait moins qu'ici. « Et bien... j'y suis né, à... à vrai dire. J'ai quitté la Yougoslavie pour m'installer aux États-Unis étant a... adolescent. Avec ma famille bien sur.» J'avais tout de même passé une partie de ma vie là-bas, et malgré tout je n'avais pratiquement rien gardé de mon pays d'origine si ce n'est peut-être mon nom, mon prénom et un très léger accent qui s'entendait à peine. « Le soleil me manque… » fit-elle alors, avant de tirer une bouffée de sa cigarette et de reporter à nouveau son attention sur moi. Comme à mon habitude, je me trouvais un peu gêné de converser avec quelqu'un que je ne connaissais quasiment pas. « Oui à... à moi aussi, il me manque. » Le soleil n'avait pas fait d'apparition depuis plusieurs jours, et j'étais à deux doigts de faire une dépression. Je ne supportais pas le mauvais temps. Alors j'espérais que les jours prochains seraient meilleurs que les derniers. J'avais demandé à Ellea si je pouvais prendre place à côté d'elle, et surtout si le fait que je m'assoie sur le même canapé pourrait la déranger. « Non, non vas-y, après tout c’est pas mon canapé. » Là, elle se décala sur le côté histoire de me faire une place. Je fis un pas et m'installai à ses côtés, souriant timidement. « Hum. Et toi, tu... tu es une Américaine pure souche ? » Sans doute oui, mais je voulais tout de même m'en assurer. Sait-on jamais, des fois que la demoiselle ne m'affirme provenir tout droit d'Europe ou d'Asie... C'était toujours bon à savoir, non ?

Je pensais bien que si on arrivait à aller plus loin que la carapace de Dimitri il devait être tout à fait agréable sinon il ne serait pas ici. Il faut également dire que je me mettais à sa place. Etre aussi timide dans ce genre d’aventure ne devait pas être facile du tout. Du coup, j’avais décidé d’être gentille, malgré la pluie qui me plombait le moral. Et puis, après le baiser du prime, il me semble qu’on avait passé quelques étapes de rapprochements alors autant apprendre à se connaître réellement. « Et bien... j'y suis né, à... à vrai dire. J'ai quitté la Yougoslavie pour m'installer aux États-Unis étant a... adolescent. Avec ma famille bien sur.» Je hochais la tête doucement en l’écoutant. « D’accord. Ça doit être sympa comme pays, enfin, si t’enlèves les conflits. Enfin, je crois, j’y ai jamais mis les pieds… » Je souris doucement en le regardant. « Oui à... à moi aussi, il me manque. » Je souris doucement en le regardant et fumais tranquillement alors qu’il s’installait à côté de moi. Je passais rapidement une main dans mes cheveux et le regardais lorsqu’il parla. « Hum. Et toi, tu... tu es une Américaine pure souche ? » Je ris doucement en l’entendant et me mis à parler en accentuant mon accent New Yorkais que j’avais encore un peu aujourd’hui. « Une américaine pure souche mon p’tit monsieur ! » Je ris à nouveau puis me remis à parler normalement. « J’ai grandi en Pennsylvanie, je sais pas si tu connais. C'est au dessus de New York. »

Si de façon générale converser avec quelqu'un que je connaissais encore très peu pouvait vite me faire monter le rose aux joues et perdre mes moyens, je devais avouer que, comme avec les autres candidats que j'avais appris à connaitre au fil des premières semaines, Ellea me mettait en confiance à mesure que les minutes passées. Discuter avec elle était un plaisir, et peu à peu nous apprenions à nous connaitre. Une bonne chose, surtout quand on savait que nous n'avions pas eu l'occasion de nous parler réellement depuis le début de l'aventure, alors qu'un baiser avait pourtant été échangé lors du prime dernier. J'avais évoqué mon pays d'origine, la Yougoslavie. Un pays dont, sur le moment, je venais à regretter le temps et le soleil. « D’accord. Ça doit être sympa comme pays, enfin, si t’enlèves les conflits. Enfin, je crois, j’y ai jamais mis les pieds… » répondit-elle d'une voix posée. Je lui offris un nouveau sourire, avant de rétorquer « C'est vrai qu'il y a... pas mal de conflits, oui. C'est aussi pour ça qu'on... qu'on a foutu le camp. Ça et le rêve Américain b... bien sur. » En tant que slaves avec à peine quelques sous en poche, ma famille et moi avions décidé de tout quitter pour les États-Unis, sans être surs de pouvoir passer la frontière. Heureusement nous avions un peu de famille là-bas, alors l'intégration s'était faite sans accrocs jusqu'à notre naturalisation. Quant à Ellea, j'ignorais encore pas mal de choses sur elle comme, par exemple, sa nationalité. J'avais supposé qu'elle était Américaine, mais rien ne pouvait me le garantir alors j'attendais confirmation de sa part. « Une américaine pure souche mon p’tit monsieur ! » Elle se mit à rire, je fis de même. La communication passait vraiment bien entre nous. « J’ai grandi en Pennsylvanie, je sais pas si tu connais. C'est au dessus de New York. » J'eus alors à l'esprit la carte des états Américains, que j'avais appris par cœur étant enfant lorsque je rêvais encore de mettre un pied aux États-Unis. La Pennsylvanie... eh, ça n'était pas bien loin de là où j'habitais. Enfin d'après mes souvenirs, c'était assez proche. « New York je connais, la... la Pennsylvanie un peu moins mais de... de nom, oui. » fis-je, avant de poursuivre « Fi... figure-toi que je vis dans le Massachusetts, à... à Boston. Si mes souvenirs sont bon, le Ma... Massachusetts ça n'est pas bien loin de la... Pennsylvanie. » Oui, enfin... si mes souvenirs ne me trompaient pas, bien sur.

J’espérais que malgré sa timidité, Dimitri aimerait rire. Les gens qui ne rient pas ont tendance à m’ennuyer complètement et j’ai la fâcheuse manie de me lever de partir sans plus d’explication. C’était mal élevé, je le sais parfaitement mais il en était malheureusement ainsi. Le jeune homme me sourit lorsque je lui parlais de la Yougoslavie. « C'est vrai qu'il y a... pas mal de conflits, oui. C'est aussi pour ça qu'on... qu'on a foutu le camp. Ça et le rêve Américain b... bien sur. » Il semblait l’aimer son pays, chose que je comprenais tout à fait. Les États-Unis n’étaient pas le pays les plus beau pour certain mais je me sentais tellement bien ici que je ne me voyais absolument pas déménager pour aller vivre ailleurs. Quant à la théorie du rêve américain, j’avais toujours trouvé que c’était un peu stupide mais peut-être était-ce parce que je vivais déjà ici que mon jugement était influencé. On voyait tout de même beaucoup de gens quitter leur pays pour venir vivre ici, j’espérais simplement qu’ils trouvaient ici ce qu’il était venu chercher et qui, apparemment, ne se trouvait pas dans leur pays d’origine. « Et vous l’avez trouvé ce rêve américain ? » Je le regardais et souris doucement. « Enfin, ça me regarde pas. Je suis trop curieuse parfois. » Je souris légèrement, espérant que ça ne le gênerait pas trop. Dimitri se mit à rire avec moi lorsque je parlais avec ce fort accent. Je lui fis un grand sourire. « New York je connais, la... la Pennsylvanie un peu moins mais de... de nom, oui. » Je hochais la tête en le regardant et souris légèrement. La Pennsylvanie n’était pas un état très connu mais c’était un endroit charmant, selon moi. « Fi... figure-toi que je vis dans le Massachusetts, à... à Boston. Si mes souvenirs sont bon, le Ma... Massachusetts ça n'est pas bien loin de la... Pennsylvanie. » Je souris avant de recracher la fumée de ma cigarette loin de sa tête, histoire de ne pas l’étouffer. « Oui, c’est pas si loin que ça ! Un peu mais disons moins que Miami. »

La Yougoslavie (ou devrais-je dire la "Communauté d'États Serbie-et-Monténégro", le nom que portait désormais cet état depuis deux-milles trois), aaah... Tellement de choses me venaient à l'esprit lorsque j'étais amené à en parler ou ne serait-ce qu'y penser : l'Europe du Sud-Est, bien sur, la mer Adriatique que j'avais été amené à traverser, quelques dix millions d'habitants sans oublier une langue, une seule : le serbe. J'étais à la fois slave et serbe, mais je préférais me dire slave. Un salve méridional, voilà comment je me sentais à l'heure d'aujourd'hui. Et j'étais plutôt fier de l'être, comme j'étais fier du pays d'où je venais. La vie n'y avait certes pas été facile, voilà pourquoi nous l'avions quitté il y a de ça une quinzaine d'années, mais j'y restais attaché malgré tout. Seulement, en quittant la Yougoslavie, nous avions espéré connaitre comme beaucoup d'émigrés le rêve Américain, the Amercian Dream en somme. « Et vous l’avez trouvé ce rêve américain ? » demanda alors Ellea, avant de poursuivre « Enfin, ça me regarde pas. Je suis trop curieuse parfois. » Je ne la trouvais pas trop curieuse. Même, j'étais ravi de voir que la jeune femme portait une certaine attention à mes origines. « On peut d... dire ça comme ça, oui. On est heureux ici. En... sécurité, également. » Les guerres, les conflits, les affrontements... ça allait bien deux minutes. Mes parents avaient souhaité nous préserver de tout ça, mon frère et moi. Enfin... aujourd'hui malheureusement je me retrouvais brouillé avec eux tous, mais je pouvais au moins reconnaitre que peut-être ils m'avaient sauvé la vie en prenant une telle décision. Ainsi donc Ellea venait de Pennsylvanie, tandis que j'habitais dans le Massachusetts. Ça n'était pas bien loin, tout de même. « Oui, c’est pas si loin que ça ! Un peu mais disons moins que Miami. » Je me mis à sourire, avant de réaliser que cela faisait un moment que je n'avais pas tiré une bouffée de ma cigarette. Résultat : une certaine quantité de cendre était tombée sur mon pantalon, sans que je ne m'aperçoive de rien. « Ah ! Mince. Le... le con, c'est pas vrai. » Je tapotai sur mon jean dans l'espoir que cela s'en aille sans trop laisser de traces, mais comme je l'avais redouté la cendre avait donné lieu à de jolies tâches couleur charbon. Très classe, sur un pantalon clair. Très discret également. Avec ça, j'avais presque totalement perdu le fil de notre conversation. Un rien pouvait me distraire, vous en conviendrez.

L’histoire de Dimitri me touchait, elle me faisait penser à celle des émigrés irlandais venus aux États-Unis aux 19ème siècle. Bien sûr des années étaient passées et les conditions n’étaient plus réellement les même. Mais tous étaient venus dans l’espoir d’un meilleur lendemain. En ce qui me concernait, j’étais une américaine issue d’émigration anglaise et espagnole bien plus ancienne. Aujourd’hui ces origines étaient bien plus lointaines et nous n’étions plus réellement attachés à ces dernières. Je n’avais jamais mis un pied en Grande-Bretagne, comme ma mère et mes grands-parents. Je trouvais ça un peu dommage mais je ne pouvais pas changer grand choses. Les USA étaient un pays nouveau et doucement nous nous créons des racines dans ce pays. Notre conversation pouvait sembler un peu étrange mais elle semblait dans la logique des choses quand même. « On peut d... dire ça comme ça, oui. On est heureux ici. En... sécurité, également. » Je souris en l’entendant me répondre, au moins, il assouvissait ma curiosité et cela me fit plaisir. S‘ils avaient quittés la Yougoslavie avec sa famille à cause du manque de sécurité, ici se devait être un peu mieux. Le pays était dangereux dans les grandes villes comme de partout, mais on ne connaissait pas de guerre intramuros. Je peux comprendre que des parents veuillent quitter un pays en guerre avec leurs enfants. J’aurais sans doute la même réaction, même si cela signifiait quitter un pays où j’avais grandi et où j’avais toute ma vie. Je le regardais une seconde avant de regarder sa cigarette. « Ah ! Mince. Le... le con, c'est pas vrai. » Je le regardais et ne pus m’empêcher de rire doucement en l’entendant. Je le regardais faire et souris. « Ça va te donner un petit air rock’n’roll va. » Autant dire que je le voyais mal avec un jean troué et du vernis sur les ongles ou toutes autres genre de rock. « Bon et sinon, tu fais quoi dans la vie ? » J’avais déjà retiré des possibilités de la liste du genre commercial ou avocat. Il avait trop de mal à s’exprimer pour que ce soit possible. Peut-être allait-il me surprendre.

Un slave et une américaine étaient donc amenés à converser sous une pergola qui les protégeaient de la pluie tout en fumant, et ce depuis quelques minutes. À mesure que celles-ci passaient, je sentais une bonne entente s'installer entre Ellea et moi. Dire que nous avions attendu un certain temps avant de finalement nous parler, réellement. Il aura fallu un baiser pour forcer les choses, mais le principal était encore que nous en soyons finalement venus à nous parler. Cela aurait était fort dommage que cela n'advienne pas, tout de même. De la cendre de cigarette était venue s'écraser sur mon jean sans que je m'en aperçoive. Lorsqu'enfin je vis la tâche laissée par celle-ci, je me mis à tirer une tête longue de trois mètres de long, tandis qu'Ellea ne pu s'empêcher de rire légèrement. Finalement, je me mis à rire à mon tour. « Ça va te donner un petit air rock’n’roll va. » Mmm, j'avais du mal à m'imaginer avec un look à la rock'n'roll, mais pourquoi pas après tout. Je n'en serais pas à mon premier look improbable. « Bah, si tu... le dis. J'sais même pas pour... pourquoi je m'en étonne, dix minutes sans que ma... maladresse ne s'exprime, c'était presque trop long. » J'étais en effet très maladroit, et la jeune femme l'ignorait par ailleurs. Elle n'avait pas été confrontée, comme certains candidats ici, aux nombreux incidents que j'avais causés depuis le début de l'aventure. Quelque part, c'était mieux pour elle. « Bon et sinon, tu fais quoi dans la vie ? » demanda-t-elle alors. Après avoir écrasé ma cigarette - car l'envie m'était passée de fumer pour aujourd'hui ou du moins pour cet après-midi - je pris à nouveau la parole. « Fi... figure-toi que je suis pâ... pâtissier. Oui je sais, j'ai... pas franchement la tête de l'emploi. » Remarquez, j'ignorais carrément quelle tête avaient les pâtissiers de façon générale. Tout ce que je savais, en tout cas, c'est que ça n'était pas forcément le métier qu'on me voyait exercer au premier abord. « Hum. Et toi, que... que fais-tu dans la vie ? » J'étais incapable de deviner au coup d'œil quelle pouvait être la profession d'Ellea. J'attendis donc que la jeune femme ne se confie à son tour. Par ailleurs, je ne la lâchai plus du regard.

Finalement, cette pause sous la pergola était plus agréable qu’elle ne s’annonçait au départ. Je n’avais pas eu la chance de le connaître avant et c’était une erreur. Pour dire vrai je l’avais un peu jugé vite, pensant qu’il n’était qu’un grand timide et que discuter avec lui serait ennuyeux. J’avais tort. Je crois que je préférais les personnes comme lui que les personnes qui ne cessent de parler et qui ne laissent pas l’autre placer un mot, à vrai dire, c’est même carrément insupportable. Il n’était pas comme ça et la conversation allait bon train, nous apprenions à nous connaître comme je l’avais déjà fait avec toutes les personnes que j’avais rencontré dans cette maison. Je ne pus m’empêcher de rire en voyant la cendre et, je ne sais pas réellement comment, cela suffit à faire rire. Je souris doucement en le regardant avant de parler. « Bah, si tu... le dis. J'sais même pas pour... pourquoi je m'en étonne, dix minutes sans que ma... maladresse ne s'exprime, c'était presque trop long. » Je souris doucement. « T’es toujours aussi maladroit que ça ? » Je le regardais, un peu surprise. Etre maladroit c’était une chose, si c’était à longueur de temps ça devait être quelque peu ennuyeux. Une personne faisant un métier comme le mien ne pouvait absolument pas se permettre d’être maladroite, sinon quoi elle n’aurait pas de travail bien longtemps, c’était clair. « Fi... figure-toi que je suis pâ... pâtissier. Oui je sais, j'ai... pas franchement la tête de l'emploi. » J’eus un grand sourire. Je hochais la tête en l’entendant dire qu’il n’avait pas la tête de l’emploi. Il faut dire que je voyais la plupart des pâtissier avec un bon ventre, mais c’était sans doute un préjugé. « Tu n’aurais jamais dû me dire ça tu sais pas à quel point je suis gourmande. Enfin, jevais pas faire de toi mon esclave quand même. » Je lui adressais un sourire. « Hum. Et toi, que... que fais-tu dans la vie ? » Je le regardais. « Je suis wedding planer. Je m’occupe des mariages des autres, faisant en sorte que tout se passe bien, du moins j’essaye de tout mon possible. » Je finis ma cigarette et écrasais mon mégot.

Je devais avoir l'air franchement malin avec cette énorme tâche de cendre sur mon jean clair. Mais que voulez-vous, ma maladresse s'était une fois de plus exprimée. Je remarquais d'ailleurs que celle-ci revenait au galop à chaque fois que j'étais un minimum stressé ou anxieux. « T’es toujours aussi maladroit que ça ? » demanda alors Ellea, qui sembla un peu surprise par la déclaration que je venais de lui faire par ailleurs. « Hum. Disons que ça... ça m'arrive souvent, oui. » Je ne comptais même plus les petits incidents auxquels j'avais eu droit depuis le début de l'aventure. Mais c'était dans ma nature d'être maladroit. À force, je finissais presque par m'en accommoder. Seulement, comme ma timidité maladive, ma maladresse me gâchait la vie. J'avais ensuite révélé à la jolie brune que j'étais pâtissier. « Tu n’aurais jamais dû me dire ça tu sais pas à quel point je suis gourmande. Enfin, je vais pas faire de toi mon esclave quand même. » Je ne pus m'empêcher d'arborer un grand sourire à l'entente des paroles de la jeune femme. Ainsi donc elle était gourmande... Une de plus, donc. « Tu sais... t'es pas fr... franchement la première à me dire ça ici. Et comme je l'ai dit aux... aux autres, je cuisinerai pour toi avec plaisir ! » J'étais toujours prêt à satisfaire la gourmandise d'autrui, à base de bons gros gâteaux, avec trois tonnes de crème, de chocolat... au choix. Il était maintenant temps, pour la jeune femme, de me parler un peu de sa profession. Et oui, chacun son tour. « Je suis wedding planer. Je m’occupe des mariages des autres, faisant en sorte que tout se passe bien, du moins j’essaye de tout mon possible. » Voilà un métier fort intéressant que je connaissais peu. De suite, une question me vint à l'esprit. Je décidai alors de la lui poser, en espérant que celle-ci n'était pas malvenue. « Ah... Et toi, tu... le mariage, ça te tente, ou ?... » D'accord, je pouvais paraitre assez indiscret car ne connaissant rien du passé amoureux d'Ellea, mais voilà. J'étais Dimitri. Maladroit, comme toujours.

Laisser de la cendre tomber sur ses vêtements était idiot mais cela était arriver à tout fumeur au moins une fois. Je me souviens quand j’avais ruiné ma robe de soirée beige. Elle était tellement belle mais totalement gâchée. Je n’avais pas luté très longtemps et avais profité du fait que la robe était toujours en vente dans le magasin pour la racheter. Ce n’était même pas la peine de lutter contre la tâche, c’était peine perdue. « Hum. Disons que ça... ça m'arrive souvent, oui. » Je souris doucement en l’entendant et le regardais. Peut-être qu’il était habitué à sa maladresse à force, comme on s’habitue à la mauvaise humeur permanente de sa voisine ou à tout autre chose. Je le regardais faire un grand sourire lorsque je parlais de ma gourmandise. Je ne devais sans doute pas être la seule à avoir réagi de cette façon en sachant qu’il était pâtissier. « Tu sais... t'es pas fr... franchement la première à me dire ça ici. Et comme je l'ai dit aux... aux autres, je cuisinerai pour toi avec plaisir ! » Je lui fis le même sourire, très grand. « Faudrait qu’on demande quelques trucs à la prod alors. Enfin, peut-être qu’il y a déjà tout ce qu’il faut pour faire un gâteau, j’en sais rien. » Peut-être qu’un jour il pourrait nous faire un jour un gâteau et que nous pourrions même l’aider. Ce serait l’occasion de profiter de ses talents tout en même temps. Je le regardais après avoir parlé de mon métier. « Ah... Et toi, tu... le mariage, ça te tente, ou ?... » Je me crispais légèrement en l’entendant et secouais la tête. Mon idée du mariage était complexe. « Enfin, je suis pas contre mais je pense qu’il faut réellement trouver la bonne personne. Au bout de quatre ans tu ne connais pas forcément bien la personne avec qui tu es. Alors divorcer après quelques mois c’est n’importe quoi… Faut trouver la bonne personne et je vois bien dans mon métier que certaines personnes ne sont juste pas fait pour être ensemble… »

Mis à part le fait qu'Ellea était américaine et venait de Pennsylvanie, j'avais été amené à apprendre autre chose sur la jeune femme, à savoir le fait qu'elle était gourmande. Ainsi, je n'avais pas tardé à lui proposer, comme à pas mal de monde ici d'ailleurs, un petit présent culinaire. Par là, comprenez un gâteau, une pâtisserie... ce qui lui fera envie, quoi. « Faudrait qu’on demande quelques trucs à la prod alors. Enfin, peut-être qu’il y a déjà tout ce qu’il faut pour faire un gâteau, j’en sais rien. » Oh pour ça, pas besoin. Il y avait absolument tout ici, et le cellier était une vraie mine d'or pour un type dans mon genre, toujours prêt à relever de nouveaux exploits ou défis culinaires en tous genres. « Ne t... t'en fais pas. On est vachement bien... équipés ici. Tu... tu pourrais m'aider si tu veux. Gâ... gâteau ou petite pâtisserie... tout dépend du fait que tu aies une p... petite ou une grosse faim. » Moi, personnellement, j'avais tendance à être pris de sacrées grosses fringales, voilà pourquoi il n'était pas rare de me voir faire des gâteaux conséquents en taille, souvent nappés de tonnes et de tonnes de crèmes, friandises... Je voyais souvent les choses en grand, et surtout je ne voulais qu'une chose : faire plaisir, encore et toujours. Parallèlement à ça, j'avais évoqué ma profession et avais ensuite demandé la sienne à Ellea. La jeune femme était donc weeding planer et son boulot consistait à organiser des mariages. Mon réflexe, sur le moment, avait donc été de lui demander si le mariage la tentait, ou non, sans même savoir si ma question allait gêner la demoiselle. « Enfin, je suis pas contre mais je pense qu’il faut réellement trouver la bonne personne. Au bout de quatre ans tu ne connais pas forcément bien la personne avec qui tu es. Alors divorcer après quelques mois c’est n’importe quoi… Faut trouver la bonne personne et je vois bien dans mon métier que certaines personnes ne sont juste pas fait pour être ensemble… » Je partageais la même opinion qu'elle, pour le coup. Pour moi aussi le mariage était le signe d'un grand engagement qu'il ne fallait pas prendre à la légère. C'était un grand investissement, sentimental et budgétaire. Autant dire qu'il valait en effet mieux, comme le disait Ellea, trouver la personne adéquate avant de franchir le pas. « C'est... aussi mon avis. Fût un moment où j'avais cru a... avoir trouvé cette personne. Seulement je n'ai pas eu le temps de... faire ma demande, puisque la demoiselle est partie avec mon... mon frère. Comble de l'ironie, elle l'a épousé il... il y a quelques mois. » Mon ex m'avait en effet quitté pour mon frère, il y a deux ans, et tous deux s'étaient dit oui devant monsieur le maire récemment, sans me convier aux festivités bien sur. Allez, j'en avais vu d'autres, et puis je n'étais plus à une trahison près hein. « Autant te dire que je... je ne leur souhaite à présent qu'une chose : qu'ils se... rendent compte qu'ils sont au... aussi pitoyables l'un que l'autre, et... que ça foire entre eux. » Ils ne se connaissaient pas assez selon moi, et c'était aveuglement qu'ils étaient passés par la case mariage. Elle avait peut-être perdu patience avec moi, après quatre ans de relation que je pensais pourtant idylliques, alors elle s'était faite passer la bague au doigt par mon frangin. Un classique ? Même pas. Justement, c'était assez atypique comme situation... dégueulasse, surtout. Je reportai mon attention sur la belle brune, me rendait compte que j'avais un peu monopolisé la parole. Notre opinion sur le mariage, à Ellea et à moi, était en tout cas la même.

Dimitri était finalement un jeune homme plus intéressant que je ne le pensais. J’aurais peut-être dû me rapprocher plus tôt de lui dans cette aventure. Cependant, je ne pouvais me douter de ce qui se cachait derrière lui. Maintenant que c’était on allait sans doute pouvoir partager un nouveau moment ensemble, du moins je l’espérais. « Ne t... t'en fais pas. On est vachement bien... équipés ici. Tu... tu pourrais m'aider si tu veux. Gâ... gâteau ou petite pâtisserie... tout dépend du fait que tu aies une p... petite ou une grosse faim. » Je lui fis un grand sourire et hochais la tête. « Oh oui ! Enfin, je suis une catastrophe en cuisine si tu savais. Je me nourris de conserve et de pâtes et de riz la plupart du temps. J’sais pas cuisiner mais je pense que je pourrais faire quelques trucs. Et puis je suis volontaire donc je devrais y arriver. On fera un gros gâteau avec de la crème, ou je sais pas quoi en fait, c’est toi le pro. » Je lui fis un grand sourire, contente qu’il me propose de l’aider. Sans doute ne savait-il pas à quoi il allait faire face. Je ne faisais pas souvent la cuisine dans le châlet, sauf s’il s’agissait de pâtes. Du coup, je m’occupais de la vaisselle ou de quelques tâches supplémentaires que mes camarades cuisiniers n’avaient pas à faire. La vie en communauté ne me dérangeait pas, je savais m’en accoutumer. Le sujet de conversation changea et nous venions à parler du mariage. Peut-être que Dimitri était contre, qui sait. Certains dans cette aventure, ne croyaient même pas à l’amour alors… « C'est... aussi mon avis. Fût un moment où j'avais cru a... avoir trouvé cette personne. Seulement je n'ai pas eu le temps de... faire ma demande, puisque la demoiselle est partie avec mon... mon frère. Comble de l'ironie, elle l'a épousé il... il y a quelques mois. Autant te dire que je... je ne leur souhaite à présent qu'une chose : qu'ils se... rendent compte qu'ils sont au... aussi pitoyables l'un que l'autre, et... que ça foire entre eux. » Je hochais la tête doucement, puis en entendant que sa petite amie était parti avec son frère, je ne pus m’empêcher d’ouvrir légèrement la bouche surprise. Je pensais qu’il ne pouvait rien arrivé de pire que ce que j’avais vécu mais j’avais complètement tort. Je hochais la tête en l’entendant dire qu’il voulait qu’ils se rendent compte qu’ils étaient pitoyables. Il ne dit plus rien et j’étais en train de repenser à mon histoire personnelle. Je le regardais quelques secondes plus tard. « Je vois… J’ai presque vécu la même chose que toi. Enfin, je suis resté quatre ans avec un homme puis il m’a quitté enfin, je l’ai quitté. Je suis rentrée dans l’appartement que nous partagions et il était en train de coucher avec une autre. Trois autres même… Après quatre ans, c’est long et je ne comprends même pas comment on peut faire ça à quelqu’un. En même temps, aujourd’hui je réalise tellement de choses… » Je le regardais et fronçais légèrement les sourcils en l’entendant. « Enfin, je devrais pas t’embêter avec ça, pardone. »

J'avais bien fait, tout de même, de me rendre sous cette pergola tout à l'heure. Cela m'aura en effet permis de passer un agréable moment avec Ellea, qu'il me tardait d'apprendre à connaitre, puisque la jeune femme et moi avions très peu parlé depuis le début de l'aventure. Désormais je connaissais ses origines, son emploi, ses péchés mignons. Discuter avec elle embellissait quelque peu cette journée qui avait bien besoin de l'être, au vu de ce temps calamiteux auquel nous avions droit depuis plusieurs jours maintenant. J'étais pâtissier, la demoiselle était gourmande. Alors j'étais disposé à cuisiner pour elle, ou avec elle, dès que l'occasion m'en serait donnée. « Oh oui ! Enfin, je suis une catastrophe en cuisine si tu savais. Je me nourris de conserve et de pâtes et de riz la plupart du temps. J’sais pas cuisiner mais je pense que je pourrais faire quelques trucs. Et puis je suis volontaire donc je devrais y arriver. On fera un gros gâteau avec de la crème, ou je sais pas quoi en fait, c’est toi le pro. » Je me mis à rire. Un gros gâteau avec de la crème, c'était justement ce que je préférais faire. Plus j'en mettais, plus j'étais content. Un cercle vicieux. « Je... je suis persuadé que tu n'es pas une calamité comme tu le pr... prétends. Et puis, pou... pour progresser en cuisine, il suffit d'entrainement. Je ferai appel à... mon savoir histoire de te faire progresser d... dans le domaine. On le fera, ce bon gros gâ... gâteau plein de crème ! » Oh oui c'était certain. Elle semblait en avoir autant envie que moi, alors tôt ou tard nous serions forcément amenés à nous mettre ensemble derrière les fourneaux. Mise à part la cuisine, j'en étais venu à évoquer une certaine déception amoureuse vécue il y a quelques temps... celle-ci m'avait permis d'ouvrir les yeux sur l'amour, la confiance à porter à l'autre... Le mariage, bien sur j'y croyais, seulement cela n'était pas quelque chose qu'il fallait négliger ou prendre à la légère. Et sur ce point, Ellea et moi semblions parfaitement d'accord. « Je vois… J’ai presque vécu la même chose que toi. Enfin, je suis resté quatre ans avec un homme puis il m’a quitté enfin, je l’ai quitté. Je suis rentrée dans l’appartement que nous partagions et il était en train de coucher avec une autre. Trois autres même… Après quatre ans, c’est long et je ne comprends même pas comment on peut faire ça à quelqu’un. En même temps, aujourd’hui je réalise tellement de choses… » Mince alors, de toute évidence nous n'avions pas été bien chanceux en amour, tous les deux. Je ne pouvais que comprendre ce qu'avait vécu la jeune femme, la trahison dont elle avait été victime... Elle termina par rétorquer « Enfin, je devrais pas t’embêter avec ça, pardone. » Je lui offris un bien mince mais sincère sourire, témoignant de toute la compréhension qui était la mienne. « Je... je suis désolé. Et ne peux que te comprendre, b... bien sur. » Je baissais les yeux un instant, avant d'à nouveau reporter mon regard sur la jeune femme. « Hum. Le temps ne s... s'arrange pas et... tu voudrais pas qu'on aille pou... poursuivre cette discussion à l'intérieur ? » Elle pouvait aussi très bien rester ici, seulement il commençait à faire assez froid et le son de la pluie tombant abondamment n'était tout de même pas des plus agréables à l'oreille. Ça n'était qu'une proposition comme une autre, néanmoins.

Un baiser avait un peu forcé cette discussion. Je me doute que Dimitri n’était pas venu ici parce que j’étais là, c’était un peu un hasard mais ce baiser fut tout de même un grand coup de pouce selon moi. Le mauvais temps aussi, sinon nous nous serions sans doute retrouvé à deux bouts opposés de l’endroit pour fumer notre petite cigarette. Je le regardais quand il se mit à rire et lui sourit largement. J’aimais les gens qui riaient, comme ça, autant que moi, même si c’était souvent pour un rien. « Je... je suis persuadé que tu n'es pas une calamité comme tu le pr... prétends. Et puis, pou... pour progresser en cuisine, il suffit d'entrainement. Je ferai appel à... mon savoir histoire de te faire progresser d... dans le domaine. On le fera, ce bon gros gâ... gâteau plein de crème ! » Je souris et hochais la tête doucement en l’entendant. [color=indianred]« On verra alors. Je vais finir par prendre un poids, faut que je fasse gaffe quand même si on met trop de crème. »{/color] Je lui fis un petit sourire. Je n’étais pas superficielle et je disais ça pour plaisanter. Si je prenais du poids, ce ne serait pas un drame, je passerais un moment dans la salle de sport pour perdre ce poids et conserver l’équilibre de mon poids. Je souris en le regardant puis parler de mon histoire, assez naturellement. J’en avais déjà parlé à Auggie et je n’en avais pas honte. Ce n’était pas à moi d’avoir honte, pas du tout, c’était à lui, à cet idiot de Michael qui m’avait fait souffrir, il m’avait tout simplement arraché le cœur. « Je... je suis désolé. Et ne peux que te comprendre, b... bien sur. » Je souris doucement et hochais la tête légèrement. Je le regardais baiser la tête puis me regardais à nouveau. « Oh tu n’as pas à être désolée. Je suis tombée amoureuse du maugais gars, c’est tout. » Je souris légèrement. « Hum. Le temps ne s... s'arrange pas et... tu voudrais pas qu'on aille pou... poursuivre cette discussion à l'intérieur ? » Je jetais un œil au temps et souris doucement ; Je hochais la tête et me levais. « On sera mieux à l’intérieur c’est sûr. Et autant éviter de tomber malade, n’est-ce pas ? » Je lui souris, avant de passer une main dans mes cheveux.

Ellea et moi n'avions pas franchement été gâtés en amour, loin de là. En effet, j'avais évoqué une grande déception amoureuse qui n'avait d'ailleurs pas manqué de me détruire aussi bien psychologiquement que physiquement, tandis que la jeune femme s'était elle aussi confiée sur une mauvaise rencontre qu'elle avait été amenée à faire, et sur la confiance aveugle qu'elle avait visiblement eue envers son compagnon infidèle. Vraiment, il y a avait probablement plus chanceux que nous. Car la souffrance avait bel et bien été au rendez-vous, pour elle comme pour moi. À l'écoute des confidences de la jolie brune, je lui avais exprimé ô combien j'étais désolé pour elle. Je la comprenais sans doute mieux que personne, ayant vécu quelque chose de similaire. « Oh tu n’as pas à être désolée. Je suis tombée amoureuse du maugais gars, c’est tout. » répondit-elle tout en arborant un fin sourire. « Je... je te souhaite de trouver quelqu'un de fidèle, sin... sincère et qui t'aime pour ce que t... tu es. C'est moi-même ce que je... recherche. » Ce genre d'hommes comme de femmes ne courraient quand même pas les rues, il fallait bien le dire. Mais je ne désespérais pas de trouver une femme ayant ces qualités là prochainement, que ce soit au sein de ce chalet ou à l'extérieur. Malgré le fait que celui-ci m'avait apporté beaucoup de désillusions, je voulais encore croire en l'amour car il n'y avait rien de plus beau. Par ailleurs, sentant le froid s'installer et la pluie se faire de plus en plus forte, j'avais proposé à Ellea de poursuivre cette discussion au chaud, à l'intérieur, histoire d'être plus tranquilles et au calme. Elle se leva alors, avant d'affirmer « On sera mieux à l’intérieur c’est sûr. Et autant éviter de tomber malade, n’est-ce pas ? » Je me mis à sourire, car c'était exactement ce qui m'avait traversé l'esprit un instant plus tôt. Avec ce froid de gueux, il était facile de contracter quelque chose. Je me levai à mon tour, posant ma main dans le dos de la jeune femme pour la convier à passer la première, avant de me ranger sur le côté et de lui ouvrir la porte. J'exécutai ensuite un signe de la main, une sorte de révérence. « Après toi ma belle. » Elle passa alors la porte, et je la suivis. Gentleman, toujours.

Sujet terminé.